Archives pour la catégorie Vu sur le web

Pourquoi…?

Avec Claude Eerdekens, nous nous interrogeons.

La mise à blanc de tous les arbres le long des routes régionales et des autoroutes wallonnes :

« Avec stupéfaction, il est constaté une mise à blanc systématique de toutes les plantations d’arbres le long des routes gérées par la Région wallonne et le Ministre cdH Di Antonio.

Au début, comme tout un chacun, j’ai pensé qu’il s’agissait, pour des raisons de sécurité, de couper des arbres dangereux pour la circulation.

En réalité, et de façon méthodique, tous les arbres sont éliminés les uns après les autres par tronçon.

Alors que les particuliers et pouvoirs publics sont encouragés à planter des arbres pour encourager la biodiversité et capter le carbone, pour quelles raisons si ce n’est pas une raison de sécurité, la Région wallonne s’acharne-t-elle à couper systématiquement l’ensemble des arbres ?

D’autre part, et après l’étonnement, vient le questionnement.

Que va-t-on faire des arbres ainsi coupés ?

La Région wallonne va-t-elle en faire du bois de chauffage ? Il semblerait que non.

Selon des informations qui restent à vérifier, il s’agirait d’envoyer ce bois pour en faire des pellets utilisables pour des foyers domestiques ou collectifs. Quoi qu’il en soit, c’est bizarre. Peut-être pourrait-on mieux comprendre ce qui se passe si l’on identifiait sur le territoire wallon les entreprises adjudicatrices pour ces mises à blanc et surtout si l’on connaissait la destination finale des bois ainsi coupés.

Vers quelles firmes bien précises ce bois est-il écoulé et où se situent ces entreprises ? La réponse à ces questions permettrait de peut-être comprendre les raisons pour lesquelles la Wallonie a mené une opération à nulle autre comparable en Europe et qui est de prime abord totalement incompréhensible.

Lorsqu’on roule de Namur vers Bruxelles sur l’autoroute E411, et que l’on quitte la Wallonie où tous les arbres sont rasés et que l’on arrive en Flandre, celle-ci n’a pas pratiqué comme la Wallonie. Il y a des moments où l’on peut se poser la question de savoir si la bonne gouvernance est une vertu flamande ou si la mauvaise gouvernance la règle en Wallonie.

La Ville d’Andenne est bien entendu étrangère à ce véritable massacre forestier qui suscite l’indignation de nombreux Andennais qui m’en ont parlé en dénonçant cette situation. »

Claude EERDEKENS

Une affaire à suivre…  Les arbres ne feraient-ils plus partie du patrimoine wallon ?

On n’arrête pas le progrès. La bêtise non plus !

Valmy attire notre attention sur la lettre suivante :

Claire PolinChèr·e·s ami·e·s,

Vous aimez Proust ?  Vous allez adorer ça :
« En réalité, chaque lecteur·rice est quand il·elle lit, le·la propre lecteur·rice de soi-même. » (Le temps retrouvé)

Vous admirez Molière ?  Vous allez être séduits par :
« Un·e sot·tte savant·e est sot·te plus qu’un·e sot·te ignorant·e. » (Les femmes savantes)

Vous admirez Victor Hugo ?  Vous allez apprécier :
« La moitié d’un·e ami·e, c’est la moitié d’un·e traitre·esse. » (La légende des siècles)

Si rien n’est fait, si nous gardons le silence, si nous refusons de regarder en face ces graffitis de bas étage, voilà ce qui nous attend !

Cette machine à fabriquer des crétins a un nom : l’écriture inclusive.

Elle se définit elle-même comme une « graphie non-sexiste ». Parce que dans la langue française, on dit que le « masculin l’emporte sur le féminin » les dévots du féminisme voient dans cette règle une insulte insupportable faite aux femmes soumises à un affreux sexisme langagier. On réécrira donc Proust, Molière et Victor Hugo en novlangue pour les châtier d’avoir été des chauvinistes mâles. Sans oublier George Sand, Simone Weil et même Simone de Beauvoir (grand papesse du féminisme pourtant !) toutes coupables d’avoir baissé la tête sous le joug masculin.

Les promoteurs de l’écriture inclusive veulent imposer le « point milieu » pour créer des mots androgynes.

Par exemple, selon ces idéologues, vous ne devrez bientôt plus écrire « les électeurs » mais les « les électeur·rice·s »… Vous pourrez également vous extasier sur les autrices et autres travailleur·euse·s !

Cela pourrait faire sourire, s’il s’agissait d’une coquetterie de mauvais goût ou d’une mode excentrique.

Mais c’est bien plus dangereux.

Il s’agit en réalité d’une véritable tentative de prise de pouvoir. En changeant les mots et la manière de les écrire, les promoteurs de l’écriture inclusive veulent faire main basse sur la manière même de penser.

Et ils visent particulièrement les enfants, plus malléables.

Ils veulent détruire notre langue et notre héritage culturel.

L’écriture inclusive est le fruit d’une union, hélas fertile, entre des féministes hystérisées et des pédagogues militants, sectaires et intolérants. Il y a de cela quelques années, ils avaient essayé d’obtenir la suppression de l’épreuve de français au brevet. Leur argument était le suivant : cette épreuve discriminait les enfants de familles immigrées dont le français n’était pas la langue maternelle ! Une incursion en Absurdie qui souleva un tel tollé que ces handicapés de la pensée firent machine arrière.

Ils reviennent à la charge, avec plus de succès, hélas en brandissant l’écriture inclusive. Cette dernière ne s’avance pas seule. Elle est accompagnée par une grande sœur un peu plus âgée qu’elle : « la féminisation de l’écriture ».

Ainsi doivent être proscrites des expressions telles que « il fait beau » ou « que reste-il ?». Ce « il » odieux et dominateur servirait à assujettir durablement les femmes. On écrira donc : « elle fait beau » et « que reste-t-elle ? ».

Vous n’en croyez pas vos yeux ? Jetez un œil sur les livres d’Isabelle Alonso écrits en « langue féminisée ». Ils ont été publiés par les éditions Héloïse d’Ormesson. Vous aurez un petit aperçu du désastre.

L’écriture inclusive et féminisée a ses grands prêtres et ses grandes prêtresses. Une partie d’entre eux siègent rue de Grenelle au ministère de l’Éducation nationale. Cela paraît fou mais c’est de là que partent la plupart des attaques sournoises et insidieuses contre la langue française. Nombreux par ailleurs sont les servant·e·s de cette religion réputée très tendance. On les trouve dans les médias, dans l’édition et dans les écoles.

Des pères Ubu, des mères Ubu bien plus grotesques que les créatures inventées par le génial Alfred Jarry.

Le but poursuivi par ces adorateurs de Sainte-Analphabète est de déposséder les habitants de notre pays de leur identité. Ce qui fonde notre appartenance à un peuple, à une nation, c’est bien sûr une mémoire historique commune mais aussi, et peut-être avant tout une langue. Faire disparaitre le français est le but avoué, et non avouable des tricoteurs et tricoteuses du point médian.

Ainsi, c’est voulu, un peuple doit cesser d’exister. Pour être remplacé par des individus privés de toute identité et de toutes caractéristiques propres. Un monde orwellien de consommateurs voués à se précipiter sur les têtes de gondole des supermarchés mondialisés pour y acheter des produits « made in nulle part ».

