Hommage à Jean-Maurice Dehousse

A la demande de plusieurs de nos sympathisants, nous reproduisons ici le discours prononcé ce 18 février par Philippe Destatte à la mairie de Liège, en hommage à Jean-Maurice Dehousse décédé 9 jours plus tôt à l’âge de 86 ans.

Mon cher Jean-Maurice ,

Tu honores ce drapeau wallon qui te couvre.

C’est pour t’entendre parler de droit constitutionnel que je t’ai rencontré pour la première fois, le 5 octobre 1981. Qui en serait surpris ?  La conférence portait sur un artifice, une entourloupe : tu te demandais comment activer l’article 17 ancien de la Constitution belge pour transférer, sans révision, l’exercice de l’enseignement, alors encore national, vers la Communauté française.

Proche de France Truffaut depuis quelques années, j’avais l’impression de bien te connaître tant elle vantait tes mérite. J’avais déjà voté pour toi aux élections législatives du 17 décembre 1978, même si – ton parti me le pardonnera -, j’avais parallèlement coché la case de François Perin au Sénat. J’y trouvais une belle cohérence.

Fondation André Renard, Club Bastin-Yerna, Grand Liège, Institut Destrée, Club “Rencontres” avec Jean Mottard, Fondation Bologne-Lemaire : les lieux où nous croiser n’allaient pas manquer. Même pour moi qui me considérais comme un Spitaels’ boy, puisque c’est l’attraction intellectuelle du professeur de sociologie qui m’avait fait adhérer au Parti socialiste quand il en est devenu président en mars 1981.

Tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Oui, je sais, Jean-Maurice. Et je t’entends : “Philippe tu es un enfant“. Premier ministre de Wallonie, tu t’inscrivais sur une trajectoire personnelle qui endossait la pensée fédéraliste de Jules Destrée, celle de Georges Truffaut et surtout celle de Fernand Dehousse, de Jean Rey. Tu pratiquais aussi le volontarisme de hussard de ces “extrémistes du possible”, ces autres renardistes : Freddy Terwagne, J-J Merlot et aussi André Cools. De ce dernier tu me confiais en 1992 : André Cools m’a tout appris en politique. En particulier la cruauté.

Au-delà de l’affirmation du fédéralisme et des réformes de structure, ce qui frappe le plus chez toi, le premier des ministres-présidents de la Wallonie, que tu étais et que tu resteras, c’est assurément ton gaullisme. Je l’entends au sens d’une volonté nationale de dépasser les clivages politiques pour rechercher un intérêt commun. Et je ne dis pas commun par distraction à la place de “intérêt régional”. Même si tu accordais la primauté à la Wallonie, cher Jean-Maurice, tu n’étais ni le premier ni le dernier des régionalistes. D’ailleurs, tu n’étais pas régionaliste au sens où la presse l’entend aujourd’hui : celui qui voudrait transférer toutes les compétences communautaires aux Régions. Contrairement à ton “ami” Jean Gol – à qui tu aimais tant faire des farces -, tu ne voulais pas non plus l’absorption des Régions par la Communauté. Tu es resté fidèle aux travaux du Congrès des Socialistes wallons tenu à Ans en 1991 sous la présidence de Robert Collignon, comme tu avais été fidèle à celui de Verviers de 1967. Ainsi, tu as été le premier artisan de ces transferts lors de la réforme de la Constitution de 1993, en les permettant par la création de l’article 138 de la Constitution. De même, par l’autonomie constitutive et l’élection directe du Parlement de Wallonie, tu as voulu renforcer la Région.

Aujourd’hui, beaucoup semblent avoir oublié que vous étiez alors, ton homologue flamand Louis Tobback et toi, les ministres des Réformes institutionnelles dans le Gouvernement de Jean-Luc Dehaene. Nous travaillions avec un attelage surprenant de spécialistes : le jeune Christophe Legast, juriste que nous avait recommandé Jacky Morael, Jacques Brassinne de La Buissière et Pierre Joly, mon plus proche collaborateur, détaché de la Cour des Comptes. En interaction bien sûr avec Philippe Busquin et Marc Foccroulle. Et sous le regard toujours aiguisé et alerte de Jean-Marie Roberti, gardien du phare renardiste.

Au service de la Wallonie, tu restais néanmoins fondamentalement attaché à la Communauté française dont tu as été un grand ministre de la Culture. Et tu n’appelais pas à sa disparition.

Je t’entends bien, cher Jean-Maurice, me dire, jusqu’il y a peu : Philippe, “là-dessus, nous n’avons jamais été d’accord. Nous ne serons jamais d’accord“.

En effet.

Il n’empêche que, plus que quiconque, tu as su baliser l’avenir de la Wallonie. Sans jamais que ton discours ne signifie repli mais, au contraire, s’inscrive constamment, par intelligence stratégique plus que par curiosité, dans les géopolitiques et les géoéconomies de l’Europe et du monde.

Certes, casquette de prolétaire sur la tête, écharpe rouge autour du cou, dans les brumes de Val Duchesse, toi, Jean-Maurice, le Renardiste, tu faisais de l’anticapitalisme et tu restais, autant que faire se peut, connecté à l’Interrégionale wallonne de la FGTB et à ton ami de toujours, Urbain Destrée. C’est pourtant toi, le même Jean-Maurice, qui répétait en leitmotiv cette formule que rappelle si souvent ton ancien collaborateur Philippe Suinen : sans profit, pas d’entreprise, sans entreprise pas d’emploi.

Mais c’est François Perin qui t’inspirait lorsque, ministre-président, tu affirmais les six principes qui, selon toi, devaient déterminer l’avenir de la Wallonie. Je te cite :

La Wallonie n’appartient à aucun groupe politique. Pas même au Parti socialiste. Nul ne peut prétendre à ce monopole. Sinon tout dialogue devient impossible.

La Wallonie, ce n’est pas un bassin : la volonté d’union doit prédominer.

La Wallonie, ce n’est pas un secteur industriel. Tous les secteurs, depuis la sidérurgie jusqu’à l’agriculture, sont en situation de combat.

Il faut en Wallonie un accord sur le concept de la soli­darité sociale.

La Wallonie est une adhésion, et une adhésion libre. Un territoire [ou] une population, doit pouvoir décider d’y entrer ou d’en sortir. Librement.

Bruxelles, partant du principe précédent, ne peut être “annexée”. La Région bruxelloise forme une entité spéci­fique, qui doit pouvoir décider de son destin. Mais il faut une solidarité Wallonie-Bruxelles. Pour l’organiser, il faut un dialogue, qui viendra, disais-tu, tôt ou tard. Et il s’agit de s’y préparer.

Anticiper ce dialogue intrafrancophone. Nul doute que tu l’as fait.

D’ailleurs, en 1993, te préparant à une interpellation difficile – c’était au Restaurant La Presse, près de la Chambre – tu me rappelais que tu avais beaucoup appris des Bruxellois. En particulier de ce cher François Persoons qui, disais-tu – n’avait pas son pareil pour choisir un bon vin. De ton côté, Jean-Maurice, tu m’as dit avoir enseigné à ton homologue de la Culture qu’il fallait respecter certaines règles pour maintenir une bonne relation entre francophones de Bruxelles et Wallons de Wallonie.

