Lettre ouverte aux amies et amis de l’école

Par Pierre HAZETTE, ancien Ministre de l’Enseignement, membre de l’AWF

Le tocsin est une sonnerie de cloches, répétée et prolongée pour donner l’alarme.
Le tocsin sonne dans le ciel wallon.

La société mérite un regard lucide sur l’enseignement

Depuis 1989, notre enseignement paye un lourd tribut au refus des responsables politiques de tous niveaux de lui fournir les crédits budgétaires nécessaires à ses missions et les réflexions prospectives appliquées à un monde qui change.

Il souffre d’une hypocrisie langagière qui ne peut plus dissimuler la catastrophe qui se dessine à l’horizon des familles francophones de Belgique.

Il n’y a plus place, en dehors de discours fallacieux, pour l’excellence dans notre politique éducative.

Il n’y a plus d’ambition affirmée de recoller au peloton des nations qui se situent parmi les plus performantes en matière d’éducation et d’enseignement.

  • C’est vrai dans l’enseignement obligatoire. Les enquêtes PISA le démontrent à intervalles réguliers depuis deux décennies et les résultats de notre CEB le démontrent en cette fin juin.
  • C’est vrai dans le classement de nos universités dans la compétition mondiale. La récente publication fait froid dans le dos.
  • C’est vrai dans la carence de techniciens ou d’ouvriers qualifiés au niveau attendu par les entreprises. Les chiffres de l’emploi qualifié en attestent.
  • C’est vrai dans l’indigence des données qui devraient permettre de mesurer au plus près de la réalité les déficits cumulés dus aux pertes d’heures de cours imputables à la pandémie ou à la pénurie d’enseignants.
  • C’est vrai dans l’indifférence avec laquelle les pouvoirs réagissent à cette pénurie à tous les niveaux de l’enseignement.

L’impossibilité avouée d’organiser les examens de fin d’année par manque de professeurs n’a provoqué qu’un léger frémissement.

Osons pourtant la question qui fait mal : comment dans ces conditions organiser la prochaine année scolaire et les suivantes, si l’on admet que la pénurie ne disparaîtra pas par l’effet d’une déclaration ministérielle euphorisante ou la sacralisation du Pacte d’excellence ?

Osons aussi écouter de grandes voix ! Edgar Morin, par exemple. En2014, déjà : « Le système éducatif est devenu tout à fait inadéquat pour l’ensemble des jeunes quels que soient leur origine ethnique, leur milieu social ou leur parcours de vie. » C’est ici que je stigmatise la carence des réflexions prospectives.

Ils veulent des smartphones. Offrons-leur des tablettes.

En fait, n’est-il pas inadéquat le système qui interdit les smartphones à l’école, comme si, une fois franchies les grilles, l’enfant, l’adolescent entrait dans un monde qui n’est plus le sien ?

François Rastier, ancien directeur du CNRS, élève le débat : « Le dialogue homme-machine recèle des enjeux philosophiques qui dépassent le simple besoin d’interfaces agréables. » Il faut, écrit-il, imaginer chaque école partageant l’accès à un système gigantesque, capable d’emmagasiner un nombre incalculable de données ; parmi celles-ci et pour chaque discipline, à chaque niveau d’étude, l’équivalent d’un manuel scolaire.

Le professeur appelle, sur le tableau interactif, le développement de sa leçon. L’élève le suit sur l’écran de sa tablette. Le système travaille par phases et, à chaque pause, teste la compréhension de l’élève par une succession de questions et réponses, celles-ci immédiatement évaluées. Le dialogue entre le système et l’apprenant est permanent et peut se poursuivre en dehors de l’enceinte scolaire.

Sur son ordinateur, le professeur est informé des progrès de chaque élève, des difficultés de compréhension des uns, de la démotivation de certains, des performances de chacun aux tests d’exploitation des acquis.

Il y a du profit à tirer de cette pédagogie attentive à prévenir la durée de vie d’une erreur, d’autant que dans la relation avec l’ordinateur, l’élève est à l’abri des jugements moqueurs et des appréciations qui font mal.

