Archives pour la catégorie Région Wallonie

Fiscalité wallonne

Par Paul MELOT

Parlons dette de la Région wallonne, impôts et fraude fiscale….

2018                        2019                          2020                     estimation 2024

21,7 milliards €       23,19                          26,3                     38,2, dette consolidée

Donc, une estimation AVANT le choc prévisible de 2024, suite à la réforme de l’Etat (2011) et la Loi de financement (2014) qui prévoit encore moins de transferts (recettes) de l’Etat fédéral, donc logiquement, plus de dettes… Le trou devient énorme…

Pour information, le remboursement des emprunts coûtait 500 millions d’euros/an à la Région en 2019 (provenance des chiffres : Région wallonne). Le risque de voir des taux plus élevés existe pour l’avenir, vu l’actuelle inflation très modérée et les taux bancaires au plus bas. Taux plus élevés = charge de la dette plus élevée = dette plus élevée !

Et la fraude fiscale ? En 2017, la Banque Nationale de Belgique estimait à 4% du PIB, soit 17,9 milliards d’euros, le coût du travail en noir pour notre pays.

Le Fonds Monétaire International, de son côté, estimait la fraude à 15,8% du P.I.B., soit 70,70 milliards d’euros.

Si nous considérons une moyenne de 44,30 milliards, il est pensable que la part wallonne dans le travail en noir soit de + ou – 15,5 milliards.

Si ces 15,5 milliards entraient dans le circuit officiel, ils rapporteraient approximativement des retombées positives de 5 milliards au budget de notre région… soit l’équivalence d’une annuité de remboursement ET une diminution de la dette d’un milliard d’euros. Et d’une manière récurrente !!! Année, après année… ceci nous laisse rêveurs !

Qui dit DETTE, dit REMBOURSEMENT ! Qui dit REMBOURSEMENT, dit IMPOTS !!! En clair, le citoyen qui ne fraude pas paye une part d’impôts à la place du citoyen fraudeur.

Dès la sortie de crise du Covid-19 (et déjà maintenant), il est à parier que le discours sur le remboursement reprendra vigueur et que le slogan très réducteur « on ne peut laisser la dette à la génération montante pour ne pas hypothéquer son développement ultérieur » sera à nouveau le maître-mot des forces politiques qui ne s’attardent pas trop sur la fraude fiscale… Et qui prônent l’austérité dont nous voyons les conséquences dans la tourmente créée par le virus.

Pour rappel et par définition, une dette d’état (de région) ne se rembourse jamais, contrairement à la dette d’un particulier : sitôt remboursé, un emprunt en appelle un autre et la charge de la dette augmente. C’est cette charge qui devient insupportable et empêche (notamment) des politiques sociales. La déduction de tout cela est qu’avant de parler « impôts », il faut empêcher la « fraude fiscale » !

Que la Wallonie se lève

Par VALMY

Michel Sardou chassait ses idées noires en chantant et Di Rupo les chasse en anglais, « Get Up Wallonia » (sic).

Décidément, les pédagogues de l’AWF vont devoir faire des heures supplémentaires.

Pour mettre sur pied son nouveau plan « Get Up Wallonia » (sic), qui sera présenté en mars, le gouvernement de la Région wallonne souhaite sonder ses citoyens.

Get Up Wallonia (sic), c’est le tout nouveau plan (encore un !) qui doit permettre à la Wallonie de sortir la tête de l’eau et de rattraper le retard qu’elle a sur d’autres régions d’Europe comme la Flandre.

Le gouvernement a lancé, lundi matin (16/11/2020), une grande consultation populaire sur Internet via le site web mawallonie.be.

Chaque Wallonne et chaque Wallon aura l’occasion de donner son avis sur ce qu’il faut faire en Wallonie pour que la région décolle.

Sur ce site, vous devez vous inscrire, en indiquant une adresse mail, un mot de passe et la commune dans laquelle vous résidez. Vous serez amené à répondre à plusieurs questions générales sur les priorités qui sont les vôtres. Mais vous serez aussi appelé à contribuer à cette grande réflexion qui doit aboutir au mois de mars 2021 à la présentation d’un plan annonçant des actions concrètes.

Toutes les propositions seront classées et envoyées vers le conseil stratégique de Get Up Wallonia (sic), composé de neuf professeurs d’université. Ces derniers rédigeront une synthèse des propositions qu’ils transmettront au gouvernement wallon. Et si la proposition faite ne vise pas les compétences gérées par la Wallonie, elle serait relayée vers l’entité compétente.

