Par Jules GHEUDE
Rik Van Cauwelaert, l’ancien rédacteur en chef de « Knack », s’attend à des élections anticipées. Il conseille de ne réserver aucun voyage en février et mars.
Des élections anticipées, au moment où, dans le dernier sondage RTL/Le Soir, la N-VA et le Vlaams Belang sont crédités ensemble de 49,4%, soit la majorité absolue assurée au Parlement flamand.
Comment, dans ce contexte, ne pas songer à ce qu’écrivait François Perin, le 28 avril 1981, dans « La Meuse » : Cela fait des années que je pressens ce qui va arriver. Après d’éventuelles élections (…), le malheureux chef de l’État se mettre à courir après un gouvernement introuvable : la Belgique peut disparaître par implosion. Qu’est-ce qui empêcherait les Flamands de proclamer unilatéralement leur indépendance et d’affirmer leur nation ? Ils ont créé tous les instruments de leur future légitimité.
Trente- huit plus tard, nous y sommes !
Les responsables francophones ont beau répéter à l’envi qu’ils tiennent à la Belgique (qu’est-ce que cela signifie, lorsque l’on stigmatise la moitié de l’électorat flamand ?), il est plus que temps qu’ils voient la réalité en face et se mettent enfin à envisager sérieusement l’ère post-belge.
Nous avons déjà expliqué pourquoi une Wallonie indépendante et une Belgique résiduelle, sans la Flandre, ne pouvaient représenter des scénarios d’avenir pérennes et crédibles. Seule la France est susceptible d’offrir à la Wallonie une solution de survie à l’incurable mal belge.
Les élites wallonnes, nous répond-on, y sont opposées, car elles ne souhaitent pas perdre leurs prérogatives actuelles.
Comme si la France était un pays uniforme, qui serait incapable de prévoir un cadre institutionnel et juridique adapté à une collectivité territoriale qui émettrait le souhait de la rejoindre.
Comme le fait observer Jacques Lenain, haut fonctionnaire français aujourd’hui retraité : les Wallons ne devraient pas se présenter nus devant Marianne pour revêtir l’uniforme français.
Et de proposer une solution qui aurait le mérite de préserver, dans ses grandes lignes, l’héritage juridique belge tout en offrant à la Wallonie un statut particulier qui sauvegarderait ses acquis. Une « intégration-autonomie », qui ferait des Wallons des citoyens français à part entière.
Cette formule prend pleinement en compte le fait que l’État français n’est plus cet État jacobin dont certains esprits continuent d’entretenir l’idée. La Constitution française de la Ve République, largement amendée depuis 1958, fonde les bases d’une large décentralisation.
La Constitution française autorise, par son article 72, des statuts particuliers pour certains de ses territoires. En métropole, seule, présentement, la Corse bénéficie d’un tel statut (et aussi, mais avec une portée moindre, la région d’Ile de France). Souvent citée en exemple par les réunionites wallons, l’Alsace-Moselle ne jouit en fait que d’un régime local, à portée limitée.
En outre, la Constitution prévoit explicitement une différenciation des statuts des collectivités territoriales d’outre-mer, pour tenir compte des spécificités de chacune, avec la possibilité de larges transferts de compétences de l’État (articles 73 et 74). Dès lors, une très grande variété de statuts est possible, qui vont du droit commun aménagé à de véritables statuts d’autonomie. C’est ainsi le cas en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. L’État français n’exerce pour ces territoires autonomes qu’une compétence d’attribution pour des matières expressément réservées.
Il est donc évident que la République française a les aptitudes et les capacités nécessaires pour faire vivre en son sein un statut propre à la Wallonie.
