Véritable histoire d’un pays imaginaire

Après les réjouissances du 21 juillet, l’actualité sommeille, en principe, et la rédaction du Vif/l’Express s’octroie une semaine de congé. C’est l’occasion de revenir sur la dernière édition du magazine, datée du 16 juillet.

Le royaume de Belgique y est à l’honneur dans un dossier qui, sur un ton plutôt léger, le questionne et le déshabille : La Belgique aura-t-elle un jour 200 ans ?  Plus de vingt pages pour célébrer la fête nationale avec tout ce qu’il faut de pertinence et d’impertinence, sans flonflon patriotique ni feu d’artifice (et le coronavirus n’y est pour rien).  Alors que ce pays s’essouffle à chercher l’impossible équilibre dont il a besoin pour marcher, l’identité belge est chatouillée par la plume, entre autres, de Nicolas De Decker.

Pour se débarrasser d’une mythologie devenue encombrante et se raccrocher à la réalité d’un pays pas si réel que ça, l’inspiration critique est salutaire, indispensable même. Que l’on en juge par ces définitions tirées de « nos 190 ans en 50 mots » :

CANAL

On en creusa beaucoup, des canaux, au XIXe siècle, pour rapprocher de la mer le charbon et l’acier wallons. Depuis Charleroi, le Centre, Liège, tous les canaux mènent à Anvers, où l’on trouvait toujours que l’Etat, français, puis hollandais, puis belge, n’investissait pas assez d’argent public dans ces coûteux creusements et ces dispendieux élargissements. Mais il n’y a plus de charbon ni d’acier wallon, et depuis Anvers désormais, l’on trouve que ces creusements et ces élargissements auront coûté beaucoup trop d’argent public.

CHARBON

Combustible très solide. On en extrayait beaucoup en Wallonie, plus que partout ailleurs en Europe continentale, et plus qu’en Flandre, où l’on n’en extrayait pas. On a commencé à en extraire un peu en Flandre, à partir du début du XXe siècle, tout près d’Anvers, puis beaucoup, et petit à petit on a arrêté d’en extraire en Wallonie. Il n’y a plus de mines en Belgique, et pratiquement plus d’anciens mineurs en Wallonie, mais la Belgique a tout récemment décidé d’augmenter, avec effet rétroactif, les pensions des anciens mineurs, qui sont pratiquement tous flamands, et souvent très solides.

COMPROMIS

(…) Consiste à trouver un accord entre deux parties pas d’accord sur la nécessité de trouver un accord sur ce avec quoi seule une des deux parties n’est plus d’accord. Et à la fin, c’est la Flandre qui gagne. (En deux mots, et avec un changement de lettre, ça marche aussi, donc.)

Pour se faire une idée plus complète de ce dossier aux allures de « véritable histoire d’un pays imaginaire », en voici les deux premières pages :

5 réflexions sur « Véritable histoire d’un pays imaginaire »

  1. Le « pays imaginaire » ou « Neverland » pays de Peter Pan:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Pays_imaginaire_(Peter_Pan)

    Quelques extraits de la définition de Wikipédia sont pour le moins représentatifs:

    – « Il peut aussi être appelé en français Pays des fées, Pays de Nulle Part ou Pays du Jamais »;

    – « Les Garçons perdus (ou Enfants perdus) sont des enfants tombés de leurs landaus (les Wallons) »;

    – « Neverland est un pays auquel on accède en rêvant ou en volant, principalement accessible aux enfants » (tous ces belgicains attachés encore à « la Belgique de papa » comme dans un rêve!!!);

    – « C’est une île principalement recouverte de forêt (Wallonie). Il y a une « lagune survolée par des flamants roses » (sans commentaires LOL) »;

    – « Le Pays imaginaire est totalement dépendant de Peter (Philippe 1er) Pan, on pourrait même croire que le personnage et le lieu ne forment qu’un. S’il s’en va, tout s’obscurcit, le climat change, les fleurs fanent, les fées s’endorment et les enfants perdus (Wallons) ne pensent plus à faire la guerre aux pirates (Flamands) (et vice-versa). C’est une des raisons pour lesquelles Peter (Philippe) Pan ne peut quitter l’île »;

    – « Le temps s’y écoule d’une manière particulière. La journée est consacrée au jeu (politique), au plaisir (les Diables Rouges de temps en temps), sauf le tic-tac symbolique du réveil (de l’indépendance de la Flandre) avalé par le crocodile (NV-A et VB) qui peut signifier que le temps passe (inexorablement vers l’inéluctable séparation);

    – « On n’a pas de description plus précise de sa situation géographique » (évidemment que oui: d’Ostende à Arlon!!!).