Nous sommes de plain-pied dans l’application de l’Intelligence artificielle à l’enseignement. Sous un titre incontournable « L’urgence de préparer les enseignants d’aujourd’hui pour l’école de demain. », T. Karsenti dénombre 26 avantages du passage à l’IA dans l’enseignement. Il cite notamment la transformation de l’enseignant en facilitateur d’acquisitions et en coach du groupe classe. Il lui promet l’allègement de tâches administratives comme la confection des bulletins.

La formation initiale et en cours de carrière des enseignants dépasse de beaucoup la simple découverte du PC, l’initiation au traitement de texte et l’utilisation d’un moteur de recherche. Il s’agit d’intégrer l’IA dans la pédagogie et la méthodologie, tout en veillant à protéger l’apprenant de toute immixtion commerciale ou malveillante dans son dossier individuel dont l’accès lui est strictement réservé ainsi qu’à son maître, à la direction et à ses parents.

L’organisation de notre enseignement est prisonnière du passé

Un exemple : l’article 24 de la Constitution commence par cette phrase : « L’enseignement est libre. Toute mesure préventive est interdite. »

L’interdiction des mesures préventives est un souvenir du combat de l’épiscopat belge contre la volonté de Guillaume d’Orange de vérifier que les programmes d’enseignement étaient bien conformes à l’intérêt général. Cette ingérence du pouvoir royal dans la liberté revendiquée par l’Église contribua à la dislocation des Pays Bas et à la naissance de la Belgique. Cette interdiction des mesures préventives résistera à la révision constitutionnelle de 1988. Nous n’aurions donc aucun moyen constitutionnel de nous opposer, à titre préventif, au projet d’une secte de talibans d’ouvrir une école à Bruxelles !

C’est dire le poids de l’histoire dans l’organisation de notre pays.

Nous avons donc toujours un pouvoir central, celui de la Communauté Wallonie-Bruxelles, les pouvoirs provinciaux, les autorités communales, l’enseignement privé, majoritairement catholique, mais aussi juif, philosophiquement neutre, ou familial.

Ajoutons que la formation des apprentis relève de la responsabilité des Régions.

C’est donc sous ce parapluie politico-administratif que nous organisons notre enseignement, avec l’insuccès que l’on sait.

Observons d’abord que le clivage des pouvoirs organisateurs constitue un obstacle infranchissable au partage d’infrastructures : halls ou terrains de sport, laboratoires, salles de spectacles…

Plus grave encore : en ces temps de pénurie d’enseignants, pas de stimulation à établir des échanges de professeurs entre établissements de réseaux différents.

L’idée surgit, dès lors : et si on renversait la table !

À y regarder de près, qu’est-ce que l’école ?

Dans l’enseignement obligatoire, c’est l’établissement choisi, par les parents, à distance raisonnable du domicile, pour apporter les connaissances nécessaires à l’enfant, puis à l’adolescent afin qu’il s’intègre dans la société et s‘y épanouisse pleinement.

La première démarche parentale est le contact établi avec la direction de l’école. Ce contact, s’il aboutit à une inscription, c’est la conclusion d’un contrat de collaboration : l’école enseigne et éduque ; la famille coopère en soutenant les exigences de l’école et en assumant sa part naturelle dans l’éducation.

La direction de l’école, c’est une personnalité et une équipe motivées par la volonté de réussir la mission d’éducation qu’ils ont décidé d’assumer.

L’intérêt de la société tombe sous le sens : elle a besoin de femmes et d’hommes bien formés à tous les niveaux de l’enseignement et jusqu’à l’octroi du diplôme. La solidarité, socle de la société occidentale, se nourrit des compétences que, les unes après les autres, les générations déploient pour elles-mêmes et pour les autres, celles qui les précèdent et elles qui les suivent.

La société investit sagement dans le processus éducatif.

Est-ce pour autant que l’école doit abandonner les rênes à un pouvoir tutélaire, pointilleux, intrusif, distant, maître des méthodes pédagogiques, contrôleur des faits et gestes des acteurs de l’éducation ? La question révèle les dérives et abus dont souffrent aujourd’hui la profession d’enseignant, l’exercice des fonctions de direction dans les écoles, ainsi que les familles en proie à un malaise croissant, quand surgissent les signes précurseurs du décrochage scolaire.