Tout cela est parfaitement réalisable, comme l’a confirmé le constitutionnaliste français Didier Maus à Jacques Lenain :
Il serait parfaitement possible de créer un titre spécial « De la Wallonie » qui contiendrait une mini constitution sur mesure pour cette région. Il en découle que, sur le fondement de cette mini-constitution, il serait parfaitement réalisable de conserver en l’état, au moins pour l’essentiel, et pour une durée à déterminer le droit belge du travail, celui de la sécurité sociale, et certains droits « connexes », des pans du droit fiscal, le droit des affaires, du commerce, etc. La Région wallonne, et aussi la région bruxelloise si la question était posée, conserveraient les compétences qui sont aujourd’hui les leurs, y compris le système éducatif, avec l’enseignement supérieur. Ce ne serait pas une difficulté de faire de la sorte puisqu’il en est déjà ainsi, même si c’est avec moins d’ampleur, dans certains territoires français, qui, selon les cas, disposent d’une sécurité sociale propre (Polynésie, Calédonie…), d’un droit du travail propre (même s’il est largement copié sur celui de la métropole), de nombre de dispositifs fiscaux particuliers, et d’autres régimes spéciaux dans divers domaines (en Corse comme outre-mer).
Concrètement, cela signifie que la législation et les institutions wallonnes pourront être intégralement conservées. Les compétences actuelles de la Région wallonne seront également maintenues, à de rares exceptions comme, par exemple, l’octroi des licences de vente d’armes. Elles seront même enrichies de la plupart des compétences exercées aujourd’hui par la Communauté française, notamment l’enseignement.
Pour ce qui est de l’enseignement, précisément, il restera de cadre juridique inchangé au jour J de l’intégration. Mais rien n’empêche que des convergences puissent advenir ultérieurement. Si, par exemple, une demande wallonne s’exprimait pour un régime de baccalauréat, elle pourrait se concrétiser via un double changement législatif, en droit wallon obligatoirement et en droit commun français si nécessaire. En fait, ce raisonnement logico-juridique vaudra pour l’ensemble des matières de compétence wallonne.
Le statut des élus wallons ainsi que les règles électorales resteront intacts. Rien n’exclut cependant des négociations ultérieures avec Paris, dans une logique de donnant-donnant.
Point capital pour la Wallonie : son financement est garanti, puisque l’Etat français reprend à son compte les transferts actuels en provenance de Flandre (quelque 7 milliards d’euros).
Pour ce qui est du droit fédéral et des institutions fédérales, coupées en deux avec la partition du pays, ils relèveront de la compétence de l’État français. Une partie sera abandonnée le jour J (ex : diplomatie, armées, droit de la nationalité et de l’immigration…), une autre le sera plus tard (ex : institutions et procédures judiciaires). Tout le reste est conservé pour une durée indéterminée (notamment le droit et les institutions de la sécurité sociale), sauf négociations, dans une logique de donnant-donnant ou de simple convergence souhaitée de part et d’autre.
La situation des ex-corps fédéraux sera envisagée secteur par secteur, mais l’intégration dans les corps homologues français devrait se faire sans licenciements, avec indemnité compensatoire si nécessaire, comme c’est la règle, et obligation éventuelle de mobilité géographique ou fonctionnelle.
Les élus « nationaux belges » deviendront des élus « nationaux français » et relèveront donc complètement du Droit français, en ce compris les règles électorales.
Mais pas de quoi s’inquiéter à cet égard. La France compte 925 élus nationaux (sénateurs et députés) pour 67 millions d’habitants. Les 11 collectivités d’outre-mer sont très surreprésentées. Pour les 3,6 millions de Wallons, cela donnerait 5%, soit 40/45 élus nationaux. Certes, il y a ce projet d’Emmanuel Macron visant à réduire de 20% l’effectif des élus nationaux. Mais cela resterait néanmoins très correct !
Aussi longtemps que la Belgique subsistera, les Wallons nourriront la fibre belge. Mais, selon un sondage réalisé par « Le Soir » et « La Voix du Nord » en 2008, 49% d’entre eux se déclaraient prêts à opter pour la France si la Belgique disparaissait.