Ils organisent un grand lavage de cerveau

Il faut commencer tôt pour fabriquer des zombies dociles. À l’école. Les éditions Hatier soucieuses de se conformer à l’air du temps viennent de publier un manuel pour les enfants de CE2. Voilà comment on y raconte notre Histoire.

« Grâce aux agriculteur·rice·s, aux artisan·e·s et aux commerçant·e·s, la Gaule était un pays riche. »

Hatier édite également le célèbre Bescherelle. On attend avec un intérêt certain les prochaines éditions !

Très critiqué, Hatier se défend. La langue, selon ces éditions doit s’adapter au nouvel environnement et « au monde qui change ». Peut-être que pour tenir compte de la diversité de nos territoires, cette vénérable maison prépare-t-elle des manuels en argot des cités, destinés aux établissements classés ZEP ?

Mais il y a scandale plus grand encore. 314 professeurs ont signé une pétition sur Internet dans laquelle ils refusent d’enseigner la grammaire française.

Ils annoncent leur volonté d’enseigner dorénavant l’écriture féminisée.

Ils disent vouloir aussi imposer à l’école la règle de proximité qui consiste à accorder les mots concernés… avec le terme le plus proche !

Ainsi, selon eux, plutôt que d’écrire « les maîtres et les maîtresses engagés », il faudrait écrire « les maîtres et les maîtresses engagées ».

Nous nous sentons donc autorisés à écrire, s’agissant des 314 : « ces maîtres et ces maîtresses sont des idiotes ». Si le ridicule tuait encore en France, ces enseignants seraient morts depuis longtemps… On peut en rire. Mais c’est de pleurer qu’on a envie. Les professeurs, signataires de la pétition, sont payés avec nos impôts. Ça leur crée quelques obligations à notre égard.

Ils sont également fonctionnaires de l’Éducation nationale, et c’est ce ministère qui fixe les programmes : l’écriture féminisée n’y figure pas ! Ils se placent donc dans l’illégalité la plus totale. Il nous parait inimaginable que les rectorats dont ils dépendent ne les rappellent pas à l’ordre, en leur précisant qu’ils doivent enseigner le français, pas leur lubie imbécile.

Ils n’avancent pas seuls

Ces enseignants et les éditions Hatier sont assurés du soutien enthousiaste de Marlène Schiappa, secrétaire d’état à l’égalité femmes-hommes.

Françoise Nyssen, ministre de la Culture, a quant à elle déclaré dans le journal le Point : « Comment cette écriture serait-elle compréhensible par des enfants en difficulté d’apprentissage comme les enfants dyslexiques ? ». Une argumentation consternante. Les enfants dyslexiques ? Mais non, madame la Ministre, pas seulement les enfants dyslexiques ! Tous les enfants !

On s’étonnera qu’une femme aussi cultivée ne se soit pas avisée que l’écriture inclusive qu’elle critique si mollement, représente une absurdité unique dans l’histoire de l’humanité. On a connu des parlers, des dialectes, des patois qui ne s’écrivaient pas. Mais jamais, ô grand jamais on n’a vu une écriture qui ne se parle pas. Essayez de parler « inclusif » pour voir !

L’Académie Française est avec nous !

Fort heureusement, L’Académie française a dit, dans un texte où chaque mot a été pesé, ce qu’il fallait dire sur ce qu’elle appelle un « danger mortel ».

« Prenant acte de la diffusion d’une « écriture inclusive » qui prétend s’imposer comme norme, l’Académie française élève à l’unanimité une solennelle mise en garde. La démultiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. (…) Plus que toute autre institution, l’Académie française est sensible aux évolutions et aux innovations de la langue, puisqu’elle a pour mission de les codifier. En cette occasion, c’est moins en gardienne de la norme qu’en garante de l’avenir qu’elle lance un cri d’alarme : devant cette aberration « inclusive », la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures. »

Voilà où nous en sommes.

Comme le résume Madame Hélène Carrère : « Cette écriture prend en otage les écoliers pour transformer notre langue à des fins idéologiques ! »

Agissons ensemble, dès maintenant !

Face à cette attaque — frontale et explicite ! — nous devons réagir tout de suite, pour le bien de nos enfants et petits-enfants.

Vous et moi, et tous les membres de SOS Éducation devons absolument mettre toute notre énergie dans ce combat.

C’est pourquoi nous lançons aujourd’hui cette grande pétition nationale : « Non à l’écriture inclusive ! ».

Je vous invite à signer cette pétition dès maintenant en cliquant ici :

OUI, JE M’ENGAGE CONTRE L’ÉCRITURE INCLUSIVE >>>
Je sais que le ministre actuel est de notre côté. Il a même pris position contre cette initiative. Mais vous savez bien qu’il ne pourra pas faire grand-chose s’il n’est pas soutenu par un large mouvement populaire. Les promoteurs de la destruction de notre langue sont en effet très actifs et bien organisés. Ils sont présents au sein de l’Éducation nationale, dans les académies, chez les grands éditeurs, à la Mairie de Paris… et tentent de répandre leur lubie pseudo-féministe auprès du plus grand nombre.

Alors, signez cette pétition, et partagez-là à l’ensemble de vos contacts pour garantir la réussite de cette action.

Votre signature est très importante pour nous permettre de soutenir la position du Ministre Jean-Michel Blanquer, et de définitivement bannir l’écriture inclusive dans les écoles.

Par avance, un grand merci de votre soutien et de votre action pour nos jeunes.

Claire Polin
Claire Polin,
Présidente de SOS Éducation*
*SOS Éducation est une association loi de 1901 qui réunit des parents et des professeurs pour sauver l’école publique.
 

PS. Lorsque vous aurez signé cette pétition, n’oubliez pas de la diffuser largement autour de vous.
Nous devons nous rassembler. Nous devons être unis, pour protéger notre langue et notre culture.
Merci pour votre engagement.

L’état en faillite parmi les plus riches du monde

Vu le 11 juillet 2017 sur le site newsmonkey.be :

Après le New York Times, c’est au tour du Washington Post d’épingler la Belgique et son clientélisme.

La crise politique que vit le pays , et singulièrement le monde politique francophone, a largement dépassé nos frontières.

Il y a quelques semaines, c’est le New York Times qui décrivait la Belgique comme étant « l’Etat en faillite le plus riche au monde ».

Le Washington Post vient en remettre une couche et compare notre système politique à ce qui se passe en Afrique. Bref, encore un bon coup de pub pour le pays du surréalisme.

Les scandales Publifin, du Samu Social et du Kazakhgate ont dépassé nos frontières. Le 13 juin dernier, le New York Times épinglait la démission d’Yvan Mayeur et « la complexité de gouverner en Belgique ».

C’est maintenant au tour du Washington Post de s’interroger sur nos institutions et nos dirigeants, dans des propos repérés par “La Libre”.

Le journaliste se demande d’abord comment un pays de 11 millions d’habitants peut compter autant d’élus ? « La Belgique compte 11 millions d’habitants mais est gouvernée par six gouvernements et six parlements. »

Très vite, l’auteur s’attarde sur le cas particulier de Bruxelles : « Bruxelles est encore plus complexe. Elle a un gouvernement, un parlement, 19 assemblées de communes indépendantes, six zones de police distinctes et 33 sociétés de logement. Au total, avec une population d’un million d’habitants, Bruxelles compte plus de ministres, bourgmestres et conseillers communaux, que Berlin et Paris réunis. » Et encore, ils ont oublié des institutions comme la Cocof (Commission communautaire française), la Cocon (flamande) ou la Cocom (commune).

