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Avec la France en Europe

Pour notre Assemblée générale du 28 avril 2018, nous avions invité Pierre-Yves Dermagne et Pierre-Yves Jeholet à exprimer leur point de vue sur l’avenir de la Wallonie et de Bruxelles. Maintenant qu’il est devenu ministre-président de la Communauté française de Belgique, rebaptisée Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet se place résolument du côté de la langue française. Au point d’envisager un rapprochement avec la France ?

«Le Brexit, ou l’opportunité d’une renaissance francophone en Europe»

Le Brexit permettra peut-être à la langue française de faire son retour au premier plan au sein des institutions européennes. Ne manquons pas cette occasion.

Par Pierre-Yves Jeholet, ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette carte blanche a été publiée le 28 janvier 2020 sur le site du Soir.

Ce 1er février, le Brexit entre dans sa phase transitoire. Cela signifie que le Royaume-Uni continuera d’appliquer les règles de l’Union européenne jusqu’au 31 décembre 2020 mais qu’il ne sera plus représenté au sein de ses institutions. Si on doit regretter cette crise existentielle qui secoue l’édifice européen, je souhaite qu’une telle situation soit aussi vue comme une opportunité. Le Brexit, en effet, peut être l’occasion d’un retour à l’usage du multilinguisme au sein des institutions européennes ainsi que d’un retour au premier plan de l’utilisation de la langue française à travers le territoire de l’Union. Autrement dit, le Brexit pourrait coïncider avec une renaissance francophone en Europe.

En tant que ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, représentant désormais quelque 4,5 millions de Belges francophones, je considère comme étant une mission majeure, comme un devoir, le fait d’assurer la défense et le rayonnement international de notre langue, en particulier au sein des institutions et des différents États européens.

95 % des documents officiels sont en anglais

Le constat est flagrant. Selon les données fournies par les services linguistiques de l’administration européenne, la diversité et le multilinguisme qui définissent le projet originel de l’Union ont fait progressivement place à l’unilinguisme anglophone : plus de 95 % des documents du Conseil, 84 % de ceux de la Commission et 72 % des textes parlementaires sont rédigés en langue anglaise en première écriture avec une incidence cruciale sur le choix de la langue d’intervention verbale.

Or, une fois la sortie du Royaume-Uni actée, plus aucun pays de l’Union n’aura l’anglais comme langue nationale étant donné que l’Irlande a choisi l’irlandais (le gaélique) et Malte, le maltais. Dès lors, l’anglais passera de la troisième langue maternelle la plus parlée au sein de l’UE à la dix-septième.

Le retour du français comme langue d’influence

Par conséquent, une fenêtre d’opportunité s’ouvre pour celles et ceux qui souhaitent préserver et enrichir la langue française, les valeurs qu’elle incarne et la culture humaniste dont elle est un des principaux vecteurs au sein de l’Union européenne. A l’instar de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), dont la Fédération Wallonie-Bruxelles est l’un des piliers les plus importants, nous devons répondre à un double objectif : enrayer le recul du français et centrer la coopération multilatérale sur la valeur ajoutée de la Francophonie en matière culturelle mais aussi, on l’oublie trop souvent, dans le domaine économique. Aussi, j’entends inscrire la Fédération Wallonie-Bruxelles parmi les priorités ciblées par la Secrétaire générale de l’OIF : notamment celle plaçant le français comme langue d’influence dans les relations politiques et économiques internationales.

Retrouver la maîtrise et l’excellence

Pour ce faire, quoi de mieux que l’excellence ? L’école, l’enseignement, les études sont, encore et toujours, les premiers instruments pour atteindre nos objectifs et faire face aux défis à relever. Que ce soit à l’oral ou à l’écrit, nos enfants, nés sur le territoire belge ou en dehors, doivent sortir de nos établissements avec une maîtrise de la grammaire, de la conjugaison et de l’orthographe de notre langue maternelle. Il s’agit d’une condition indispensable pour favoriser leur émancipation, leur insertion sur le marché de l’emploi et, in fine, leur ascension sociale.

Place aux actions concrètes

Par ailleurs, dans le cadre intra-européen, il est fondamental de fédérer nos liens entre pays ou régions européennes francophones. Partant de cette ambition, j’ai demandé à ce que notre Représentation permanente auprès des institutions européennes, qui a notamment pour mission de valoriser et de défendre le français au sein de celles-ci, renforce ses collaborations avec la Représentation de la République française. (Nous soulignons.)

Des initiatives ont, certes, déjà été entreprises. Je pense notamment au Plaidoyer d’Erevan, en faveur de la langue française dans les institutions européennes, paraphé par les représentants de 15 membres de la Francophonie et de l’Union européenne, dont la France et la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le moment est toutefois venu d’élever notre ambition, de coaliser nos énergies et de mettre à profit nos savoirs en rédigeant un plan d’action qui proposera des mesures concrètes pour la promotion de la langue française, de ses valeurs démocratiques et de sa culture universaliste au sein de nos institutions européennes.