Les accords Dehousse-Persoons sont bien loin. Mais ils nous rappellent ce principe élémentaire, aujourd’hui oublié.

Mon cher Jean-Maurice,

Le drapeau wallon, marqué de la date de 1912, et que tu tiens de ta grand-maman, est aujourd’hui bien à sa place.

Ce drapeau trouve son origine dans le fait que, le 7 juillet 1912, un juriste, député et militant wallon, comme toi, est venu ici même, à Liège pour participer au Congrès organisé par la Ligue wallonne.

Comme tu l’as si souvent fait, face à des congressistes un peu animés, un peu indécis et un peu brouillons, ce député a rédigé, porté, défendu une courte résolution et l’a fait voter par le congrès. Ce petit texte appelait à l’indépendance de la Wallonie vis-à-vis du pouvoir central ainsi qu’à la création d’une Commission composée d’un membre par quarante mille habitants, à l’instar de la Chambre des Représentants.

Sa résolution votée, ce juriste, député et militant wallon, comme toi, a porté sur les fonts baptismaux l’Assemblée wallonne, premier Parlement de Wallonie, créé le 20 octobre 1912.

Ce député s’appelait Jules Destrée. Avec ses amis, dans ce Parlement fantôme, ils ont façonné ce drapeau qui te couvre aujourd’hui et symbolise, encore et toujours, notre forte autonomie.

Toi, Jean-Maurice, tu t’es placé sur ces traces fédéralistes. Aujourd’hui, c’est toi qui honores ce drapeau.

Car, tu aimais à le rappeler, ce sont les Parlements qui fondent la démocratie et qui structurent l’État.

Merci, mon cher Jean-Maurice, pour toutes ces leçons d’intelligence, de résistance, et d’amitié.

Philippe Destatte

Situation alarmante pour les écoliers de Wallonie

Par Pierre MELOT

On ne rigole plus : le rouleau compresseur belgo-flamand resserre son emprise.

  Une sombre météo linguistique risque de s’abattre à terme sur les écoliers wallons. Dernière « idée » de la ministre de l’Éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles (approuvée par l’Exécutif mais non encore validée par le Parlement) : imposeret non plus proposerle cours de néerlandais dès la 3e année des écoles primaires de Wallonie (comme c’est le cas actuellement dans la Région bilingue français/néerlandais de Bruxelles et dans les communes dites « à facilités » de la frontière linguistique).

  Nuance, s’il vous plait ! Rappelons au passage – on a une furieuse tendance à l’oublier du côté de Bruxelles – que la Wallonie est, elle aussi, une Région bilingue… mais français/allemand, mille tonnerres ! Pourquoi, diable !, jeter un tel désordre dans l’ordonnancement institutionnel si délicat voulu par la Constitution ?

Une « idée » idéale ? À voir…

   En introduisant précocement, exclusivement et obligatoirement le cours de néerlandais dans la formation des tout jeunes écoliers wallons, l’objectif poursuivi par la ministre vise-t-il sans arrière-pensée ( ??? ) à les doter d’un bagage linguistique à la fois large, utile et enthousiasmant ? Trois critères indissociables à prendre en compte dans l’apprentissage d’une langue étrangère quelle qu’elle soit.

   Un bagage linguistique large. Jugez vous-mêmes de la pertinence (ou de l’indigence) de l’« idée » ministérielle, centrée sur le petit territoire belge. Dans le monde entier (8 milliards d’êtres humains), le néerlandais est la langue maternelle de quelque 24,5 millions de personnes, nous avons bien dit 24,5 millions (17,5 millions de Néerlandais, 6,5 millions de Belges flamands et environ 500 000 personnes dispersées en Amérique du sud et en Asie + quelque 500 000 autres à titre de langue seconde), soit 0,31 % de la population mondiale… Non seulement c’est très, très peu sur le plan numérique mais c’est surtout ridiculement peu en termes de diffusion sur les cinq continents.

   Par contre, ce qui fait de l’anglais (plus exactement de l’anglo-américain) la langue étrangère à connaitre par priorité, c’est le nombre de locuteurs qui le pratiquent au quotidien (1,3 milliard comme langue maternelle ou langue seconde) et surtout sa diffusion incomparable sur l’ensemble de la Planète. Ces deux atouts confèrent à l’anglais la première place parmi les langues parlées, écrites, lues et étudiées dans le monde. Une espèce de passeport universel pour son détenteur. Même les Chinois, pourtant les plus nombreux sur Terre, sont obligés d’y avoir recours pour communiquer avec les autres Terriens. Convenons-en : entre l’anglais et le néerlandais, la palme du bagage linguistique « large » revient sans le moindre doute à l’anglais.

   Un bagage linguistique utile. Certes le néerlandais peut être utile dans le cas particulier de la recherche d’un emploi à Bruxelles. L’obtenir est une chose, espérer une promotion intéressante en est une autre car la concurrence flamande est rude et vigilante. Rappelons – c’est ainsi en Belgique – que le Flamand est toujours réputé meilleur bilingue que le Wallon. Et que, pour des raisons historiques et géolinguistiques, il l’est effectivement souvent. Il n’y a qu’à écouter nos ministres, nos députés néerlandophones et francophones… et comparer. Mis à part ce point, il faut bien reconnaitre que la connaissance du néerlandais est d’une faible, voire très faible utilité en Wallonie. Et que dire dans le monde…

   En revanche, l’anglais s’impose de plus en plus dans notre quotidien, au nord et au sud et surtout à Bruxelles : voyages (tourisme, affaires, études), échanges scolaires et étudiants (programme européen Erasmus), finances et assurances, commerce, science et recherche, technologie (informatique, aviation, espace), chemins de fer, armée, marine marchande, culture, médias et communication, ONG, lobbys internationaux, politique (Parlement européen, OTAN), diplomatie… La liste est longue des domaines dans lesquels la connaissance de l’anglais tient lieu de véritable passeport mondial… et belge. Oui, oui ! En Belgique aussi, où de plus en plus d’entreprises, de services publics, d’ONG (des deux côtés de la frontière linguistique) passent à l’anglais pour leurs activités transrégionales, leurs formations, leurs colloques. À tel point que l’époque où chacun parlait sa langue en étant suffisamment compris par le partenaire allophone est pratiquement révolue : « Please go on in English ! » Et que dire des universités, francophones comme néerlandophones, qui dispensent carrément leurs cours uniquement en anglais ! Somme toute, comme le couteau suisse qui vient à votre secours dans toutes les situations, l’anglais, par sa polyvalence, vous tirera d’embarras aux quatre coins du monde.

   Un bagage linguistique enthousiasmant.Ne perdons pas de vue que les premiers concernés par cette « idée » ministérielle sont les jeunes Wallons du 21e siècle de plus en plus interconnectés, entre eux et aux réseaux mondiaux (en anglais). Leur motivation pour une langue plutôt qu’une autre est un élément capital du succès et du rendement de ce cours. Selon l’option choisie (anglais ou néerlandais), que sera ce cours pour les écoliers wallons ? Un plaisir ou un boulet ?