Durant des siècles, les Savoyards et les Niçois s’étaient montrés d’une totale loyauté à l’égard de la Maison royale de Savoie (Royaume du Piémont). Mais confrontés à la perspective de faire partie d’une Italie en voie d’unification, ils se prononcèrent, à 99%, pour le ralliement à la France en 1860. Ralliement qui, deux ans plus tôt, était loin d’être acquis. Seule l’attraction de la Suisse, sur le nord de la Savoie, justifia un traitement territorial particulier, avec la création d’une grande zone franche couvrant les territoires proches de Genève et du lac Léman.
Sans doute faudra-t-il attendre qu’ils se retrouvent mis devant le fait accompli pour que les Wallons réalisent pleinement le sérieux de la situation et adaptent leur comportement en fonction du contexte socio-économique auquel ils seront alors confrontés. Une Wallonie indépendante connaîtrait une évolution à la grecque, qui ne manquerait pas d’entraîner une baisse drastique des prestations sociales. Et la grosse majorité des Bruxellois (73,9%) optent pour un statut autonome en cas de disparition de la Belgique, ce qui met à mal le rêve de certains de voir émerger cette Belgique résiduelle qualifiée de Wallo-Brux.
Il nous faut aussi écarter cet argument « belgicain » habituel, selon lequel un tel cadre d’autonomie serait refusé par les décideurs français, au motif qu’il serait susceptible de tenter d’autres régions métropolitaines.
Le cas de la Corse est volontiers cité. Comme nous l’avons rappelé, cette région dispose déjà d’un statut particulier et l’évolution qu’elle peut en attendre n’a strictement rien à voir avec le régime envisagé ici pour la Wallonie.
Les indépendantistes et autonomistes corses, qui exercent désormais le pouvoir régional, se sont contentés de réclamer à Paris plus d’argent. Des compétences nouvelles – éducatives, sanitaires, sociales… – ne les intéressent pas. Notons que la Bretagne ne réclame pas un statut particulier d’autonomie semblable à celui de la Corse. Pourquoi réclamerait-elle demain un statut calqué sur celui de la Wallonie, qui lui est bien plus étranger ?
Cet argument de la boîte de Pandore qu’un statut d’autonomie wallonne ne manquerait pas d’ouvrir n’est en fait invoqué et défendu que pour empêcher les Wallons de penser à une solution française !
Rappelons enfin qu’un sondage Ifop/ »France-Soir » organisé en 2010 indiquait que 66% des Français (75% dans les régions frontalières) seraient disposés à accueillir la Wallonie si la Belgique disparaissait.
À ceux qui soulignent l’impact financier que l’opération représenterait pour la France, Jacques Attali, l’ancien conseiller du président François Mitterrand, répond : Le prix à payer pour la France serait sûrement plus faible que ce que cela lui rapporterait. C’est un beau débat. Qu’il commence ! (sur son blog, le 9 septembre 2008)
La reprise de la quote-part wallonne de la dette belge n’aurait pas d’incidence macro-financière. La France, c’est en effet six fois la Belgique et vingt fois la Wallonie.
Dans sa dernière tribune du « Vif », intitulée « La Belgique survivra-t-elle jusqu’en l’an 2030 ? », Claude Demelenne écrit : Dans un avenir prévisible, la Belgique ne va pas être scindée en deux États indépendants. L’exemple de la Catalogne a montré que l’Union européenne mettrait son veto.
L’exemple catalan est mal choisi. Amputé de la Catalogne, soit d’un quinzième de son territoire, l’État espagnol continuerait à exister, avec sa capitale Madrid, son gouvernement et son parlement. Et il mettrait évidemment son veto à l’adhésion de la Catalogne à l’Union européenne.
Pour la Belgique, il en va tout autrement. En cas d’impossibilité, devenue insurmontable, de constituer un gouvernement belge, il n’y aura plus de pouvoir à Bruxelles pour s’opposer à la fin de l’Etat belge ou empêcher la reconnaissance d’un État flamand souverain. L’Union européenne ne pourra que constater le décès de l’État belge, du fait du divorce, et d’intégrer un nouveau membre (ou deux, ou trois).