Le pouvoir tutélaire, c’est-à-dire, fournisseur des moyens nécessaires à l’exercice réussi de la mission d’éduquer, est responsable de l’équité et de la bonne utilisation des crédits ; il est aussi tenu de veiller à l’homogénéité des programmes et de la définition des compétences maîtrisables en fin de cycle. Il fournit en permanence des indications sur les besoins du marché du travail et invite les écoles à répercuter l’information vers les familles.

Renverser la table, c’est instaurer la confiance.

Confiance des parents dans la volonté des équipes éducatives d’agir en tout état de cause pour le bien des enfants qui leur sont confiés.

Confiance des élèves dans le professionnalisme des enseignants et éducateurs qu’ils fréquentent tous les jours.

Confiance au sein des équipes qui savent qu’un appui et une aide sont disponibles auprès de la direction, dont le titulaire aura ajouté à son master, une formation en management scolaire.

Confiance du pouvoir, résolument affirmée, en des équipes de direction et d’éducation, qui seront évaluées en fonction du seul critère qui compte : la réussite des élèves aux épreuves externes organisées à intervalles réguliers.

Une stratégie du mieux : les synergies scolaires

Il ne faut pas dissoudre l’autorité ; il faut, au contraire, la responsabiliser et la rapprocher de tous les acteurs de l’éducation.

C’est pourquoi, à côté de l’équipe de direction de l’école, dans l’enseignement obligatoire, prendra place un organe consultatif formé d’enseignants et de parents, choisis par leurs pairs, qui coopteront quelques cadres de la société civile. Les organisations syndicales y seront représentées. Cet organe prendra la place des P.O. de l’enseignement libre ou des conseils de participation de l’enseignement officiel.

Les options actuellement offertes dans le secondaire, aussi bien général que technique ou professionnel, tant elles sont variées, ne pourront être organisées partout. C’est au conseil consultatif, en lien avec les autres conseils des établissements de la zone, qu’il reviendra d’orienter la décision de la direction.

Dans le fondamental, la nécessité d’ouvrir les yeux des écoliers sur l’enrichissement personnel tiré de l’intelligence de la main, conduira à chercher ensemble les artisans ou techniciens, actifs ou pensionnés, qui illustreront, pendant des temps libres ou libérés, la beauté du geste et contribueront à rendre à l’enseignement qualifiant le statut qu’il a malencontreusement perdu.

On pourrait multiplier les exemples. Qu’il suffise de dire que le but sera atteint quand dans nos villes de moyenne importance, des études en immersion en néerlandais, anglais, allemand, espagnol, etc., auront été rendues possibles parce que la synergie s’est imposée, à la faveur d’un consensus intelligent.

« Et les cours de religion et morale ? », objectera-t-on. Osons partout un cours de philosophie que chaque école orientera en fonction des desiderata avec, s’il échet, des transferts ponctuels d’un établissement à l’autre, transferts d’ailleurs facilités dès lors que l’IA permettra les raccordements à la demande. Les cours de religion, proprement dits, incomberont aux représentants des cultes reconnus dans les lieux qu’ils désigneront.

Dans ce nouvel univers, où l’école retrouve et suscite la sympathie, initie des collaborations, associe les parents, la communauté éducative se formera naturellement et des synergies se manifesteront à la demande de la direction ou des enseignants. Un professeur absent ne signifiera plus l’envoi d’une classe à l’étude. Grâce à l’Intelligence Artificielle, le cours sera donné et un assistant d’éducation, répondant à l’appel de la direction, maintiendra une présence adulte nécessaire dans un groupe d’élèves.

Il est indispensable de penser l’organisation de l’enseignement obligatoire dans la perspective d’une pénurie d’enseignants qui n’est pas près de disparaître.

Il faut aussi investir dans les murs et les espaces de jeux

La décision récente de répartir entre les pouvoirs organisateurs les crédits européens en faveur des constructions scolaires a fait renaître le conflit interminable entre les responsables de l’enseignement libre et les autorités publiques. Le gouvernement fait valoir qu’il doit prioritairement se soucier des infrastructures dont il est propriétaire. Les organisateurs privés, responsables d’une activité juridiquement considérée comme d’intérêt public, font état de l’égalité coulée dans la Constitution pour réclamer une part plus équitable de moyens.

La solution ne résiderait-elle pas dans un droit d’emphytéose de 99 ans, renouvelable, que l’épiscopat et les congrégations concéderaient au pouvoir public, la Région, par exemple, en échange des crédits d’investissement dans les infrastructures scolaires ?