Fierté et renaissance

Ne soyons pas naïfs, avec 67 % des citoyens européens estimant que l’anglais est la langue la plus utile dans les États membres de l’Union, la tâche ne s’annonce pas simple. Par conséquent, exhortons cette fierté de pratiquer le français, celle qui nous a si souvent manqué en Belgique francophone ! Soyons fiers que la langue de nos artistes, de nos écrivains, celle de Simenon, de Brel, ou de plus jeunes comme Stromae et Angèle, soit aussi la langue parlée dans les rues de Wallonie et de Bruxelles. Soyons fiers de cette langue française par laquelle s’expriment nos pensées, nos émotions et notre identité ! Soyons fiers de l’attractivité du français qui en fait la deuxième langue étrangère la plus souvent enseignée à travers le monde ! Soyons fiers de cet outil intellectuel qui a traversé les siècles, porteur de l’enseignement des Lumières et qui est et restera la langue de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. (Nous soulignons.) Il n’est pas surprenant dès lors, que des personnalités francophones aient occupé et occupent des fonctions de premier plan sur la scène internationale, et européenne en particulier.

La détermination et l’optimisme qui m’animent m’indiquent que nous pouvons, voire que nous devons, depuis le cœur du projet européen qu’est Bruxelles, devenir le moteur d’une renaissance francophone en Europe.

La langue française, un patrimoine wallon

Une rubrique de Michel Francard, Professeur émérite de l’UCLouvain, pour le journal Le Soir du 6 juillet 2019

Paris n’a pas toujours été la référence en matière de littérature française. La Wallonie l’a précédé… il y a longtemps !

Depuis quand parle-t-on français en Belgique ? L’éventail des réponses possibles est large : depuis un millénaire ou depuis un siècle, suivant le point de vue adopté. Avec une différence essentielle entre Bruxelles et la Wallonie : la capitale du pays se situe sur un territoire historiquement flamand et son histoire linguistique n’est pas celle de la Wallonie romane. Notre périple estival nous mènera de l’une à l’autre, en commençant par le sud d’une frontière linguistique dont le tracé n’a guère changé depuis le Moyen Âge.

Du français en Wallonie

Si l’on se base sur la réalité démolinguistique, il est avéré que le français n’est devenu la langue de communication dominante en Wallonie qu’après l’instauration de l’école primaire gratuite et obligatoire, en 1919. À partir de cette date, à des rythmes différents selon les milieux et les régions, le français va s’imposer au détriment des langues régionales romanes (wallon, picard, gaumais, champenois), bannies par l’institution scolaire car suspectes d’abâtardir la pratique d’un français « correct ». Le processus est aussi rapide qu’irréversible : au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’unilinguisme wallon (sic) a cédé la place à un unilinguisme français.

Si l’on adopte un point de vue philologique, on constate que des textes français circulent en Wallonie depuis la fin du 9e siècle. Il s’agit de textes littéraires, juridiques ou savants rédigés dans une langue proche de celle parlée alors dans l’Île de France et qui n’est donc pas assimilable à l’une des langues régionales romanes en vigueur en Wallonie à la même époque. Pour être plus précis, les premiers « monuments littéraires » de la langue française proviennent du territoire de l’actuelle Wallonie ou de ses confins : il s’agit de la Séquence de sainte Eulalie (vers 882), du Sermon sur Jonas (10e siècle) et de la Vie de saint Léger (10e siècle).

D’un diaule pas très français

Comment peut-on assigner une origine géographique à un texte qui remonte au-delà de l’an mil ? En étudiant les formes linguistiques qu’il contient et en tentant de localiser celles-ci d’après ce que nous savons de l’histoire des langues pour la période considérée. Risquons l’exercice pour cette Séquence (ou Cantilène) de sainte Eulalie, considérée par les spécialistes comme le premier texte littéraire écrit dans une langue romane distincte du latin et dont le français est aujourd’hui le continuateur.

Ce poème de 29 décasyllabes nous narre le martyre d’Eulalie après qu’elle a refusé d’épouser le mari qui lui était destiné parce que ce dernier exigeait qu’elle renie sa foi en Dieu. Le texte s’ouvre par quelques vers qui soulignent la beauté physique de la future sainte, en accord avec celle de son âme. De quoi susciter de bien sombres desseins, que l’auteur évoque sobrement :

Buona pulcella fut Eulalia

Bel auret corps bellezour anima.

Voldrent la ueintre li Deo inimi.

Voldrent la faire diaule servir.

Ce qui donne, un millénaire plus tard :

Eulalie était une bonne jeune fille.

Elle avait un beau corps, une âme plus belle encore.

Les ennemis de Dieu voulurent la vaincre.

Ils voulurent la mettre au service du diable.

Dans cet extrait dont les formes linguistiques restent proches du latin, un mot retient l’attention pour l’origine géographique du texte : diaule. Son équivalent en français, diable, a conservé un -b- qui le rapproche de l’étymon latin diabolus. Par contre, tant en picard qu’en wallon, le -b- est absent. Ce diaule est donc un indice de l’origine wallo-picarde de la Séquence de sainte Eulalie, confirmée par d’autres formes du texte. En appliquant le même type de raisonnement, on peut associer à la Wallonie les deux autres monuments littéraires du 10e siècle : le Sermon sur Jonas et la Vie de saint Léger.

D’un fâcheux renoncement

La littérature française a donc d’abord brillé dans nos contrées, bien avant d’autres régions de France, en ce compris l’Île de France. Ce rappel historique peut surprendre, lorsqu’on connaît le prestige dont bénéficie Paris. Mais cela n’a pas toujours été le cas en littérature. Il faut attendre le 12e siècle pour qu’une œuvre majeure soit produite à Paris : il s’agit du Roman de Renart. Avant cela, Turoldus aura signé La chanson de Roland, écrite dans le parler anglo-normand. À la même époque, Béroul, auteur normand, produit une version de Tristan et Iseut ; le champenois Chrétien de Troyes entame son Perceval ou le conte du graal.