   Demandons-leur. Voici ce que répondent, dans leur redoutable franchise (sondages à l’appui), la majorité des écoliers wallons qui ont suivi le cours de néerlandais en 5e et 6e primaires (souvent imposé par le pouvoir organisateur) : « Nous n’aimons pas cette langue. Elle est laide (sic). Personne d’autre que les Flamands ne la parle. On a été forcés de l’apprendre. On aurait préféré l’anglais. En accord avec nos parents, nous avons choisi l’anglais pour le secondaire. » On le voit : pour bon nombre d’écoliers wallons – informés et plus matures qu’on ne le pense –, la cause est entendue : bien qu’ils aient suivi (subi ?) le cours de néerlandais à partir de la 5e primaire, il n’y aura pas (ou peu) de continuation. Ce sera l’anglais dès la 1re année du secondaire !

   La place nous manque dans le cadre de cette « causerie » pour analyser – arguments scientifiques à l’appui – l’aversion affective, esthétique et géolinguistique tranchée des écoliers wallons pour le néerlandais. Contentons-nous, en tant qu’ancien professeur de néerlandais, de faire remarquer qu’on ne peut pas leur donner entièrement tort …

Surprise et effroi dans certains cercles

   Dans le camp du pouvoir politico-linguistico-économique belgo-flamand, panique à bord : « Catastrophe ! s’y écrie-t-on. Le choix du cours de néerlandais dans les écoles de Wallonie s’effondre ! La Belgique, notre Belgique va s’écrouler. Et le pouvoir nous échapper… Il faut réagir. Vite et fort. Les Wallons doivent rentrer dans le rang. Coûte que coûte. Donnons à nos relais politiques wallons l’ordre de « s’en occuper » ! » La réaction n’a pas tardé. Dans le parti de la ministre de l’Éducation, l’injonction est tombée : « Au boulot, camarade ministre ! Un décret rectificateur, et fissa ! » En bon petit soldat, la ministre a sorti illico une décision conforme aux volontés des instances de son parti : un projet très élaboré de reprise en main des consciences wallonnes par le canal des cours de langues. Un écueil de taille, hélas pour elle !, a surgi en travers de sa route : la dure réalité ! Pas assez de « bras pédagogiques » sur le marché pour faire exécuter les ordres jupitériens. Bien avant les écoliers, les enseignants se sont détournés du néerlandais, qui cesse d’être compris à quelques lieues de Bruxelles. Que peut la ministre face à cette pénurie ? Reporter, à regret sans doute, l’application de la mesure à l’année scolaire 2027-28, dans l’espoir d’un hypothétique afflux de jeunes recrues moins néerlandophobes. Au besoin en traficotant la législation sur les titres requis, solution déjà dans les cartons. Voire en formant des professeurs en accéléré, au rabais…

D’autres risques à craindre ?

  Oh, que oui ! Manifestement, l’étau belgo-flamand se resserre autour des citoyens wallons. Déjà les mâchoires décrétales se rapprochent dangereusement de nos jeunes écoliers. Devinons-nous le piège du même ordre déjà programmé pour imposer le néerlandais à nos ados dans le secondaire ? À ce régime, quid de leur niveau de connaissances en anglais, indispensables dans l’enseignement supérieur ? Où un très grand nombre de cours ne sont plus dispensés et publiés qu’en anglais. Où la compétition internationale fait rage sur le plan des publications… en anglais.

Adresse aux élus, sous l’œil vigilant du peuple wallon

   Attention ! Le but de cette « causerie » n’est pas de « tuer » le cours de néerlandais dans les écoles de Wallonie. Il s’agit seulement et clairement de dénoncer avec force le projet d’instauration du cours de néerlandais obligatoire à partir de la 3e année primaire, et ce pour cinq raisons (au moins) :

1. cette disposition est liberticide car elle porte atteinte au libre choix des parents ;

2. cette disposition va à l’encontre du sentiment majoritaire wallon qui élève l’anglais, dans les consciences et dans les faits, au rang de langue étrangère prioritaire ;

3. à ce stade, c’est l’école primaire qui est visée : la possibilité de choisir le cours d’anglais y disparait : une erreur monumentale à court, à moyen et à long terme ;

4. il est plus que probable que la ministre (et son gouvernement) aient le projet d’étendre cette disposition à l’enseignement secondaire. Dans ce cas, l’anglais y serait autorisé mais uniquement à titre de langue étrangère seconde : l’erreur devient faute ;

5. plus grave encore, le néerlandais sera la langue étrangère unique pour les élèves du secondaire qui, dans leur cursus scolaire (partiel ou mouvementé), n’auront pas eu l’occasion de choisir une seconde langue étrangère (en l’occurrence l’anglais). Un cycle secondaire sans l’anglais dans son CV scolaire au 21e siècle, est-ce sérieux ?

   Mesdames et Messieurs les élus, la Belgique des 19e et 20e siècles n’est plus. Malgré cela, la dernière « idée » ministérielle frappe par son côté passéiste, retardataire, étriqué. Si vous persistez dans cette voie qui entend maintenir les enfants wallons dans les sentiers d’avant-hier, que seront-ils d’autres, une fois adultes, à Londres, New York ou Sydney, en Afrique ou en Asie, que de tristes handicapés linguistiques ? Cela vous importe-t-il qu’ils ne le soient pas ? Prouvez-le !

Adresse aux parents conscients et responsables

   Parents wallons, ouvrez les yeux ! Maintenant ! Des forces partisanes sont en train de vous leurrer dans les grandes largeurs. Pour très longtemps si vous n’y prenez pas garde maintenant. Leurs arguments servent d’autres intérêts que les vôtres. Majoritairement de l’autre côté de la frontière linguistique. Vers où certains partis veulent vous entrainer, en commençant par vos enfants. Ne vous laissez pas distraire de votre ligne : l’avenir de vos enfants. Qui ont le droit de vivre des jours heureux, des cours heureux à l’école. De s’y épanouir dans des formations porteuses d’avenir. Et non de se « racrapoter » sur une Belgique du passé, une Belgique qui se disloque. Pour eux et avec eux, continuez à penser « monde » ! Offrez-leur, pour toute leur vie, le meilleur outil de communication internationale qui soit : l’anglais enseigné et pratiqué le plus tôt possible : la « lingua franca » d’aujourd’hui et de demain. Ai-je tout dit ? Probablement pas, mais vous en savez assez. À vous d’agir. Maintenant !

Pierre MÉLOT

ancien professeur de néerlandais et d’allemand

ancien traducteur juré

pierre.ed.melot@gmail.com     

Le Monde au chevet de la Wallonie

Par Paul MELOT

Le journal Le Monde a publié, ce 15 novembre, un article au titre interpellant : Pour la Wallonie, l’électrochoc du risque de faillite.

N’étant pas abonné, je n’ai pas pu lire l’intégralité de l’article mais j’en devine le contenu. Ce qu’il faut retenir, c’est avant tout le fait que LE MONDE s’interroge sur le devenir de la Wallonie, donc nécessairement sur la viabilité d’une région voisine… et francophone.

Cela m’inspire trois commentaires. Au risque de me répéter, je voudrais pointer ceci :

 1) La gestion catastrophique du gouvernement wallon, du gouvernement Di Rupo et des gouvernements précédents, qui ont rendu la Wallonie exsangue au même niveau que la Grèce de 2008, AVANT les premières aides européennes. L’article du Monde rappelle le constat de Bart DE WEVER (évidemment !) MAIS cela ne doit pas faire oublier que, dès 2011, le Professeur GAZON, chiffres à l’appui (jamais contestés depuis et même corroborés par le CERPE, Université de Namur, … en Wallonie, donc !), informait l’opinion wallonne – tellement endormie – de l’état catastrophique de nos finances et d’une réelle possibilité de faillite de la Wallonie.