Mais, ne nous leurrons pas : investir signifie mobiliser des crédits à des fins déterminées.

Dans notre contexte, ces fins sont identifiées :

  • il faut équiper les écoles des infrastructures et moyens modernes nécessaires à l’accomplissement de sa mission ;
  • il faut revaloriser moralement et pécuniairement la fonction enseignante. Moralement, c’est par la confiance restaurée qu’on y arrivera. Pécuniairement, c’est là le nœud du problème ;
  • il faut remettre en question les dépenses qui ne sont pas d’une nécessité avérée. La régionalisation a supprimé l’institution provinciale dans la région bruxelloise. La Wallonie ne libérerait-elle pas du personnel et des moyens budgétaires si la Région y prenait les commandes ? Ne trouverions-nous pas dans nos universités des experts capables de dessiner une administration moins pléthorique dès lors que les établissements gagneraient en autonomie ?

L’interpellation relève de la responsabilité politique.
La question du besoin d’école est une interpellation citoyenne.

Août 2022.

Le revirement inconséquent de Paul Magnette

Par Jules Gheude, essayiste politique

Paul Magnette, le président du PS, a accepté que son parti entre dans la coalition Vivaldi au départ d’un accord qui stipule notamment :

Au cours de la prochaine législature, le gouvernement entend apporter une contribution importante à la modernisation, à l’augmentation de l’efficacité et à l’approfondissement des structures de l’Etat. Le gouvernement lancera un large débat démocratique sur ce sujet, impliquant notamment les citoyens, la société civile et les milieux académiques, ainsi qu’un dialogue entre les représentants politiques. L’objectif est une nouvelle structure de l’Etat à partir de 2024 avec une répartition plus homogène et plus efficace des compétences dans le respect des principes de subsidiarité et de solidarité interpersonnelle. Cela devrait conduire à un renforcement des entités fédérées dans leur autonomie et du niveau fédéral dans son pouvoir.

Deux ministres, Annelies Verlinden (CD&V) et David Clarinval (MR), sont chargés de mener cette mission à bon port.

Or, voilà que Paul Magnette change son fusil d’épaule. Dans une interview accordée au « Soir, le 18 juin, il déclare, en effet :

Une septième réforme de l’Etat en 2024 n’est ni nécessaire ni souhaitable. Parce que la Wallonie a les compétences nécessaires pour travailler à son redressement, contrairement au passé.

Le président du PS, qui avoue n’avoir jamais été amoureux de l’institutionnel, ajoute néanmoins : Pour moi, un jour, un fédéralisme à quatre Régions, je pense que ce serait plus simple que le système existant. Mais j’ajoute tout de suite que quand je dis « quatre Régions », cela ne veut pas dire la disparition des solidarités Wallonie-Bruxelles. Dans mon esprit, même s’il y a quatre Régions, la Wallonie et Bruxelles reforment ensemble une Fédération et gèrent en commun l’enseignement, l’enseignement supérieur, la culture, l’audiovisuel, la recherche…

On imagine sans peine la surprise du premier parti de Flandre, la N-VA, dont le président Bart De Wever pensait avoir trouvé en Paul Magnette le partenaire idéal pour mettre œuvre de nouvelles structures institutionnelles en 2024.

D’autant que l’attitude du président du PS s’apparente à une véritable provocation à l’égard du Nord du pays :

Ah, la N-VA va tomber de sa chaise, tant pis, j’espère qu’ils ne sont pas assis trop haut… Que voulez-vous que je vous dise ? Le CD&V pareil. Quant aux provocations de l’extrême droite, ils disent qu’ils feront une déclaration unilatérale d’indépendance, mais qu’ils le fassent ! Que M. Van Grieken le fasse, il sera juste ridicule. Il ne sera même pas suivi par les autres Flamands. Et à supposer qu’ils le suivent, la Wallonie et Bruxelles peuvent parfaitement être viables ensemble. Les Flamands doivent comprendre que si un jour ils font une déclaration d’indépendance, ce sera sans Bruxelles. Ça, définitivement, ce sera sans Bruxelles. Ils peuvent faire une Flandre indépendante avec un gros trou au milieu s’ils le veulent, et se priver de la capitale de l’Europe. Les provocations de l’extrême droite me laissent de marbre.

