Par Cédric CHOPIN
En août, j’avais fait référence aux systèmes d’auto-organisation, qui sont souvent bien adaptés aux petites structures telles que l’AWF : sociocratie et holocratie.
1) Dans les deux cas, on a l’existence de « cercles » ou groupes de travail (« GT »), reliés entre eux de façon non-hiérarchisée.
Petite nuance : en sociocratie, les cercles s’organisent autour des personnes, autour des équipes. En holocratie, les cercles s’organisent autour des rôles, et donc du travail à réaliser.
Mais ce sont des systèmes souples, et adaptables à chaque situation.
2) Chaque cercle (je choisis l’holocratie) – correspond à un type de mission, défini par un mandat :
– un cercle est coordonné par un ou plusieurs référents (normalement 1 ou 2) ; on ne peut être référent que d’un seul cercle à la fois.
– par contre, chaque adhérent peut participer à plusieurs cercles, et s’y « inscrire » publiquement. On peut décider – ou pas – de limiter le nombre de cercles auxquels un adhérent peut participer.
– le référent est désigné sur la base du volontariat, par la procédure du consentement (si le consensus n’est pas possible). En l’absence de volontaire, une élection sans candidat est organisée.
– un cercle reçoit un mandat de la part de l’association, qui définit ses missions (« redevabilités ») pour une durée limitée (1 an maximum) ; les membres du cercle peuvent rédiger eux-mêmes le mandat, qui sera validé par consentement.
– le mandat est renouvelable tel quel, mais pas la fonction de référent !
– le mandat doit être le plus court possible (2/3 page au format A4 au maximum), et rendu disponible auprès de chaque adhérent ; le nom des référents et des « membres permanents » sont connus.
– les décisions collectives précédentes (mandats, référents…) sont prises lors d’une « réunion plénière » qui réunit un quorum d’adhérents. Attention ! Il ne s’agit pas forcément de l’assemblée générale (voir point suivant) !
3) De ce fait, certaines fonctions et réunions disparaissent – ou n’ont plus aucun rôle « opérationnel » :
– plus de fonction de président, de secrétaire, de trésorier etc.
– plus d’assemblée générale décisionnelle.
Bien sûr, si la réglementation impose aux associations l’existence de certaines activités, celles-ci sont maintenues, mais de manière purement formelle. Mais dans ce cas, ces activités « légales » n’ont plus aucun rôle dans le fonctionnement réel de l’association.
4) A l’intérieur des cercles :
– les référents coordonnent les actions à mener dans le cadre du mandat, et s’assurent que les missions définies sont menées à bien ;
– chaque adhérent inscrit dans le cercle peut prendre tout initiative en lien avec le mandat correspondant ; il en informe le référent (qui peut, évidemment, prendre également des initiatives, et en informer le cercle) ;
– les adhérents « extérieurs » à un cercle peuvent faire des propositions, ou participer ponctuellement à une action, et doivent dans ce cas en informer préalablement le référent.
5) Deux types de « réunions » (en présentiel ou à distance) :
– les « réunions plénières » sont organisées périodiquement, selon un calendrier défini à l’avance (tous les trimestres / semestres – tous les deux mois etc.), et dans des lieux également connus à l’avance (chacun est prévenu en cas de changement de date ou de lieu, avec un nombre de jours d’avance prédéfini). Le calendrier est validé par consentement lors d’une « plénière initiale ».
– une réunion plénière peut faire office d’assemblée générale, si la législation l’exige (voir ci-dessus).
– les cercles organisent eux aussi des réunions « intercalaires », avec aussi un calendrier. Les adhérents « non-inscrits » au cercle peuvent y participer (les calendriers de chaque cercle sont publics).
– en cas d’empêchement, on peut participer aux réunions par des messages ou des courriers préalables, par téléphone, visioconférence ou tout autre moyen.
Voici maintenant quelques suggestions, qui pourraient s’appliquer à l’AWF.
– Cercle « finances, adhésions, formalités légales, aspects logistiques ».
contenu du mandat : gérer les comptes bancaires, enregistrer les adhésions et envoyer les cartes, établir le compte de gestion, effectuer les tâches demandées par la législation.