Utiliser le désordre pour mieux régner

Une telle complexité favoriserait le clientélisme du fait de la multiplication des structures et des zones d’ombre. Une complexité qui empêcherait qu’un contrôle efficace se fasse et qui profiterait à nos dirigeants.

L’auteur se base pour cela sur un ouvrage en sciences politiques qui date des années 90. Le titre de cet ouvrage est éloquent: « l’Afrique est partie : du désordre comme instrument politique ».

Oui, le Washington Post est en train de comparer notre régime politique à ce qui se faisait en Afrique. Selon les deux auteurs de l’étude, Patrick Chabal et Jean-Pascal Daloz, ces systèmes politiques complexes qui multiplient les couches de pouvoir permettaient aux leaders africains d’utiliser le désordre pour mieux régner. Ces « grands hommes » étaient capables de s’attacher leur électorat en accumulant et redistribuant les ressources, le clientélisme et les contrats.

Opportunités et clientélisme

 A nouveau, c’est le cas de Bruxelles qui est mis en avant: « Les services publics de Bruxelles sont assurés par près de 200 agences qui emploient un personnel pléthorique. Pour le public, cela crée une masse opaque dans laquelle il est très difficile de se retrouver. Mais pour les “insiders”, autrement dit les partis politiques au pouvoir, cela signifie qu’il y a un énorme réservoir de jobs à distribuer. Bruxelles est donc une excellente opportunité pour le clientélisme et pour l’enrichissement personnel. »

Bref, « dans la politique du désordre, le pouvoir donne accès à un grand réservoir de ressources qui permet de développer un large réseau de clientèle. » Ça fait mal mais c’est pourtant exactement ce qu’on est en train de vivre ici.

Mais qui est donc ce monsieur ?

Notre ami Valmy a consulté Wikipédia pour découvrir qui est Bruno Yammine.

Yammine est actif dans le « Mouvement Belge » qui participe au rétablissement de l’État unitaire d’avant la première réforme d’état de 1970, qui est considérée par Yammine comme illégale en raison de sa création inconstitutionnelle (?), Yammine est souvent critique à l’égard des organisations (con)fédéralistes modérées tels que l’Association B Plus dont il fit partie en 2001. En 2002, il fonde le parti politique Belgische Unie – Union Belge (BUB). Il fut candidat pour le BUB en 2003 lors des élections législatives dans l’arrondissement de Louvain et en 2004 pour les élections régionales en Flandre. Il a reçu 245 votes en 2003 et 643 votes en 2004. En 2004, son parti a demandé (mais il ne le fit pas personnellement) au Prince Laurent à se présenter comme tête de liste aux élections sur la liste dans le Brabant flamand. Le Prince remercia amicalement. Yaminne est un unitariste belge, membre du département d’étude du BUB.

Cette mise au point est extraite de Wikipédia. Toute la biographie de ce personnage « surréaliste » peut se lire sur le site précité. Comment peut-il énoncer de telles « énormités » historiques, à la Pirenne et à la Godefroid Kurth, alors que la « Geschiedenis van Vlaanderen » réfute ce genre d’assertions avec fracas. Cela dit, s’il plaît à Monsieur Yammine de chercher ses ancêtres du côté des iguanodons de Bernissart, cela ne dérange personne mais qu’il ne nous entraîne pas dans les profondeurs de ses délires. Ouf ! Voilà un non-événement passé…

Valmy

L’eau en Wallonie : abondante, gaspillée et trop chère

 Combien de fois n’avez-vous pas entendu dire autour de vous : « mais pourquoi ne fait-on pas payer à la Flandre le juste prix pour l’eau que nous lui fournissons gratuitement ? »

Il est vrai que « l’or transparent » wallon est une pépite que nous offrons sans contrepartie à nos voisins du nord.

Imaginez l’inverse. La Flandre aurait-elle la générosité d’offrir à ses meilleurs clients que sont les Wallons une telle manne ?

Ajoutons que je trouve complètement immoral que l’État perçoive une taxe de 6 % sur un don de la nature essentiel à la vie de chaque humain. 

Le propos de Laurent Minguet n’est bien sûr pas là car il s’agit de sujets tabous, mais son analyse sur le prix de l’eau mérite la réflexion. Combien de foyers ne seraient-ils heureux de voir leur facture d’eau diminuer de plusieurs centaines d’€ par an ? 

Saumane

Lu sur le site du Vif le 10 octobre 2017 :

Une opinion de Laurent Minguet, Ingénieur physicien

En Wallonie, les instances communales et régionale – en plein conflit d’intérêts – refusent systématiquement d’octroyer un permis pour capter l’eau du sol et la consommer localement. Cela pour préserver le monopole des intercommunales et autres sociétés publiques, où gaspillages d’eau et d’argent gonflent inutilement la facture des ménages.

Chaque Wallon consomme en moyenne 93,6 litres d’eau par jour dont près de la moitié rien que pour les chasses des WC.

Le débit moyen annuel de la Meuse, qui draine la plupart des pluies wallonnes, est de 237,6 m3 par seconde à Lanaye, soit la consommation de 167 millions de personnes. Environ 2 % de l’eau de la Meuse suffiraient à alimenter toute la Wallonie.

L’eau n’est pas rare en Wallonie. En réalisant des forages à quelques dizaines de mètres de profondeur, on peut capter de l’eau à peu près partout et certainement dans la plaine alluviale qui communique directement avec son cours d’eau.

20% d’eau potable perdus à cause des fuites du réseau

Comme dans de nombreux pays disposant de gisements d’eau naturellement potable, il suffit de la prélever au moyen de forages, de la transporter et de la distribuer aux abonnés, moyennant un traitement préalable qui se limite souvent à ajouter un peu de chlore. Sur la facture du consommateur, le prix de l’eau est constitué du CVD – coût vérité de distribution – et du CVA – coût vérité de l’assainissement. En effet, on fait payer le coût de l’assainissement au consommateur proportionnellement à sa consommation d’eau.

Le transport et la distribution de l’eau sur de grandes distances complique la gestion de l’étanchéité du réseau. En Wallonie, on perd 20 % d’eau potable dans le sol à cause des fuites du réseau. C’est pire en France (22 %)*, mais la situation est bien meilleure en Allemagne (7 %).

Disparité européenne : que nous cache-t-on ?

Le coût de la distribution et de l’assainissement de l’eau devrait être plus élevé dans les pays où la main-d’oeuvre est plus chère, comme la Scandinavie, ainsi que dans les pays à faible densité d’habitants puisqu’il faut une infrastructure plus lourde par habitant pour distribuer l’eau.

En fait, il n’en est rien si l’on en juge par une étude comparative commanditée en 2008 par la Fédération française des entreprises de l’eau. Le prix moyen de l’eau en Italie était de 0,84 €/m3 malgré une densité de population près de deux fois inférieure à la Belgique où le prix était de 3,49 €/m3. Le prix en Suède était de 2,45 €/m3 alors que les salaires y sont plus élevés qu’en Belgique et la densité de population 18 fois plus basse que chez nous. On peut d’ailleurs se demander pourquoi le coût vérité de la distribution et de l’assainissement varie autant d’un pays à l’autre. Nous cacherait-on la « vraie » vérité?