Pour mettre sur pied ce plan, Di Rupo souhaite voir émerger des idées qui « sortent des sentiers battus ».

En Wallonie, depuis vingt ans, c’est une logique de plan qui s’est imposée. En quoi Get Up Wallonia sera-t-il celui qui sortira définitivement la Wallonie de l’ornière ?

Elio Di Rupo jure qu’il assurera jusqu’au bout la gestion de celui-ci, insistant en guise de conclusion sur la nécessité, cette fois-ci, de « dépasser les considérations particratiques et sectorielles ».

Eh! Bien, l’AWF va lui indiquer clairement comment sortir la Wallonie de l’ornière.

La langue française, un patrimoine wallon

Une rubrique de Michel Francard, Professeur émérite de l’UCLouvain, pour le journal Le Soir du 6 juillet 2019

Paris n’a pas toujours été la référence en matière de littérature française. La Wallonie l’a précédé… il y a longtemps !

Depuis quand parle-t-on français en Belgique ? L’éventail des réponses possibles est large : depuis un millénaire ou depuis un siècle, suivant le point de vue adopté. Avec une différence essentielle entre Bruxelles et la Wallonie : la capitale du pays se situe sur un territoire historiquement flamand et son histoire linguistique n’est pas celle de la Wallonie romane. Notre périple estival nous mènera de l’une à l’autre, en commençant par le sud d’une frontière linguistique dont le tracé n’a guère changé depuis le Moyen Âge.

Du français en Wallonie

Si l’on se base sur la réalité démolinguistique, il est avéré que le français n’est devenu la langue de communication dominante en Wallonie qu’après l’instauration de l’école primaire gratuite et obligatoire, en 1919. À partir de cette date, à des rythmes différents selon les milieux et les régions, le français va s’imposer au détriment des langues régionales romanes (wallon, picard, gaumais, champenois), bannies par l’institution scolaire car suspectes d’abâtardir la pratique d’un français « correct ». Le processus est aussi rapide qu’irréversible : au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’unilinguisme wallon (sic) a cédé la place à un unilinguisme français.

Si l’on adopte un point de vue philologique, on constate que des textes français circulent en Wallonie depuis la fin du 9e siècle. Il s’agit de textes littéraires, juridiques ou savants rédigés dans une langue proche de celle parlée alors dans l’Île de France et qui n’est donc pas assimilable à l’une des langues régionales romanes en vigueur en Wallonie à la même époque. Pour être plus précis, les premiers « monuments littéraires » de la langue française proviennent du territoire de l’actuelle Wallonie ou de ses confins : il s’agit de la Séquence de sainte Eulalie (vers 882), du Sermon sur Jonas (10e siècle) et de la Vie de saint Léger (10e siècle).

D’un diaule pas très français

Comment peut-on assigner une origine géographique à un texte qui remonte au-delà de l’an mil ? En étudiant les formes linguistiques qu’il contient et en tentant de localiser celles-ci d’après ce que nous savons de l’histoire des langues pour la période considérée. Risquons l’exercice pour cette Séquence (ou Cantilène) de sainte Eulalie, considérée par les spécialistes comme le premier texte littéraire écrit dans une langue romane distincte du latin et dont le français est aujourd’hui le continuateur.

Ce poème de 29 décasyllabes nous narre le martyre d’Eulalie après qu’elle a refusé d’épouser le mari qui lui était destiné parce que ce dernier exigeait qu’elle renie sa foi en Dieu. Le texte s’ouvre par quelques vers qui soulignent la beauté physique de la future sainte, en accord avec celle de son âme. De quoi susciter de bien sombres desseins, que l’auteur évoque sobrement :

Buona pulcella fut Eulalia

Bel auret corps bellezour anima.

Voldrent la ueintre li Deo inimi.

Voldrent la faire diaule servir.

Ce qui donne, un millénaire plus tard :

Eulalie était une bonne jeune fille.

Elle avait un beau corps, une âme plus belle encore.

Les ennemis de Dieu voulurent la vaincre.

Ils voulurent la mettre au service du diable.

