France, Belgique,… Les « Verts » vivent une contagion culturelle, mais pas celle qu’ils espéraient (Rosetta Flochon dans Namur politique sur Facebook).
Quoi de plus normal que de voir « Verts français et wallons » vivre une contagion culturelle, même si les élections répondent à des scrutins différents, majoritaire à deux tours en France et proportionnel dans les régions belges.
Quant aux Ecolos wallons, ils ajoutent aux travers de leurs frères français d’EE-LV celui de vouloir à tout prix mettre en exergue le groupe politique commun qu’ils forment avec « Groen », leur pendant écologique flamand. Ils veulent croire ou plutôt faire croire à l’électeur à un fédéralisme belge d’union dépassé par les faits.
En Belgique, n’en déplaise à la direction d’Ecolo, nous sommes entrés dans un confédéralisme qui sera renforcé lors de la 7e réforme de l’Etat. Laissons au CD&V Marc Eyskens le doux rêve de voir la N-VA se déchirer à courte échéance, ce qui arrangerait très bien un CD&V en crise.
Le quotidien « Libération » sous la plume de Lilian Alemagna analyse merveilleusement la crise qui agite les dirigeants d’ EE-LV. Un copier-coller s’impose pour analyser la situation d’Ecolo.
Les Verts, espace en voie de disparition
Source : Libération,19 août 2015 à 20:46
Paris, le 14 janvier 2015. Voeux d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), à la presse, au 6 bis rue Chaudron dans le 10ème arrondissement de Paris, en présence de Sandrine Rousseau (1er plan D), porte-parole d’EELV, Emmanuelle Cosse (1er plan G), secrétaire nationale d’EELV, Maryse Oudjaoudi (2ème plan), du bureau executif, Jean-Vincent Placé (3ème plan G), président du groupe EELV au Sénat et Cécile Duflot (3ème plan D), députée EELV de Paris.
Déchiré par ses débats internes et alors que tous les partis de gauche se saisissent de l’écologie à la veille de la COP 21, EE-LV peine à sortir de sa crise existentielle.
Ce n’est pas le moindre des paradoxes. Ce second semestre 2015, les questions écologiques vont dominer le débat politique. L’organisation, à Paris, de la 21e conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21) va pousser tous les partis à parler de protection de l’environnement et à passer un coup de vert sur leurs devantures. D’autant plus que ce sommet international, sous le patronage de François Hollande, aura lieu du 30 novembre au 11 décembre, en pleine campagne régionale. Et pourtant, ceux qui incarnent cette thématique depuis plus de quarante ans, taxés de «farfelus» lorsque René Dumont se présentait à la présidentielle de 1974 avec son verre d’eau, n’ont jamais été aussi proches de l’explosion, depuis la fondation des verts en 1984.
Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) ouvre ses journées d’été ce jeudi à Villeneuve-d’Ascq (Nord) en traînant cette crise existentielle, éclatée un soir d’avril 2014 avec la décision de ne pas participer au gouvernement de Manuel Valls. Une division entre ceux, emmenés par le sénateur Jean-Vincent Placé, qui accepteraient de revenir au gouvernement, et les autres qui refuseraient, dans le sillage de Cécile Duflot. Une division si profonde qu’elle pourrait entraîner une scission irrémédiable ? «Je ne sais pas. […] Nous vivons un moment crucial», a répondu mercredi dans la presse Barbara Pompili, coprésidente des écologistes à l’Assemblée. «Quelle est la fonction d’un parti écologiste aujourd’hui ? EE-LV refuse toujours de répondre à cette question», regrette l’eurodéputé Pascal Durand, ancien secrétaire national des Verts, désormais en retrait. «Nous sommes les seuls capables de mettre en place un nouveau modèle de développement autour de l’écologie», lui répond Emmanuelle Cosse, sa successeure à la tête du mouvement.