    Voilà, je me suis bien amusé à chercher des idées qui collent au descriptif de ce pays qui n’existe quasi plus ou alors bientôt dans des romans-fiction!

    SamuelB

    J’aime

    1. Monsieur SamuelB, « j’aime » votre fiction. Mais, la réalité dépasse souvent la fiction.
      Par exemple, lu dans la Libre Belgique du 12 juillet (Opinions/Débats), « Nous voulons que notre identité belge soit respectée et renforcée » . Il s’agit d’un carte blanche d’un groupe de pression intitulé  » Communauté belge » (sic) En soi, ce groupe de pression relève de la nébuleuse de Phillipe Van Parijs, B+ ou Belgïe Unie. Des fransquillons de Flandre et de Brabant qui craignent, à terme, de ne plus profiter du DOUBLE JEU bien lucratif au royaume de Belgique.
      Enumération des titres:
      Pourquoi les JT ne couvrent pas les infos sur l’ensemble du paye et ne sont pas sous-titrés dans les différentes langues du pays ?
      Pourquoi pas le multilinguisme obligatoire (néerlandais + français + allemand +…anglais) dans l’enseignement et dans la vie ?
      Pourquoi pas la refédéralisation ?

      Bref, une poussée d’eczéma chez des « Flandriens francophones » après les discours du Président Jan Jambon, le 11 juillet qui en appelait au « Schild en Vriend » !

      Plus subtil dans la manipulation des lecteurs, un article de Monsieur Adrien de Mérode, dans la Libre Belgique du 22 juillet Débats/Opinions),
      « La Belgique, mini réplique de l’Europe ».
      Monsieur de Mérode n’est pas le premier à tenter la démonstration alambiquée de la Belgique reflète la prédestination d’une Europe d’apatrides.
      Pauvres peuples d’Europe qui se retrouveraient dans une « colonie pénitentiaire kafkaïenne », sous une dictature impériale anonyme !
      Les européistes actuels, Macron y compris, rêvent de la résurgence d’une sorte de Saint-Empire Germanique dont la Commission tiendrait le rôle de l’empereur et les premiers ministres des vingt-sept Etats de Missi Dominici.
      Pour les plus de vingt ans qui suivirent des cours d’Histoire sérieux en Humanités, aucun n’ignore comment tout cela a mal fini !
      Monsieur de Mérode convie les Belges à un nouveau patriotisme, celui de forger l’unité de l’Europe à l’image de ceux qui forgèrent l’unité de la Belgique (sic).
      Enumérations des titres:
      Patrie, Nation et Etat soit de la macédoine de Renan à l’eau de Vichy sans omettre un appel à la néerlandisation des élites francophones;
      Le nouveau patriotisme soit une mixture d’une encyclique de Jean-Paul II et des paroles prophétiques de Victor Hugo afin de vanter l’unité de la Belgique pour une cohésion européenne;
      A l’origine de la polarisation ou le regret de nos querelles tribales pondérées grâce au bienfait paternel de la monarchie (sic);
      Ce dont la Belgique a besoin ou le retour aux racines de nos traditions occidentales les plus anciennes (sic).

      Bref du Macron « en même temps » et du Charles-Michel à la logorrhée fourre-tout incompréhensible dans les hémicycliques européens.

      Pour décoder Monsieur de Mérode, Wikipédia vous fera découvrir une famille allemande Von Merode toujours existante, une famille Van Merode sise à Westerloo ( château offert par les Habsbourg pour services éminents rendus lors des guerres de religions).
      Bref une famille qui ne souhaite pas le démembrement du royaume de Belgique au profit de la famille calviniste Orange-Nassau pas plus qu’au profit de l’horrible République française.

      Et pour terminer, un rayon de soleil venu de Grande-Bretagne :  » Il faut sortir du libéralisme économique et culturel  » par Nick Timothy, dans la Libre Belgique du 23 juillet (l’invité).
      L’auteur évoque la nécessité de recréer, en Grande-Bretagne, une IDENTITE COMMUNE dans un pays ravagé par le libéralisme !
      Bien fait pour eux et merci pour nous !