Comme l’avait fait remarquer François Perin en 1981 : Jamais l’Europe ni l’0tan, dira-t-on, ne laisseront éclater la Belgique. Que pourraient-ils faire : débarquer les « Marines » pour nous apprendre par la France à vivre ensemble ?
L’Union européenne devra faire preuve de pragmatisme. Dans un message placé sur Facebook, Michel Hermans, professeur de Sciences politiques à l’Université de Liège, déclare : La fin de la Belgique n’est plus de la pure fiction, mais un scénario de plus en plus envisageable.
Et d’expliquer :
Les Communautés flamande et française sont largement favorables à l’Union européenne. Actuellement, on ne pourra plus accuser l’une ou l’autre Communauté, comme pour la Catalogne indépendantiste, de vouloir mettre fin à l’État belge, même si ce sont les Flamands qui sont les plus favorables à une « Nation » flamande indépendante. De toute façon, le Confédéralisme, dans un cadre légal, envisagé par une majorité politique flamande, comme solution à la subsistance de la Belgique, est quasi dépassé. Par conséquent, pour éviter une crise dans un des pays fondateurs de l’Union européenne et essayer de trouver un statut pour Bruxelles, capitale de l’Union, entre les deux grandes Régions ou Communautés, les autres membres de l’Union européenne accepteront cette évolution particulière.
Un élément important doit retenir ici notre attention. Si la Wallonie rejoint la France, la question de son appartenance à l’Union européenne est automatiquement réglée. Par ailleurs, c’est la France qui sera amenée à négocier, au nom de la Wallonie, les modalités pratiques de la scission belge, notamment l’épineux partage de la dette.
Les élites…..WALLONNES…..? Pensent?
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Ha du bon sens+ quand même l’expression ‘une préférence »! C’est tout décidé…… J’ai un biotope wallon et francophone.
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Etrangement le mot « indépendance » , chez certains bekende Vlamingen comme chez certains Wallons renommés, semble provoquer des réticences et des inquiétudes.
Etrange surtout chez des flamands actifs dans la lutte contre la marâtre Belgique; lutte lancée par le Mouvement flamand depuis 1874 et toujours d’actualité.
Mais à l’approche de l’épilogue libérateur, certains aimeraient freiner et conserver des liens fraternels avec » ceux d’en face », les Wallons.
Il se peut en effet que le mot indépendance soit erroné car il signifie divorce et départ en solitaire.
La solitude effraie toujours l’humain. Or, dans le cas de la Belgique, la question ne se pose pas ainsi car l’Histoire de l’Europe du 14e siècle au 19e siècle nous enseigne que les deux communautés composant l’actuel petit royaume n’eurent jamais le choix de leur destin.
Pour plagier un adage célèbre, il s’agit moins d’indépendance que de « rendre à la France les départements wallons qui lui furent soustraits par l’Europe du Congrès de Vienne et de rendre aux Pays-Bas « le comté de Flandre et le duché de Brabant » qui leur furent arrachés par la furie d’un Habsbourg d’Espagne. » La réalité se situe là !
Le retour des département wallons à la France par une « intégration-autonomie » qui ferait des Wallons des citoyens français à part entière a été expliqué en long et en large par Monsieur Jacques Lenain, haut fonctionnaire français aujourd’hui retraité.
La renaissance des Grands Pays-Bas ou le retour des » comté de Flandre et du duché de Brabant » au sein des Pays-Bas actuels est prête grâce à la structure BENELUX, fondée ne 1945 en prévision de ce but.
L’ îlot bruxellois appartient au Brabant et il doit y rester, à charge paour l’Europe de le transformer en Ville-Etat au sein des Pays-Bas, comme à l’origine !
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« Les carottes sont cuites »! Je dirais même archi-cuites!!! Mais avec la classe politique wallonne, même brûlé, ils continueront à conserver ce plat indigeste qu’est devenue la Belgique (au moins tant que les flamands ne portent pas le coup de grâce…).