2) La réaction politique de Di Rupo, soucieux de réduire à rien le communiqué de BELFIUS s’inquiétant de la probable montée du PTB au vu de l’impossibilité de redressement de la Wallonie par les partis traditionnels (on a le droit de penser que le PTB ferait mieux que ceux qui ont gouverné jusqu’à maintenant mais il n’est pas certain que ce soit le sens du communiqué de Belfius). Notons aussi les réactions du même Di Rupo aux propos tenus par J.-L. Crucke qui, tout libéral social qu’il soit, n’a quand même rien d’un communiste !

3) Tout cela avec, de surcroît, les perspectives sombres d’une faillite de la Communauté française (perspectives elles aussi annoncées et un peu dévoilées, du bout des lèvres, par Daerden jr., ministre des Finances de la CF), précédant celle, presque inéluctable, de la Wallonie. Il n’y a en effet aucun lien structurel entre l’Etat fédéral et les communautés, donc, en cas de faillite, ce sont les régions de Bruxelles (francophone) et la Wallonie qui devront banquer pour sortir la Communauté française (FWB) de l’ornière financière.

A la lecture de ce qui précède, on peut donc comprendre ce qu’un article d’un journal étranger (d’un important journal français) peut susciter en réactions chez Di Rupo et d’autres, quand la presse francophone belge – puissamment aidée par les aides publiques – informe timidement ou pas du tout des risques énormes pesant sur l’avenir de la Wallonie.

Invitation

Face aux tsunamis de crises économiques, covid, inondations, Ukraine, gouvernance approximative, notre WALLONIE est bien ballottée…

Osons en parler suite à l’exposé qu’il m’est donné de produire ce MARDI  25  OCTOBRE, à 19h30, à la Maison de la Laïcité Ourthe et Aisne de Barvaux, Chainrue 7, 6940, Barvaux  (premier étage).

Je serais très honoré de votre présence amicale et m’en réjouis déjà.

Paul Mélot

Un nouveau souffle pour l’AWF

Par Cédric CHOPIN

En août, j’avais fait référence aux systèmes d’auto-organisation, qui sont souvent bien adaptés aux petites structures telles que l’AWF : sociocratie et holocratie.

1) Dans les deux cas, on a l’existence de « cercles » ou groupes de travail (« GT »), reliés entre eux de façon non-hiérarchisée.

Petite nuance : en sociocratie, les cercles s’organisent autour des personnes, autour des équipes. En holocratie, les cercles s’organisent autour des rôles, et donc du travail à réaliser.

Mais ce sont des systèmes souples, et adaptables à chaque situation.

2) Chaque cercle (je choisis l’holocratie) – correspond à un type de mission, défini par un mandat :

– un cercle est coordonné par un ou plusieurs référents (normalement 1 ou 2) ; on ne peut être référent que d’un seul cercle à la fois.

– par contre, chaque adhérent peut participer à plusieurs cercles, et s’y « inscrire » publiquement. On peut décider – ou pas – de limiter le nombre de cercles auxquels un adhérent peut participer.

– le référent est désigné sur la base du volontariat, par la procédure du consentement (si le consensus n’est pas possible). En l’absence de volontaire, une élection sans candidat est organisée.

– un cercle reçoit un mandat de la part de l’association, qui définit ses missions (« redevabilités ») pour une durée limitée (1 an maximum) ; les membres du cercle peuvent rédiger eux-mêmes le mandat, qui sera validé par consentement.

– le mandat est renouvelable tel quel, mais pas la fonction de référent !

– le mandat doit être le plus court possible (2/3 page au format A4 au maximum), et rendu disponible auprès de chaque adhérent ; le nom des référents et des « membres permanents » sont connus.

– les décisions collectives précédentes (mandats, référents…) sont prises lors d’une « réunion plénière » qui réunit un quorum d’adhérents. Attention ! Il ne s’agit pas forcément de l’assemblée générale (voir point suivant) !

3) De ce fait, certaines fonctions et réunions disparaissent – ou n’ont plus aucun rôle « opérationnel » :

– plus de fonction de président, de secrétaire, de trésorier etc.

– plus d’assemblée générale décisionnelle.

Bien sûr, si la réglementation impose aux associations l’existence de certaines activités, celles-ci sont maintenues, mais de manière purement formelle. Mais dans ce cas, ces activités « légales » n’ont plus aucun rôle dans le fonctionnement réel de l’association.

4) A l’intérieur des cercles :

– les référents coordonnent les actions à mener dans le cadre du mandat, et s’assurent que les missions définies sont menées à bien ;

– chaque adhérent inscrit dans le cercle peut prendre tout initiative en lien avec le mandat correspondant ; il en informe le référent (qui peut, évidemment, prendre également des initiatives, et en informer le cercle) ;

– les adhérents « extérieurs » à un cercle peuvent faire des propositions, ou participer ponctuellement à une action, et doivent dans ce cas en informer préalablement le référent.

5) Deux types de « réunions » (en présentiel ou à distance) :

– les « réunions plénières » sont organisées périodiquement, selon un calendrier défini à l’avance (tous les trimestres / semestres – tous les deux mois etc.), et dans des lieux également connus à l’avance (chacun est prévenu en cas de changement de date ou de lieu, avec un nombre de jours d’avance prédéfini). Le calendrier est validé par consentement lors d’une « plénière initiale ».

– une réunion plénière peut faire office d’assemblée générale, si la législation l’exige (voir ci-dessus).

– les cercles organisent eux aussi des réunions « intercalaires », avec aussi un calendrier. Les adhérents « non-inscrits » au cercle peuvent y participer (les calendriers de chaque cercle sont publics).

– en cas d’empêchement, on peut participer aux réunions par des messages ou des courriers préalables, par téléphone, visioconférence ou tout autre moyen.

Voici maintenant quelques suggestions, qui pourraient s’appliquer à l’AWF.

– Cercle « finances, adhésions, formalités légales, aspects logistiques ».

contenu du mandat : gérer les comptes bancaires, enregistrer les adhésions et envoyer les cartes, établir le compte de gestion, effectuer les tâches demandées par la législation.

Le cas échéant : réserver une salle pour les réunions plénières.

Rappeler les dates des réunions, envoyer les mèls ou courriers correspondants etc…

– Cercle « supports techniques et informatiques ».

contenu du mandat : assurer la fonction de maître toile ; gérer les aspects techniques de l’adresse mèl ; créer une adresse mèl sécurisée sur Protonmail ou tout autre système offrant les mêmes garanties ; promouvoir une culture de la sécurité numérique (qui sera très utile si les événements se précipitent ; sinon, si ça « chauffe », notre infrastructure numérique pourrait être démantelée en trois clics, messagerie comprise…) ; mettre à disposition les outils de visioconférence (de préférence sécurisés) ; donner les codes d’accès nécessaires (site internet, messageries) aux référents concernés.

– Cercle « aspects juridiques et institutionnels de la réunion ».

contenu du mandat : compiler tous les éléments juridiques (traités, articles académiques, études diverses etc…) qui seront utiles à la réunion, en faire une synthèse à destination d’un public extérieur (« grand public » ou public d’experts), préparer à cette fin un fascicule.