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  2. Monsieur SamuelB, voici de quoi vous faire plaisir, une traduction d’un article de Johan Sanctorum, publié dans Doorbraak, datée du 28 juillet.
    A lire cet article, le terme de « d’imaginaire » fait place plutôt à « Never ». Malgré toute l’imagination des classes dirigeantes aucun pays global n’a jamais existé au sein de la structure étatique Belgique. Au sens humain premier il y en a eu une floppée depuis le Moyen-Age mais pour le 21e siècle on peut en compter trois : Flandre, Wallonie et Ostbelgien.

    D’ailleurs, la commémoration du dernier 21 juillet 2020 apparut d’une vacuité, d’une évanescence culturelle hallucinante. De Namur à Oostende en passant par Antwerpen des artistes qui ne chantèrent leurs « romantisme » régional qu’en anglais (?), à l’exception d’Adamo qui, à « Brussels » chanta dans les langues officielles du présent Etat Belgique.
    Si le philosophe (sic) Van Parijs espère unir les « Belges » de cette manière, il est temps qu’il se reconvertisse ou qu’il prenne sa retraite.

    Le 11 juillet 2020, le Président Jambon, en bon Klauwaert sortit les griffes et en appela au Schild en Vriend.
    L’article qui suit l’article qui suit lui répond et B+ peut passer en B – !

    Daardaar – Opinion – 28 juillet 2020
    Gestion du coronavirus en Belgique : l’opinion d’un flamingant
    Cette opinion est parue dans le Doorbraak, média proche du mouvement flamand, la veille du nouveau Conseil national de sécurité. Elle est signée par Johan Sanctorum, philosophe et éditorialiste proche de la droite radicale flamingante.
    Temps de lecture: 4 minutes

