Régionalisation de l’enseignement

Lu sur le site de la Libre Belgique ce 20 octobre 2015

Trois députés wallons plaident pour la régionalisation de l’enseignement

Une opinion de trois députés wallons (PS): Pierre-Yves Dermagne, Nicolas Martin et Christophe Collignon.

enseignementEn route vers la régionalisation des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La configuration institutionnelle de l’Etat belge a toujours minorisé la Wallonie. Il est indispensable de lui donner plus de moyens pour sa prospérité et son identité.

Comme chacun le sait, l’emploi et la situation économique et sociale constituent depuis longtemps les principales préoccupations des Wallons.

Si, dans notre Région, cette sensibilité est particulièrement forte, c’est qu’elle est le fruit d’une histoire qui a laissé des traces dans notre inconscient collectif.

En effet, le traumatisme qu’a constitué le déclin industriel, consécutif à une période de prospérité économique, a non seulement marqué les Wallons dans leur bien-être et leur cadre de vie, mais il les a aussi durablement complexés et affaiblis dans la perception qu’ils ont d’eux-mêmes.

Cette situation n’est pas le fruit du hasard mais résulte d’une configuration institutionnelle et politique qui a toujours minorisé la Wallonie, l’Etat belge exploitant ses avantages sans toujours lui donner le retour de sa contribution à la prospérité nationale.

Pour les centaines de milliers de travailleurs qui attendaient de l’Etat belge qu’il anticipe la reconversion industrielle de la Wallonie en réalisant des investissements publics indispensables ou en attirant les investissements étrangers, le sentiment d’abandon fut total.

Dominé par un CVP tout puissant durant plus de trente ans, l’Etat belge a ainsi largement contribué au miracle économique flamand qui n’en était pas vraiment un. Ainsi, 80 à 85 % des crédits publics nationaux destinés aux investissements autoroutiers, portuaires, aéroportuaires ou encore aux nouveaux zonings économiques ont été captés par la Flandre.

De la même manière, si l’on considère les investissements privés soutenus par l’Etat entre 1958 et 1960, seuls 8,6 % des 3,25 milliards de francs investis par les entreprises américaines – pour ne citer que cet exemple – l’ont été en Wallonie, à une époque où le dirigisme étatique signifiait encore quelque chose.

Ce faisant, l’Etat belge a affaibli de manière spectaculaire l’économie wallonne et surtout, ses travailleurs dont la force de travail était pourtant unanimement reconnue.

Besoins spécifiques de la Wallonie

Face à cette situation durement ressentie par la population wallonne, le mouvement syndical qui s’est soulevé durant l’hiver 1960 pour lutter contre les mesures d’économies gouvernementales a joué, sous l’impulsion de la FGTB d’André Renard, le rôle d’une véritable caisse de résonance pour le mouvement wallon.

Après de nombreuses années de combat politique, la création de la Région wallonne fut donc, avant tout, une réponse à une revendication populaire nourrie par la frustration de vivre dans un Etat qui n’a jamais su tenir compte des besoins spécifiques de la Wallonie et lui apporter les moyens de son développement.

Il faudra attendre 1980 et plus encore 1993 pour que la Wallonie dispose enfin d’une autonomie réelle et d’une capacité à mettre en œuvre une politique économique adaptée à ses besoins. Même s’il était déjà bien trop tard (le taux de chômage wallon atteint alors les 18 %), la Wallonie autonome engrange malgré tout de premiers résultats concrets : l’obtention des fonds européens par Guy Spitaels (qui joueront un rôle majeur dans la stratégie de reconversion wallonne), la mise en place d’une politique aéroportuaire wallonne par André Baudson, la finalisation des grands chaînons manquants au niveau des infrastructures puis, plus tard, le lancement du Contrat d’Avenir pour la Wallonie par Elio Di Rupo et celui du Plan Marshall par Jean-Claude Van Cauwenberghe et Jean-Claude Marcourt ont incontestablement contribué à redonner des perspectives aux Wallons.

Ainsi, chaque grande étape du combat wallon a été marquée par l’engagement du Parti socialiste. Sans lui, la Wallonie n’aurait jamais pu disposer des moyens de sa reconversion.