Le français a donc bénéficié très tôt d’une diffusion en Wallonie, ce qui autoriserait plus d’assurance dans notre rapport à cette langue souvent perçue comme appartenant au « patrimoine de la France ». Mais sa pratique a été longtemps l’apanage des seules élites, le reste de la population parlant les autres langues romanes de la Wallonie. Cependant, les classes favorisées ont maîtrisé le français et la langue régionale de leur choix jusqu’au début du 20e siècle. On leur doit d’ailleurs les premiers textes écrits en langue wallonne, dès le 17e siècle.

Si l’institution scolaire n’avait pas imposé le monolinguisme aux élèves de l’enseignement primaire, il y a fort à parier que la langue de la promotion sociale aurait coexisté jusqu’à aujourd’hui avec les langues de proximité et de solidarité. Et que ce plurilinguisme « naturel » aurait rendu les Wallons moins frileux face à d’autres langues, plus étrangères. Le diaule soit des coupeurs de langue !

La langue française ne doit pas qu’être franco-française

France 24 a diffusé cette semaine un intéressant débat sur la langue française pratiquée à travers le globe. Il en ressortait que la politique ne devait pas entraver la diffusion de la langue française. Cela signifie que le Quai d’Orsay se devait de mieux soutenir l’Alliance française à travers le Monde. La diffusion de la langue française ne doit pas servir d’instrument politique aux présidents de la France mais devrait servir à une Académie française, certes basée à Paris, plus jeune, plus active, élargie à des académiciens du Québec comme de l’Afrique. Il s’agit d’acter la richesse de vocabulaire tout en garantissant l’homogénéité des règles de grammaire. Les protagonistes de cette émission ne la jouaient pas franco-français.

Valmy

En français… s’il vous plaît :-)

  • Communiqué de presse 20 mars 2019 Journée internationale de la Francophonie
  • « En français… s’il vous plaît 😉 », c’est la formule reprise cette année par 300 millions de francophones pour fêter, à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, le 20 mars 2019*, leur langue en partage et la diversité de la Francophonie.
  • Ce slogan, choisi par Mme Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie, véhicule l’image d’une langue moderne, apte à nommer toutes les réalités du monde d’ aujourd’hui, que ce soit dans les domaines du numérique, de l’économie, des sciences, des médias…
  • Il s’adresse tout particulièrement aux jeunes francophones pour leur dire : « Vous avez la chance de parler l’une des langues phares du monde moderne, saisissez-la ! Faites preuve d’imagination et de créativité, en français ! ». Cette année, la marraine de la Journée internationale de la Francophonie est la comédienne et humoriste burkinabè Roukiata Ouédraogo, jeune femme engagée qui sensibilise son public à la richesse et aux influences de la langue française grâce aux mots, à leur sonorité , leur diversité.
  • En direct du siège de l’Organisation internationale de la Francophonie (O.I.F) à Paris, elle lira la dictée francophone aux nombreux participants qui cette année encore y prendront part via une diffusion en direct sur les réseaux sociaux.
  • L’autre moment phare de cette journée sera la présentation de la nouvelle édition de la langue française dans le monde, rapport élaboré tous les quatre ans par l’ O.I.F et publié chez Gallimard.
  • Cet ouvrage confirme le dynamisme de l’espace linguistique francophone avec 300 millions de locuteurs répartis dans 106 pays et territoires, le français possède toutes les caractéristiques d’une langue mondiale; deuxième langue enseignée sue la planète, il représente également une importante valeur ajoutée sur le marché de l’emploi et à l’heure de l’intensification des pratiques numériques et de la consommation audiovisuelle, il fait montre d’une grande vitalité sur l’internet et les réseaux sociaux.
  • Vous pouvez retrouver toutes ces activités ainsi que celles organisées partout dans le monde sur le site http://www.20mars.francophonie.org : du Vietnam à l’Argentine, de l’Estonie à l’Afrique du Sud, cette plateforme recense les milliers d’événements qui se tiennent près de chez vous, aussi bien dans les 88 Etats et gouvernements de l’ O.I.F que dans ceux où le français est moins parlé.
  • Cette date fait référence à la naissance, le 20 mars 1970 à Niamey(Niger), de l’Agence de coopération culturelle et technique, qui allait devenir l’Organisation internationale de la Francophonie.
  • L’OIF compte 88 États et gouvernements : 54 membres, 7 membres associés et 27 observateurs. Pour plus de renseignements sur la Francophonie : francophonie.org.
  • Pour consulter les événements organisés dans le monde à cette occasion : 20mars.francophonie.org
  • Contacts presse : media@francophonie.org

La francophonie se porte bien

Oui, la francophonie se porte bien, mais elle pourrait faire encore bien mieux en devenant un véritable espace de développement éducatif, culturel, social, écologique et économique.

Dans sa lettre, Ilyes Zouari pointe le doigt sur des domaines qui pourraient rendre gagnants les composantes du monde francophone dans chacun des continents où il est présent. Mais là, nous touchons au monde politique des Etats francophones qui ont la responsabilité de favoriser les coopérations entre eux dans tous les domaines cités ci-dessus.

Paul D.

Ilyes Zouari  le 13 févr. à 08:08

Chers amis,

Veuillez trouver, ci-dessous, le lien vers le dernier article du Cermf, intitulé « La population du monde francophone dépasse les 500 millions d’habitants »  et initialement publié sur le site du journal ivoirien « L’intelligent d’Abidjan »  (le monde francophone dans sa définition géographique la plus stricte et la plus sérieuse).

