Au début du mois de décembre, le député Herman De Croo (Open VLD) annonçait en direct, et non sans fierté, qu’il ne toucherait pas aux 376 000 € d’indemnité de départ auxquels il a droit. Sa décision faisait suite à la vague de critiques que s’étaient attirés, quelques jours plus tôt, le ministre flamand de la santé, Jo Vandeurzen (CD&V), et son collègue de parti Pieter De Crem annonçant leur retrait politique. Les deux hommes avaient indiqué qu’ils ne se priverait pas du joli bonus auquel ils avaient droit. Des sommes considérables qui ont indigné une partie de l’opinion publique flamande plus affectée par ce généreux régime de sortie que par la hausse des prix des carburants.
L’agence BELGA notait : » alors qu’au Sud, le mouvement des « Gilets Jaunes » a enflammé la presque totalité des provinces wallonnes, force est de constater qu’il a laissé la population flamande quasi indifférente.
« On ne vit décidément pas dans le même pays » entendait-on ici et là, en réaction à ce contraste. Cette affirmation devient de plus en plus difficile à contredire.
Les raisons mêmes de l’absence de contestation en Flandre illustrent les fortes disparités interrégionales. En Wallonie, les salaires sont moins élevés, les travailleurs bénéficient bien plus rarement d’une voiture de société et donc d’une carte essence, le réseau des transports en commun y est moins développé, les distances à parcourir sont plus élevées rendant souvent l’usage du vélo plus aléatoire, le parc automobile wallon est plus ancien rendant les véhicules diesel plus présents.
Au niveau médiatique, certaines rédactions flamandes ont donné l’impression de parler du mouvement wallon des « Gilets Jaunes » comme d’un sujet d’actualité internationale.
L’éditorialiste du site NEWSMONKEY, Wouter Verschelden, commente : » la Belgique francophone (sic, ndlr) est politiquement et culturellement une sorte de périphérie parisienne plutôt qu’une entité belge » (resic).
Le journaliste politique va jusqu’à évoquer un « manque d’identité belge » en Wallonie, une situation qui, selon lui, est due en grande partie à la manière dont les médias fonctionnent des deux côtés de la frontière linguistique, et à la différence de moyens financiers consacrés aux productions propres. Résultat : alors que les Flamands sont moins à l’écoute de ce qui se passe chez leurs voisins des Pays-Bas, les « francophones » ont toujours les yeux plus rivés vers la France, d’où provient le mouvement des « Gilets Jaunes ».
Wouter Verschelden pointe « l’absence d’émissions d’actualité de qualité en Wallonie et à Bruxelles » et constate que « le débat public en Belgique francophone est bien plus souvent mené depuis les studios parisiens qu’à Bruxelles ». Ces considérations ne manqueront pas de ravir les directions des médias public et privé francophone .
Le journaliste flamand termine comme suit : « si, en Belgique, les Communautés linguistiques semblent vivre dans des bulles politiques, économiques et médiatiques (j’ajouterai culturelles -ndlr) distinctes, les Flamands ne seront pas pour autant protégés des éventuelles conséquences de la contestation wallonne. Des retombées que les défenseurs de l’autonomie régionale en Flandre ne se priveront pas d’ajouter à leur liste d’arguments.
Pourquoi ce « semblent », M. Verschelden ? Les Régions, et non les Communautés linguistiques comme vous le mentionnez, vivent déjà dans des réalités (et non des bulles) politiques, économiques, médiatiques et culturelles différentes.
La seule question à se poser est la suivante : quand nos responsables politiques et sociétaux wallons voire bruxellois vont-ils avoir le courage de reconnaître cette évidence ? Quand auront-ils cette étincelle de courage ? Quand cesseront-ils de vivre la peur au ventre le regard tourné vers la Flandre ?
Le citoyen wallon a, inconsciemment, déjà franchi ce pas. Son attrait pour ce qui se passe en France est bien réel. Il lui reste à trouver des dirigeants qui emprunteront la route de tous les espoirs pour l’avenir de la Wallonie.
Saumane
Quel bonheur que de vous lire, Saumane, toutes vos observations et commentaires coulent comme du baume sur nos blessures :l « On ne vit décidément pas dans le même pays »; « la Belgique francophone (sic, ndlr) est politiquement et culturellement une sorte de périphérie parisienne plutôt qu’une entité belge » (resic). »; « un « manque d’identité belge » en Wallonie, ».
Près de deux cents ans de voisinage pour que certains Flamands constatent, ENFIN, que le royaume de Belgique n’est qu’un CENTRE DE RETENTION ou végètent deux peuples différents.