Aujourd’hui, dans une Belgique où les entités fédérées gèrent un budget équivalent à celui du pouvoir fédéral, dans un pays où l’identité flamande s’affirme chaque jour avec force, dans une Belgique où la place de Bruxelles et son statut de Région à part entière ne peuvent plus être remis en cause, il nous semble indispensable de donner plus encore aux Wallons les moyens de retrouver la prospérité tout en renforçant leur identité.

A l’évidence, les Wallons se doivent de définir un cap clair pour leur avenir.

Cet exercice commence par une clarification et une simplification des institutions francophones. Celles-ci auraient d’indéniables bénéfices tant en termes économiques qu’identitaires.

Le monde économique wallon est aujourd’hui en attente d’une politique éducative en phase avec ses spécificités, tout comme l’est le monde culturel.

Exemple du tourisme

C’est là le fruit d’une évolution logique et constatée partout : seules les régions disposant d’une identité forte et d’un lien étroit entre leurs politiques économique, éducative et culturelle peuvent assurer pleinement leur redressement.

Chez nous, l’exemple du transfert de la politique touristique de la Communauté française vers la Région wallonne et les autorités bruxelloises francophones l’a clairement démontré.

La Wallonie a ainsi pu investir pleinement dans ce secteur pour en faire un des outils de sa relance économique et de son renouveau urbain, tout en maintenant des liens étroits avec Bruxelles à travers l’ASBL « Wallonie-Bruxelles Tourisme ». Ce secteur représente aujourd’hui 5 % du PIB wallon et 60 000 emplois.

Au-delà de sa pertinence économique et de ses conséquences positives pour l’emploi, la régionalisation des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles aurait pour avantage de simplifier un paysage institutionnel peu lisible, empêchant le citoyen de s’identifier aux institutions qui le représentent.

La création de deux pôles régionaux forts et complémentaires, qui auront le devoir d’assurer ensemble la cohérence de leurs programmes scolaires et l’accessibilité de leurs institutions à tous les Francophones, est donc une évolution inéluctable de notre système politique.

Le PS doit, comme il l’a toujours fait, montrer le chemin à suivre et oser poursuivre l’engagement wallon qui ne lui a jamais fait défaut. Sa finalité doit être, comme il l’a toujours été, d’assurer le bonheur et la prospérité des Wallons, en leur donnant la possibilité de choisir ce qu’ils jugent bon pour eux et pour leur avenir.

Les socialistes se sont battus pour créer la Région wallonne et lui donner les moyens de sa reconversion économique, comme ils l’ont fait pour la Région bruxelloise.

Ils doivent aujourd’hui poursuivre leur mission dans le cadre d’une Belgique fédérale à laquelle les Wallons sont attachés et qu’il faut préserver, tout en garantissant l’épanouissement d’une identité wallonne ouverte et tolérante, complémentaire d’une identité belge avec laquelle elle s’inscrit en symbiose.

Voilà autant de sujets qu’un Congrès des socialistes wallons pourra débattre, en lien avec le monde éducatif et culturel, mais aussi avec les partenaires sociaux et, bien entendu, avec l’ensemble de la société civile.

10 réflexions sur « Régionalisation de l’enseignement »

  1. Quand le PS se trouve dans l’opposition, il sort le coq. Au gouvernement (fédéral), il le remet en cage. L’allusion à « l’identité belge » de l’avant-dernier paragraphe me désole: on n’en finira donc jamais avec la prétendue identité de nos garde-chiourme! Cela me fait penser au sparadrap du capitaine Haddock.

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  2. Moi ça me fait penser à un jour où une mouche s’était accrochée, je peux dire cramponnée, à ma vitre de voiture. J’en revenais pas!!! Il a fallu une bonne accélération pour qu’elle lâche prise! Accélération (du processus d’indépendance ou de séparation) que seuls les flamands oseraient (ou oseront…) entreprendre! Mais quand??? Ca…??? Les francophones belges ne le feront jamais les premiers, ça c’est un fait certain. Il faudra que ça vienne du côté flamand…

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  3. Ce qui est intéressant, c’est l’étonnante convergence entre le PS et le MR sur cette question.
    Enfin dirais-je !