La population du monde francophone dépasse les 500 millions d’habitants

Cet article a également été publié, en France, sur le site d’information Contrepoints :

La population du monde francophone dépasse les 500 millions d’habitants

Une version plus courte a également été publiée sur le site du journal Les Échos, mais avec un titre différend :

https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-192297-opinion-la-france-doit-sinteresser-davantage-au-monde-francophone-2242129.php

Le texte complet est également disponible plus bas. ou sur notre site :

https://www.cermf.org/population-du-monde-francophone-depasse-les-500-millions

Le Cermf est le seul organisme qui calcule :

– l’évolution démographique du monde francophone dans sa définition géographique la plus sérieuse, 

– le taux de croissance économique global de l’Afrique francophone (le seul également pour chacune de ses zones géographiques),

– la part de marché de la France dans l’ensemble de l’Afrique francophone (le seul également pour chacune de ses zones géographiques),

– la part de marché de la France dans l’ensemble des pays d’Europe orientale membres de l’UE (le seul aussi pour les pays membres d’Europe de l’Est),

– et qui analyse l’aide française au développement d’un point de vue francophone (en d’autres termes, la part du monde francophone).

Certaines de ces exclusivités sont rendues possibles par l’indépendance du Cermf.

Nous tenons à remercier nos chers et fidèles lecteurs, présents dans les quatre coins du vaste monde francophone.

Ilyes Zouari

Président du CERMF (Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone)

www.cermf.org

info@cermf.org

La population du monde francophone dépasse les 500 millions d’habitants

Dans sa définition géographique la plus stricte, le monde francophone compte désormais 509 millions d’habitants. Une progression essentiellement due à l’Afrique francophone, dont l’émergence démographique et économique fait toutefois face à une certaine indifférence contre-productive de la France.

En se basant sur les statistiques démographiques détaillées publiées mi-2018 par le PRB (Population Reference Bureau), un organisme privé américain et une des références mondiales en matière de démographie, la population du monde francophone a dépassé les 500 millions d’habitants courant 2018, et peut être estimée à environ 509 millions au 1er janvier 2019.

509 millions d’habitants début 2019

Cette estimation correspond à la population du monde francophone dans sa définition géographique la plus stricte et la plus sérieuse, qui ne tient compte que des pays et territoires réellement francophones, dans lesquels la population est en contact quotidien avec la langue française, et où l’on peut donc « vivre en français ». Un ensemble qui rassemble 33 pays répartis sur quatre continents, et dans lequel ne sont pas comptabilisés les territoires non francophones de pays comme la Belgique, la Suisse ou le Canada, tout comme un certain nombre de pays membres à part entière de l’organisation internationale de la francophonie (OIF), mais ne remplissant aucun des critères nécessaires afin de pouvoir être considérés comme francophones (tels que le Liban, la Roumanie ou encore le Rwanda). Le français n’y étant pas la langue de l’administration, de l’enseignement pour l’ensemble de la population scolaire (au moins à partir d’un certain âge), des affaires et des médias, seul ou avec une langue locale partenaire (ou au moins la langue maternelle de la population, sous sa forme standard ou sous une forme créolisée, un peu comme l’arabe dialectal par rapport à l’arabe standard dans les pays du Maghreb).

Dans ce vaste espace, qui s’étend sur près de 16,3 millions de km2, soit près de quatre fois l’Union européenne tout entière (et auquel l’on peut également ajouter les zones économiques exclusives maritimes, ou ZEE, dont celle, gigantesque, de la France, seconde plus grande au monde avec ses près de 10,2 millions de km2, selon les calculs scientifiques les plus récents), les cinq premiers pays francophones sont aujourd’hui la République démocratique du Congo (RDC,  85,7 millions d’habitants), la France (67,6 millions, territoires ultramarins inclus), l’Algérie (43,2 millions), le Maroc (36,0 millions) et la Côte d’Ivoire (25,2 millions).

Avec une croissance démographique annuelle de 2,2%, le monde francophone constitue l’espace linguistique le plus dynamique au monde, devant l’espace arabophone (2,1% et 435 millions d’habitants), et a récemment dépassé l’espace hispanophone dont la population est aujourd’hui estimée à 470 millions d’habitants (+ 0,5% par an). Une croissance démographique qui devrait demeurer supérieure à celle des autres espaces linguistiques, bien qu’étant sur une tendance baissière comme presque partout ailleurs dans le monde, et qui devrait porter la population du monde francophone à un peu plus d’un milliard d’habitants en 2060. Il convient d’ailleurs de rappeler que ce dernier demeure encore un espace assez largement sous-peuplé, même en tenant compte des territoires désertiques ou recouverts par de denses forêts équatoriales. À titre d’exemple, sa population actuelle reste inférieure à celle de l’Union européenne (UE), estimée à 514 millions d’habitants début 2019 (Royaume-Uni inclus), mais répartie sur une superficie près de quatre fois moins étendue. Cette dernière devrait toutefois être dépassée courant 2019.

Par ailleurs, il convient aussi de rappeler que le chiffre de 300 millions de francophones fréquemment avancé par l’OIF, et se trouvant essentiellement dans le monde francophone, ne correspond à aucune réalité économique (seule la population totale d’un pays ou territoire francophone devant être prise en compte pour évaluer l’importance d’un marché), ou encore géopolitique. D’un point de vue social, il est également largement inapproprié pour la simple raison que de nombreuses choses de la vie courante se font en français dans les pays et territoires francophones, où l’ensemble de la population est en contact quotidien avec la langue française, y compris dans les zones les plus reculées (en consultant les médias, en demandant certains services à l’administration publique, en recevant ou en rédigeant une facture…).