Bonne année 2020 à tous.
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Certes l’article du Standaard date de juin/juillet 2019 mais, l’important en cette fin d’année, il nous confirme qu’en matière de carottes belges cuites l’adage « Et pour les Flamands la même chose » se vérifie.
Bonne année et bonne santé à tous les Wallons !
La fin de la Belgique n’est pas une science-fiction Auteur Luc Huyse / Traducteur Fabrice Claes /De Standaard/ Daardaar 10 juillet 2019
Filip Reyntjens, en plaidant ce 4 juillet dans nos colonnes pour un fédéralisme à douze provinces (les dix provinces actuelles, une pour Bruxelles et une pour les Cantons de l’Est, ndt), savait que son argumentaire n’allait convaincre personne. Mais ce faisant, il a pu démontrer, arguments à l’appui, que le principal vice de construction du pays, à savoir sa bipolarité, se heurte à de sérieuses limites. Par conséquent, il n’est pas si absurde de vouloir repenser l’organisation territoriale de notre pays.
Pensons donc l’impensable
Pour F. Reyntjens, juriste et politologue à l’université d’Anvers, la plupart des responsables politiques « affirment ne pas souhaiter la fin de la Belgique, mais leur incompétence ou leur mauvaise volonté quand il s’agit de sortir de l’impasse peuvent mener à ce scénario. » Ce constat me semble encore trop tendre. Ce sont deux partis, à savoir la N-VA et le Vlaams Belang, qui tiennent à ce que les autres restent dans l’impasse. Pensons donc l’impensable : il se peut que les élections de 2024 voient le Vlaams Belang et la N-VA obtenir une majorité absolue au Parlement flamand. Et si tel est le cas, les choses pourront évoluer très vite.
Sommes-nous tous devenus aveugles ? Les fidèles lecteurs de nos colonnes le savent très bien : depuis 2011, de nombreux articles et éditos font référence au final de la pièce de théâtre belge que joue la N-VA. Le 29 novembre 2011, lorsque le gouvernement Di Rupo s’est formé sans la N-VA, j’ai lu dans notre journal ce qui suit : « Quelles conclusions le parti va-t-il en tirer ? Voudra-t-il marquer des buts stériles depuis les bancs de l’opposition ? Ou jouer à fond la carte de la fin du pays ? »
Rendre plus fort son ennemi juré, le PS
Deux ans plus tard, à l’approche des élections de 2014 : « Le seul moyen (pour la N-VA) de conserver ou de renforcer sa position dominante, c’est de rendre plus fort son ennemi juré (le PS). Son discours a beau affirmer le contraire, le parti nationaliste demeure les yeux rivés sur la fin de la Belgique (De Standaard, 4 novembre 2013). Et ce 2 juillet, nous avons pu lire : « La scénario de la fin approche » et « il faut mettre en place une stratégie de guerre ».
Mais que signifie au juste ce « scénario de la fin » ? Pour le savoir, il faut relire ce que nous avions écrit le 27 juin 2014, peu après les élections législatives, à propos de De Wever : « Il se persuade progressivement que l’Histoire peut être de son côté. En tout cas, il accomplit le moindre de ses actes en fonction de cette conviction. Tout acte conscient, mais aussi tout événement, aussi inattendu soit-il, entre dans le cadre d’une grande pièce de théâtre. Une grande pièce interactive dans laquelle la déception joue un rôle central. » Et la scène belge « exige une discrétion à toute épreuve et un contrôle total de la troupe. »
Nous pouvons comparer cette pièce à un scénario vécu pendant la Deuxième Guerre mondiale. Pour se jouer des Anglais, les Allemands ont fourni aux services de renseignement britanniques des informations fausses qui ont coûté de nombreuses vies. Ainsi, comme l’a indiqué notre journal le 16 janvier 2016, la pièce belge consiste en « des scènes d’une guerre que le président de la N-VA a déclarée aux forces du statu quo. »
Une propagande quotidienne
Ces analyses furent suivies d’un silence aussi éloquent qu’inquiétant, en particulier après la comparaison avec la scène des Allemands face aux Anglais. Imaginons que l’opinion esquissée par notre journal s’approche la réalité et la frôle. Dans ce cas, il va falloir se poser des questions cruciales de nature politique et éthique. La pièce sur la fin de la Belgique s’avérera-t-elle plus importante que les figurants, à savoir les Flamands ? La population fera-t-elle office de victime collatérale ? D’autres partis que le Vlaams Belang vont-ils se présenter au casting ?