Pas tout à fait seuls
Les Verts français ont aujourd’hui un double problème : les électeurs les attendent davantage sur les questions d’environnement, mais ils les entendent surtout sur d’autres thématiques, plutôt minoritaires dans la société (défense des migrants, libertés publiques, fédéralisme européen, droit de vote des étrangers ou nouvelles mœurs). Et quand ils parlent écologie, ils s’aperçoivent qu’ils ne sont plus tout seuls sur leur terrain. «Les Verts ont été victimes de l’idée qu’il fallait devenir un parti généraliste alors que l’acuité des problèmes environnementaux aurait mérité qu’ils n’abandonnent pas ce pré carré-là», souligne Brice Lalonde, ex-ministre de l’Environnement sous Mitterrand. Certes, ils n’ont jamais été tout à fait seuls. Mais depuis le choix fait, au milieu des années 90, de s’ancrer à gauche, ils disposaient d’un quasi-monopole écologique.
A gauche, le Parti communiste français était la plus productiviste et nucléocrate des formations politiques. Au Parti socialiste, on a longtemps considéré les enjeux environnementaux comme secondaires.
Une longueur d’avance
Mais voilà, depuis la prise de conscience du danger planétaire du réchauffement climatique, tout le monde s’y est mis. Si Nicolas Sarkozy a fini son quinquennat en expliquant que l’écologie «ça commence à bien faire», il a inscrit à son bilan le Grenelle de l’environnement et a mis aujourd’hui dans la vitrine du parti Les Républicains l’ex-navigatrice, Maud Fontenoy. Même le FN s’est mis à «l’écologie patriote» avec un collectif baptisé Nouvelle Ecologie, censé verdir sa flamme.
A gauche, alors que les communistes parlent désormais de «nouveau modèle de développement», socialistes et mélenchonistes se disputent l’appellation «écosocialiste». Jean-Luc Mélenchon l’a porté dans sa campagne présidentielle de 2012, son Parti de gauche (PG) a édité un «manifeste» proposant une «planification écologique» et l’instauration d’une «règle verte» afin de «porter une vision globale qui articule la question sociale et la question écologique», explique Martine Billard, ex-verte passée au PG en 2010. Au PS, après avoir vu, dans les années 90, Ségolène Royal endosser les habits de ministre de l’Environnement et entendu Laurent Fabius parler d’«écodéveloppement», puis de «sociale-écologie» dans les années 2000, voilà qu’ils ont inscrit, en 2014, dans le marbre de leur charte, l’appellation d’«écosocialiste». Un terme que les responsables socialistes ont tout de même du mal à définir. Les plus à gauche y voient une manière «plus radicale» de «revisiter les fondamentaux de la pensée socialiste». Les plus libéraux une façon de lancer le pays dans la «croissance verte» et «bleue». Mais de l’aveu même des dirigeants socialistes, les écologistes ont encore une longueur d’avance sur eux. Si l’ouverture de leur université d’été, dans dix jours à La Rochelle, se fera sur les questions climatiques, les socialistes n’ont pas fait de l’écologie un sujet de congrès en juin, et l’abandon de l’écotaxe, quelques semaines après l’adoption de la loi de transition énergétique, démontre la difficulté du gouvernement à tenir parole. «J’ai encore besoin d’EE-LV à mes côtés pour convaincre davantage», fait valoir Sabine Buis, députée PS et nouvelle secrétaire nationale à la transition énergétique.
«des Crieurs publics»
Trop d’écologie dans les autres partis tuera-t-il EE-LV ? «L’histoire a montré que c’était l’inverse qui se produisait», rétorque Erwan Lecœur, politologue et sympathisant écologiste, rappelant les bons scores de 2009 et 2010. «Si, à court terme, les gens peuvent être tentés par des formations politiques qui s’habillent en vert, poursuit-il, à long terme, ça rend EE-LV crédible.» Là est l’autre souci du parti écologiste : leurs petites phrases et engueulades portent beaucoup plus que les propositions qu’ils peuvent faire. Et leur image de «parti pas comme les autres» est ternie par les accords préélectoraux – que le système électoral majoritaire rend nécessaires – contractés avec le grand frère socialiste (lire page 5). «Nous continuons à nous ridiculiser en anathèmes publics plutôt qu’en solutions, alerte Pascal Durand. A quoi servons-nous aujourd’hui ? Si on considère que notre rôle est uniquement d’être des dénonciateurs, des crieurs publics, il ne faut pas s’étonner de rester après dans un champ marginal.» Les Verts ont toujours autant de mal à sortir de leur crise de croissance.