Ne pas compter sur la solidarité de la Flandre ?

Philippe Destatte: « Cette demande d’aide du PS au fédéral, quel mauvais signal ! »

Un article d’Olivier Mouton mis en ligne sur le site de l’hebdomadaire Le Vif le 21 septembre 2021.

Le directeur général de l’Institut Destrée s’interroge sur la façon dont les socialistes ont imaginé cet appel à l’aide, qui nourrit les nationalistes flamands. La Wallonie aurait pu imaginer une autre formule pour sortir de l’ornière.

Philippe Destatte, directeur général de l’Institut Destrée, a exprimé son « scepticisme » suite à la demande faite par le PS au fédéral d’aider la Wallonie, à hauteur de 50% du coût, pour financer la reconstruction des infrastructures, suite aux ravages des inondations, cet été. Il s’agit d’un montant de quelque 600 millions d’euros. Il s’explique pour Le Vif.

Dans quel sens êtes-vous « sceptique » ?

Cela me pose plusieurs questions. La première, sur la forme : pourquoi le PS envoie-t-il les ministres fédéraux Pierre-Yves Dermagne et Thomas Dermine – deux personnalités que j’apprécie, là n’est pas la question – faire cette demande ? On les envoie au casse-pipe au sein de la majorité fédérale et, ce faisant, on fait un cadeau aux nationalistes flamands qui ont évidemment beau jeu de montrer, une nouvelle fois, que les socialistes sont en demande de l’argent flamand.

La demande aurait dû venir du gouvernement wallon d’Elio Di Rupo ?

Oui, d’autant que le PS coince, en outre, les autres partis flamands de la majorité fédérale. Les caricatures montrent déjà les libéraux et les sociaux-chrétiens flamands qui baissent leur pantalon. La démarche elle-même me rend sceptique et me fait douter.

Pourquoi la demande n’émane-t-elle pas de tous les partis wallons membres de la majorité ? J’ai lu que Bouchez allait déjeuner avec Magnette, ils auraient pu convier Nollet, même si je sais qu’il leur est difficile de s’entendre.

Et oui, comme vous le dites : pourquoi la demande n’émane-t-elle pas du gouvernement wallon ? Il aurait pu l’émettre à travers le Comité de concertation.

Ce serait la logique fédérale, non ?

Absolument. On pourrait aussi se demander, puisque certains évoquent l’exemple allemand, pourquoi le Premier ministre, Alexander De Croo, n’a-t-il pas lui-même fait cette proposition, après avoir été conscientisé par Dermagne et Dermine. Cela ne donnerait pas l’impression qu’il cède au PS. Nous sommes dans un système fédéral qui a ses règles, pourquoi y déroger ? Les socialistes ont-ils voulu marquer des points ? Ce sont des gens intelligents, j’imagine qu’ils ne jouent pas à ce petit jeu-là.

La réaction de Bart De Wever est déjà significative : il rappelle que le fédéral est exsangue, lui aussi, que la Flandre peut aider la Wallonie, mais à condition que l’on y mène des réformes.

C’est son discours, bien sûr. Cela démonte qu’on lui donne des arguments. Le Premier ministre aurait pu invoquer le fait que la situation découlant des inondations est exceptionnelle, que le moment est venu de faire preuve de loyauté fédérale, que l’on peut faire preuve de créativité comme ce fut le cas dans le cas de la crise du Covid. Vraiment, je m’interroge sur la démarche.

Sur le fond, on a le sentiment que la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles se posent en demandeurs sur le plan financier, une nouvelle fois, quitte à se déforcer ?

Pour moi, il est évident que si les Wallons veulent être respectés, ils doivent sortir de cette logique-là. Il y a une question de dignité, aussi ! Certains parlent déjà de renégocier la loi de financement, alors que l’on arrive à peine au bout d’un moratoire de dix ans. Si on se met un instant dans la peau d’un nationaliste flamand, on se dit que ce n’est pas sérieux.

Je donne souvent cet exemple, qui n’est certes pas scientifique. Quand j’étais jeune, ma mère, à qui je n’ai rien à reprocher, m’a dit un jour : ‘Tu ne passes plus à la maison que pour que l’on s’occupe de ton linge’. J’étais aux études, pris dans mes activités de mouvements de jeunesse et avec mes copains… Ce qu’elle m’a dit m’a blessé dans ma dignité : j’ai acheté une mini-wash et, à partir de ce moment-là, j’ai lavé mon linge moi-même. Pas par arrogance, hein…

Mais par souci d’autonomie.

Oui, par souci d’autonomie. Cela permet de créer des relations sur un autre plan.

C’est un mauvais signal ?

Un très mauvais signal, oui. Or, il y avait un moment favorable et il était possible d’agir autrement. Ce qui est arrivé, ces inondations, c’est une catastrophe, mais Morin dit que ce peut être ‘la genèse d’une métamorphose’. Cela ouvre une fenêtre d’opportunité pour aborder les choses autrement.