Toute statistique ne tenant pas compte de l’ensemble de la population des pays et territoires francophones n’a donc pour seule et unique conséquence que d’induire en erreur les acteurs et décideurs économiques et politiques, ainsi que l’ensemble de la société civile, en dévalorisant considérablement à leurs yeux le monde francophone.

L’émergence démographique et économique de l’Afrique francophone

La progression démographique du monde francophone résulte essentiellement du dynamisme de l’Afrique francophone, qui croît actuellement à un rythme de 2,6% par an (2,9% pour sa partie subsaharienne). Ce vaste ensemble de 25 pays rassemble désormais 416 millions d’habitants (ou 81,6% de la population de l’espace francophone) contre seulement 74 millions en 1950, soit à peu près autant que l’Allemagne seule, à ce moment-là (69,5 millions). Cette même année, la population du monde francophone était d’ailleurs estimée à seulement 128 millions d’habitants, soit quatre fois moins qu’aujourd’hui.

Ce dynamisme de l’Afrique francophone se traduit notamment par la montée en puissance des villes africaines, qui occupent désormais huit des dix premières places du classement mondial des métropoles francophones. Selon les dernières données publiées par l’ONU, dans son rapport « Les villes du monde en 2018 », la capitale congolaise, Kinshasa, conforte sa position au sommet du classement avec 13,2 millions d’habitants mi-2018, en creusant l’écart avec la capitale française, Paris (10,9 millions). Suivent ensuite les agglomérations d’Abidjan (5,3 millions), de Montréal (4,2 millions), de Casablanca (3,7), de Yaoundé (3,7), de Douala (3,4), d’Antananarivo (3,1), de Dakar (3,0) et d’Alger (2,7), ville « arabo-berbéro-francophone » à l’instar de Casablanca.  Il est également à noter que la ville de Port-au-Prince, en Haïti, occupe désormais la 11e place (2,6 millions).

Mais cet essor démographique s’accompagne également d’un grand dynamisme économique, et notamment en Afrique francophone subsaharienne qui constitue le moteur de la croissance africaine, en plus d’être globalement et historiquement l’espace le plus stable au sud du Sahara. Ainsi, cet ensemble de 22 pays a enregistré les meilleures performances économiques du continent pendant six des sept années de la période 2012-2018, avec une croissance annuelle de 4,2% en moyenne (4,9% hors cas très particulier de la Guinée équatoriale), contre 2,9% pour le reste de l’Afrique subsaharienne. Un dynamisme notamment dû aux nombreuses réformes accomplies par une majorité de pays afin d’améliorer le climat des affaires et de progresser en matière de bonne gouvernance, et qui est particulièrement important dans les pays de l’UEMOA (en Afrique de l’Ouest francophone), qui continue à être la plus vaste zone de forte croissance du continent (6,3% en moyenne annuelle sur la période 2012-2018, et 6,4% en 2018).

Un certain manque d’intérêt de la France

Pourtant, force est de constater un certain manque d’intérêt de la France pour l’Afrique francophone, où, et même si elle est relativement assez présente économiquement dans certains pays qui lui permettent de faire globalement à peu près jeu égal avec la Chine en matière de part de marché, en particulier grâce au lien linguistique (environ 11,9% pour la France dans l’ensemble de l’Afrique francophone en 2016, contre environ 13,7% pour la Chine), est presque absente d’autres, dont les pays stratégiques que sont la RDC (premier pays francophone du monde) et Djibouti.

En RDC, pays vaste comme plus de la moitié de l’UE, la part de marché de la France aurait été inférieure à 4% en 2016 selon le CIA World Factbook, bien loin derrière la Chine qui aurait fourni 19,9% des importations du pays. La France pourrait pourtant, et sans grande difficulté, accroître sa présence en RDC, dont la forte dépendance vis-à-vis du partenaire chinois pourrait, à terme, nuire aux intérêts du pays (la Chine en aurait notamment absorbé 41,4% des exportations la même année !). Pire encore, la RDC ne bénéficie chaque année que de moins de 1 % des aides versées par l’Hexagone à des pays tiers (0,6% du total en 2016, et 1,3% de l’APD), et des autorisations de financement accordées à des pays étrangers par le groupe AFD (moins de 0,2% en 2016 !). Cette quasi-absence de la France se traduit également au niveau de la part des étudiants originaires du pays dans l’ensemble des étudiants présents en France (0,5% du total, et seulement un peu plus de 1,0% des étudiants africains), ou encore au niveau de la part infime des projets y étant réalisés par les collectivités et structures intercommunales françaises au titre de la coopération décentralisée en Afrique (< 1%).

Quant à Djibouti, un des six pays de l’Afrique de l’Est francophone, seule une dizaine d’entreprises tricolores sont implantées dans ce pays qui a enregistré une croissance annuelle de 7,0% en moyenne sur la période 2012-2018, et qui est en passe de devenir une plaque tournante du commerce international grâce à sa situation géographique stratégique et à des investissements massifs en provenance de Chine. Par ailleurs, la compagnie aérienne Air France n’assure qu’un seul vol hebdomadaire direct avec Paris, contraste saisissant avec les sept vols directs assurés par Turkish Airlines en direction d’Istanbul, ou encore avec les trois liaisons assurées par le groupe Emirates vers Dubaï.