À la CILE, un travailleur coûte trois fois plus cher que dans le privé

Pour en avoir une idée, il est instructif d’étudier le bilan de la Compagnie intercommunale liégeoise des eaux (CILE) qui fournit 37 millions de m3 à 255.000 compteurs au prix de 3 €/m3 (hors coût d’assainissement). Le travailleur de la CILE coûte en moyenne 74.000 €/an alors que seulement 20 % du personnel a un diplôme d’études supérieures, ce qui équivaut à un salaire brut mensuel de 3.900 €.

Curieusement, le travailleur ne preste en moyenne que 1.272 heures par an, moins d’un trois-quarts temps. L’heure prestée coûte donc 58 € en moyenne ce qui est trois fois plus cher que le coût de base d’un travailleur. Aucune explication sur ce coût astronomique ne figure dans les 100 pages du rapport annuel de la CILE avalisé par une bonne trentaine d’administrateurs politiques. Or si le coût de la main-d’oeuvre se limitait à 30 €/heure, les abonnés de la CILE économiseraient déjà quelque 14 millions d’euros par an, soit 55 € par compteur liégeois.

Un meilleur modèle économique : produire et traiter localement

La technique de l’osmose inverse permet de transformer n’importe quelle eau, même fortement polluée, en eau pure.

Elle consiste à pressuriser l’eau au travers d’une membrane dont les pores font 0,1 nanomètre. Ils ne laissent passer que les molécules d’eau et pas les polluants ou les gros ions comme ceux du sel. L’osmose inverse permet par exemple aux Émirats Arabes Unis d’alimenter en eau potable des millions de personnes en dessalant l’eau de mer.

Mais cette technique a un coût plus élevé que de pomper de l’eau potable dans une nappe aquifère. L’investissement pour une installation de traitement fondée sur l’osmose inverse est de l’ordre de 2.000 € pour une capacité de 1 m3/h, auquel il faut ajouter le remplacement des filtres et des membranes ainsi que l’énergie pour pressuriser l’eau. Cela coûte environ 0,5 € pour obtenir 1 m3 d’eau purifiée.

Pour la centaine de litres quotidiens de la consommation humaine, le coût de l’osmose inverse n’est que de 0,05 € par jour ou 18 € par an. Une goutte d’eau dans le budget familial.

À un niveau local (quelques bâtiments ou quelques dizaines de logements), il revient moins cher et plus écologique de rendre la production d’eau autonome. C’est le modèle du « circuit court » de la production alimentaire appliqué à l’eau.

Mode d’emploi du circuit court de l’eau

  • D’abord, il faut une grande citerne commune qui récupère l’eau de pluie des toitures et des voiries. On résout ainsi le problème fréquent de saturation des égouts publics souvent sous-dimensionnés et mal entretenus par des communes qui n’en n’ont cure.
  • Cette eau de citerne, moyennant une décantation et une filtration sommaire à 10 microns, est de qualité suffisante pour les WC, l’arrosage, la machine à laver, soit environ la moitié de la consommation domestique.
  • D’autre part, une partie de cette eau de citerne peut être filtrée par osmose inverse pour obtenir de l’eau sanitaire ultra douce et alimentaire qu’on utilise pour l’hygiène du corps, la cuisine et la boisson.
  • Pour faire face aux périodes sèches, il est nécessaire de disposer d’un petit forage pour alimenter la citerne en cas de besoin. Le débit d’un tel forage pour alimenter 100 personnes en cas de sécheresse est de 400 litres par heure, moindre que le débit d’un robinet de baignoire. Ce flux n’a pas d’incidence sur les forages voisins même si l’ensemble de la population y avait recours.

Le coût moyen de l’eau via un tel système de production locale, par récupération de l’eau de pluie et par captage, varie entre 1 € et 2 € par mètre cube, compte tenu de l’amortissement et de l’entretien du forage, des citernes, des filtres, de l’osmoseur, etc. Il est donc en moyenne deux fois moindre que le fameux « coût vérité » de distribution des sociétés publiques en Belgique. Il devrait être encouragé pour les nouveaux lotissements mais pourrait aussi être réalisé entre plusieurs habitations existantes.

Quels risques de produire localement ?

On pourrait s’inquiéter qu’un tel système, assez sophistiqué, ne puisse pas fournir en permanence une eau de qualité. Pour répondre à cette inquiétude, la gestion de ces équipements serait contrôlée régulièrement par des organismes publics ou privés, à l’instar des ascenseurs, de la protection contre l’incendie ou des véhicules motorisés. Cela créerait de l’emploi. Mais au coût autorégulé par la concurrence.

En ce qui concerne les risques de pénurie, sur les forages centralisés par les intercommunales, ils viennent du fait qu’on y concentre des débits énormes au point de diminuer le niveau des aquifères en période de sécheresse quand on remplit les piscines et qu’on arrose les jardins. Si de petits forages étaient répartis sur le territoire, ils ne feraient que capter une fraction du cycle de l’eau en valorisant les précipitations plutôt que de les envoyer à l’égout.

Un modèle juridique contourné par les communes

Ce modèle local, qui optimise le cycle naturel de l’eau et le coût d’une eau appropriée aux besoins, doit pouvoir se développer en marge du système centralisé. Le Code wallon de l’eau prévoit d’ailleurs l’existence de compagnies publiques et privées de production et distribution d’eau. Il est donc tout à fait légal de demander à réaliser un forage et de vendre de l’eau en respectant les critères de qualité, peu importe la technique pour y parvenir.

Contrairement aux régions et pays voisins où il est habituel de réaliser son propre forage, les instances communales et régionale en Wallonie – en plein conflit d’intérêts – refusent systématiquement d’octroyer le permis sous des motifs fallacieux, afin de préserver un monopole de fait des sociétés publiques de gestion de l’eau. Au moins devrait-il être permis de confronter le modèle de production locale à la gestion centralisée, ne fût-ce que pour entretenir une saine concurrence au niveau du prix de l’eau.

Conclusion : nous payons trop cher de l’eau « réquisitionnée »

Avec une consommation moyenne d’environ 100 m3 par an par compteur, un abonné paye aujourd’hui plus de 500 € par an. Avec le système de production locale, il pourrait économiser de 100 € à 200 € par an et bénéficier d’une eau plus pure et plus douce que l’eau de distribution actuelle. Le pouvoir public impose actuellement un monopole en réquisitionnant l’eau au profit des intercommunales. Pourtant, il est légitime de chercher à satisfaire ses besoins d’eau de manière durable et plus économique. L’eau, comme l’air, appartient à tous. Chacun doit pouvoir en disposer tant qu’il ne prive pas autrui de cette ressource.

L’eau osmosée est parfaite, le reste n’est que légende

L’eau ainsi purifiée par osmose inverse ne contient plus de germes pathogènes, de calcaire, de chlore, de métaux lourds, de résidus de pesticides, et surtout de nitrates, qu’on trouve parfois dans l’eau de distribution, à des concentrations qui la rendent impropre à la consommation des nourrissons et femmes enceintes. Quand l’eau de distribution est trop dure, il est nécessaire de la retraiter avec un adoucisseur qui échange les ions calcaire contre du sodium ce qui lui donne un gout salé. Mais ne pas le faire endommage rapidement les chauffe-eau, lave-vaisselle, machine à laver, etc., et peut irriter la peau et les yeux.