Nous savons depuis des années que seul un Flamand sur sept se déclare favorable à l’indépendance, une statistique qui dérange tout qui souhaiterait jouer le scénario de la fin jusqu’au bout. Qu’à cela ne tienne ! La solution a été trouvée il y a dix ans déjà : la doctrine Maddens, qui consiste à laisser sciemment les relations se dégrader entre les Flamands et les autres afin de rendre le divorce de plus en plus inévitable au fil du temps. En d’autres termes, il faut perturber au quotidien le fonctionnement de la machine fédérale jusqu’à ce qu’elle s’arrête d’elle-même.
Perturber au quotidien le fonctionnement de la machine fédérale jusqu’à ce qu’elle s’arrête d’elle-même.
Bart Maddens, politologue à la KUL, l’a affirmé lui-même : « Il va de soi que l’instabilité augmentera encore davantage si on suit ma stratégie. C’est d’ailleurs le but » (De Tijd, 13 juin 2009). Autant dire que cette doctrine n’a pas pris une ride.
Récemment, Maddens a ajouté un deuxième volet à sa doctrine. Il a affirmé, dans De Morgen ce 22 juin : « La N-VA a réuni un patrimoine de 35 millions d’euros. (…) En tant que partisan du mouvement flamand, je regrette que le parti n’utilise pas cette somme pour promouvoir la cause flamande et bâtir les fondements de l’indépendance de la Flandre. C’est pourquoi, dans les cinq années à venir, pas un jour ne devrait se passer sans que la N-VA ou le Vlaams Belang diffusent une vidéo dans l’air du temps qui cloue la Belgique au pilori. » L’idée est donc de présenter l’actualité de manière à convertir des âmes au séparatisme. Vous dites : « science-fiction » ? Nous répondons : « Brexit ». Rappelez-vous ce qui s’est passé avant le référendum.
Prague et Bratislava
Le Brexit n’est pas le seul exemple. Filip Reyntjens, avec qui nous avons entamé le présent article, a également fait référence à l’ex-Tchécoslovaquie, dont le système fédéral s’est soldé par un divorce. La vitesse à laquelle tout s’est joué fut spectaculaire. Lors des premières élections qui ont suivi la Révolution de Velours, en juin 1990, la question de la séparation du pays ne se posait quasiment pas. Il a ensuite suffi d’un parti, isolé, qui a mis la séparation sur le devant de la scène, une séparation qui ne séduisait au départ qu’un électeur sur sept. Dans le monde politique, tant à Prague qu’à Bratislava, une grande majorité des acteurs était favorable à l’unité du pays. Pourtant, fin juillet 1992, les chefs des gouvernements régionaux ont décidé que la cohabitation était devenue impossible. Le 1er janvier 1993, le divorce de velours était prononcé, même si la répartition du mobilier a nécessité six pénibles années de négociations.
Ce qui relève aujourd’hui du tabou peut donc évoluer de manière inattendue du virtuel au réel. Et dans le cas de la République tchèque, la réalité est celle d’un État corrompu (De Standaard, 28 juin 2019).