Tout cela vient s’ajouter à une répartition globale des aides publiques au développement versées chaque année par la France, qui ne bénéficie que très minoritairement au monde francophone. Ainsi, les 27 pays francophones du Sud n’ont reçu en 2016 qu’environ 15,4% du montant total de ces aides (soit 2,8 milliards d’euros sur un total de 17,7 Mds, hors Wallis-et-Futuna qui ne peut être comptabilisé car territoire français), bien loin des 52,0% accordés aux pays membres de l’UE (9,2 Mds, dont 89,3% aux treize pays membres d’Europe orientale – UE 13, pourtant déjà assez développés et qui ne rassemblent que 115 millions d’habitants, soit 10,1 fois plus d’aides par habitant). Et ce, en dépit de toute logique économique ou géopolitique. D’un point de vue économique, parce que les principaux pays bénéficiaires de l’UE s’orientent principalement – et historiquement – vers l’Allemagne, qui a enregistré une part de marché de 20,8% en 2016 dans les pays de l’UE 13, contre seulement 3,9% pour la France (dont les aides massives reviennent donc quasiment à subventionner les exportations allemandes, politique que l’on pourrait résumer par la célèbre expression « travailler pour le roi de Prusse »). Par ailleurs, toutes les études économiques démontrent clairement que les échanges peuvent être bien plus importants entre pays et peuples partageant une même langue. À ce sujet, un seul exemple suffit à démontrer l’impact économique du lien linguistique : les touristes québécois sont proportionnellement quatre fois plus nombreux que les touristes américains à venir chaque année en France… et à y dépenser. Enfin, parce que c’est en Afrique francophone qu’il convient d’investir massivement, d’une part afin de tirer pleinement profit des opportunités et du dynamisme que l’on trouve dans ce vaste ensemble qui est aujourd’hui l’un de principaux relais de la croissance mondiale, et d’autre part parce que c’est bien en accélérant l’émergence économique de ce dernier qu’augmentera encore plus fortement le nombre d’apprenants du français à travers le monde, et ce, au bénéfice économique et géopolitique de la France, mais également au bénéfice de l’ensemble des pays du monde francophone. Quant au niveau géopolitique, justement, parce que la majorité des pays de l’UE vote régulièrement contre les positions françaises au sein des grandes instances internationales, contrairement à la majorité des pays francophones avec qui la France partage nombre de valeurs communes en matière de politique étrangère.

Par ailleurs, ce manque d’intérêt des gouvernants français pour le monde francophone a donc naturellement des répercussions très négatives sur le niveau d’intérêt des Français eux-mêmes, qui, maintenus dans une certaine ignorance, ne savent pratiquement rien de ce vaste espace. À titre d’exemple, la quasi-intégralité de la population française ignore tout des Jeux de la Francophonie qui se sont tenus en juillet 2017 à Abidjan (contraste frappant avec la couverture médiatique dont jouissent les Jeux du Commonwealth au Royaume-Uni), de la Basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire (qui n’est autre que le plus grand édifice chrétien au monde, quasi-réplique de la basilique Saint-Pierre de Rome), du concours musical « The Voice Afrique francophone » (qui fût dans sa saison 2016-2017 le plus grand concours musical au monde en termes d’audience cumulée, avec son équivalent arabophone), ou encore du peuple acadien et de son drapeau, qui n’est autre que le drapeau tricolore orné d’une petite étoile aux couleurs papales et symbole de la Vierge Marie.

Une large méconnaissance du monde francophone et de sa dimension mondiale aux conséquences fortement préjudiciables, faisant perdre à bon nombre de citoyens français (investisseurs et société civile) de nombreuses opportunités d’échange et de partenariat mutuellement bénéfiques, et réduisant considérablement l’attachement des Français à leur langue. Eux, qui n’ont jamais été si peu intéressés par la diffusion et la promotion de celle-ci à travers le monde, alors même qu’elle n’a jamais été autant parlée et apprise. Et ce, au grand étonnement des francophones extra-européens, auxquels est aujourd’hui entièrement attribuable la progression constante de l’apprentissage du français dans le monde en tant que langue étrangère, face à une France qui constitue plutôt un frein en la matière (et qui est inconsciente des graves conséquences économiques et géopolitiques de son attitude).

De grands efforts doivent donc être faits dans l’Hexagone afin de rattraper un retard considérable en matière d’information et d’éducation. Par ailleurs, l’émergence démographique et économique de l’Afrique francophone devrait en toute logique s’accompagner, à terme, du transfert d’un certain nombre d’institutions pan-francophones des villes du Nord vers celles du Sud, et notamment vers Abidjan et Kinshasa, respectivement troisième et première ville francophone du monde.


Comme les convoyeurs, Demotte attend

Valmy réagit à un article d’opinion publié le 27 juillet sur le site du Vif/L’Express.

La francophonie mondiale change de chef…              Et alors ?

Par Gaëtan van Goidsenhoven, député au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et membre de la Commission des relations internationales

Deux candidatures antagonistes se profilent en vue de l’élection du prochain patron de l’Organisation internationale de la francophonie cet automne.

Au grand désintérêt apparent de la Belgique francophone (…)

Cette question, qui ne semble soulever aucune émotion dans la partie francophone du pays, n’est pourtant pas anodine. En effet, deux candidatures largement antagonistes se profilent et l’élection de la nouvelle figure de proue de la francophonie internationale pèsera indubitablement sur l’avenir et le développement de l’OIF.