Une légende urbaine prétend qu’il est mauvais pour la santé de consommer de l’eau osmosée car sa pureté parfaite, donc l’absence de sels minéraux, ferait gonfler les cellules d’eau salée du corps humain au point qu’elles explosent. C’est évidemment faux. Quiconque est resté quelques minutes dans un bain d’eau douce connaît le phénomène qui enfle les tissus des doigts. Tout revient à la normale dès la sortie du bain.

(*) Ce chiffre de 22 % est à relativiser et à mettre en relation avec  l’étendue du territoire et le nombre de km des réseaux tantôt géré par les communes ou intercommunalités ou métropoles, tantôt par des sociétés privées de taille fort différentes. A noter aussi  que la France permet de puiser l’eau du sol pour une consommation locale non marchande. Là où je vivais, je jouissais d’une eau parfaitement potable pompée dans le puits du jardin pour tous mes usages quotidiens. (Saumane)

 Le pacte d’excellence ne convainc pas

M. Jules Jasselette,  Echevin honoraire de l’enseignement communal liégeois, nous envoie une lettre écrite par deux enseignantes qui se posent pas mal de questions quant au pacte d’excellence. Avec beaucoup de pertinence, elles interrogent ce pacte.

Cette lettre a été signée par Sylvie et Sophie Hendrickx, professeurs de néerlandais dans le premier degré du secondaire. Elle a été publiée sur le site du journal Le Soir le 31 janvier 2017. 

«Nous avons l’impression d’être sur un paquebot qui coule»

Cher Pacte pour un enseignement d’excellence,

Voilà plusieurs mois que tu fais partie de nos discussions journalières avec nos collègues, nos amis, notre famille. Parfois, tu hantes nos nuits.

Tu as gagné le centre de nos conversations car ton contenu nous inquiète beaucoup. Certains de tes passages nous font même peurNous avons peur pour nos futurs élèves, peur pour « nous », peur pour notre profession, peur pour notre Enseignement.

T’es-tu rendu dans les écoles pour analyser les effets du passage automatique de première en deuxième secondaire ? As-tu rencontré tous ces élèves en « décrochage » ? As-tu pu faire comprendre à tous ces élèves de première qu’il était important d’étudier et de fournir un travail rigoureux même s’ils passent d’office en deuxième (peu importent leurs résultats) ? As-tu pu motiver ces élèves de deuxième – qui, souvent, n’ont pas acquis les compétences de fin de première – et leur expliquer qu’ils doivent se mettre sérieusement au travail et ne pas attendre les épreuves du CE1D en fin d’année (car « il n’y a que ça qui compte ») ?

As-tu passé du temps avec les élèves du différencié ? Tu sais, ces élèves qui ont besoin de travailler « d’autres choses » et différemment. Ce sont des élèves qui évoluent et s’épanouissent dans ces petites classes avec un encadrement différencié.

As-tu eu un moment de partage avec tous ces élèves qui ont, parfois depuis la première secondaire, un « projet » ? Ces élèves qui sont souvent bloqués trois ans dans le premier degré, ne demandent pas grand-chose : ils demandent qu’on les aide à peaufiner leur projet mais – surtout – ils demandent à ne pas perdre un an supplémentaire dans le degré. As-tu entendu leurs demandes ?

Tous ces élèves dont nous t’avons parlé ci-dessus, que vont-ils devenir dans le Tronc Commun ? Il paraît que nous devons espérer que les moyens supplémentaires mis en maternelle et en primaire nous apporteront, dans le secondaire, des élèves avec bien moins de difficultés qu’actuellement. Ces élèves auront intégré, dès leur plus jeune âge, qu’ils doivent travailler et fournir des efforts même si « cela ne compte pas pour des points ». Y crois-tu vraiment ? Nous en doutons fortement… Nous avons bien compris qu’il fallait diminuer le nombre de redoublement dans l’enseignement de la Communauté française. L’objectif est, entre autres, d’atteindre le pourcentage de redoublement de la Communauté flamande. Nous allons atteindre cet objectif grâce à un passage automatique de la première maternelle à la troisième secondaire. Devrons-nous en être fiers ?

Que devons-nous penser de la fusion du technique de qualification et du professionnel ? Les élèves dans ces deux filières ont des profils et des projets tout à fait différents. La fusion de ces filières, est-elle vraiment la seule manière que tu as pu imaginer pour revaloriser l’image de celles-ci ?

Le vase est plein

Dans une école, il n’y a pas que les élèves. Il y a également les professeurs, les éducateurs, le personnel administratif, la direction… As-tu pensé à toutes ces personnes à qui on impose, depuis plusieurs années, de nouveaux décrets ? Te rends-tu compte à quel point cela engendre du travail supplémentaire, de la pression, du stress… ? Te rends-tu compte comme nos conditions de travail se sont compliquées ces dernières années ? Plusieurs de tes mesures risquent d’accentuer davantage toutes les difficultés auxquelles nous devons faire face aujourd’hui. Le vase est plein, nous te supplions de ne pas le faire déborder.

Pour l’enseignement maternel, tu annonces l’engagement de 1.100 enseignants, puéricultrices, psychomotriciens. Ces 1.100 personnes vont-elles toutes se retrouver dans les classes et les écoles existantes afin d’améliorer la gestion et le travail ? Ou ce chiffre inclut-il toutes les personnes qui devront être engagées pour faire face au manque de place dans les écoles et accueillir les futurs élèves ? D’ailleurs, sais-tu où en est la CF dans la création de ces nouvelles écoles et de ces nouvelles classes (nous parlons des « vraies » classes, pas des pavillons mobiles) ?

« Comme tout le monde » ? Chiche…

Dans le secondaire, tu prévois pas mal de changements pour les enseignants. Tu redéfinis le temps de travail et les tâches. Lors d’une assemblée, nous avons appris que tu tiens à quantifier nos heures de travail afin de t’assurer que nous prestons bien 38 heures par semaine (« comme tout le monde »). Ne t’inquiète pas, avec le travail que nous fournissons, nous arrivons déjà à nos 38 heures par semaine et, régulièrement, nous les dépassons. Que va-t-on faire, dès lors, de ce travail supplémentaire que l’on devrait effectuer ? Serions-nous payés pour les heures supplémentaires ? Ou nous permettrais-tu de pointer ? Ainsi, on s’arrêterait tous à nos 38 heures et cela éviterait tout problème de paiement d’heures supplémentaires ou de récupération. Dans le cas où l’on ferait « comme tout le monde », nous supposons que tu prévois de nous fournir un lieu de travail correct ainsi que notre matériel de travail (matériel de bureau, ordinateur, connexion internet, imprimante, cartouches d’encre, feuilles, manuels scolaires). Mais cela, nous n’en doutons pas. Peut-être aurait-on même droit « comme tout le monde » à certains avantages tels que des chèques-repas, des écochèques, une assurance hospitalisation, une assurance groupe… ?

Tu redéfinis également l’évaluation. Nous serons désormais évalués, en équipe, par la direction ou par un collègue « expérimenté ». Avec la charge de travail croissante qui s’impose aux directions, nous imaginons que beaucoup d’équipes seront évaluées par un collègue « expérimenté ». Tu comprendras aisément que nous craignons un changement d’ambiance et de relations dans nos équipes. Est-ce normal d’être évalué par un collègue ? As-tu épluché des études fiables qui montrent des effets positifs de telles évaluations ? Pourrais-tu nous rassurer en nous répondant par la positive et en nous communiquant ces études ?