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Comme toujours excellente analyse de Monsieur Gheude. Malheureusement son audience est plus grande en Flandre qu’en
Wallonie. Si Nous sommes un jour libérés de la Belgie ce será
gràce Aux flamingants les plus radicaux a savoir le VB seul
parti réllement indépendantiste, La NVA a perdu 300000 électeurs
suite à sa collusion avec les Belgicains. Que dire de ce peuple
wallon vautré dans sa belgitude et trahi par ses politiciens(le Général
disait les politichiens) ?
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2020, une décennie surprise !
« Il faut renoncer au lien francophone entre Bruxelles et la Wallonie » (02 janvier 2020 La Libre Belgique)
Etienne de Callataÿ n’a aucun doute : la structure actuelle de la Belgique n’est « pas optimale ». « La place des communautés pose question, et surtout celle de la communauté française qu’il faudrait supprimer.
À la place des communautés, M. de Callataÿ imagine ainsi une Belgique à « quatre régions » : la Flandre, la Wallonie, Bruxelles et la région germanophone. « C’est une idée qui commence à percoler à gauche et à droite. »
Dans ce système, terminée l’existence des actuelles communautés et l’ancien économiste en chef de la banque Degroof va un pas plus loin:
« Je ne crois pas à la solidarité entre les Wallons et les Bruxellois, et il n’y a d’ailleurs pas lieu d’avoir un lien particulier entre les deux régions. Il faut y renoncer.
» Cette décision serait aussi stratégique. « En supprimant ce lien, les Flamands accepteraient plus facilement que Bruxelles soit une région à part entière.
Aujourd’hui, ils ont peur que Bruxelles et la Wallonie s’unissent contre eux. » Dans le même souci d’apaisement avec le nord du pays, M. de Callataÿ estime que parler aujourd’hui d’un élargissement de Bruxelles est une « mauvaise idée ».
Quelle surprise ! Merci Monsieur de Callataÿ pour cette étonnante suggestion.
D’une manière ou d’une autre Bruxelles appartient depuis la nuit des temps au Brabant « flamand », son berceau n’est autre que les Pays-Bas méridionaux.
Malgré des contacts économiques avec les provinces wallonnes remontant au Moyen-Age et une forte immigration en provenance de Wallonie, par la volonté de l’Etat belge, aux 19e et 20e siècles, Bruxelles conserve bien son caractère brabançon thiois.
Si en 1960, il y eut une petite chance politique de faire basculer Bruxelles dans le giron wallon, le FDF sabota et s’aborda l’initiative au nom de la Belgique éternelle.
Que Bruxelles demeure là au sein de Mère Flandre; pour nous Wallons « Paris vaut bien une messe » !
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Excellent sondage au Limbourg le VB monte a plus de 28 pc la
Nva fait plus que se tasser et tombe a 18 pc, Voilà de quoi
Nous réjouir, Seul compte le but à atteindre la fin du non pays
Le VB est l’allié objectif des rattachistes, Il faut en finir avec cette
étiquette d’extrème droite que les Belgicains collent à ce parti.
Le VB será demain le premier pàrti flamand voilà l’essentiel.
Avec eux ce será BELGIE BARST. Les derniers belgicains sont
inquiets, on les comprend, La LLB racle les fonds de tiroirs pour
trouver encore quelques adeptes belgicains pathétique,
Un an sans gouvernement de plein exercice et pas de gouvernement
en vue après 7 mois. Comme le dit l’ineffable première ministre
la Belgique n’est pas en crise(sic)
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Je l’ai déjà dit ici mais à la limite en tant que wallons rattachistes: on s’en fout un peu de Bruxelles, non!!! En tant que français, on aurait Paris comme capitale nationale et Namur pourrait rester capitale régionale (de la Région Wallonie), Arlon chef-lieu de département du Luxembourg, etc…
Je verrais plus Bruxelles devenir une sorte de District européen, capitale, non plus de la Belgique (disparue) mais de l’Europe…
Mais il faut savoir qu’à la vue des sondages actuels en Flandre, s’ils disent vrai, les politiques wallons feront tout pour ne pas retourner aux urnes maintenant! Ca, c’est sûr!!!
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