Sur le plan budgétaire, ce pourrait notamment être un moment pour changer la gouvernance. Il y a 65 milliards d’euros sur les comptes d’épargne en Wallonie : le gouvernement wallon aurait pu lancer une opération pour chercher à mobiliser celle-ci, via des mécanismes comme des obligations. Si l’on prend un peu moins de 10% de ce montant, on est déjà à 5 milliards. Je ne dis pas que c’est simple, il y a des obstacles techniques, mais il y a des experts pour les surmonter.

Cela donnerait un autre signal, celui d’un élan de solidarité des citoyens et d’une mobilisation des Wallons. Le gouvernement disposerait d’une enveloppe budgétaire qui pourrait être gérée avec le soutien des Wallons. Ce serait l’occasion de sortir d’une situation où l’on est sans cesse demandeur face à l’Europe ou en Belgique.

5 réflexions sur « Ne pas compter sur la solidarité de la Flandre ? »

  1. je vient de lire cette letre consernant malereusement les sinistrée le PS a promi de les aidée et comme vous dite 65 milliards d’euros sur les comptes d’épargne en Wallonie : le gouvernement wallon a pas besoin de la flandre loin de la si il font sela il sont foux car ces une carte en plus pour les flament contre nous pourquoi vouloir se remaitre ensanble ces le pot de terre contre le pot de fer a votre avi qui est le grand la la flandre ou la wallonie on na toujour ete deriger par la flandre enfin 2 fois par les wallons que la flandre a fait tout pour crouler normale etant donner que il veulle la wallonille ce que la flandre veux et je pence via a se qui ce passe ces de avoir un pays (belcoflamant ) et je pence que vie l’europe de carder le maime drapeaux ce serait plus facile que de trouver deux drapeaux diferant je pence pas malereusement de passer francais la wallonille fait de trop avec la flandre et comme depuit ma naisance en 1964 ces comme cela je voit pas la separation mai je vois bien une ocupation de la fraldre sur la wallonie domage mai ces comme cela .
    van de moortele albert nai en wallonie et fier de ne pas etre flament .

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  2. je doit dire une chose vive la france fini la belgique ces mon plus beaux reve que je peux avoir de les voir tout sous le drapeaux fransais la je parle de la wallonie bien sure. merci albert

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  3. Cyniquement Monsieur Magnette, en agissant ainsi, provoque la Flandre.
    Depuis feu Monsieur Spitaels, les gouvernants wallons, et particulièrement les socialistes, jouent l’endettement fédéral contre la volonté séparatiste de la Flandre.
    Une séparation de la Belgique poserait la question du partage de la dette publique parce qu’ elle ferait peser sur la Flandre la charge la plus importante, quelle que soit la clé de répartition choisie,
    Lors du divorce de la Tchéquie et de la Slovaquie (1992), ou celui de la Belgique et des Pays-Bas (1830), à chaque fois le critère des recettes d’impôts a été choisi.
    Sur base de ce critère, la dette publique de la Flandre pourrait s’aggraver car elle prendrait à sa charge environ 63 % de l’ancienne dette publique belge soit 110 % du PIB flamand !
    De plus, les marchés financiers risqueraient de demander un taux d’intérêt plus élevé pour acheter ladite dette publique flamande.
    En cas de scission, il n’y aura sans doute pas un perdant et un gagnant mais plutôt deux perdants. ( lire: chronique d’ Amid Jahoud, Trends-Tendances; 15/09/10 )
    De plus, la riche Flandre n’a pas intérêt à avoir à sa porte une Wallonie considérée comme pauvre, surtout qu’il s’agit de son deuxième client.
    Monsieur Magnette, aujourd’hui, et Monsieur Di Rupo, avant lui, jouent au chantage de la dette publique face à la Flandre.
    Ce jeu de poker menteur réussira – t – il ?
    Les lois internationales actuelles ne tiennent compte que des héritiers de l’Etat disparu.
    Voilà pourquoi, Bart De Wever en appelle à la reconstruction d’une grande confédération néerlandaise.
    La Flandre actuelle est la partie arrachée militairement par les Espagnols (16e&17e) à l’Union d’Utrecht.
    La Flandre est bien plus une héritière des Grands Pays-Bas que la funeste Belgique.
    Voilà aussi pourquoi, le socialiste belgicain, Paul Magnette, a demandé à Bart De Wever si Bruxelles/Brussel et la Wallonie pouvaient conserver le nom Belgique.
    Ce faisant, si la Flandre absorbait Bruxelles, elle endosserait l’héritage belge !
    Si la Wallonie endossait l’héritage belge, elle rebuterait Paris qui a un intérêt géostratégique et économique à mettre la main sur l’axe fluvial Sambre-Meuse afin de compléter l’édification du canal Seine-Nord.
    La France détiendrait un avantage certain à relier le port du Havre et celui de Dunkerque au Rhin en traversant la Wallonie d’ouest en est !
    Futés les Wallons ? Pas certain ! Ils jouent avec le feu…

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  4. « La vie à quatre, c’est mieux ( La Libre Belgique du 27/09/2021) »

    NDLR: Il paraît pour certains que la polygamie a du charme. Plus sérieusement, la question a déjà été débattue entre PS et NVA et n’a pas été rejetée avec perte et fracas par Bart De Wever.