Dans cet extrait dont les formes linguistiques restent proches du latin, un mot retient l’attention pour l’origine géographique du texte : diaule. Son équivalent en français, diable, a conservé un -b- qui le rapproche de l’étymon latin diabolus. Par contre, tant en picard qu’en wallon, le -b- est absent. Ce diaule est donc un indice de l’origine wallo-picarde de la Séquence de sainte Eulalie, confirmée par d’autres formes du texte. En appliquant le même type de raisonnement, on peut associer à la Wallonie les deux autres monuments littéraires du 10e siècle : le Sermon sur Jonas et la Vie de saint Léger.

D’un fâcheux renoncement

La littérature française a donc d’abord brillé dans nos contrées, bien avant d’autres régions de France, en ce compris l’Île de France. Ce rappel historique peut surprendre, lorsqu’on connaît le prestige dont bénéficie Paris. Mais cela n’a pas toujours été le cas en littérature. Il faut attendre le 12e siècle pour qu’une œuvre majeure soit produite à Paris : il s’agit du Roman de Renart. Avant cela, Turoldus aura signé La chanson de Roland, écrite dans le parler anglo-normand. À la même époque, Béroul, auteur normand, produit une version de Tristan et Iseut ; le champenois Chrétien de Troyes entame son Perceval ou le conte du graal.

Le français a donc bénéficié très tôt d’une diffusion en Wallonie, ce qui autoriserait plus d’assurance dans notre rapport à cette langue souvent perçue comme appartenant au « patrimoine de la France ». Mais sa pratique a été longtemps l’apanage des seules élites, le reste de la population parlant les autres langues romanes de la Wallonie. Cependant, les classes favorisées ont maîtrisé le français et la langue régionale de leur choix jusqu’au début du 20e siècle. On leur doit d’ailleurs les premiers textes écrits en langue wallonne, dès le 17e siècle.

Si l’institution scolaire n’avait pas imposé le monolinguisme aux élèves de l’enseignement primaire, il y a fort à parier que la langue de la promotion sociale aurait coexisté jusqu’à aujourd’hui avec les langues de proximité et de solidarité. Et que ce plurilinguisme « naturel » aurait rendu les Wallons moins frileux face à d’autres langues, plus étrangères. Le diaule soit des coupeurs de langue !

Sur les gilets jaunes en Wallonie

Directeur de l’Institut Jules Destrée, Philippe Destatte s’est longuement étendu sur la crise des « gilets jaunes » en Wallonie. Nous reprenons ici le début du texte qu’il a posté sur son blogue, auquel nous renvoyons le lecteur pour la suite de l’article.

Et pourtant, le jaune vous allait si bien…

Par Philippe Destatte, le 29 décembre 2018

Qui peut s’étonner que des gilets jaunes aient été actifs en Wallonie? D’abord, parce que l’influence de la France y est constante et puissante, et pas nécessairement depuis que les grands médias audiovisuels y sont en première ligne. On se souviendra que, toute proportion gardée, les agitations de 1789, 1830, 1848 et 1870 y ont eu des effets immédiats. On sait que les Wallons ont, depuis toujours, une belle propension à pousser la Marseillaise… Et même quand la voix de la République était portée par la BBC, en 1940, la Wallonie libre se disait au côté de la France libre. C’est la même vibration qui, lors des élections présidentielles de 2016, faisait naître de ce côté de l’Oise la Wallonie insoumise comme la Wallonie en marche. Comme naguère s’était ici aussi répandu un Front national, heureusement moins florissant et moins enraciné qu’Outre Quiévrain. Dans le développement des gilets jaunes, depuis début novembre 2018, le côté émotionnel est apparu extrêmement important. En Wallonie comme en France. Néanmoins, ce prurit semble loin d’avoir eu la même ampleur ici que là-bas. Il serait d’ailleurs imprudent de plaquer les multiples décodages de la situation française sur la réalité wallonne qui, au-delà du mimétisme, me paraît assez différente.