Une ASBL regroupant de nombreux professeurs de la CF postait le 4 janvier 2017 :

 « Concernant le Pacte d’excellence, il n’y a fort objectivement aucun risque à le tenter et l’appuyer. »

 « On ne peut pas dire, qu’avec ce Pacte, ‘On va niveler par le bas et ce sera pire’. Au fond du fond, on y est déjà. Et faire pire que ça, ce sera quand même compliqué. »

« Et on verra dans dix ou quinze ans. L’histoire jugera. »

Un Pacte à lire en intégralité

Pour notre part, nous avons l’impression d’être sur un paquebot qui coule depuis quelque temps. Selon nous, ce paquebot n’a pas encore, même s’il en est dangereusement proche, touché le fond. Nous ne souhaitons pas être fatalistes. Nous souhaitons faire part de nos plus grandes inquiétudes te concernant, cher Pacte, afin que les élèves, les parents, le personnel des écoles… te lisent. Ceci leur permettra de se rendre compte de l’ampleur des impacts qu’auraient certaines de tes mesures. Nous espérons que toutes ces personnes prendront le temps, comme nous et comme beaucoup d’autres, de te faire part de leurs ressentis (positifs et négatifs).

Nous espérons réellement que tu tiennes compte de tous les retours et avis qui te concernent et pas uniquement des « synthèses » (rapports) qui te sont remis. C’est comme toi, il vaut mieux te lire en entier que ton résumé.

Les nouvelles précieuses ridicules

En cette période d’un mois d’août pluvieux et d’une situation politique belge de langue française plutôt floue, rire un peu ne fera de tort à personne…

Est-ce vraiment rigolo ou… ?

A lire c’est croustillant on avance vraiment dans la bêtise.

L’éducation nationale fait des progrès dans la transmission de la langue française !!!……..

« Bloc mucilagineux à effet soustractif »… cela veut dire quoi?

Il est vrai que les femmes de ménage étaient devenues des « techniciennes de surface » et les aveugles des « non-voyants » (ben voyons), et les sourds depuis longtemps des malentendants…

Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’une  « évolution de la langue », mais de « prospective positive modernisée d’un mode de communication oral »… !

Déjà cet été, j’ai adoré les campings qui ne veulent plus qu’on les appelle campings parce que ça suscite instantanément dans l’esprit des gens l’image de Franck Dubosc en moule-boules ou de Roger et Ginette à l’apéro avec casquette Ricard et claquettes Adidas.

Donc les professionnels de la branche demandent que l’on dise désormais : « hôtellerie en plein air »… Ha ha, ça change tout !!!

J’ai aussi appris que je n’étais pas petite mais « de taille modeste » et qu’un nain était une « personne à verticalité contrariée ». Si, si !

Mais rendons à César ce qui lui appartient, l’empereur du genre reste le milieu scolaire et ses pédagos à gogo.

J’étais déjà tombée de ma chaise pendant une soirée de parents quand la maîtresse a écrit sur le tableau que nos enfants allaient apprendre à manier « l’outil scripteur » au lieu de tenir un crayon.

Je me suis habituée au fait que les rédactions sont des « productions  écrites », les sorties en groupe des « sorties de cohésion » et les élèves en difficulté ou handicapés des « élèves à besoins éducatifs spécifiques ».

Mais cette année, sans discussion aucune, la palme est attribuée au Conseil supérieur des programmes en France et à sa réforme du collège. Z’êtes prêts ?… Allons-y.

Donc, demain l’élève n’apprendra plus à écrire mais à « maitriser le geste graphomoteur et automatiser progressivement le tracé normé des lettres ».

Il n’y aura plus de dictée, mais une « vigilance orthographique ».

Quand un élève aura un problème on tentera une « remédiation ».

Mais curieusement le meilleur est pour la gym…Oups pardon !!! pour l’EPS  (Education physique et sportive).

Attention, on s’accroche : courir c’est « créer de la vitesse », nager en piscine c’est « se déplacer dans un milieu aquatique profond standardisé et traverser l’eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête », et le badminton est une « activité duelle médiée par un volant ».

Ah ! C’est du sportif,  j’avais prévenu !…

Les précieuses ridicules de Molière, à côté, c’est de l’urine de jeune félidé (je n’ose pas dire du pipi de chat).

Alors, les amis, ne perdons pas ce merveilleux sens du burlesque et inventons une nouvelle catégorie : la « personne en cessation d’intelligence », autrement dit, le con.

Signé Martine Meunier, mère d’une élève. Ah ! non, re-pardon… Martine Meunier « génitrice d’une apprenante ».

Ben oui, un « outil scriptutaire », c’est un stylo, un « référentiel bondissant », c’est un ballon, et, pour finir et revenir à l’objet de ce courriel, un « bloc mucilagineux à effet soustractif », c’est… une gomme !

Je pense que les « zzzélites » qui ont inventé de telles conneries n’en resteront pas là avant d’être tous en hôpital psychiatrique pour, voyons, voyons… ah ! oui j’y suis : « remédiation de cessation d’intelligence »…

Tombeau pour les humanités

Ce texte de Natacha Polony a été publié sur son blog le 20 septembre 2011.

Les Japonais, qui savent plus que nous que les hommes et leur mémoire sont les garants de la civilisation, ont imaginé le statut de Trésor vivant, qu’ils décernent à ceux de leurs anciens dont le savoir et l’autorité morale incarnent leur Nation. Le 16 septembre, dans la discrétion de quelques entrefilets de presse, la France a perdu un de ses Trésors vivants.

Lucien Jerphagnon, jeune homme de 90 ans, a tiré sa révérence. Son sourire espiègle ne viendra plus éclairer le monde et nous mener à la rencontre de ces hommes qui, il y a vingt-cinq siècles, ont poussé la réflexion et le questionnement sur des chemins que nous ne faisons qu’emprunter à leur suite.

Lucien Jerphagnon était, après Jacqueline de Romilly et Jean-Pierre Vernant, un des derniers représentants de cette culture humaniste que la mise à mort du latin et du grec dans les écoles françaises condamne aux oubliettes de l’Histoire. Car l’encyclopédisme qu’ils avaient hérité d’une Renaissance où l’on pensait que l’Homme conquiert sa dignité par le savoir n’avait rien de cet élitisme que fustigent les égalitaristes complaisants. Avec le « vieux Jerph » – comme il se surnommait lui-même – la philosophie antique et l’histoire romaine parlaient à chacun de nous, comme à un ami. « On n’a pas le droit d’emmerder un lecteur – ou un étudiant – qui ne vous a rien demandé », disait-il en riant. Alors, il déroulait ses récits comme des romans, et les empereurs romains s’animaient sous sa plume en un tableau fascinant.

Avant tous les autres, il fit émerger, derrière la figure tutélaire de Platon, ces philosophes présocratiques qui prônaient le bonheur et le plaisir. Avant tous les autres, il sut, tant il avait intériorisé cette culture, tant il l’incarnait tout simplement, nous rendre proche une pensée antique dont on a voulu nous faire croire qu’elle ne servait plus à rien dans un monde voué à la technologie et à la performance. Et sa petite moustache frisait de joie, ses yeux s’illuminaient d’une jubilation communicative, quand il racontait Julien l’apostat ou Saint Augustin.

