La publication d’une autobiographie de Paul-Henry Gendebien remet quelque peu en lumière le combat pour une Wallonie française.
Puisque le RWF a choisi de reproduire l’article de La Libre, nous reprenons ici celui de David Coppi pour le journal Le Soir.
Petit article, où David Coppi donne l’impression de ne pas vouloir se mouiller, ce qui le pousse à des contorsions qui se veulent ironiques mais qui traduisent surtout la difficulté de traiter d’un sujet embarrassant.
Prendre en considération l’identité française de la Wallonie ne devrait pas être embarrassant. Bien entendu, il faut aussi pouvoir souligner les nuances qu’ont produit l’histoire et la géographie d’une région longtemps liée, d’une manière ou d’une autre, au monde germanique.
Mais la Wallonie ne sera pas moins wallonne en étant française. Au contraire. Il suffit de le vouloir. L’identité renvoie à une conscience de soi que tous les pouvoirs du monde contribuent à modeler. La responsabilité des autorités wallonnes est engagée.
Le rattachement de la Wallonie à la France ? Ils y croient.
Les réseaux sont dormants, mais les rattachistes y croient à nouveau : la Wallonie en France. Au passage, P.-H. Gendebien publie une autobiographie fournie, « Mon séjour dans la fosse aux lions de la politique belge », qui redonne le ton.
Par David Coppi, article publié sur le site du journal Le Soir le 20 octobre 2021.
La Wallonie en France, c’est demain la veille ? Nos rattachistes, il en reste, on y vient, ne croient pas forcément au sens de l’histoire (du reste, les marxistes, qui y croient, eux, voient revenir au contraire la Belgique unitaire, c’est la nouvelle ligne de com revival des PTBistes), mais ils se disent que, peut-être, allez comprendre, l’histoire a un sens au moins par intermittence, entre deux séquences aléatoires. Alors, jamais sûrs mais convaincus, plusieurs -car ils sont plusieurs, quand même- se disent qu’elle va droit, que c’est le momentum, ou que ça y ressemble. Soyons fous : il y aurait une fenêtre pour le rattachement à la France.
Prenez Paul-Henry Gendebien, rencontré mercredi midi avec quelques journalistes. Auteur d’un ouvrage autobiographique documenté où il revisite près d’un siècle d’histoire politique en Belgique (« Mon séjour dans la fosse aux lions de la politique belge »), l’ancien président du Rassemblement wallon dans les années septante, délégué de la Communauté Wallonie-Bruxelles à Paris dans les années quatre-vingt, fondateur du « Rassemblement Wallonie France » en 1999, s’interroge gravement à propos du pays après 2024, les élections, l’annoncée réforme de l’Etat, la Belgique en sursis, à nouveau. Son « Rassemblement Wallonie France » est désactivé pratiquement depuis plusieurs années -un site subsiste-, mais le rêve dure, car le « fédéralisme de dissociation », comme il l’appelle, est avancé, et le « grand malentendu » continue, selon lui : « La Wallonie voit dans le fédéralisme un aboutissement, alors que la Flandre considère qu’il n’est qu’une étape vers son émancipation », d’abord dans le cadre d’un confédéralisme ad hoc, puis, dans un second temps, sous la forme d’un Etat indépendant.
Pas un proche (les rattachistes vivent séparés) mais à peu près sur le même registre, Jules Gheude, une mouvance à lui tout seul (avec son Gewif, Groupe d’études pour la Wallonie intégrée à la France), biographe de François Perin, chroniqueur régulier désormais dans les médias au sud comme au nord, militant wallon, appelle lui aussi infatigablement, plus fort encore depuis quelque temps, à préparer ses valises pour la France. Toujours le présumé momentum, la « fenêtre ».
Les rattachistes ont des arguments, sans forcer, il suffit de se pencher. Comme tout le monde, ils voient une Flandre où prospèrent les droites nationaliste et extrême ; un Etat fédéral où la loi de financement programme une diminution par étapes des transferts de solidarité nord-sud à partir de 2025 ; un gouvernement fédéral qui se mobilise extrêmement timidement en juillet-août dernier lorsque les inondations ravagent le sud du pays, son pays ; et qui… « prête » 1,2 milliard d’euros à la Wallonie exsangue après la catastrophe, il faut dire merci. Au passage, mercredi midi, autour de la table, un journaliste juste francophile, Christophe Giltay pour ne pas le nommer, signale « pour info » que l’article 88 de la Constitution de la Cinquième République ouvre à de possibles associations. Au cas où. Sans blague.