    Un excellent rappel que le régime s’efforce d’oublier et que nul enseignant, journaliste ou politicien n’ose habituellement dire : « Cette situation n’est pas le fruit du hasard mais résulte d’une configuration institutionnelle et politique qui a toujours minorisé la Wallonie, l’Etat belge exploitant ses avantages sans toujours lui donner le retour de sa contribution à la prospérité nationale.
    Pour les centaines de milliers de travailleurs qui attendaient de l’Etat belge qu’il anticipe la reconversion industrielle de la Wallonie en réalisant des investissements publics indispensables ou en attirant les investissements étrangers, le sentiment d’abandon fut total.
    Dominé par un CVP tout puissant durant plus de trente ans, l’Etat belge a ainsi largement contribué au miracle économique flamand qui n’en était pas vraiment un. Ainsi, 80 à 85 % des crédits publics nationaux destinés aux investissements autoroutiers, portuaires, aéroportuaires ou encore aux nouveaux zonings économiques ont été captés par la Flandre. »
    Et surtout, ce qui se dit et s’observe depuis longtems : « C’est là le fruit d’une évolution logique et constatée partout : seules les régions disposant d’une identité forte et d’un lien étroit entre leurs politiques économique, éducative et culturelle peuvent assurer pleinement leur redressement. »

    Comme le disait Bertand Henne ce matin à la (toujours !) RTB(f) : « Cette prise de position intervient 70 ans après le congrès national wallon qui a voté le rattachement à la France, avant de se raviser et d’opter pour le fédéralisme présenté comme le dernier essai d’entente avec les flamands. Et, l’assemblée wallonne de chanter à la fin la marseillaise. »

    Quant à la régionalisation de l’Enseignement et de la Culture, oserais-je rappeller cette sortie de l’ancien sénateur Humblet qui un jour a dit « qu’on ne chasse pas le sanglier de la même manière dans les forets d’Adenne et le Bois de la Cambre… » Ce qui devrait calmer les ardeurs des vieux belgo-conservateurs au sein de leurs partis respectifs.

    Le gros avantage de ces propositions qualifiées de « régionalistes » c’est qu’elles sont facilement applicables et ne doivent pas (contrairement aux avis de certains ) obtenir l’aval des Flamands puisque prévues dans la Constitution (Art. 138)
    Pou mémoire :

    « Le Parlement de la Communauté française, d’une part, et le Parlement de la Région wallonne et le groupe linguistique français du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, d’autre part, peuvent décider d’un commun accord et chacun par décret que le Parlement et le Gouvernement de la Région wallonne dans la région de langue française et le groupe linguistique français du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et son Collège dans la région bilingue de Bruxelles-Capitale exercent, en tout ou en partie, des compétences de la Communauté française.

    Ces décrets sont adoptés à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés au sein du Parlement de la Communauté française et à la majorité absolue des suffrages exprimés au sein du Parlement de la Région wallonne et du groupe linguistique français du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, à condition que la majorité des membres du Parlement ou du groupe linguistique concerné soit présente. Ils peuvent régler le financement des compétences qu’ils désignent, ainsi que le transfert du personnel, des biens, droits et obligations qui les concernent. »

    Rien (à part les résistances d’ordre politico-sentimentales) ne s’oppose à vider (et non pas la supprimer puisque ça, c’est effectivement difficile) cette institution inutile coûteuse et surtout et voulue par les Flamands qu’est la très mal nommée « Fédération Wallonie-Bruxelles » dont le beau nom est Communauté française et l’emblème est (faut-il le rappeller ?) le nôtre !

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  4. Le MR puis le PS, le tout via des députés en pleine « bourre » et pas de vieux dinosaures a la retraite, tout cela va dans la bonne direction. Un maximum de compétences pour la Wallonie, c’est toujours un pas de plus vers moins de « Belgium »!

    Le timing est bon: pas d’échéance électorale en vue, cela doit permettre aux « francophones » de travailler calmement sur leurs institutions et ce débat est facilite (comme le rappelle très bien Eustache Daly ci-dessus) car il ne nécessite pas de discussions avec les « beste vrienden ».

    Seule ombre au tableau: la réponse du PS bruxellois via Charles Picque dans l’article de lalibre.be qui nous ressort en 3 lignes l’ensemble des poncifs habituels: « solidarité wallo-bruxelloise », « repli », « danger réel »,…

    Affaire a suivre!

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  5. Vive la Wallonie ! Pour elle, une Belgique à quatre Régions, et rien d’autre !