Paul Magnette n’est pas à une incohérence près. N’est-ce pas lui, en effet, qui, en 2016, affirmait que sans enseignement et sans culture, le Wallonie est comme eunuque ?

Ainsi, selon lui, une septième réforme de l’Etat en 2024 n’est ni nécessaire ni souhaitable. Parce que la Wallonie a les compétences nécessaires pour travailler à son redressement, contrairement au passé.

Sauf que l’on ne compte plus les plans de redressement wallons qui ont été lancés depuis vingt ans, sans que la Région parvienne à décoller… Une évolution qui a amené la Flandre à remettre en cause le principe de solidarité financière.

Hormis le Brabant wallon, qui bénéficie de l’hinterland bruxellois, les provinces wallonnes stagnent pour ce qui est du PIB. Pour une moyenne européenne se situant à 100, la Hainaut est à 76, dix points en dessous du Nord-Pas-de-Calais, le pays dit des corons…

Alors que feu Xavier Mabille, président du CRISP, déclarait en 2007, en parlant de l’hypothèse d’une disparition de la Belgique, hypothèse dont je dis depuis longtemps qu’il ne faut en aucun cas l’exclure, Paul Magnette prend cela à la rigolade.

On voit mal comment une avancée institutionnelle pourrait intervenir au lendemain des élections législatives de 2024 – encore faut-il que la Vivaldi puisse atteindre l’échéance ! -, tant les positions divergent au Sud et au Nord (fédéralisme vs confédéralisme).

Une chose est sûre : la Flandre n’est plus une entité fédérée, mais une véritable Nation.

Les derniers sondages indiquent que les deux partis indépendantistes flamands, la N-VA et le Vlaams Belang, pourraient disposer d’une majorité absolue au Parlement flamand, ce qui permettrait à leurs représentants de proclamer unilatéralement l’indépendance de la Flandre. Paul Magnette rejoint ici ceux qui prétendent que seule une petite partie des électeurs de ces deux formations souhaitent vraiment un tel scénario. Mais les autres ne sont-ils pas censés voter en connaissance de cause ?  Ils ne peuvent ignorer que les partis de Bart De Wever et de Tom Van Grieken prônent l’avènement d’une République flamande. Ils doivent donc assumer l’entière responsabilité de leur vote !

Rien à voir ici avec le scénario catalan. Le pouvoir central à Bruxelles serait d’une telle faiblesse qu’il ne pourrait rien empêcher. Quant à l’Union européenne, il ne pourrait qu’acter le divorce belge.

Pas de panique !, ajoute Paul Magnette, la Wallonie et Bruxelles peuvent parfaitement être viables ensemble.

Et revoilà le WalloBrux !

Il faut être deux pour danser le tango. Or, une étude réalisée en 2013 par Rudi Janssens, chercheur à la VUB, indique que 73,9% des Bruxellois souhaitent l’autonomie en cas de disparition de la Belgique. Seuls 4,6% optent pour une association avec la Wallonie, et 4% avec la Flandre. Cela montre que les Bruxellois sont profondément attachés à leur spécificité.

Il y a aussi le fait que l’on est confronté à des espaces géographiques de taille et de morphologie totalement dissemblables. D’un côté, une Région-Capitale de 161,4 km2, de l’autre, une Région wallonne de 16.844 km2, trois fois plus peuplée.

Par ailleurs, Wallons et Bruxellois constituent des populations sociologiquement distantes, avec des sensibilités souvent différentes.

Enfin, élément majeur, l’absence d’unité territoriale, Bruxelles étant enclavée en territoire flamand, qui serait alors un territoire étranger. De quoi rallumer le feu en ex-Yougoslavie ! Car si Wallons et Bruxellois peuvent composer un Etat de la sorte, on ne voit pas pourquoi la Serbie ne ferait pas de même avec la Republika Srpska de Bosnie.

Comment organiser les pouvoirs et fixer le poids respectif de Bruxelles et de la Wallonie au sein de ce nouvel Etat, qui ne constituerait en aucun cas une nation ? Opterait-on pour le principe de l’égalité (Bruxelles = Wallonie) ou celui de la proportionnalité (Wallonie > Bruxelles) ? Déjà, au sein de la Belgique actuelle, Wallons et Bruxellois sont dans l’incapacité de se constituer en entité unifiée.