Prendre en compte les différents niveaux : fédéralisme belge à l’instant T ; traités internationaux relatifs aux successions d’États ; projet de Jacques Lenain sur un statut constitutionnel particulier etc…

– Cercle « analyse économique, politique et stratégique ».

contenu du mandat : réunir et diffuser en interne des informations d’ordre politique ou économique, venant des deux côtés de la frontière linguistique.

Sur la base de ces informations, prendre du recul sur l’actualité et tenter de définir des « schémas stratégiques » permettant d’inscrire l’objectif de la réunion dans le déroulé des événements.

– Cercle « inter-organisation – réseau réunioniste / réseau du mouvement wallon ».

contenu du mandat : établir des contacts et entretenir le lien avec les autres associations, ou les personnalités isolées, s’inscrivant dans le mouvement wallon, donc y compris en dehors du réunionisme.

Toutefois : les relations avec les autres collectifs réunionistes feront bien entendu l’objet d’une attention particulière.

Chercher à rédiger une « plate-forme » commune, basée sur les relations transfrontalières avec la France ; lister les projets possibles (accords bilatéraux délaissés, liaisons ferroviaires, université du Hainaut Mons-Valenciennes etc…)

– Cercle « réseau relationnel externe : Belgique, France, Pays-Bas ».

contenu du mandat : chercher à développer le « réseau » du réunionisme au-delà du mouvement wallon.

Établir et entretenir des contacts avec : des personnalités belges, françaises ou néerlandaises (monde politique, société civile, journaliste, universitaires, écrivains etc.) susceptibles d’être intéressées par le réunionisme, voire de s’engager en sa faveur « le moment venu »…

Garantir la discrétion totale aux personnes contactées (création d’un fichier sécurisé, utilisation de « noms de code » si nécessaire).

Les régions frontalières françaises feront aussi l’objet d’une attention particulière.

Le mandat pourra – le cas échéant – mettre une limite aux contacts possibles (ex. : cas du RN, ou des journalistes permanents de C-News etc.)

Voilà, je pense que c’est à peu près tout – et c’est déjà beaucoup !

Cependant, chaque « cercle » ne demande pas un investissement personnel démesuré, et peut fonctionner avec seulement quelques personnes.

L’avantage de ce type d’organisation est que chacun sait quoi faire, et sait qui doit faire quoi. Et chaque adhérent, j’insiste, peut prendre une initiative, communiquer une information, lancer une action, et ce spontanément (selon les règles décrites ci-dessus). C’est un système qui peut s’adapter au temps et aux disponibilités de chacun.

Bien sûr, les cercles ne sont pas étanches entre eux, et communiquent.

Vous pouvez transmettre ce message à tous les adhérents : c’est un sujet qui concerne le collectif, et qui doit être débattu en interne.

Je n’ai fait ici que des suggestions, qui devront être adaptées après débat.

Mais un tel système peut fonctionner – je participe à un collectif écologiste lillois qui l’utilise efficacement – et peut contribuer à tracer des perspectives nouvelles pour l’AWF.

Pourquoi je n’irai pas à Namur

Par Willy BURGEON, Président Honoraire du Parlement Wallon, membre de l’AWF

POURQUOI JE N’ASSISTERAI PAS, A NAMUR, A LA CEREMONIE OFFICIELLE DES FÊTES DE WALLONIE.

Ce qui se passe au Parlement Wallon à Namur n’étonnera que les non-initiés. Cela fait belle lurette que le Greffier Janssens fait régner la terreur dans le personnel, tellement que des bruits ont filtré largement vers l’extérieur. Les membres actuels du Bureau devaient être les premiers au courant des règlements de compte.

Qu’en plus, l’illégalité soit présente dans la gestion aggrave encore la situation. Il est heureux que la vérité survienne mais l’opinion publique et les media sont, à juste titre, choqués que ça se passe dans un Parlement dont la mission est de respecter, en premier lieu, la légalité et de contrôler le bon fonctionnement des institutions de notre Wallonie qui a d’autres chats à fouetter en ce moment.

ET LA RESPONSABILITE POLITIQUE ?

Le comportement du Greffier met en jeu un autre principe fondamental : la responsabilité politique. Quelques questions. A qui incombent la confection du budget du Parlement, son exécution et l’examen des comptes ? Qui devait veiller à la bonne harmonie dans les relations avec le personnel ? Etc… Etc…

Evidemment, le Président, le Bureau et le Greffier du Parlement en premier lieu.

DEMISSIONS !

Alors, quelles étaient les mesures à prendre après la découverte de ces scandales ? (Mettre à pied le Greffier pendant six mois ne suffisant pas).

Que les Présidents des partis formant la majorité décident, en urgence et avec les instances compétentes, de convoquer le Parlement Wallon avec à l’ordre du jour :

  • démission du Président et des membres du Bureau ;
  • élection d’un nouveau Président et de nouveaux membres du Bureau.

Le nouveau bureau aurait eu comme mission de mettre de l’ordre dans le Parlement.

Ces mesures auraient eu l’avantage d’être claires et fortes, de sauver l’honneur et la réputation de l’institution-phare de la démocratie wallonne et de rassurer l’opinion publique.

Au lieu de ça, on a droit à des réunions où « on ne prend aucune mesure radicale », où on fait de l’entre-soi, où on joue à ne pas se faire mal pour bien protéger ses mandats. Par contre, le personnel, victime, va payer les pots cassés car on va se pencher sur ses droits acquis. Personnel d’autant plus fragile qu’il n’est pas syndicalisable comme le personnel de tous les Parlements. Comme d’habitude, les lampistes paient. 

Dès lors, je n’irai pas, samedi après-midi, à la « Cérémonie officielle des fêtes de Wallonie » pour écouter le Président Jean-Claude Marcourt, le premier responsable du gâchis, celui qui, en son temps, a fermé les yeux sur les scandales Nethys à Liège et qui conserve la même attitude à Namur, ni pour écouter le Ministre-Président du Gouvernement Wallon, septuagénaire. Belles images pour celles et ceux qui sont engagés sincèrement et qui travaillent d’arrache-pied pour notre Région. En Flandre et ailleurs, on se tord de rire !

Je serai absent à Namur, la première fois depuis la création de la Région Wallonne, et je ne m’excuserai pas car c’est la honte.

J’assisterai aux Fêtes de Wallonie à La Louvière qui se dérouleront dans la dignité.

Lettre ouverte aux amies et amis de l’école

Par Pierre HAZETTE, ancien Ministre de l’Enseignement, membre de l’AWF

Le tocsin est une sonnerie de cloches, répétée et prolongée pour donner l’alarme.
Le tocsin sonne dans le ciel wallon.

La société mérite un regard lucide sur l’enseignement

Depuis 1989, notre enseignement paye un lourd tribut au refus des responsables politiques de tous niveaux de lui fournir les crédits budgétaires nécessaires à ses missions et les réflexions prospectives appliquées à un monde qui change.

Il souffre d’une hypocrisie langagière qui ne peut plus dissimuler la catastrophe qui se dessine à l’horizon des familles francophones de Belgique.

Il n’y a plus place, en dehors de discours fallacieux, pour l’excellence dans notre politique éducative.