    Un tir croisé.
    Après un tir venant du MR, un tir venant du PS ! Les tirs nourris flamands, ce sera pour plus tard ! (encore que, cet, été, la Flandre « souveraine » a annoncé la création de son ministère des affaires étrangères, et le corps diplomatique qui ira avec…).
    On voit que la construction (con-)fédérale belge est instable par essence, que la coopération inter-fédérale est un leurre, qui satisfait cependant nombre d’influents franco-belgicains, et dont l’invocation n’est pas dédaignée par certains ultra-régionalistes wallons (perfide allusion…). Coué n’était pas franco-belge, mais sa méthode fait pleinement recette en Wallonie!
    La demande wallonne récurrente de la suppression de la « Communauté » est-elle une sorte de mode infatigable, un « marronnier » selon le langage journalistique, ou le fruit d’une tactique partisane, impulsive sinon savamment pensée, ou une profession de foi, qui se suffit sans le secours de la preuve, voire une excuse trouvée par la fourniture d’une accusée, le redressement insuffisant de la Wallonie exigeant un coupable, qui ne saurait être le PS, en tout cas pas tout seul (on semble le penser même au MR…) ?
    En tout cas, cette réforme » réclamée à grands cris, avant toute autre, pourrait avoir le caractère d’une étape inéluctable, comme dans une longue et grave maladie, qui impose de passer d’un stade de décomposition à un autre, avant d’entrer enfin en phase terminale.
    Ainsi, la mise en extinction de la « Communauté française de Belgique » (un Français ne peut qu’être attaché à cette superbe appellation !), dite aussi « Fédération Wallonie-Bruxelles » (niant ainsi le droit constitutionnel belge et le bon sens universel), deviendrait, maintenant, une absolue nécessité, elle qui n’avait pas été demandée quand le PS était, il y a peu, aux affaires et co-pilotait la « 6ème réforme » avec les autres partis franco-belges, dont le MR, et la plupart des partis flamands (sauf la NVA et le VB).
    Et donc, après la prétention risible de créer, il y a peu, cette « Fédération W-B », en lieu et place de la « Communauté française », il faudrait, au plus vite, faire l’inverse, et donc dissoudre l’une et l’autre, qui ne font donc qu’une, d’un seul coup…

    Une cible mouvante.
    Cependant, rien ne démontre encore que la récupération par la Wallonie des compétences « communautaires » changerait significativement sa situation économique et sociale, et certainement pas l’exemple bien secondaire du secteur touristique, dont la densité institutionnelle et budgétaire est très faible. En France, aucune des « régions », même la plus identitaire (Bretagne, Corse, etc.), ne réclame de gérer le système éducatif et universitaire en place de l’État central, pourtant encore plus lointain pour elles que Bruxelles pour la Wallonie : les élus locaux/régionaux français seraient-ils massivement des imbéciles ? Pourtant, l’institution fédérée « communautaire » est largement dominée par la Wallonie (son Parlement, dont 3 députés sur 4 sont des Wallons, et, donc, son gouvernement), qui en assure donc le pilotage, avec souvent les mêmes élus et hauts-fonctionnaires qu’en Wallonie même. Ceux-ci deviendraient-ils des idiots dès qu’ils siègent dans un bureau de Bruxelles ?
    Il faudrait donc bien expliquer en quoi la gestion directe des écoles primaires et secondaires par la région wallonne pourrait améliorer substantiellement la qualité de l’enseignement (des trois réseaux). En quoi la Wallonie aurait-elle intérêt à couper son tissu universitaire du tissu universitaire franco-bruxellois, etc. Du concret, pas de l’idéologie, svp…Attendons, avec attention…Une « étude d’impact », par exemple, serait la bienvenue (c’est ainsi qu’on appelle, dans bien des pays, l’argumentaire fourni qui doit accompagner tout projet de réforme).

    Une cible peut en cacher une autre.
    Alors pourquoi l’exigence de cette « réforme », quand même, si on en reste à douter de l’utilité opérationnelle de la chose ?
    Peut-être d’abord parce que tout parti politique, ou tout courant politique en son sein, doit exister, donc se distinguer en « créant de la réforme » ; utile ou inutile, ce n’est pas essentiel. Peut-être aussi parce que la sauvegarde du PS franco-belge se joue en Wallonie, et ce alors que les temps qui viennent vont être très douloureux, notamment pour les finances publiques wallonnes ; du coup, faire masse du budget wallon et des 3/4 de l’ex-budget « communautaire » aiderait aux coupes budgétaires inévitables. Peut-être aussi que, dans l’organisation interne des pouvoirs publics, qui reste obscure pour les profanes, il y a des intérêts en jeu qui leur sont bien cachés, à défaut d’être insoupçonnables…« Cherchez, et vous trouverez »…peut-être.