Lui qui se promenait si facilement dans les siècles, et qui rappelait que l’école devrait avant tout dépayser, c’est-à-dire nous conduire vers des lieux et des époques à nous inconnus, avait publié notamment un petit ouvrage merveilleux sur la sottise, rassemblant, de Simonide à Valéry Larbaud, d’Hésiode à Maurice Druon, autant de citations sur les différentes manières d’être sot. « J’ai dit la sottise, pour ne pas dire la connerie » plaisantait-il. Et de regretter qu’aucune thèse n’ait jamais été consacrée à déterminer la nature de cette étrange affection, et sa variation au cours des siècles.

Et d’observer, surtout, combien cette sagesse de l’école primaire de son enfance, qui incitait les jeunes gens à tourner sept fois leur langue dans leur bouche pour éviter la honte de proférer une énormité, s’était évanouie avec l’impératif d’épanouissement de tous et l’injonction à ne pas juger, même le pire con. « Gardons-nous en effet de jamais oublier que nul ne se défausse absolument de la sottise, toujours prête à envahir la façon dont on regardait pas plus tard qu’hier les choses et les gens. On n’est que trop tenté de reproduire à son profit la maxime selon laquelle « la sottise, c’est les autres ». Des textes que j’ai mis sous les yeux de mes lecteurs, il ressort que nul en ce monde ne s’en peut croire exempté du seul fait d’être lui et pas l’autre ni les autres. Qui se trouverait à le penser, ne fût-ce qu’un instant, démontrerait par là même, et de façon apodictique, que nul parmi les humains ne saurait échapper au péril de la sottise, certains y étant plus exposés que d’autres. On ne démontre jamais si bien le mouvement qu’en marchant. » (La… sottise? Vingt-huit siècles qu’on en parle, Albin Michel)

Ce qui préservait le vieux Jerph de toute pédanterie, qui est une des formes de la connerie, c’était autant cet humour de l’homme si baigné de culture qu’il sait la relativité des choses, que la profonde droiture que confère une vertu aujourd’hui disparue : les Grecs l’appelaient aïdôs, ce sens de l’honneur qui nous oblige à nous montrer dignes du regard des autres. On pourrait aussi l’appeler vergogne, et ce n’est pas un hasard si ce mot n’est plus employé que dans une forme négative, pour déplorer que nous soyons tous, désormais, « sans vergogne ».

Lucien Jerphagnon est mort, et j’ai pleuré en recevant la triste enveloppe cernée de noir. Car si je défends, à longueur d’articles et de livres, une école qui transmette les humanités, c’est pour que tout enfant puisse un jour vivre dans un monde où existeraient des Lucien Jerphagnon, et les entendre, et les comprendre. Cher Lucien, vous m’aviez un jour déclaré avec une solennité de potache brillant : « Nous vous faisons notre fille honoris causa » et c’est sans doute la seule chose dont je me sente fière. La seule chose dont je tenterai toute ma vie d’être au moins un tout petit peu digne.

PS: Que ceux qui n’ont jamais eu la curiosité de se promener sur le site de Lucien Jerphagnon aillent le visiter pour découvrir l’œuvre de ce merveilleux géant.

France : un modèle d’Etat interventionniste ?

L’article suivant a été publié dans : Politique, revue belge d’analyse et de débat, n° 98-99, mars 2017, pages 93-96. Pour citer cet article dans son édition électronique : Christophe GOETHALS, « Un modèle d’État interventionniste ? », Les analyses du CRISP en ligne, 21 février 2017.

En France, les vagues de nationalisations et la protection des secteurs-clés de l’économie ont contribué à l’image largement partagée d’un État interventionniste en matière de politique industrielle. La réalité est cependant plus complexe… Depuis plusieurs décennies, la désindustrialisation est un phénomène commun aux sociétés développées : en Europe et aux États-Unis, la production industrielle (en volume) a continué à se développer, mais son poids relatif dans l’économie, qu’il soit exprimé en termes d’emploi ou de valeur ajoutée, a lentement diminué au cours du dernier demi siècle. Confrontés à une perte de substance de leur système productif, beaucoup de pays occidentaux ont réagi en redéfinissant leur politique industrielle. Quelle voie la France a-t-elle suivie à cet égard ? Qui dit politique industrielle française dit souvent État interventionniste, voire dirigiste.

La France a en effet une longue tradition de volontarisme industriel dont les origines remontent au XVIIe siècle. À cette époque, Jean-Baptiste Colbert, ministre d’État sous Louis XIV, est le promoteur d’une politique économique interventionniste fondée sur les principes du mercantilisme. Il favorise le développement du commerce et de l’industrie en France, notamment par la création de fabriques et de monopoles royaux. Depuis, le terme de « colbertisme » est souvent utilisé pour désigner la politique d’intervention active de l’État français dans l’économie. Cette politique a connu un grand retentissement dans l’imaginaire collectif, conférant  aujourd’hui encore à l’État français un rôle presque naturel de soutien et de protection de l’industrie nationale. Il serait cependant incorrect de penser que, de tout temps, le rôle de l’État français dans l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique industrielle a été marqué par un haut degré d’interventionnisme. En réalité, l’histoire de la politique industrielle française se caractérise par un constant mouvement de balancier entre interventionnisme et retrait de l’État, entre colbertisme et libéralisme (voir G. THIBAULT, Quelle stratégie industrielle pour la France face à la mondialisation ?, Paris, Technip, 2008).

L’interventionnisme étatique connaît ses plus belles heures après la Seconde Guerre mondiale. L’économie française est alors dévastée et l’État va jouer un rôle-clé dans la reconstruction de l’industrie nationale. Le gouvernement de coalition, placé sous la direction du général de Gaulle et suivant en cela le programme du Conseil national de la Résistance, lance une campagne de nationalisation radicale et met en place une planification économique comme principal outil de reconstruction et de modernisation du pays.

En 1973, le choc pétrolier marque l’essoufflement du modèle des Trente Glorieuses. La crise économique se traduit par une série de restructurations industrielles et de faillites retentissantes. En 1974, Valéry Giscard d’Estaing (appartenant alors au groupe centriste des Républicains et Indépendants) accède à la présidence de la République et, face à la crise, adopte une attitude à la fois libérale et pragmatique. Pour certains secteurs jugés condamnés, la politique de l’État consiste à faciliter le retrait industriel en procédant à l’accompagnement social des restructurations. Mais la politique industrielle de cette époque comporte également un volet offensif. Par le biais de prêts et de commandes publiques, notamment, la France soutient des créneaux industriels qui doivent permettre à son économie d’acquérir des parts de marché au niveau mondial. Font l’objet des principales attentions : l’aéronautique, le nucléaire, l’armement et l’équipement lourd.

Lorsque le socialiste François Mitterrand le remplace en 1981, le périmètre du secteur public s’agrandit davantage. Onze grandes entreprises privées (Pechiney, Rhône-Poulenc, Compagnie générale d’électricité, Thomson-Brandt, Dassault, Saint-Gobain…), des compagnies financières (Suez et Paribas) et toutes les banques privées sont nationalisées. Cela marque une rupture avec la politique économique et industrielle menée à l’époque par les autres grandes nations, États-Unis et Royaume-Uni en tête, où l’ultralibéralisme triomphe. Au milieu de la décennie, l’État français contrôle des secteurs entiers (banques, énergie, transports, télécommunications…) et occupe près d’un cinquième des emplois industriels.