Il n’y a plus d’ambition affirmée de recoller au peloton des nations qui se situent parmi les plus performantes en matière d’éducation et d’enseignement.

  • C’est vrai dans l’enseignement obligatoire. Les enquêtes PISA le démontrent à intervalles réguliers depuis deux décennies et les résultats de notre CEB le démontrent en cette fin juin.
  • C’est vrai dans le classement de nos universités dans la compétition mondiale. La récente publication fait froid dans le dos.
  • C’est vrai dans la carence de techniciens ou d’ouvriers qualifiés au niveau attendu par les entreprises. Les chiffres de l’emploi qualifié en attestent.
  • C’est vrai dans l’indigence des données qui devraient permettre de mesurer au plus près de la réalité les déficits cumulés dus aux pertes d’heures de cours imputables à la pandémie ou à la pénurie d’enseignants.
  • C’est vrai dans l’indifférence avec laquelle les pouvoirs réagissent à cette pénurie à tous les niveaux de l’enseignement.

L’impossibilité avouée d’organiser les examens de fin d’année par manque de professeurs n’a provoqué qu’un léger frémissement.

Osons pourtant la question qui fait mal : comment dans ces conditions organiser la prochaine année scolaire et les suivantes, si l’on admet que la pénurie ne disparaîtra pas par l’effet d’une déclaration ministérielle euphorisante ou la sacralisation du Pacte d’excellence ?

Osons aussi écouter de grandes voix ! Edgar Morin, par exemple. En2014, déjà : « Le système éducatif est devenu tout à fait inadéquat pour l’ensemble des jeunes quels que soient leur origine ethnique, leur milieu social ou leur parcours de vie. » C’est ici que je stigmatise la carence des réflexions prospectives.

Ils veulent des smartphones. Offrons-leur des tablettes.

En fait, n’est-il pas inadéquat le système qui interdit les smartphones à l’école, comme si, une fois franchies les grilles, l’enfant, l’adolescent entrait dans un monde qui n’est plus le sien ?

François Rastier, ancien directeur du CNRS, élève le débat : « Le dialogue homme-machine recèle des enjeux philosophiques qui dépassent le simple besoin d’interfaces agréables. » Il faut, écrit-il, imaginer chaque école partageant l’accès à un système gigantesque, capable d’emmagasiner un nombre incalculable de données ; parmi celles-ci et pour chaque discipline, à chaque niveau d’étude, l’équivalent d’un manuel scolaire.

Le professeur appelle, sur le tableau interactif, le développement de sa leçon. L’élève le suit sur l’écran de sa tablette. Le système travaille par phases et, à chaque pause, teste la compréhension de l’élève par une succession de questions et réponses, celles-ci immédiatement évaluées. Le dialogue entre le système et l’apprenant est permanent et peut se poursuivre en dehors de l’enceinte scolaire.

Sur son ordinateur, le professeur est informé des progrès de chaque élève, des difficultés de compréhension des uns, de la démotivation de certains, des performances de chacun aux tests d’exploitation des acquis.

Il y a du profit à tirer de cette pédagogie attentive à prévenir la durée de vie d’une erreur, d’autant que dans la relation avec l’ordinateur, l’élève est à l’abri des jugements moqueurs et des appréciations qui font mal.

Nous sommes de plain-pied dans l’application de l’Intelligence artificielle à l’enseignement. Sous un titre incontournable « L’urgence de préparer les enseignants d’aujourd’hui pour l’école de demain. », T. Karsenti dénombre 26 avantages du passage à l’IA dans l’enseignement. Il cite notamment la transformation de l’enseignant en facilitateur d’acquisitions et en coach du groupe classe. Il lui promet l’allègement de tâches administratives comme la confection des bulletins.

La formation initiale et en cours de carrière des enseignants dépasse de beaucoup la simple découverte du PC, l’initiation au traitement de texte et l’utilisation d’un moteur de recherche. Il s’agit d’intégrer l’IA dans la pédagogie et la méthodologie, tout en veillant à protéger l’apprenant de toute immixtion commerciale ou malveillante dans son dossier individuel dont l’accès lui est strictement réservé ainsi qu’à son maître, à la direction et à ses parents.

L’organisation de notre enseignement est prisonnière du passé

Un exemple : l’article 24 de la Constitution commence par cette phrase : « L’enseignement est libre. Toute mesure préventive est interdite. »

L’interdiction des mesures préventives est un souvenir du combat de l’épiscopat belge contre la volonté de Guillaume d’Orange de vérifier que les programmes d’enseignement étaient bien conformes à l’intérêt général. Cette ingérence du pouvoir royal dans la liberté revendiquée par l’Église contribua à la dislocation des Pays Bas et à la naissance de la Belgique. Cette interdiction des mesures préventives résistera à la révision constitutionnelle de 1988. Nous n’aurions donc aucun moyen constitutionnel de nous opposer, à titre préventif, au projet d’une secte de talibans d’ouvrir une école à Bruxelles !

C’est dire le poids de l’histoire dans l’organisation de notre pays.

Nous avons donc toujours un pouvoir central, celui de la Communauté Wallonie-Bruxelles, les pouvoirs provinciaux, les autorités communales, l’enseignement privé, majoritairement catholique, mais aussi juif, philosophiquement neutre, ou familial.

Ajoutons que la formation des apprentis relève de la responsabilité des Régions.

C’est donc sous ce parapluie politico-administratif que nous organisons notre enseignement, avec l’insuccès que l’on sait.

Observons d’abord que le clivage des pouvoirs organisateurs constitue un obstacle infranchissable au partage d’infrastructures : halls ou terrains de sport, laboratoires, salles de spectacles…

Plus grave encore : en ces temps de pénurie d’enseignants, pas de stimulation à établir des échanges de professeurs entre établissements de réseaux différents.

L’idée surgit, dès lors : et si on renversait la table !

À y regarder de près, qu’est-ce que l’école ?

Dans l’enseignement obligatoire, c’est l’établissement choisi, par les parents, à distance raisonnable du domicile, pour apporter les connaissances nécessaires à l’enfant, puis à l’adolescent afin qu’il s’intègre dans la société et s‘y épanouisse pleinement.

La première démarche parentale est le contact établi avec la direction de l’école. Ce contact, s’il aboutit à une inscription, c’est la conclusion d’un contrat de collaboration : l’école enseigne et éduque ; la famille coopère en soutenant les exigences de l’école et en assumant sa part naturelle dans l’éducation.

La direction de l’école, c’est une personnalité et une équipe motivées par la volonté de réussir la mission d’éducation qu’ils ont décidé d’assumer.

L’intérêt de la société tombe sous le sens : elle a besoin de femmes et d’hommes bien formés à tous les niveaux de l’enseignement et jusqu’à l’octroi du diplôme. La solidarité, socle de la société occidentale, se nourrit des compétences que, les unes après les autres, les générations déploient pour elles-mêmes et pour les autres, celles qui les précèdent et elles qui les suivent.

La société investit sagement dans le processus éducatif.

Est-ce pour autant que l’école doit abandonner les rênes à un pouvoir tutélaire, pointilleux, intrusif, distant, maître des méthodes pédagogiques, contrôleur des faits et gestes des acteurs de l’éducation ? La question révèle les dérives et abus dont souffrent aujourd’hui la profession d’enseignant, l’exercice des fonctions de direction dans les écoles, ainsi que les familles en proie à un malaise croissant, quand surgissent les signes précurseurs du décrochage scolaire.