    La Flandre, Bruxelles, Eupen.
    Nos pétitionnaires les ignorent. Le signe d’une simple posture de « congrès », ou la volonté d’ignorer, au moins maintenant, les difficultés ?
    Le point de vue flamand. Une Belgique à 4 régions est un sujet qui divise, autant côté flamand que franco-belge…En tout cas, il faudrait que la Flandre y gagne quelque chose pour y consentir, nécessairement sur le dos de l’une (la Wallonie) ou de l’autre (Bruxelles). Mais, soyons en sûrs, on promettrait le « gagnant/gagnant » à tout le monde…Ce serait déjà ça.
    Le sort de Bruxelles. Comment Bruxelles s’y prendrait, pour administrer et protéger ses compétences éducatives et culturelles « françaises », ses compétences « francophones » ainsi élargies, compte tenu du large contrôle des institutions bruxelloises par le camp flamand ? Il ne suffirait pas de trouvez des solutions « juridico-techniques » bancales (comme il en a été pour la régionalisation des allocations familiales), il faudrait des solutions plus profondes, notamment financières, le tout sous le dictat de la Flandre.
    Le soutien « germanophone ». l’intérêt premier du groupe « germanophone », en s’érigeant en « région », serait de disposer, pour demain, en prévision de l’éclatement de l’Etat belge, du pouvoir d’auto-détermination; comme les trois régions principales. Pouvoir d’auto-détermination que n’auront pas les citoyens « francophones » majoritaires des 6 communes flamandes péri-bruxelloises, pourtant de population équivalente…Encore un double sacrifice pour le camp « francophone ».

    Le point de vue réunioniste.
    Maintenant, une Belgique « à 4 régions » creuserait encore et d’autant mieux sa propre tombe. Le partage entre ces « 4 cavaliers de l’apocalypse » des dernières compétences encore fédérales en serait facilité, y compris et surtout dans les champs de la fiscalité et de la sécurité sociale. Les partis franco-belges se scinderaient, en deux, les ailes « wallonne » et « bruxelloise » ayant alors peu à faire en commun. Les forces politiques flamandes espéreraient en profiter, notamment pour augmenter leur contrôle sur Bruxelles. Tout s’accélèrerait ! D’un point de vue réunioniste strictement « wallon », ce serait« globalement positif », inutile d’épiloguer là-dessus. D’un point de vue réunioniste plus « franco-belge », plus « français » pour ce qui concerne l’auteur de ces lignes, ce le serait moins, car Bruxelles serait bien plus exposée aux agissements flamands.

    Le contre coup et le coup d’après. Bruxelles, encore et toujours.
    Le contre coup, ce serait un encouragement à la 7ème réforme, en calendrier et surtout en contenu, puisqu’au versant wallon devrait correspondre son versant flamand, en plus grand. Quelques questions pour le camp flamand : soit, de la suppression parallèle de sa propre « communauté », déjà fonctionnellement absorbée par la Région flamande, mais quid alors du maintien de la « capitale » flamande à Bruxelles ? Et, si c’est impossible (en logique, ça l’est), quelles vastes contreparties exigera-t-il pour compenser un tel départ/abandon ? Une co-tutelle flamando-wallonne sur Bruxelles (le premier tuteur détestant « Bruxelles-population », trop « francophone », le second détestant « Bruxelles-capitale », trop flamande) ? En attendant mieux (le co-tuteur wallon ne pesant pas la moitié du co-tuteur flamand, il ferait vite tapisserie…) ? Sinon, quelles autres contreparties immédiates, encore plus lourdes ?…
    Le coup d’après, une fois les trois régions « ethniques » en place, ce serait le règlement définitif du sort de la quatrième « région », la « pluri-éthnique », ingouvernable pour cela, et qui, ayant perdu son paratonnerre belge, l’Etat fédéral, réduit à si peu, serait dans l’attente hyper-inquiète de son nouveau protecteur, qui serait aussi son régisseur, le plus probable étant le plus proche, le plus intéressé, le plus décidé, et aussi, hélas, le plus méchant…A moins que…