On voit mal aussi comment la Communauté internationale pourrait reconnaître une personnalité juridique identique à cette nouvelle Belgique qui, privée de la Flandre, offrirait un visage substantiellement différent de celui de l’Etat prédécesseur.

En droit international, l’Etat successeur est comme un nouveau-né, vierge de tout traité international. C’est le principe de la « tabula rasa ». Une adhésion de plein droit de la « Belgique résiduelle » aux traités qui liaient l’ancienne Belgique pourrait donc être juridiquement contestée. On a vu, par exemple, que la « petite Yougoslavie » ou « Yougoslavie continuée », composée de la Serbie et du Monténégro, a dû demander sa réadhésion à l’ONU dès septembre 1992.

La dernière interview de Paul Magnette se caractérise par une totale inconséquence.

AVIS IMPORTANT DE LA TRESORERIE de notre ALLIANCE WALLONIE FRANCE.

Plusieurs affiliés ou sympathisants ne sont pas – plus – en mesure de recevoir la petite carte de preuve de paiement d’une cotisation (retour postal du courrier de la Trésorière).

S’ils se reconnaissent dans cet avis, pourraient-ils envoyer leur nouvelle adresse postale ET informatique à notre ami Paul Mélot (paulmelot1@gmail.com).

Merci d’avance et bien cordialement.

Renée DECROISSON, Trésorière.

André Dumont est décédé

Un des plus anciens militants de la cause wallonne et réunioniste nous a quittés à l’âge de 95 ans : André DUMONT. Il était vraisemblablement le plus ancien participant au Congrès wallon de 1945 encore en vie puisqu’il y accompagna son papa René; âgé alors de 18 ans, il en était sans doute aussi l’un des plus jeunes militants. Notre président honoraire, Paul DURIEUX, lui remit, il y a quelques années, un coq wallon de cristal lors d’une assemblée générale à Liège, au Palais des Congrès.

Outre sa défense inconditionnelle de la Wallonie, il créa en 1960, avec quelques amis, le mouvement international de chorales « à cœur joie international » regroupant des centaines de milliers de militants du chant et de la paix à travers le monde.

Infatigable porteur de projets, dont l’union de notre Wallonie à la France, il fut également président des commerçants de Charleroi et de l’union des classes moyennes du Hainaut.

Nous partageons la peine de son fils Patrick, membre éminent du Bureau exécutif et du Conseil général de notre ALLIANCE WALLONIE France.

Les funérailles d’André DUMONT seront célébrées au Temple protestant de Charleroi, ce mardi 31 mai à 10h15.

Georges-Henry Simonis est décédé

L’Alliance Wallonie France apprend avec grande tristesse le décès de notre ami et affilié Georges-Henry SIMONIS, docteur en droit et magistrat honoraire, à l’âge de 74 ans, le 20 mai 2022. (Les obsèques auront lieu ce mercredi 25 mai, à 10h, à l’église de Gourdinne.)

A sa compagne et à sa famille, notre salut fraternel et nos très sincères condoléances. Nous nous souviendrons de la pertinence de ses prises de paroles, de son engagement sans faille à la cause wallonne et de son vif souhait de voir rejoindre cette chère Wallonie à la Nation française qu’il aimait tant…

Les inquiétudes de Claude Eerdekens

Le démantèlement de la Belgique est un processus lent, certes, mais, de réforme en réforme et de renoncement en renoncement, il n’est pas sûr du tout que les inévitables concessions faites à la Flandre pour retarder le moment de la séparation, soient de nature à garantir le meilleur avenir possible à la Wallonie et à ses habitants.

Voici un quart de siècle, Claude Eerdekens, alors chef de groupe socialiste à la Chambre, avait électrisé l’assemblée en déclarant que, face à la pression flamande, la Wallonie avait une autre option que de céder au chantage permanent d’une Flandre à la fois plus riche, plus nombreuse et plus consciente de ses intérêts, déjà pressée de couper le cordon (et surtout les cordons de la bourse) avec une Belgique francophone dans laquelle elle ne se reconnaissait pas.