    AuteurJohan Sanctorum TraducteurFabrice Claes

    À la veille de ce que l’on considère généralement comme la deuxième vague du coronavirus, il s’est produit un événement remarquable que les politologues semblent ne pas avoir remarqué. Il s’agit pourtant d’un véritable bouleversement du système fédéral belge.
    En effet, dans un certain nombre de villes et communes, des bourgmestres se sont mis à définir leurs propres règles, et même à exiger des systèmes de traçage, simplement pour pallier les manquements des autorités fédérales (mais aussi flamandes). Ce sont les décideurs locaux qui reprennent la main, ce qui constitue une révolte en soi en ces temps de crise.
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    Qui se soucie encore des mesures nationales ?
    Début juillet, Jan Vermeulen, le bourgmestre CD&V de Deinze, a été rappelé à l’ordre par son camarade de parti Pieter De Crem, ministre de l’Intérieur, pour avoir imposé le port du masque dans les supermarchés locaux. Mais depuis lors, Bart De Wever a décidé de mettre de l’ordre lui-même dans sa ville d’Anvers, et le tocsin sonne dans presque toute la Flandre. Les médecins de famille et les agents de prévention locaux ont repris le rôle des call centers et des bases de données nationales en matière de traçage des contacts. À Anvers, il apparaît clairement que les foyers de contagion se situent surtout dans les communautés allochtones, mais cette information est trop politiquement incorrecte pour que madame Wilmès ose l’annoncer ouvertement. Il faut donc s’attaquer à ce problème, et le plus vite possible.
    Les instances supérieures manquent à leurs obligations et perdent donc toute légitimité dans la gestion de cette crise. C’est du jamais vu. Après la longue succession de gaffes de Maggie De Block au niveau fédéral et de Wouter Beke au niveau flamand à propos des masques, des tests et maintenant des systèmes de traçage, les autorités locales ont fini par prendre conscience de la nécessité de prendre les choses en main. D’ailleurs, c’est ce que la loi prévoit dans une certaine mesure, mais pas assez clairement pour certains bourgmestres.
    Karine Moykens, la haute fonctionnaire flamande responsable du traçage des contacts, est présente mais ne fait qu’assister au spectacle. Son rôle est tellement insignifiant qu’elle pourrait tout aussi bien partir en vacances. Au niveau fédéral, on agite des mesures nationales que doivent appliquer les autorités locales et régionales, qui ne les prennent plus au sérieux. Le bourgmestre d’Alost, Christoph D’Haese (N-VA), considère ces mesures comme « un instrument lourd et bureaucratique » et insiste fortement sur son pouvoir de décision. Les décisions de Sophie Wilmès & Co, dévoilées lors de conférences de presse branlantes, n’ont plus aucun intérêt. M. D’Haese tient sa revanche, après la contribution de Wilmès à la diabolisation de sa ville lors du carnaval.
    Vive les beffrois
    D’un point de vue institutionnel, ce glissement du pouvoir fait l’effet d’une bombe. Ce pays se démantèle en provinces et en villes-républiques à cause de sa mauvaise gestion par les niveaux supérieurs. Avec l’assistance, entre autres, de Cathy Berx et de Michel Carlier, respectivement gouverneurs des provinces d’Anvers et du Limbourg, la faillite de l’État fédéral belge et de ses vassaux régionaux est annoncée.
    Maintenant que même les experts, qui avaient d’abord participé au charabia à propos des masques, laissent aussi tomber les politiques, le chaos est total. Erika Vlieghe a démissionné du Conseil national de sécurité, mais accepte encore de « donner des conseils par écrit », parce qu’elle considère que la politique actuelle en matière de lutte contre le coronavirus est inefficace. En effet, on n’ose même plus prendre des décisions qui, pourtant, recueillent l’assentiment de la majorité de la population. Le mensonge évident de Jan Jambon au sujet de sa vision des bulles fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
    Les gouvernements belge et flamand d’aujourd’hui entreront dans l’histoire comme ceux qui ont couru après les faits dans la gestion de la crise du coronavirus. Le niveau flamand souffre trop du syndrome belge et n’affiche que très peu ses ambitions républicaines. La semaine passée, deux excellences flamandes très prometteuses, Bart Somers (Open VLD) et Hilde Crevits (CD&V), ont fui par la fenêtre afin de ne pas répondre aux questions des journalistes de la VRT. C’est très symptomatique. Qui accepterait encore de se soumettre à ces ministres d’opérette ? Le coup d’État des villes et des communes est justifié. Espérons qu’il n’arrive pas trop tard dans cette deuxième vague de contagion, et qu’il réveille les décideurs flamands de leur léthargie.
    Autonomisme et révolte
    Au demeurant, les villes flamandes peuvent témoigner d’une longue tradition d’autonomisme et de révolte, entre autres grâce à leurs beffrois. Pensons à Bruges et à sa révolte contre l’occupant français qui déboucha sur la Bataille des Éperons d’or, à Gand avec son chef rebelle Jacob van Artevelde, mais aussi aux républiques gantoises et anversoises de 1577 à 1585, en rébellion face au pouvoir espagnol.
    Aujourd’hui, l’ennemi est le coronavirus, et il n’y a pas d’autre issue que de lui faire la guerre. L’inertie et la lenteur causent des morts. Les règles sont ce qu’elles sont, il faut armer le citoyen et agir de manière solidaire. Et sans leadership, rien de tout cela n’est possible.
    Nous, républicains, ne pouvons qu’espérer que la monarchie belge ne survive pas à cette crise. Mais la Flandre a encore tout à prouver, et il ne lui reste que peu de temps. C’est pourquoi la révolte des villes et communes revêt actuellement une importance capitale et constitue une source d’inspiration pour quiconque rêve de souveraineté.

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  3. Il ne faut pas oublier la Flamenpolitik où les allemands ont donnés l’occasion aux flamands de prouver les « sentiments » qu’ils portaient aux wallons et à la Belgique !

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    1. Mais personne ne l’oublie d ‘autant plus que les hommes politiques wallons commirent l’erreur fatale de refuser la proposition allemande de mettre en pratique de  » La scission administrative » (Congrès wallon 1912). Cette mise en pratique allemande comportait évidemment deux volets: un wallon et un flamand, la « Flamenpolitik » .
      En bons Gaulois, les Wallons n’envisagent jamais rien à long terme, au contraire des Germains et Anglo-Saxons !
      S’ils avaient eu la bonne idée d’accepter l’offre des Allemande, la « Belgique » n’aurait pas été recollée sur le modèle de 1815. De 1919 à 1921, les Américains participaient aux négociations et ils avaient déjà un mot d’ordre: LE DROIT DES PEUPLES A L’ AUTODETERMINATION « 

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