Le pouvoir tutélaire, c’est-à-dire, fournisseur des moyens nécessaires à l’exercice réussi de la mission d’éduquer, est responsable de l’équité et de la bonne utilisation des crédits ; il est aussi tenu de veiller à l’homogénéité des programmes et de la définition des compétences maîtrisables en fin de cycle. Il fournit en permanence des indications sur les besoins du marché du travail et invite les écoles à répercuter l’information vers les familles.

Renverser la table, c’est instaurer la confiance.

Confiance des parents dans la volonté des équipes éducatives d’agir en tout état de cause pour le bien des enfants qui leur sont confiés.

Confiance des élèves dans le professionnalisme des enseignants et éducateurs qu’ils fréquentent tous les jours.

Confiance au sein des équipes qui savent qu’un appui et une aide sont disponibles auprès de la direction, dont le titulaire aura ajouté à son master, une formation en management scolaire.

Confiance du pouvoir, résolument affirmée, en des équipes de direction et d’éducation, qui seront évaluées en fonction du seul critère qui compte : la réussite des élèves aux épreuves externes organisées à intervalles réguliers.

Une stratégie du mieux : les synergies scolaires

Il ne faut pas dissoudre l’autorité ; il faut, au contraire, la responsabiliser et la rapprocher de tous les acteurs de l’éducation.

C’est pourquoi, à côté de l’équipe de direction de l’école, dans l’enseignement obligatoire, prendra place un organe consultatif formé d’enseignants et de parents, choisis par leurs pairs, qui coopteront quelques cadres de la société civile. Les organisations syndicales y seront représentées. Cet organe prendra la place des P.O. de l’enseignement libre ou des conseils de participation de l’enseignement officiel.

Les options actuellement offertes dans le secondaire, aussi bien général que technique ou professionnel, tant elles sont variées, ne pourront être organisées partout. C’est au conseil consultatif, en lien avec les autres conseils des établissements de la zone, qu’il reviendra d’orienter la décision de la direction.

Dans le fondamental, la nécessité d’ouvrir les yeux des écoliers sur l’enrichissement personnel tiré de l’intelligence de la main, conduira à chercher ensemble les artisans ou techniciens, actifs ou pensionnés, qui illustreront, pendant des temps libres ou libérés, la beauté du geste et contribueront à rendre à l’enseignement qualifiant le statut qu’il a malencontreusement perdu.

On pourrait multiplier les exemples. Qu’il suffise de dire que le but sera atteint quand dans nos villes de moyenne importance, des études en immersion en néerlandais, anglais, allemand, espagnol, etc., auront été rendues possibles parce que la synergie s’est imposée, à la faveur d’un consensus intelligent.

« Et les cours de religion et morale ? », objectera-t-on. Osons partout un cours de philosophie que chaque école orientera en fonction des desiderata avec, s’il échet, des transferts ponctuels d’un établissement à l’autre, transferts d’ailleurs facilités dès lors que l’IA permettra les raccordements à la demande. Les cours de religion, proprement dits, incomberont aux représentants des cultes reconnus dans les lieux qu’ils désigneront.

Dans ce nouvel univers, où l’école retrouve et suscite la sympathie, initie des collaborations, associe les parents, la communauté éducative se formera naturellement et des synergies se manifesteront à la demande de la direction ou des enseignants. Un professeur absent ne signifiera plus l’envoi d’une classe à l’étude. Grâce à l’Intelligence Artificielle, le cours sera donné et un assistant d’éducation, répondant à l’appel de la direction, maintiendra une présence adulte nécessaire dans un groupe d’élèves.

Il est indispensable de penser l’organisation de l’enseignement obligatoire dans la perspective d’une pénurie d’enseignants qui n’est pas près de disparaître.

Il faut aussi investir dans les murs et les espaces de jeux

La décision récente de répartir entre les pouvoirs organisateurs les crédits européens en faveur des constructions scolaires a fait renaître le conflit interminable entre les responsables de l’enseignement libre et les autorités publiques. Le gouvernement fait valoir qu’il doit prioritairement se soucier des infrastructures dont il est propriétaire. Les organisateurs privés, responsables d’une activité juridiquement considérée comme d’intérêt public, font état de l’égalité coulée dans la Constitution pour réclamer une part plus équitable de moyens.

La solution ne résiderait-elle pas dans un droit d’emphytéose de 99 ans, renouvelable, que l’épiscopat et les congrégations concéderaient au pouvoir public, la Région, par exemple, en échange des crédits d’investissement dans les infrastructures scolaires ?

Mais, ne nous leurrons pas : investir signifie mobiliser des crédits à des fins déterminées.

Dans notre contexte, ces fins sont identifiées :

  • il faut équiper les écoles des infrastructures et moyens modernes nécessaires à l’accomplissement de sa mission ;
  • il faut revaloriser moralement et pécuniairement la fonction enseignante. Moralement, c’est par la confiance restaurée qu’on y arrivera. Pécuniairement, c’est là le nœud du problème ;
  • il faut remettre en question les dépenses qui ne sont pas d’une nécessité avérée. La régionalisation a supprimé l’institution provinciale dans la région bruxelloise. La Wallonie ne libérerait-elle pas du personnel et des moyens budgétaires si la Région y prenait les commandes ? Ne trouverions-nous pas dans nos universités des experts capables de dessiner une administration moins pléthorique dès lors que les établissements gagneraient en autonomie ?

L’interpellation relève de la responsabilité politique.
La question du besoin d’école est une interpellation citoyenne.

Août 2022.

Le revirement inconséquent de Paul Magnette

Par Jules Gheude, essayiste politique

Paul Magnette, le président du PS, a accepté que son parti entre dans la coalition Vivaldi au départ d’un accord qui stipule notamment :

Au cours de la prochaine législature, le gouvernement entend apporter une contribution importante à la modernisation, à l’augmentation de l’efficacité et à l’approfondissement des structures de l’Etat. Le gouvernement lancera un large débat démocratique sur ce sujet, impliquant notamment les citoyens, la société civile et les milieux académiques, ainsi qu’un dialogue entre les représentants politiques. L’objectif est une nouvelle structure de l’Etat à partir de 2024 avec une répartition plus homogène et plus efficace des compétences dans le respect des principes de subsidiarité et de solidarité interpersonnelle. Cela devrait conduire à un renforcement des entités fédérées dans leur autonomie et du niveau fédéral dans son pouvoir.

Deux ministres, Annelies Verlinden (CD&V) et David Clarinval (MR), sont chargés de mener cette mission à bon port.

Or, voilà que Paul Magnette change son fusil d’épaule. Dans une interview accordée au « Soir, le 18 juin, il déclare, en effet :

Une septième réforme de l’Etat en 2024 n’est ni nécessaire ni souhaitable. Parce que la Wallonie a les compétences nécessaires pour travailler à son redressement, contrairement au passé.