    Conclusion. Séparer Bruxelles de la Wallonie est un axe stratégique de la politique de la Flandre, qui veut conserver la première (pour en faire sa capitale « flamande », tout en étouffant sa population « francophone »), et abandonner la seconde (qui ne recevrait alors plus un sou, ni flamand, ni bruxellois). Le camp « francophone », en abandonnant son périmètre commun (la « Communauté ») y perdrait sa substance collective, et donc toute unité, face au même adversaire.
    Gribouille, comme Coué, est lui aussi d’origine française. Et, comme Coué, un succès en Wallonie l’attend peut-être. A moins que…à moins que, par exemple, on veuille bien entrevoir que la suppression de la « communauté française » devrait attendre encore un peu, puisqu’elle devrait être la résultante de la réunion à la France (qui abandonnerait alors bien volontiers les compétences de celle-ci à la Wallonie)…

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    1. Lenain – Maingain, même combat ? Pour vous deux, la Wallonie ne peut exister que ‘siamoisement » liée à Bruxelles…
      Comme beaucoup de Wallons (qu’ils soient régionalistes, nationalistes (et parmi eux, une proportion non négligeable voient d’un bon oeil un rattachement à la France à la condition que la Wallonie continue d’exister en tant qu’entité – je n’ose pas écrire identitaire, mais… – comme d’autres Régions de France, ce qui n’est pas incompatible avec la « théorie Lenain », ou encore rattachistes) l’existence de la Belgique ou celle de son avatar communautaire est un obstacle majeur à son redéveloppement. Certes, l’exemple du tourisme peut paraître « riquiqui » mais si vous regardez ce que d’autres régions industiellement aussi sinistrées par leurs pouvoir central ont fait pour se redresser, c’est exactement ce que proposent ces quelques députés (MR-PS).
      Le cas des Régions de France (et en particulier la Bretagne – que je connais assez bien – ou même le Nord) ne sont absolument pas comparables puisque bénéficiant d’un Etat (certes) centralisé, mais moins que ce que nous avons connu (et connaissons encore) de ce côté de la frontière, mais surtout attentif à leur développement alors que le nôtre a toujours été dabord intéressé (au sens colonial et pilleur), pour devenir ensuite indiférent, si pas hostile.

      Je gravite au sein du mouvement wallon (et en particulier de la partie qui a toujours été partisane du retour à la France) et la conviction profonde de ceux qui ont été engagés politiquement parmi nous a toujours été que si Bruxelles doit choisir, elle choisira son intérêt, c’est à dire la Flandre. Et certainement pas la France.
      Les Wallons eux, une fois débarassés de l’identité belge factice que leur a collée la propagande depuis le choc du congrès de 1945 (où personne n’imaginait la puisance toxique du développement des medias – surtout télévisuels (mais n’oublions pas l’enseignement tout aussi pernicieux et porteur d’un roman national falsifié) – au service de des virus de pensée étatiques (Le roi, la grandeur de la Belgique, la culture grévicultrice en Wallonie, la glorification de la Flandre, les « belges qui gagnent », le foot, etc..) en retrouvant leur identité propre seront -parce que ça a été commeça pendant des siècles – prêts à se tourner vers la France.

      Il faut aussi que vous sachiez – c’est du réalisme et un fait – que les habitants des communnes de la périphérie flamande – qui n’on rien à cirer des Wallons ou de la Wallonie et ne lèveront jamais le petit doigt en notre faveur – savaient (ou devaient savoir) depuis 1963 qu’ils habitaient ou on choisi depuis lors d’habiter en Flandre. Ce fait n’a jamais été remis en question au cours des révisions constitutionnelles qui ont suivi. Ils sont Flamands. Flamands francophones, certes, mais Flamands.