D’un côté, l’actuelle titulaire du poste, Michaëlle Jean, au bilan contesté (…). De l’autre, l’actuelle ministre des Affaires étrangères rwandaise, Louise Mushikiwabo, dont la candidature suscite des inquiétudes (…) puisque l’anglais a supplanté le français dans l’enseignement depuis 2008.

Avancer les pions

Le Canada et le Québec ont déjà exprimé leur soutien à leur compatriote Michaëlle Jean. La France, de son côté, a exprimé une prédilection sans nuance en faveur de Louise Mushikiwabo (?). De plus, Louise Mushikiwabo a reçu le soutien officiel du Comité des candidatures de l’Union africaine, malgré les réticences à l’égard d’une candidature jugée trop anglophone.

La francophonie belge ne dit rien

La Fédération Wallonie-Bruxelles, pour sa part, et malgré son statut de gros contributeur de l’OIF (le plus important en nombre d’habitants), reste pratiquement muette dans un dossier jugé digne d’intérêt dans le reste de la francophonie.

Saine prudence ou fâcheuse pusillanimité ? Force est de constater que, pour l’instant, les hautes autorités de la francophonie belge ne disent que peu de choses.

Le très mesuré (sic) chef du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte, a déclaré en séance publique du parlement : « Pour nous, la stratégie de l’OIF prime sur le choix du futur ou de la future secrétaire. Nous attendons (sic) donc que cette stratégie soit clairement définie… » Soit.

Si cette prudence pouvait être audible à un moment où n’existaient aucune candidature plus ou moins officielle ni aucun soutien officiel de la part des principaux représentants de la francophonie, ce silence risque de devenir assourdissant et le sens que nous pourrions donner à un éventuel soutien de candidature, de moins en moins significatif.

Monsieur Demotte a annoncé récemment qu’il enverrait une liste de questions de fond aux candidats déclarés en leur demandant de se positionner quant à celles-ci. Il considère qu’il sera mieux à même de se prononcer lorsque les candidats se seront positionnés sur les différentes questions. Habile façon de postposer le moment où il faudra décider de l’attitude à adopter. Jusqu’à attendre la tenue du sommet d’Erevan, où notre Fédération se soumettra à l’opinion majoritaire des autres Etats membres, sans avoir eu le courage d’annoncer sa propre position ?

Un rôle de spectateur !

Certes, la position africaine doit également nous éclairer au regard du poids démographique de ce continent au sein de la francophonie d’aujourd’hui et de demain. Mais à l’heure où la posture des uns et des autres s’affirme toujours davantage, pouvons-nous, Belges francophones, nous contenter d’un rôle d’aimable spectateur face au jeu d’influences qui se déroule devant nos yeux ?

Devons-nous nous inscrire dans la volonté géopolitique du Président français visant à solder son contentieux historique avec le Rwanda à travers une candidature à la tête de l’OIF ?

Voulons-nous réaffirmer notre soutien à l’actuelle secrétaire générale dont les qualités étaient régulièrement louées à chacune de ses apparitions dans nos instances francophones belges ?

A moins que – mais cela est peu probable – le gouvernement francophone ne souhaite proposer une démarche singulière…

Face au silence persistant de Rudy Demotte, nous nous perdons en conjectures. A l’heure où la Fédération Wallonie-Bruxelles se positionne sur un nombre considérable de dossiers internationaux sur lesquels notre influence est limitée (voire nulle), il serait incompréhensible de rester muet sur les prochains enjeux de la francophonie, là où notre voix compte indéniablement et où il est de notre devoir de la faire entendre.

LA CONCLUSION DE VALMY :

Comme d’habitude, les Wallons tiendront encore le rôle de pigeons. Sur le front du Belgium comme sur celui de l’international, la Fédération Wallonie-Bruxelles, en réalité l’apparatchik Demotte, ne sert qu’à jeter de la poudre aux yeux et surtout l’argent des contribuables par les fenêtres. Le mutisme, que ce soit dans ce dossier, jugé digne d’intérêt dans le reste de la francophonie, ou dans tous les autres, en politique intérieure, ne cache même plus la mystification institutionnelle dont les Wallons sont victimes. La F-W-B est bien une mystification institutionnelle, soutenue hélas par toutes les factions politiques wallonnes, destinée à intoxiquer, désinformer et surtout cacher aux Wallons les objectifs inavouables de leurs dirigeants.

Le Liban et la Francophonie

Notre ami le journaliste Pierre André, infatigable animateur de l’excellent blogue « Liège28 » nous fait parvenir l’éditorial de Elie FAYAD dans le quotidien libanais « L’Orient-le Jour ».

La promotion de la Francophonie animée sans relâche par Monsieur Albert Salon,  ancien ambassadeur de la France, Président de l’avenir de la langue française (ALF) et soutien de l’AWF, intéresse au plus haut point notre mouvement.

Nous pensons que la France, mais aussi la Wallonie ont tout à gagner à développer des accords de coopération dans tous les domaines avec les Etats et les Nations qui ont en commun la langue française.

A ce titre, ce qui se passe au Liban ne peut nous laisser indifférents.

Franc(a)phonie

L’édito de Élie FAYAD dans le quotidien libanais L’Orient-Le Jour du 23 février 2018

La mention « Liban », en français, a disparu des nouvelles plaques minéralogiques. Un vague fonctionnaire en aura décidé ainsi…

C’est le dernier en date d’une suite d’actes, de transformations et de négligences qui s’inscrivent dans le cadre d’une entreprise de liquidation programmée de la francophonie dans ce pays.