Le président du PS, qui avoue n’avoir jamais été amoureux de l’institutionnel, ajoute néanmoins : Pour moi, un jour, un fédéralisme à quatre Régions, je pense que ce serait plus simple que le système existant. Mais j’ajoute tout de suite que quand je dis « quatre Régions », cela ne veut pas dire la disparition des solidarités Wallonie-Bruxelles. Dans mon esprit, même s’il y a quatre Régions, la Wallonie et Bruxelles reforment ensemble une Fédération et gèrent en commun l’enseignement, l’enseignement supérieur, la culture, l’audiovisuel, la recherche…

On imagine sans peine la surprise du premier parti de Flandre, la N-VA, dont le président Bart De Wever pensait avoir trouvé en Paul Magnette le partenaire idéal pour mettre œuvre de nouvelles structures institutionnelles en 2024.

D’autant que l’attitude du président du PS s’apparente à une véritable provocation à l’égard du Nord du pays :

Ah, la N-VA va tomber de sa chaise, tant pis, j’espère qu’ils ne sont pas assis trop haut… Que voulez-vous que je vous dise ? Le CD&V pareil. Quant aux provocations de l’extrême droite, ils disent qu’ils feront une déclaration unilatérale d’indépendance, mais qu’ils le fassent ! Que M. Van Grieken le fasse, il sera juste ridicule. Il ne sera même pas suivi par les autres Flamands. Et à supposer qu’ils le suivent, la Wallonie et Bruxelles peuvent parfaitement être viables ensemble. Les Flamands doivent comprendre que si un jour ils font une déclaration d’indépendance, ce sera sans Bruxelles. Ça, définitivement, ce sera sans Bruxelles. Ils peuvent faire une Flandre indépendante avec un gros trou au milieu s’ils le veulent, et se priver de la capitale de l’Europe. Les provocations de l’extrême droite me laissent de marbre.

Paul Magnette n’est pas à une incohérence près. N’est-ce pas lui, en effet, qui, en 2016, affirmait que sans enseignement et sans culture, le Wallonie est comme eunuque ?

Ainsi, selon lui, une septième réforme de l’Etat en 2024 n’est ni nécessaire ni souhaitable. Parce que la Wallonie a les compétences nécessaires pour travailler à son redressement, contrairement au passé.

Sauf que l’on ne compte plus les plans de redressement wallons qui ont été lancés depuis vingt ans, sans que la Région parvienne à décoller… Une évolution qui a amené la Flandre à remettre en cause le principe de solidarité financière.

Hormis le Brabant wallon, qui bénéficie de l’hinterland bruxellois, les provinces wallonnes stagnent pour ce qui est du PIB. Pour une moyenne européenne se situant à 100, la Hainaut est à 76, dix points en dessous du Nord-Pas-de-Calais, le pays dit des corons…

Alors que feu Xavier Mabille, président du CRISP, déclarait en 2007, en parlant de l’hypothèse d’une disparition de la Belgique, hypothèse dont je dis depuis longtemps qu’il ne faut en aucun cas l’exclure, Paul Magnette prend cela à la rigolade.

On voit mal comment une avancée institutionnelle pourrait intervenir au lendemain des élections législatives de 2024 – encore faut-il que la Vivaldi puisse atteindre l’échéance ! -, tant les positions divergent au Sud et au Nord (fédéralisme vs confédéralisme).

Une chose est sûre : la Flandre n’est plus une entité fédérée, mais une véritable Nation.

Les derniers sondages indiquent que les deux partis indépendantistes flamands, la N-VA et le Vlaams Belang, pourraient disposer d’une majorité absolue au Parlement flamand, ce qui permettrait à leurs représentants de proclamer unilatéralement l’indépendance de la Flandre. Paul Magnette rejoint ici ceux qui prétendent que seule une petite partie des électeurs de ces deux formations souhaitent vraiment un tel scénario. Mais les autres ne sont-ils pas censés voter en connaissance de cause ?  Ils ne peuvent ignorer que les partis de Bart De Wever et de Tom Van Grieken prônent l’avènement d’une République flamande. Ils doivent donc assumer l’entière responsabilité de leur vote !

Rien à voir ici avec le scénario catalan. Le pouvoir central à Bruxelles serait d’une telle faiblesse qu’il ne pourrait rien empêcher. Quant à l’Union européenne, il ne pourrait qu’acter le divorce belge.

Pas de panique !, ajoute Paul Magnette, la Wallonie et Bruxelles peuvent parfaitement être viables ensemble.

Et revoilà le WalloBrux !

Il faut être deux pour danser le tango. Or, une étude réalisée en 2013 par Rudi Janssens, chercheur à la VUB, indique que 73,9% des Bruxellois souhaitent l’autonomie en cas de disparition de la Belgique. Seuls 4,6% optent pour une association avec la Wallonie, et 4% avec la Flandre. Cela montre que les Bruxellois sont profondément attachés à leur spécificité.

Il y a aussi le fait que l’on est confronté à des espaces géographiques de taille et de morphologie totalement dissemblables. D’un côté, une Région-Capitale de 161,4 km2, de l’autre, une Région wallonne de 16.844 km2, trois fois plus peuplée.

Par ailleurs, Wallons et Bruxellois constituent des populations sociologiquement distantes, avec des sensibilités souvent différentes.

Enfin, élément majeur, l’absence d’unité territoriale, Bruxelles étant enclavée en territoire flamand, qui serait alors un territoire étranger. De quoi rallumer le feu en ex-Yougoslavie ! Car si Wallons et Bruxellois peuvent composer un Etat de la sorte, on ne voit pas pourquoi la Serbie ne ferait pas de même avec la Republika Srpska de Bosnie.

Comment organiser les pouvoirs et fixer le poids respectif de Bruxelles et de la Wallonie au sein de ce nouvel Etat, qui ne constituerait en aucun cas une nation ? Opterait-on pour le principe de l’égalité (Bruxelles = Wallonie) ou celui de la proportionnalité (Wallonie > Bruxelles) ? Déjà, au sein de la Belgique actuelle, Wallons et Bruxellois sont dans l’incapacité de se constituer en entité unifiée.

On voit mal aussi comment la Communauté internationale pourrait reconnaître une personnalité juridique identique à cette nouvelle Belgique qui, privée de la Flandre, offrirait un visage substantiellement différent de celui de l’Etat prédécesseur.

En droit international, l’Etat successeur est comme un nouveau-né, vierge de tout traité international. C’est le principe de la « tabula rasa ». Une adhésion de plein droit de la « Belgique résiduelle » aux traités qui liaient l’ancienne Belgique pourrait donc être juridiquement contestée. On a vu, par exemple, que la « petite Yougoslavie » ou « Yougoslavie continuée », composée de la Serbie et du Monténégro, a dû demander sa réadhésion à l’ONU dès septembre 1992.

La dernière interview de Paul Magnette se caractérise par une totale inconséquence.

AVIS IMPORTANT DE LA TRESORERIE de notre ALLIANCE WALLONIE FRANCE.

Plusieurs affiliés ou sympathisants ne sont pas – plus – en mesure de recevoir la petite carte de preuve de paiement d’une cotisation (retour postal du courrier de la Trésorière).

S’ils se reconnaissent dans cet avis, pourraient-ils envoyer leur nouvelle adresse postale ET informatique à notre ami Paul Mélot (paulmelot1@gmail.com).

Merci d’avance et bien cordialement.

Renée DECROISSON, Trésorière.

La Wallonie avec la France en Europe et dans le monde