Dès que la Belgique est devenue officiellement fédérale, en 1993, les plus hautes autorités flamandes ont réclamé le confédéralisme et la pression sur la sécurité sociale est allée crescendo, avec l’image insupportable d’une Flandre qui serait la vache à lait de la Wallonie. C’est ce genre de discours, cette accusation de défendre un fédéralisme de consommation qui, le 10 juillet 1996, fit sortir Claude Eerdekens de ses gonds. « Si vous voulez que la France se trouve aux portes de Bruxelles… », a-t-il lancé. Suffisant pour produire un emballement médiatique…

Presque vingt-six ans plus tard, le démantèlement de la Belgique se poursuit. Une 7e réforme de l’Etat est annoncée pour 2024. Claude Eerdekens nous a autorisés à publier ce qui suit.

« Il est évident que 2024 est une échéance particulièrement inquiétante.

« Comme Jules Gheude l’a exprimé début mai 2022 dans « Le Monde », un succès des partis nationalistes flamands, NVA et Belang, pourrait aboutir à ce que les Flamands partisans de l’indépendance de la Flandre soient demain majoritaires à la Chambre.

« Il y a par contre d’autres éléments qui doivent être pris en considération. Ils me font penser que le pire serait à venir.

« 1°) La Flandre est l’une des régions économiquement les plus prospères d’Europe.

« 2°) La Wallonie tente de se redresser. Toutefois, le niveau d’emplois n’est pas suffisant, malgré certains succès remarquables enregistrés dans des entreprises de pointe en lien avec nos universités.

« 3°) La santé financière très périlleuse de la FWB pourrait mettre en péril les finances wallonnes.

« Les Wallons et les Bruxellois francophones perdent de vue qu’en Belgique, les pensions des enseignants des trois régions et communautés sont payées par l’Etat fédéral. Il est vraisemblable qu’à terme, les Flamands puissent exiger que chacun doive assurer le financement des pensions.

« D’ici quelques années, sauf redressement et miracle à venir, la situation financière de la Communauté française deviendra intenable. Tout le monde en est conscient.

« 4°) Les Gouvernements actuels, tétanisés par la progression des extrémistes, le Belang en Flandre et les communistes en Belgique francophone, font tourner la planche à billets dans une course éperdue pour éviter le pire. Un jour, il faudra malgré tout rembourser cette dette à tous les créanciers de nos pouvoirs publics.

« 5°) Les pouvoirs communaux sont proches de la déconfiture par des transferts de charges du Fédéral vers le local qui épuisent ce que j’appelle « le baudet communal ».

« 6°) Les dépenses des zones de police, des zones de secours explosent.

« 7°) Au 1er janvier 2021, la perception du précompte immobilier a été régionalisée.

« L’indexation des salaires, heureusement pour le personnel communal en fonction de la hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie, fait exploser les coûts salariaux des communes, de même que la facture énergétique.

« Les unes après les autres, les communes wallonnes vont tomber en faillite.

« Je ne pressens rien de positif pour l’avenir, même si par nature je suis optimiste.

« Il serait du devoir de tous les politiques d’oser dire la vérité aux citoyens sur la gravité de la situation financière de notre Pays, de la Région, de la FWB et de nos communes et provinces.

« En conclusion, je partage le sentiment qu’en 2024 et dans les années qui suivront, face à la progression des indépendantistes en Flandre, la situation des Wallons et des Bruxellois francophones sera de plus en plus inconfortable dans notre Pays.

« On va devoir terriblement se retrousser les manches et faire preuve d’imagination. Personne à ce stade n’est en mesure de prédire l’avenir. »

Jules Gheude dans le Monde

Cela fait plus de 30 ans que Jules Gheude, ancien collaborateur de François Perin, dont il revendique l’héritage, s’emploie à étayer, dans les médias, le choix sinon la nécessité d’une réunion de la Wallonie à la France.

Il vient de signer une tribune dans le journal français Le Monde, auquel nous renvoyons nos lecteurs :

https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/05/07/et-si-en-2024-la-wallonie-devenait-francaise_6125096_3232.html

Le gouvernement fédéral sonde les citoyens

En vue d’une éventuelle septième réforme de l’Etat (en 2024, soit demain), le gouvernement fédéral a créé une commission chargée de cette matière. Les vice-premiers ministres Clarinval (MR) et Verlinden (CD&V) en sont les responsables.