Ensuite, nous ne devons pas nous étonner d’une activité de gilets jaunes en Wallonie parce que cette région connaît depuis des décennies de réelles difficultés et offre un paysage socio-économique dévasté. Primo, un redressement qui tarde : ce sont les reproches qui ont été adressés aux gouvernements wallons Van Cauwenberghe, Demotte et Magnette, et qui ont provoqué, au-delà de questions majeures de gouvernance, les changements de majorité en 2017. Les observateurs sérieux et honnêtes, voire courageux, ont pu constater l’absence de mobilité dans les indicateurs essentiels depuis le début du nouveau siècle, que l’on se compare à la Flandre, à la Belgique, à l’Europe : un taux d’emploi 2017 des 20-64 ans de 63,6% qui se situe à 10 points de moins que la Flandre : celle-ci atteint déjà l’objectif Europe 2020 de 73%. Un taux de chômage wallon de 13,4%, quand il est à la moitié en Flandre (6,7%), ce qui signifie – comme le rappelait voici peu le Ministre-Président Willy Borsus – que 292.000 Wallons, pourtant sur le marché du travail, ne travaillent pas. 16% des jeunes Wallons de 18 à 24 ans ne sont ni dans un emploi, ni dans l’enseignement, ni en formation (NEETs). 26,5% de la population wallonne sont en risque de pauvreté et d’exclusion sociale. Un héritage difficile à assumer, d’autant que, derrière la rigueur et le caractère abstrait des chiffres, nous savons que se déploient des réalités sociales terribles et cruelles, des parcours individuels pénibles, du délitement social, de la déconsidération et de la souffrance. Secundo, parce que les corps intermédiaires ne sont plus capables d’expliquer ce qui se passe à la population. Peut-être doit-on invoquer la complexité croissante du monde, l’accélération des mutations, la globalisation, l’interdépendance, l’inflation croissante de l’information ? C’est un sujet difficile, car la perception de ces complexités et accélérations est une constante de l’évolution des civilisations depuis trois mille ans. La démocratisation voire la massification des études et des formations en tout genre constitue une autre réalité. Les réseaux sociaux, l’internet sont aussi de formidables moteurs d’éducation. Néanmoins, il reste des obscurités majeures – que l’on songe au prix du carburant à la pompe – que nul ne semble vouloir ou pouvoir expliquer à la population. Il semble que besoins de comprendre et savoirs enseignés sont condamnés à ne se rencontrer que très rarement. Cet exemple ouvre – tertio – sur la situation conjoncturelle stressante liée à une hausse importante du carburant au travers d’une augmentation des accises sur le prix du diesel qui a constitué un mécontentement dans certaines catégories de population, probablement les plus directement impactées : celles qui ne parviennent pas à échapper d’une manière ou d’une autre au coût direct.

Enfin, des « gilets jaunes » se sont manifestés en Wallonie parce que, comme en France, la légitimité de l’impôt pose la question de la transparence et de l’efficience de l’État, voire de son périmètre. On a entendu ce discours de la part de manifestants disant que l’État prend beaucoup d’argent aux citoyens pour fonctionner, assurer ses missions régaliennes et de protection sociale, mais aussi d’autres choses aux contours flous. Cette opacité relative, mais aussi quelques « affaires » plus ou moins récentes ouvrent la porte à pas mal de suspicion, mais aussi à quelques fantasmes. (…)

Pour lire la suite de l’article : https://phd2050.wordpress.com/2018/12/30/jaune/

Bilan wallon décembre 2018

Ce qui suit n’est pas réjouissant en ces journées de fêtes de fin d’ année, mais la vérité a ses droits et rester la tête dans le sable n’a jamais permis de résoudre des problèmes. Ce que dit Philippe Destatte au journaliste de l’Echo rejoint point par point ce que disent nos éveilleurs de conscience que sont nos amis Jules GAZON et Paul MELOT lorsqu’ils arpentent les quatre coins de la Wallonie pour, lors de leurs conférences-débats, amener les citoyens wallons à réfléchir sur l’avenir de cette Wallonie qui nous tient tant à coeur.

Paul DURIEUX

INTERVIEW DE PHILIPPE DESTATTE PAR FRANÇOIS-XAVIER LEFÈVRE DANS L’ECHO.

Entre les zakouski servis lors du cocktail célébrant l’arrivée du géant chinois de l’e-commerce Alibaba à Liège début décembre et les paillettes du Nouvel An, le constat que nous sert Philippe Destatte, le directeur de l’Institut Jules Destrée, un centre d’études et de prospective en Wallonie, sur l’état du sud du pays a un côté indigeste. Installé dans son bureau à côté du Parlement et en face de l’Elysette qui se trouve de l’autre côté de la Meuse, il est aux premières loges pour observer la vie régionale. Ce matin, Philippe Destatte nous met sur la table une série d’indicateurs. PIB, pauvreté, chômage chez les jeunes… «La Wallonie ne se redresse pas. Il faut sortir de cette idée de redressement. Tous les indicateurs montrent depuis des années que malgré les efforts extraordinaires – affirmés –, le PIB par habitant sur la longue durée est un encéphalogramme plat. En 1995, on est à 73,5 (la Belgique égale 100) et on arrive à 72,7 en 2006. Les contrats d’avenir successifs lancés par les gouvernements wallons, les plans Marshall et les 12 milliards versés par les fonds structurels européens n’ont pas permis à la Wallonie de se redresser. Il n’y a pas de décollage.