Quand un Germain en arrive là, cela signifie qu’il constate l’impossibilité de gagner la guerre rapidement et sans grands frais !
Héla, celai explique que Monsieur Reynders va défendre le « multilatéralisme » à New -York. Lui, comme la plupart des élus wallons, préfèrent n’être RIEN que de reconnaître la frontière linguistique comme une frontière d’Etat, entre deux sociétés humaines opposées, et la frontière de guerre entre Wallonie et France comme une incongruité artificielle imposée par L’EUROPE !
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1) D’abord, la propagande flamande dont ce journaliste flamand (Verschelden) se fait le relais fait tout pour casser les liens entre la Wallonie et la France.
C’est en fait une mise en garde envers les médias bruxellois (RTBF, RTL, Le Soir, La Libre,…) pour leur signifier qui doivent en faire d’avantage pour casser l’intérêt des Wallons envers la France.
Car l’objectif de la Flandre n’est plus une séparation pure et dure.
Mais plutôt, une séparation économique, sociale, culturelle, relations extérieures, avec en prime une colonisation des territoires wallons (Ardennes, différents zoning, s’approprier les eaux de sources etc..).
Parce que la Flandre veut le beurre et l’argent du beurre et en prime une alliance avec la Hollande pour créer un Grand Pays-Bas avec à sa tête 2 pays Hollande et Flandre et 2 régions administrées par les 2 premiers (Bxl et la Wallonie).
Évidemment, pour atteindre cet objectif, la Flandre et la Hollande, qui sont en manque de territoires et menacés par la montée du niveau de la mer, n’ont pas intérêt à ce que la Wallonie leur échappe en se rapprochant de la France ou en prenant son indépendance, d’où ce lobbying continu.
Un lobbying flamand qui peut compter sur les Bruxellois et surtout les médias bien bruxellois (RTBF, RTL, Le Soir, La Libre, La DH…) et même les médias dit wallons sous dépendance bruxelloise (Sud Presse lié au Soir et Vers L’Avenir lié à la Libre) qui en bon belgicains bruxellois, veulent garder Bxl au centre de la Belgïe et surtout Bxl au dessus de la Wallonie et des Wallons.
Ainsi depuis des années, les mots Wallons, Wallonie disparaissent du paysage audio-visuel. Les Wallons n’ont plus d’identités. Ils sont devenus des francophones (sous-entendus des non-Bruxellois, qui n’habitent pas Bxl, et qui parlent français).
Ceci, alors que les mêmes médias bruxellois (financés par les Wallons (RTBF)) se font porteur d’une identité bruxelloise toujours plus forte, plus imposante, plus régionaliste et toujours plus fière d’être bruxellois. Et ce au détriment de l’identité wallonne qui est carrément niée.
2) Ce journaliste flamand se garde bien de mentionner la grande différence de niveau de vie entre la Wallonie et la Flandre.
Une différence que les médias bruxellois nous cachent, car c’est un sujet tabou.
Jamais on ne nous explique qu’à travail égal, poste pour poste, même au sein d’une même entreprise, un salarié flamand sera mieux payé qu’un wallon.
On nous cache aussi aussi que les Flamands sont d’office favorisés à l’embauche et dans leurs carrières.
Enfin, la Flandre utilise les ressources de la Belgïe au profit exclusif de son économie et au détriment de la Wallonie.
Les relations extérieures pour attirer les investissement en Flandre. Le Boerenbond pour une politique en faveur des exploitations flamandes etc…
La Wallonie s’appauvrit. Et la charge des impôts locaux et régionaux devient de plus en plus lourdes sur le dos des travailleurs wallons qui déjà, souffrent de salaires plus bas que ceux de leurs collègues flamands.
Alors quoi de plus normal que le mouvement des gilets jaunes soit plus fort en Wallonie.
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Je n’en disconviens pas , Monsieur Roland, la Flandre a toujours tenu deux fers au feu. Elle ne s’en cache pas d’ailleurs. Le chantre de cette politique n’est autre que le CD&V ( ex- Katholieke Partij, ex- CVP) en bon héritier de feu le ministre Frans Vancauwelaert . C’est d’ailleurs ce qui irrite les grands pontes de ce parti quand ils doivent constater la montée en puissance de la NVA et la bonne tenue du VB. L’ADN nationaliste du CD&V ne cache que la désillusion de voir leur rêve Grand Néerlandais achopper à la frontière linguistique malgré la « belgitude » des politiques wallons. Toutefois, appauvrir la Wallonie n’est peut-être pas la bonne méthode pour la garder au sein du royaume de Belgique malgré des médias francophones collaborateurs dont les moyens financiers (heureusement) se réduisent malgré tout ?
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