Une grande opacité règne dans les travaux de la commission, signe que tout ne semble pas aller sur des roulettes ! En manque d’idées (?), la commission joue à son tour le jeu d’une consultation des citoyens, de la société civile, des milieux académiques et des autorités locales… à défaut de vouloir lancer et organiser un référendum d’initiative populaire.

Après un premier appel, un site vient de voir le jour : unpayspourdemain.be.

Nul doute que les membres et sympathisants de l’Alliance Wallonie France exprimeront leur avis réfléchi relatif aux besoins et nécessités d’une Wallonie bien malmenée dans ce qu’on persiste à appeler un « Etat ».

Sondages

En 2012, l’Alliance Wallonie France avait donc organisé un vote populaire sur les marchés de l’agglomération liégeoise et au-delà – presque 5000 votants – relayé par le journal La Meuse.

Cette année, le média RTL-TVI a repris notre idée et nous inspire deux réflexions :

1) la politique française nourrit bien plus l’opinion publique belge que ce que l’on pense…

2) … ce qui réduit d’autant la « pertinence » d’une affirmation insidieusement distillée ici et là que la France ne serait bien vue que pour les vacances et à négliger pour le reste.

En bref, voici les résultats de ce sondage RTL-TVI (1635 personnes interrogées) :

a) pour l’ensemble de la Belgique : 1. Macron 54% 2. Le Pen 12% 3. Zemmour et Hidalgo 8% 4. Mélenchon 6% 5. Pécresse 1% etc… ;

b) en Flandre : 1. Macron 2. Le Pen 3. Hidalgo ;

c) à Bruxelles : 1. Zemmour 2. Mélenchon ;

d) en Wallonie : 1. Macron 2. Le Pen 3. Zemmour.

De son côté, l’A.W.F. récidivait en organisant sa propre consultation populaire (anonymat garanti et un seul vote permis par participant). Dès lors que la barre de publication avait été raisonnablement fixée à 3000 participations, et que ce nombre n’a pas été atteint, notre « sondage » n’a de valeur relative que pour les affiliés et sympathisants. Ils ont placé en tête Macron, suivi ex-aequo par Mélenchon et Zemmour.

Dans la foulée de ce qui précède, nous estimons, les mêmes causes produisant les mêmes effets, qu’il n’y a pas lieu de poursuivre la consultation en vue du deuxième tour de l’élection présidentielle. Ainsi, les participants qui ont volontairement manifesté leur souhait d’être contactés pour la suite seront évidemment joints et informés de nos décisions.

Quoi qu’il en soit, notre plus profond désir reste que la FRANCE, pays des lumières et de la tolérance, demeure calée sur les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité (et nous ajoutons pour notre mouvement : de pluralisme garant de la démocratie) et ne succombe pas aux extrémismes dont nous constatons hélas les ravages dévastateurs en Ukraine !

Vive la République, vive la France.

Cotisations 2022

Notre trésorière, Madame DECROISSON a été victime des inondations à Esneux. Les cartes d’attestation de paiement des cotisations d’affiliés et sympathisants sont parties dans l’Ourthe et viennent d’être réimprimées. Elles seront expédiées sous peu. Merci pour votre compréhension.

Pour celles et ceux qui n’auraient pas encore effectué leur versement, voici les modalités de paiement des cotisations pour l’année 2022 (ne pas oublier de mentionner votre adresse, trois nouveaux affiliés – qui se reconnaîtront – ne l’ont pas fait, il leur est demandé de se signaler en répondant à cet appel).

Compte BE26 0682 4499 3129 (BIC GKKBEBB) de l’A.W.F., 22 rue Fêchereux, 4130 Esneux (ou au compte « discret » BE55 0882 4070 0744).

 Soit 12 euros/an : allocataires sociaux, étudiants, retraités ou membre d’une même famille.

 Soit 24 euros/an : membre ordinaire

 Soit à partir de 30 euros : membre d’honneur (ou de soutien).

 Possibilité d’ordre permanent mensuel de 2.5, 5 ou 10 euros.

Grand merci d’avance ! Vous le savez, l’ALLIANCE WALLONIE FRANCE fonctionne sans aucun subside.

Le Conseil général.

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