À aucun moment. La première fois que j’ai tenu ce discours en 1997, le contrat d’avenir représentait moins de 5% du budget régional. Comment voulez-vous activer un redressement avec moins de 5% du budget régional. Le constat tient toujours partiellement.» À travers sa fenêtre, il pointe le bureau de Willy Borsus, le ministre-président libéral du gouvernement régional, qui se trouve face au sien sur l’autre rive . «En face, il y a au moins un changement, c’est qu’on voit qu’on travaille. Les lumières sont allumées le soir. Cela n’a pas toujours été le cas», lâche-t-il.

Pluraliste, Philippe Destatte reconnaît que le changement de locataire à l’Elysette a eu le mérite d’enfin partager son constat sur l’état de la Wallonie. «Il y a un changement de mentalité. Willy Borsus est présent sur le terrain et aborde les problèmes concrets comme la pauvreté ou le chômage. Jusqu’ici, on a trop souvent observé une sorte de déni alors que les indicateurs montraient qu’on ne se redressait pas. C’est un déni qui a été partagé par une large part des acteurs et qui consistait à dire que cela va mieux pour que cela aille mieux. C’était un refus de regarder la réalité en face.

Le nombre de jeunes sans emploi ni formation, les fameux NEETS, sont à des niveaux affolants. On est à 9,9% de la population au niveau belge, 11,6% au niveau européen et 12,2% au niveau de la Wallonie. Les différents plans successifs ont probablement permis de stabiliser la Wallonie et de faire en sorte que l’idée du déclin wallon soit terminé depuis la fin des années 1990. Mais si la Wallonie n’est plus en déclin, elle ne se redresse pas. On doit essayer de trouver d’autres solutions.»

C’est justement ce qu’on a envie de lui demander. Quelles solutions doit adopter la Wallonie? «Elles sont connues par un certain nombre d’économistes mais elles ne sont pas mises en évidence. Le levier budgétaire du plan Marshall pour relancer la Wallonie a toujours été insuffisant. De 5%, on est passé à 3% du budget de la Région. Le problème majeur de la Wallonie est son incapacité à créer autant de valeur qu’elle ne devrait pour se redresser. Le professeur Giuseppe Pagano (de l’Université de Mons, NDLR) l’a bien mis en évidence dans un ouvrage ‘Où va la Wallonie’. C’est indispensable de dégager des marges suffisantes pour soutenir de nouvelles politiques. La Wallonie est plombée par son tissu socio-économique. Il y a un déficit de 100.000 emplois dans la sphère de l’entreprenariat alors que la sphère plus sociétale, comme le non-marchand et la fonction publique qui sont nécessaires, ne crée pas de valeur. La sphère créatrice de valeur (qui paie de la TVA) est trop petite. Il y a également un problème de productivité des travailleurs et des machines parce qu’elles sont bien souvent moins innovantes que celles que l’on trouve ailleurs. On en revient au même problème. On n’a pas les marges de manœuvre suffisantes.»

En finir avec la logique d’assistanat Tout en pointant le plan d’investissement lancé par le gouvernement, Philippe Destatte estime que pour s’en sortir, la Wallonie doit frapper plus fort. «Si on pense dans une logique de réinvestissement et de décollage, il faut aller beaucoup plus loin. Il faut compter sur nous-mêmes. Il faut s’atteler au déséquilibre majeur entre la sphère créatrice de valeur et la sphère sociétale qui ne crée pas de valeur.» En guise de plat de résistance, il met sur la table la réforme des points APE. Ces aides à l’emploi pèsent plus d’un milliard d’euros et donnent du travail à 60.000 personnes en Wallonie. À ses yeux, la réforme du gouvernement ne va pas assez loin. «Ces aides sont au centre de ce déséquilibre. Cela soulève la question du périmètre de l’Etat et de quoi il doit s’occuper. Mon interrogation est de se demander comment on peut redéfinir ce périmètre de l’Etat en Wallonie de telle sorte que l’on crée de la valeur suffisante.