      L’objectif profond et radical de ces propositions, c’est la suppression de la Communauté et nullement les liens avec Bruxelles, au contraire, Cette région restera voisine.
      C’est évidemment une question qu’on ne peut balayer du revers de la main. Non seulement parce qu’il y va de la survie de cette Région à part entière dans le paysage institutionnel belge, mais aussi parce que la Wallonie pourrait difficilement s’en passer dans la mesure où Bruxelles-Capitale est une vitrine sur l’Europe et sur le monde.
      Bruxelles-Capitale abrite de nombreuses écoles d’enseignement obligatoire mais surtout supérieur et universitaire, ces dernières fréquentées à plus de 50% par des étudiants venant de Wallonie mais aussi de Flandre et de pays étrangers (dont la France !). En cas de régionalisation de l’enseignement, elle ne pourrait pas ni ne devrait d’ailleurs financer seule ces écoles. La grande crainte des Bruxellois n’est pas tellement comme le disent certains celle de se faire bouffer par la Flandre mais celle de faire lâcher par la Wallonie. Parce qu’on ne le sait pas assez, la Région wallonne supplée déjà financièrement (en particulier à l’avantage de Bruxelles) aux carences de la Communauté française. Ainsi en matière de transports scolaires, de bâtiments, de financement de recherches réalisées par les universités, etc..,

      la Communauté française est une entité qui n’existe que sous perfusion de l’État fédéral (et de la Région wallonne !), bloquée dans une enveloppe de ressources allouées. Elle n’a pas les moyens de définir une politique et de l’assumer. Il faudrait que la Wallonie possède toutes les compétences d’un État fédéré. À partir de là, on pourrait faire de vrais choix de société: pour un enseignement vraiment démocratique. Mais aujourd’hui, les choses sont dans un tel brouillard institutionnel que le combat n’est même pas possible. La Communauté, c’est l’alibi à l’immobilisme en Wallonie. Elle permet de se fermer à toute réforme et toute politique. (Sinon, pourquoi croyez-vous que s’y abritent les quelques nostalgiques d’une Belgique belgo-belges)

      Un argument – dans le contexte belge, nous y sommes encore, ne l’oubliez pas – en faveur de la régionalisation, c’est le réalisme économique. Un pouvoir politique doit pouvoir accompagner, au travers de ses services publics, l’ensemble de la collectivité et de son développement. L’enseignement doit former de vrais citoyens. Il doit aussi former des gens capables de s’insérer dans une collectivité en tant que travailleurs ou producteurs. C’est aberrant de déconnecter l’enseignement du terrain social et économique. Si l’enseignement doit former des citoyens, il importe aussi qu’il joue son rôle en prise directe sur les moyens, les besoins et les décideurs. Et ces besoins, ces moyens, ces décideurs sont sur le terrain, sur la «terre ferme» le «continent» c’est-à-dire en Wallonie et pas sur cette île perdue au large, coupée de tout, qu’est la Communauté française.

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  6. Raisonnement intéressant mais au pied de votre tour d’ivoire, il y a ceci:

    Source: lalibre.be, 15/09/2015 « Compétences régionales. Les sondés sont favorables à un accroissement des compétences pour la Wallonie puisqu’ils sont près de 60 % à souhaiter voir la Région gérer la petite enfance, la jeunesse, le sport, le patrimoine immobilier, la culture ou encore l’enseignement – toutes des matières communautaires. Ils sont 66 % à souhaiter une Belgique fédérale à quatre régions »

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  7. Certes, mais je suis certain qu’ils sont tout aussi nombreux à souhaiter une baisse des impôts et cotisations et un renforcement de la protection sociale !
    En Belgique, tout ce qui est « fédéral », donc régional, est valorisé. Tous les partis vont dans ce sens (sans vouloir sacrifier pour autant la « communauté »). Un discours contraire ne peut être entendu.
    Pour la petite enfance, le sport, la jeunesse, rien d’original, en France, en Belgique comme ailleurs, c’est déjà une compétence locale et donc territorial.
    Dans divers pays, l’enseignement est largement « régionalisé » (Allemagne, Italie, Espagne, Suisse, …). Et je propose qu’il en soit ainsi pour une Wallonie qui serait devenue d’appartenance française. Pour autant, la destruction éventuelle et prématurée de la structure « communautaire », peut-être inévitable, servirait, avant tout, les intérêts de la Flandre, tant qu’on est dans le cadre belge.
    La « méthode Coué » et la « politique de Gribouille » sont largement pratiqués, y compris dans la population ? Je ne dis pas le contraire ! Les « solutions » de facilité (apparente) sont toujours préférées aux autres…

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