Le cas échéant : réserver une salle pour les réunions plénières.
Rappeler les dates des réunions, envoyer les mèls ou courriers correspondants etc…
– Cercle « supports techniques et informatiques ».
contenu du mandat : assurer la fonction de maître toile ; gérer les aspects techniques de l’adresse mèl ; créer une adresse mèl sécurisée sur Protonmail ou tout autre système offrant les mêmes garanties ; promouvoir une culture de la sécurité numérique (qui sera très utile si les événements se précipitent ; sinon, si ça « chauffe », notre infrastructure numérique pourrait être démantelée en trois clics, messagerie comprise…) ; mettre à disposition les outils de visioconférence (de préférence sécurisés) ; donner les codes d’accès nécessaires (site internet, messageries) aux référents concernés.
– Cercle « aspects juridiques et institutionnels de la réunion ».
contenu du mandat : compiler tous les éléments juridiques (traités, articles académiques, études diverses etc…) qui seront utiles à la réunion, en faire une synthèse à destination d’un public extérieur (« grand public » ou public d’experts), préparer à cette fin un fascicule.
Prendre en compte les différents niveaux : fédéralisme belge à l’instant T ; traités internationaux relatifs aux successions d’États ; projet de Jacques Lenain sur un statut constitutionnel particulier etc…
– Cercle « analyse économique, politique et stratégique ».
contenu du mandat : réunir et diffuser en interne des informations d’ordre politique ou économique, venant des deux côtés de la frontière linguistique.
Sur la base de ces informations, prendre du recul sur l’actualité et tenter de définir des « schémas stratégiques » permettant d’inscrire l’objectif de la réunion dans le déroulé des événements.
– Cercle « inter-organisation – réseau réunioniste / réseau du mouvement wallon ».
contenu du mandat : établir des contacts et entretenir le lien avec les autres associations, ou les personnalités isolées, s’inscrivant dans le mouvement wallon, donc y compris en dehors du réunionisme.
Toutefois : les relations avec les autres collectifs réunionistes feront bien entendu l’objet d’une attention particulière.
Chercher à rédiger une « plate-forme » commune, basée sur les relations transfrontalières avec la France ; lister les projets possibles (accords bilatéraux délaissés, liaisons ferroviaires, université du Hainaut Mons-Valenciennes etc…)
– Cercle « réseau relationnel externe : Belgique, France, Pays-Bas ».
contenu du mandat : chercher à développer le « réseau » du réunionisme au-delà du mouvement wallon.
Établir et entretenir des contacts avec : des personnalités belges, françaises ou néerlandaises (monde politique, société civile, journaliste, universitaires, écrivains etc.) susceptibles d’être intéressées par le réunionisme, voire de s’engager en sa faveur « le moment venu »…
Garantir la discrétion totale aux personnes contactées (création d’un fichier sécurisé, utilisation de « noms de code » si nécessaire).
Les régions frontalières françaises feront aussi l’objet d’une attention particulière.
Le mandat pourra – le cas échéant – mettre une limite aux contacts possibles (ex. : cas du RN, ou des journalistes permanents de C-News etc.)
Voilà, je pense que c’est à peu près tout – et c’est déjà beaucoup !
Cependant, chaque « cercle » ne demande pas un investissement personnel démesuré, et peut fonctionner avec seulement quelques personnes.
L’avantage de ce type d’organisation est que chacun sait quoi faire, et sait qui doit faire quoi. Et chaque adhérent, j’insiste, peut prendre une initiative, communiquer une information, lancer une action, et ce spontanément (selon les règles décrites ci-dessus). C’est un système qui peut s’adapter au temps et aux disponibilités de chacun.
Bien sûr, les cercles ne sont pas étanches entre eux, et communiquent.
Vous pouvez transmettre ce message à tous les adhérents : c’est un sujet qui concerne le collectif, et qui doit être débattu en interne.
Je n’ai fait ici que des suggestions, qui devront être adaptées après débat.
Mais un tel système peut fonctionner – je participe à un collectif écologiste lillois qui l’utilise efficacement – et peut contribuer à tracer des perspectives nouvelles pour l’AWF.