Le tournant sous Mitterrand

En 1983, le refus du gouvernement de Pierre Mauroy (PS) de soutenir le groupe Creusot Loire, fleuron historique de l’industrie française et leader national de la mécanique lourde, alors menacé de faillite, apparaît comme un tournant. L’État accepte ainsi le démantèlement d’un grand groupe industriel et ne soutient plus automatiquement un champion national. Il s’ensuit un retrait quasi complet de l’État du secteur industriel qui se traduit par deux vagues de privatisations successives correspondant au retour de la droite au pouvoir (1986-1987 et 1993-1996) et par plusieurs ouvertures de capital (sous la gauche puis sous la droite, 1997-2004). Cette mutation intervient dans un contexte d’accélération de la libéralisation du commerce international, de la construction du marché unique européen et du renforcement de la mondialisation de l’économie. Longtemps dépeinte comme colbertiste, mettant en œuvre des politiques industrielles sélectives, défendant des champions nationaux et s’engageant dans des grands programmes technologiques (Concorde, TGV…), la France, s’inspirant largement de pratiques étrangères, semble s’ouvrir depuis les années 2000 à une nouvelle forme d’intervention : les politiques industrielles horizontales. Ces politiques se distinguent des politiques précédentes en ce qu’elles visent non plus à défendre spécifiquement les intérêts de quelques groupes d’entreprises, mais à promouvoir un environnement favorable aux entreprises et à leur compétitivité, dans une logique de transversalité.

Les outils et les politiques industrielles se sont multipliés depuis 2004. La plupart d’entre eux mettent l’accent sur la recherche et l’innovation. C’est le cas de la politique des pôles de compétitivité – bien connue en Wallonie – créés en 2005, du pacte pour la recherche en 2006, de la stratégie nationale de recherche et d’innovation en 2007 (qui laissera la place à la stratégie nationale de recherche « France Europe 2020 » en 2015, des investissements d’avenir lancé en 2009, du crédit d’impôt recherche créé en 2008, du pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi en 2012… Une partie de ces mesures restent néanmoins relativement verticales dans la mesure où elles s’appliquent à des secteurs ou à des filières spécifiques. Mais l’approche récente leur ajoute des éléments transversaux. Cela tranche avec la politique de soutien aux grands groupes dans le sens où les PME se voient dorénavant accorder une certaine place au sein de la politique industrielle, sans pour autant en devenir la pierre angulaire. Les pôles de compétitivité, par exemple, rassemblent sur un territoire donné des entreprises (petites ou grandes), des laboratoires de recherche et des centres de formation engagés dans une démarche partenariale destinée à dégager des synergies autour de projets communs au caractère innovant. La philosophie est d’améliorer l’ancrage territorial des activités grâce au développement de formes d’interdépendance entre les acteurs économiques.

À côté de ces politiques horizontales et verticales, l’État français maintient, dans certains secteurs jugés stratégiques, une politique industrielle de type discrétionnaire, se réservant le droit d’intervenir sous la forme d’une minorité de blocage, d’arbitrages ou de prises de positions dans des opérations de fusions ou d’acquisitions menées par des groupes étrangers sur des groupes français. L’État se dote à cet effet d’outils juridiques. Ainsi, en 2005, dans un contexte de concentration des entreprises et en réponse aux rumeurs d’offre publique d’achat hostile du groupe américain PepsiCo sur le groupe français Danone, le Premier ministre (de droite) Dominique de Villepin lance un appel « à rassembler toutes les énergies autour d’un véritable patriotisme économique ». La notion doit inciter à protéger les entreprises françaises et les intérêts économiques nationaux.

Le 30 décembre, le décret anti-OPA voit le jour. En conformité avec le droit européen, ce texte de loi donne aux services de l’État les moyens juridiques de s’opposer à la prise de contrôle d’une entreprise française pour des motifs impérieux de sécurité publique ou de défense nationale. Sont concernés des secteurs considérés comme sensibles, parmi lesquels la sécurité, l’armement, les marchés secret-défense, les matériels d’interception des communications, la production d’antidotes, la sécurité informatique… En 2014, pour se donner le moyen d’avoir un droit de regard sur le rachat de la branche énergie d’Alstom par General Electric, le gouvernement français (de gauche, cette fois) élargit la liste en y intégrant le secteur de l’énergie, mais aussi les transports, l’eau, la santé et les télécommunications (Décret n° 2014-479 du 14 mai 2014) relatif aux investissements étrangers soumis à autorisation préalable, Journal officiel, 15 mai 2014).

Peut-on parler d’un modèle français ?

Le mouvement de va-et-vient de l’intervention de l’État dans l’industrie observé en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale montre à l’évidence qu’il n’existe pas de modèle français unique en matière de politique industrielle. Il n’existe pas non plus de singularité française en la matière. La France n’est pas le seul pays à protéger son industrie. La protection du capital des entreprises considérées comme nationales contre la prise de contrôle par des intérêts dits étrangers est devenue, depuis quelques années, un enjeu de politique économique important, non seulement en France, mais aussi ailleurs dans l’Union européenne et plus largement dans le monde. L’acquisition de ces entreprises par des investisseurs étrangers laisse craindre une perte d’influence des États présageant potentiellement, à terme, la délocalisation des centres de décision, des emplois, du savoir-faire et des compétences techniques. Ces dix dernières années, de nombreuses affaires ont soulevé les passions médiatiques et suscité l’intervention des États, à des degrés divers et selon différentes formes. À ce titre, la plupart des grandes nations (Allemagne, Chine, Espagne, États-Unis…) disposent de dispositifs légaux. Autre argument : à la lecture de l’histoire industrielle française, il ne semble pas possible de relier un mode d’intervention particulier à une couleur politique. Ainsi, « c’est un gouvernement autoritaire qui a institué une redistribution de type social-démocrate sans syndicats et sans compromis institutionnalisé. C’est un gouvernement libéral qui a exacerbé l’interventionnisme et gravement affaibli les entreprises. C’est enfin un gouvernement socialiste, nationalisateur, élu sur un programme de rupture avec le capitalisme, qui a instauré la révolution libérale en France en présidant à la réglementation économique et sociale » (E. COHEN, « Dirigisme, politique industrielle et rhétorique industrialiste », Revue française de science politique, vol. 42, n° 2, 1992, p. 197-198)

Au fond, l’étude du cas français nous rappelle que, dans une économie de marché, la politique industrielle ne dépend pas uniquement d’une certaine culture nationale ou de la volonté des pouvoirs publics. La réalité est plus complexe. La politique industrielle, comme toute autre politique, est le résultat d’interactions et de rapports de force entre acteurs (l’État, les groupes sociaux et les groupes d’entreprises) qui se situent dans un contexte historique, politique, social et économique particulier.

Les possibilités d’intervention de l’État, en France comme ailleurs, dépendent notamment des contraintes internationales qui pèsent sur l’appareil productif national. Parmi celles-ci, la politique européenne de concurrence, fondée sur le contrôle des aides d’État et la répression des pratiques anticoncurrentielles, a eu un impact déterminant dans l’orientation des modes d’intervention en matière de politique industrielle, délimitant, en France comme ailleurs, un cadre d’actions qui ne permet plus à un État dirigiste, volontariste ou stratège de s’exprimer comme autrefois.

La Wallonie avec la France en Europe et dans le monde