Les gens sous statut APE sont placés dans des trajectoires qui ne sont pas bénéfiques pour eux car les emplois sont souvent précaires et non statutaires. De plus, ces emplois ne créent pas de valeur pour la Wallonie. Je comprends évidemment qu’à 5 mois des élections, la réforme du gouvernement doit rester prudente mais il faut encourager les jeunes qui sont à la recherche d’emploi à entrer dans le monde des entreprises.» À la place de subsidier des emplois APE à travers les CPAS, comme les livreurs de repas, Philippe Destatte plaide pour une logique de marché. «Il faut des passerelles pour que l’on crée des emplois indépendants tout en donnant un ticket aux gens pour qu’ils continuent à recevoir ce service. Il faut encourager des services à domicile qui s’inscrivent dans la logique du marché, et donc dans la concurrence, et pas uniquement dans une logique sociale d’un assistanat qui se trouve à l’intérieur de communes. L’enveloppe APE doit servir aux bénéficiaires. Il faut donner aux personnes en difficultés les moyens financiers pour qu’elles disposent de ce service qui créera de la valeur. Je le dis d’une façon non idéologique.» Si son discours risque de braquer le monde syndical, Philippe Destatte y voit une logique durable. «Oui, cela s’appelle du développement durable. Le rapport Brundtland qui fonde le développement durable en 1987 dit qu’il s’agit d’un système économique capable de dégager des excédents et de créer des compétences techniques sur une base soutenue et autonome. C’est une logique d’autosuffisance. En France, on ne se pose pas le problème de savoir si la Champagne est autonome sur le plan budgétaire. Mais nous, on se pose cette question puisqu’on vit dans une région où la solidarité dans le pays ne fonctionne plus comme elle devrait. Les transferts des Flamands ne vont plus se poursuivre et les transferts de l’Europe vont probablement diminuer. En plus, les Wallons ne vivent pas bien. Lorsque l’on compare les dépenses annuelles des ménages entre la Flandre et la Wallonie, il y a environ 15% de différence. Sur les vêtements et chaussures, sur les meubles, sur la culture et les temps libres, la formation, par habitant, la Wallonie est à chaque fois derrière la Flandre en matière de dépenses. Le seul point sur lequel le Wallon dépense plus, c’est sur le tabac et l’alcool. Ce qui nous permet de maintenir un certain équilibre, c’est l’argent qui vient de l’Europe et de Flandre et le fait que l’on se serre la ceinture. Le fait de dire que la Wallonie doit se redresser comme le fait l’actuel gouvernement est un discours responsable.»

Willy Borsus, le successeur d’André Renard ? Enivré par les indicateurs, il en vient à parler d’André Renard, le fondateur de la FGTB et des prochaines échéances électorales de 2019 et 2024. «Lorsque André Renard appelle au fédéralisme en 1950, il va devant un congrès wallon et dit qu’il apportera l’appui de la FGTB pour autant que l’on crée une région où le chômage est banni. Voilà la motivation du fédéralisme. Aujourd’hui, le chômage en Wallonie reste une plaie chez les jeunes. Deux choses alors, ou bien c’est la faillite du fédéralisme ou celle des acteurs wallons qui doivent mettre en place des réformes de structure. Il faut dire ce qui est. Ces réformes de structure ne sont pas faites. Pourquoi toute la Wallonie n’est-elle pas au niveau du Brabant wallon?» Il encourage ainsi Willy Borsus à poursuivre l’œuvre entamée par André Renard. «Willy Borsus a plaidé début décembre, lors du congrès de l’Institut Destrée, pour un transfert intrafrancophone des compétences de l’enseignement technique et professionnel de la Communauté française vers la Région wallonne. Mais il y a d’autres réformes de structure à faire comme au niveau de la recherche et du développement. Nous sommes dans un des maux wallons, celui de la fragmentation. Vous avez des centres de recherche microscopiques un peu partout. Il faut les associer et en faire des centres de niveau européen. On peut dire la même chose pour les universités. Avoir une grande école d’ingénieur en Wallonie aurait du sens. Le gouvernement wallon doit aussi réinvestir massivement, 150 millions dans la recherche et le développement.» Reste l’addition finale.

C’est classique, en Wallonie, on en revient toujours au problème financier. «On ne fera pas l’économie d’une analyse de l’ensemble des dépenses. Je parlais des APE mais on peut aussi parler du monde des entreprises. Il y aurait moyen d’avoir un accord avec le monde des entreprises pour dire que tous les dispositifs d’aides aux entreprises rentrent dans une phase d’extinction si, parallèlement, on diminue la fiscalité des entreprises de manière proportionnelle. Il faut en finir avec tous les phénomènes d’aubaine et les mécanismes de contrôle qui génèrent une importante bureaucratie», conclut-il. On vérifiera l’année prochaine si ses vœux sont exaucés! D’ici là, bon réveillon.