    « Au PS, Paul Magnette et un nombre croissant de leaders wallons défendent le principe d’une « Belgique à quatre », composée de l’État fédéral et de quatre Régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles et une Région germanophone à créer). »

    NDLR: Ne devient-il pas urgent de rebaptiser l’actuel Etat belge en  » Royaume confédéré de Belgique » ? Cela aurait enfin un sens pour expliquer au monde diplomatique que les Saxe-Cobourg règnent sur trois peuples très différents.

    « Les Communautés, elles, disparaîtraient. »

    NDLR: Si dans l’actuel cadre institutionnel de l’Etat belge les communautés, inventées voilà 50 ans, disparaissent, rien n’interdit aux Flamands (Brussel waar vlamingen thuis zijn. Nooit vergeten !) et à la Collectivité francophone de créer des organes communautaires tenant compte d’ailleurs du patchwork humain qui compose l’actuelle Région de Bruxelles.

    « Ce schéma prend de l’ampleur dans les discours politiques depuis quelques années – surtout au PS, parfois au MR, moins dans les autres partis. Il a, selon eux, le mérite de la clarté et de la simplicité. « C’est le sens de l’histoire », clame un socialiste. »

    « Dans les faits, cependant, cette vision est loin de faire l’unanimité.
    La demande vient surtout de régionalistes wallons. »

    « À Bruxelles, tous partis confondus, on ne veut pas si rapidement se priver des investissements réalisés par les Communautés, en particulier la Flandre, sur le territoire régional.  »

    NDLR: Maintenant, nous savons que pour les Bruxellois le sens profond du substantif « communauté » signifie « FRIC » ! Leur voracité étant directement proportionnelle à leur vanité que les Wallons peuvent s’endetter jusqu’au cou pour leurs beaux yeux.

    « Et les partis flamands, à quelques nuances près, n’imaginent pas une seconde abandonner l’influence directe qu’exerce la Flandre sur le développement de Bruxelles. »

    NDLR: Les Flamands auraient tort de ne pas insister d’autant plus que le monde politique bruxellois ( tous partis confondus) plaide pour un enseignement bilingue et pour un bilinguisme patriotique unificateur.

    « Enfin, la complexité des institutions belges est la conséquence des équilibres communautaires dont il a fallu tenir compte. Toucher aux institutions, c’est remettre en cause ces équilibres. »

    NDLR: Erreur, les équilibres d’il y a 50 ans deviennent aujourd’hui des causes d’embarras ! Les temps changent.

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  5.  » Pour soutenir la Région wallonne dans la reconstruction des zones sinistrées, le fédéral veut bien accorder un prêt s’élevant à 1,2 milliard d’euros. »
    « Il s’agit donc d’un prêt, et non d’un don comme naïvement espéré par Thomas Dermine et Elio Di Rupo. » (…) « La Wallonie devra donc rembourser ce prêt au taux du marché alors qu’elle a déjà une dette abyssale et que les agences de notation sont tentées de dégrader la Wallonie dont la crédibilité budgétaire est plombée. »
    (…) (…) « En effet, la compétence sur le fond des calamités est régionalisée. Et la loi de financement ne permet pas au fédéral d’aider une région sans contrepartie en cas de catastrophe naturelle. D’où la naïveté de nos deux compères du PS. » (…) (…) (…)  » (RWF, 30/09/2021)
    Le Gouvernement de la Flandre a répondu à la Wallonie de la même manière que le Fédéral.
    Logique !
    Que fallait-il attendre de responsables politiques nationalistes, confédéralistes ou fédéralistes flamands ?
    La Belgique de Papa n’est-elle pas morte et enterrée depuis Gaston Eyskens ?
    La déraison et l’aveuglement des politiques wallons vont-ils encore perdurer longtemps ?
    Contrairement au capitaine du Titanic, personne n’a donné l’ordre aux gouvernements successifs wallons de foncer dans l’iceberg de l’obsession Belgique.
    Entre-temps la population de Wallonie s’attendrit à la venue de secouristes volontaires en provenance de régions frontalières de Flandre en oubliant ceux venus de France, d’Allemagne, des Pays-Bas
    Il serait, d’ailleurs, bienvenu que le Gouvernement wallon par la voix de son Président Elio Di Rupo remercie officiellement tous ces courageux bénévoles dont les pays ne furent pas épargnés par les éléments naturels déchaînés.
    Plus, un geste symbolique du Gouvernement wallon pour les sinistrés de la Vallée de la Roya , cette vallée française blessée comme certaines de nos villes et localités wallonnes, serait du meilleur effet.
    Il ne faut pas oublier que des privés français ont livré gratuitement des meubles pour nos sinistrés ( vu au journal télévisé de Bel RTL).
    Nous pourrions faire un geste ! Ce serait la moindre des choses.
    Mais peut- être qu’aider des Français froisserait la Belgique ?

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