Au vu des graves problèmes en tous genres qui assaillent le Liban, ce fait, minuscule en soi, peut certes paraître anodin, au point de passer presque inaperçu aux yeux de l’écrasante majorité des usagers. Il n’en témoigne pas moins, assez tristement, du processus par lequel une nation peut, en silence, perdre petit à petit une partie de son âme.

Car à côté de l’héritage arabo-levantin, duquel les Libanais n’ont guère à rougir, leurs aïeux ayant grandement contribué dès le XIXe siècle à sa renaissance et son éclat dans les arts et les lettres, la francophonie fut aussi pendant longtemps et reste une autre manière d’être libanais, nullement en rupture avec la première.

Quoi ! N’avoir bravement résisté aux assauts furibards d’un nationalisme arabe moustachu, étriqué et maussade, qui fit des ravages culturels, politiques, militaires et économiques dans toute la région, que pour voir aujourd’hui les digues céder face à l’idéologie utilitariste dominante et à l’uniformisation culturelle de la planète ?

Qu’au Liban le père Noël soit détrôné par Santa (prononcer sènèh…), ou que le « tink you » remplace désormais le « mércé » n’est pas le problème : collectivement, l’anglais, au même titre que le français, n’ira jamais très loin auprès des catégories populaires, tout comme à l’époque romaine, le grec de l’École de droit de Béryte et des élites de la côte n’avait jamais pu défaire l’emprise des langues sémitiques chez les habitants de la montagne et de l’intérieur.

La question ne se pose pas vraiment, non plus, dans les décisions gouvernementales ou administratives, malgré la multiplication des appellations, des références et des sites électroniques ministériels en anglais et surtout des transcriptions de plus en plus fantaisistes des noms de lieux (villes, villages, quartiers) sur les panneaux routiers.

Le problème réside plutôt dans l’attitude des élites francophones elles-mêmes, qui ne paraissent plus tellement convaincues de la nécessité de faire des efforts pour défendre ce qui est pourtant une partie essentielle de leur identité culturelle et de leur système de valeurs.

Car c’est cela la francophonie : un esprit, une façon d’être et aussi un élément fondamental de la spécificité du Liban. Les banques libanaises peuvent dissimuler leurs raisons sociales françaises d’origine derrière des sigles abstraits, comme on cacherait une maladie honteuse, un vénérable musée peut décider de passer à la trappe la langue de Molière pour faire des économies d’espace, au final, c’est la différence du Liban qu’on enterre ainsi peu à peu.

Combat d’arrière-garde ? Nostalgie déplacée ? Pas si sûr. Qui dit francophonie dit d’abord ouverture. Depuis des décennies, l’apprentissage – nécessaire – de l’anglais n’est qu’une simple formalité pour les écoliers francophones du Liban. En connaît-on beaucoup à avoir été recalés des universités anglo-saxonnes pour faiblesse en langues ? Peut-on en dire autant en sens inverse ? Si la francophonie est une arme, elle cible uniquement la sous-culture homogénéisée, uniforme, qui a envahi le monde. Pas Fitzgerald, Faulkner ou Kerouac…

Mais hélas, le Liban n’est pas seul à perdre cette bataille-là. Il y a du monde, et du beau, à ses côtés. De passage il y a quelques années dans les locaux de L’Orient-Le Jour, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie, la Canadienne Michaëlle Jean, se plaignait amèrement du manque de combativité des Français eux-mêmes dans ce domaine (les efforts actuels d’Emmanuel Macron et de sa conseillère Leïla Slimani incitent toutefois à relativiser ce constat).

Quant à l’ancien ministre Michel Eddé, PDG du groupe L’Orient-Le Jour/Le Commerce du Levant et grand défenseur de la francophonie, il n’en revient toujours pas de ce qu’il lui est arrivé un jour à Grenoble, où il était invité à une conférence. Quelle ne fut sa (mauvaise) surprise en entendant, à son entrée, un tonitruant et maladroit « Welcome to Grenowbel » !

Si, quoi qu’on fasse, parler français est considéré comme ringard, alors ce journal, seul quotidien francophone à des milliers de kilomètres à la ronde, se fera un point d’honneur de continuer à afficher sa ringardise. Parce qu’à ses yeux, cela veut dire défendre sa différence… et celle du Liban !

Le français pour richesse

Le 20 mars c’est la journée internationale de la francophonie :

220 millions de locuteurs sur les 5 continents fêtent le français dont nous Wallons et Bruxellois de langue française.

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Unesco en français

Le 20 mars c’est la journée internationale de la francophonie : 220 millions de locuteurs sur les 5 continents fêtent le français http://on.unesco.org/2nqT8j7
En mars,
c’est le “ Mois de la contribution Wikipedia ” francophone…« Il nous faut sensibiliser la communauté francophone
de la liberté de contribution à cet outil de diffusion de savoir.

Dont le nombre d’articles en anglais est d’environ 15 millions,
en français de 3 à 4 millions ! » En mars,
c’est le “ Mois de la contribution Wikipedia ” francophone…

 » Il nous faut sensibiliser la communauté francophone
de la liberté de contribution à cet outil de diffusion de savoir. « 

Valérie Faisien

La Tunisie réaffirme son choix du français

Le dynamisme de l’Afrique francophone