Wallon, qui es-tu ?

Cette question a été posée par André Patris dans un livre publié en 1990. L’évolution de l’Etat belge devrait la rendre incontournable.

A la demande du gouvernement wallon, l’Institut Jules Destrée vient de réaliser une video présentant la Wallonie, appréhendée essentiellement dans son épaisseur historique, de façon à lui donner une plus grande conscience d’elle-même.

A voir et à partager.

La Wallonie des clichés : triste !

Lents, péteux, ploucs et j’en passe… Des clichés bien peu enrichissants dans l’esprit de nos jeunes, une méconnaissance de la Wallonie sans doute limitée à peu de considération, triste !

Vu sur le site du journal « L’Avenir » :

C’est quoi un cliché? Qu’est-ce que le nom d’une ville vous évoque? Namur, Liège, Charleroi…? Nous avons posé la question à un panel d’étudiants à Louvain-la-Neuve.

Les réponses sont parfois drôles, parfois attendues, parfois surprenantes, voire révoltantes… pour peu que l’on soit concerné.

Le cliché est souvent lié à l’accent… mais c’est parfois bien plus fin. Par contre, d’autres villes n’en évoquent aucun. Cela voudrait-il dire qu’elles manquent de personnalité, de communication?

«C’est mal les clichés, mais en même temps, c’est assez drôle. Verviers? Terroristes…» Ouille, les clichés ne font pas toujours dans la dentelle.

«C’est mal les clichés, mais en même temps, c’est assez drôle. Verviers? Terroristes…» Ouille, les clichés ne font pas toujours dans la dentelle.

La video est à voir sur le site de l’Avenir.

Magnette laisse la place à Borsus

Paul Magnette (PS), rendu célèbre bien au-delà des frontières de la Wallonie et notamment en France par son combat contre le CETA (traité commercial entre le Canada et l’Union Européenne) est victime de la politique insensée imposée par son président de parti, Elio Di Rupo.

Relégué dans l’opposition suite au lâchage de Benoît Lutgen, son partenaire au gouvernement et président du  cdH (parti centriste démocrate chrétien), il se voit contraint de laisser la présidence du gouvernement wallon à Willy Borsus (MR – parti de centre-droit), nouvel allié du cdH. Désormais, la Wallonie est dirigée par une majorité MR-cdH. Les défis qui l’attendent sont immenses.

Saumane

  • 29 juillet 2017 11:58

 © BELGA

 © BELGA

Le MR Willy Borsus a rencontré son prédécesseur le PS Paul Magnette à l’Elysette pour la passation de pouvoir à la tête du gouvernement wallon.

Le désormais ex-ministre-président du gouvernement wallon Paul Magnette (PS) a cédé la présidence du gouvernement wallon à son successeur Willy Borsus (MR), samedi matin lors d’une rencontre à l’Élysette. Cette passation a été l’occasion pour les deux hommes politiques de discuter des différents dossiers en cours, mais surtout des enjeux et des défis à relever dans un futur proche.

Après une rencontre de 45 minutes, Willy Borsus est devenu officiellement le nouveau ministre-président du gouvernement wallon. « J’ai veillé à transmettre tous les dossiers dans le meilleur état possible et sur tous les sujets parce qu’il est important que la Wallonie continue de fonctionner », a déclaré Paul Magnette en sortant de la réunion. Le bourgmestre de Charleroi s’est dit serein et prêt à entamer une nouvelle vie.

Quant à la possibilité d’obtenir des indemnités de sortie, l’ex-président a déclaré que si c’était le cas, il utiliserait cet argent notamment pour faire des dons pour des oeuvres sociales par exemple.

De son côté Willy Borsus a tenu à souligner le professionnalisme de son prédécesseur et la façon dont ce dernier a organisé la transmission d’un certain nombre d’informations. « Le contexte est décicat et les enjeux à relever sont aussi énormes. On sait qu’il y a beaucoup de défis à relever tant socio-économiques que budgétaires et j’ai un sentiment de responsabilité aujourd’hui avec des dossiers qui nécessitent, pour certains, des décisions rapides », a souligné le ministre-président.

En ce qui concerne les dossiers plus concrets, dont celui lié aux armes et à l’Arabie Saoudite, Willy Borsus a demandé un peu de temps afin de les étudier et d’avoir les concertations nécessaires avant de se prononcer sur des mesures à prendre. La première réunion formelle du nouveau gouvernement est prévue jeudi matin.

Source: Belga, L’Echo

Les caisses de l’AWEX sont vides

Là se situe le problème de la Wallonie qui ne fait que s’aggraver journellement et qui ne fera que s’aggraver plus encore après la prochaine réforme de l’Etat qui mettra progressivement fin à la solidarité financière déjà toute relative aujourd’hui entre la Flandre et la Wallonie.

Avez-vous vu ce reportage où un dirigeant d’entreprise située en Wallonie devait bien reconnaître que les fonds accordés à la Belgique par l’Europe pour l’ industrie aéronautique ne lui serait accordé que si il acceptait de transférer une partie de celles-ci en Flandre ou encore mieux de délocaliser l’ensemble de ses usines en Flandre ? A la question de la journaliste qui lui demandait ce qu’il en pensait, nous aurions pu attendre de ce monsieur un vent de révolte. Hélas, il répondit avec un sourire béat qu’il irait en Flandre…!

22/12/16 à 15:12 – Mise à jour à 15:12

Source: Le Vif

La réforme des aides à l’exportation en Région wallonne, voulue par le ministre Marcourt et mise en oeuvre en janvier dernier, est un grand succès. Un trop grand, même, puisque l’enveloppe de quelque huit millions d’euros prévus cette année est vide depuis la fin de l’été… et que les entreprises qui y ont droit ne percevront leurs subsides que l’an prochain.

Avant, c’était compliqué. Aujourd’hui, c’est simple. Du coup, tout le monde le fait. Et donc il n’y a plus de sous.

Jusqu’à la fin de 2015, un entrepreneur wallon qui désirait partir à la conquête des marchés étrangers pouvait se faire aider par l’Agence wallonne à l’Exportation. Mais pour cela, il devait choisir parmi une quinzaine d’incitants financiers possibles, rendre un dossier complet, contrôlé du début à la fin de la procédure, et pouvait ensuite, éventuellement, recevoir son écot. Le parcours était fastidieux, et en rebutait manifestement certains. Le ministre régional de l’Economie, Jean-Claude Marcourt, à qui certains prêtent pourtant l’intention de faire du mal à l’AWEX, a voulu simplifier et faciliter les procédures.

Depuis janvier dernier en effet, d’une part, le versement du subside se fait sur simple déclaration de créance et d’un rapport commercial, et ce n’est qu’a posteriori que l’entreprise peut devoir produire les pièces justificatives, sur demande de l’AWEX.

Et, d’autre part, la quinzaine de catégories d’incitants a été réduite à cinq (l’accompagnement par un spécialiste, les campagnes de communication, la participation à des salons, la prospection en dehors de l’Union européenne, et l’implantation d’un bureau à l’étranger).

Les entreprises wallonnes se sont ruées sur cette nouvelle aubaine. Mais l’enveloppe budgétaire allouée, elle, est restée à la hauteur de l’ancien régime : 8.100.000 euros, qui ont très vite été distribués. « Depuis septembre, je ne sais plus quoi inventer pour faire patienter les entreprises qui y ont droit, et tout le monde ne le prend pas calmement », explique un agent de l’AWEX. « Nous n’avons effectivement plus rien déboursé depuis octobre », confirme-t-on au siège de l’agence, à Bruxelles. Depuis lors, il y en a pour quelque deux millions d’euros d’aides promises, et donc dues, qui n’ont toujours pas été déboursées. « Les années précédentes, lorsque ça arrivait, on trouvait toujours quelque part une ligne budgétaire pour assumer nos engagements. Mais ici, et avec cette ampleur, c’est du jamais-vu », s’énerve le même agent.

Régularisation en janvier

La direction de l’agence, elle, tient à rassurer ses employés comme ses clients : « Nous n’avions pas prévu l’ampleur de ce succès, c’est vrai, mais tout l’arriéré sera résorbé en janvier prochain. Et même si l’enveloppe prévue pour les années suivantes n’a pas été augmentée, la Région a pris conscience du problème, et a déjà prévu des budgets du Plan Marshall pour combler les éventuels dépassements pour les exercices 2017 et 2018. » La Wallonie ne s’arrêtera donc pas de conquérir le monde. Même si ça coûte plus cher que prévu.

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