Aux journalistes d’ouvrir le débat

Jules Gheude attire notre attention sur cet article de Didier Swysen pour Sudinfo (1er juin 2019).

La scission du pays n’est plus un scénario totalement improbable : les experts craignent un cauchemar à la grecque pour la Wallonie

L’hypothèse d’une scission de la Belgique devient moins improbable au rythme des voix supplémentaires que les séparatistes flamands engrangent à chaque élection (N-VA et Vlaams Belang sont à une voix de la majorité à la Chambre et à cinq voix de la majorité au gouvernement flamand).

Se rapproche-t-on du scénario du faux documentaire « Bye Bye Belgium », de la RTBF en 2006 qui avait fait hurler politiques et citoyens ? Les politiques flamands hésiteront-ils une seconde à actionner le « bouton scission » dès qu’ils seront majoritaires ? Les Wallons ont-ils intérêt à prendre leur destin en main dès aujourd’hui et à préparer un « plan B » qui les rendra moins passifs face à une Flandre offensive ?

Deux choses paraissent évidentes : primo, évoquer le scénario est très sulfureux. Plusieurs experts (de renom) contactés ce vendredi n’ont pas souhaité nous répondre ou l’ont fait de manière anonyme (« C’est déjà compliqué d’avoir des chiffres pour le Brexit. Alors, imaginez les conséquences financières d’une scission de la Belgique… »).

Deuzio, l’horloge tourne. On sait que les transferts financiers Nord-Sud deviendront dégressifs dès 2026 (de 500 millions) pour se tarir définitivement dix ans plus tard.

Cauchemar à la grecque ?

Les prémices d’un scénario cauchemardesque à la grecque pour la Wallonie ? C’est la crainte que partagent la plupart des experts, surtout si Bruxelles refuse de former, avec elle, une « Belgique à deux ». Les plus optimistes ? Ceux qui voient le salut de la Wallonie dans une alliance avec la France.

Que Bruxelles choisisse un destin de ville-Etat, cela semble probable à un expert comme l’économiste Etienne de Callataÿ, qui nous explique, par ailleurs, à quel point le partage de la dette s’avère explosif et pas que pour la Wallonie.

Une dette qui reste, curieusement, l’un des ciments les plus forts de notre pays. « En 1989, lors de la régionalisation, Flamands et Wallons se sont mis d’accord sur leur dos », dit-il. « Les Bruxellois admettraient-ils d’être gérés par deux nouveaux Etats, flamand et wallon, sans rien avoir à dire ? D’autant plus qu’être un petit Etat n’est pas synonyme de mauvaise santé. Regardez le Luxembourg… Cela dit indépendamment de la manière peu idéale dont Bruxelles est gérée aujourd’hui. »

Les sondages effectués ces dernières années (exemple : RTL-Ipsos-Le Soir en 2013) voyaient l’illusion d’un Etat Wallonie-Bruxelles se crasher sur la volonté de près de 70% des Bruxellois de la jouer perso en cas de scission.

Alors, si une « Belgique à deux » est impossible, si y aller en solo fait craindre aux experts un « cauchemar à la grecque », vu le poids de la dette qu’on lui attacherait au pied (« l’effort imposé à tous les Wallons serait d’une telle ampleur qu’il en résulterait un climat insurrectionnel », disait, en 2016, l’économiste Jules Gazon), que reste-t-il comme solution à la Wallonie ? Un rattachement à la France ?

De Gaulle y pensait

Au début du printemps, l’écrivain belge et militant wallon Jules Gheude, ardent défenseur du rattachisme, le remettait sur le tapis. La seule option réaliste, selon lui. Le général de Gaulle était déjà convaincu et le conseiller de l’ancien président français Mitterrand, Jacques Attali, disait que « le prix à payer pour la France serait sûrement plus faible que ce que cela lui rapporterait ». De rares sondages montrent que les Français sont plutôt ouverts à la solution. Resterait à en convaincre les Wallons : Jules Gheude rapporte cette anecdote tirée de l’un de ses exposés, une dame clamant « qu’elle préférait encore vivre dans la pauvreté qu’être française ».

De toute manière, la complexité belge exigerait des années de négociations pour entériner une scission. « Il a fallu 36.000 pages de traités à la Tchéquie et à la Slovaquie, alors qu’il n’y avait pas un nœud comme l’est Bruxelles chez nous et quasiment rien à partager d’un point de vue économique », concluent les experts.

6 réflexions sur « Aux journalistes d’ouvrir le débat »

  1. La punition est double pour les wallons ! Non seulement leurs dirigeants ne les soutiennent pas et en plus ils doivent subir les diktats de la flandre !

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  2. En fait, évoquer, aux niveau des experts, la partition du royaume de Belgique redonne déjà l’espoir de la délivrance. Voilà une bonne nouvelle.
    Si la question de la dette empoisonne la réflexion, la Wallonie ne se trouve pas dans la situation de la Grèce. La Wallonie n’a jamais été gérée en dépit du bon sens comme le fut la Grèce; n’exagérons pas !
    A ce jour, malgré les jeux comptables , les responsables politiques de Wallonie ne trichent pas avec le budget à la mode des dirigeants Grecs !
    De plus, si la situation économique de la Wallonie ne décolle pas, ill faut signaler qu’elle souffre d’un traitement vicié et vicieux de la part du pouvoir fédéral soumis à la botte de la Flandre, toute puissante en Belgium et du désintérêt des banques.
    Questions: en cas de partition, le Boerenbond aura-t-il les coudées aussi franches qu’actuellement ? Infrabel disparue, qui bloquera encore le développement ferroviaire wallon ? Etc.
    Quant à Bruxelles, elle doit aujourd’hui sa relative bonne santé grâce à sa situation privilégiée de capitale politique, administrative et économique.
    Question: en cas de partition ne se trouvera-t-elle pas « dégraissée d’office » par le déplacement de nombreux sièges de sociétés privées, d’offices administratifs  » fédéraux belges  » devenus obsolètes ? Etc.
    Certes, même devenue un micro-Etat indépendant, Bruxelles passera de toute façon sous la coupe économique de la Flandre, seule capable de financer le centre de transport multimodal (fluvial, routier et ferroviaire) prévu de longue date sur ce petit territoire.
    En fait, comme au Moyen-Age, Bruxelles retrouvera sa place de carrefour commercial entre les provinces flamandes et wallonnes. Juste retour des choses.
    N’oublions pas non plus que les règlement de dettes publiques entre Etats s’inscrivent dans les registres des dépenses publiques et qu’elles s’étalent sur des générations. Les dettes publiques ne se règlent pas comme entre banques et particuliers, sauf à vouloir terroriser les bonnes gens.
    Sans tomber dans la rêverie romantique, les indépendances pures et simples de la Flandre, de la Wallonie et de l’Ostbelgien ne s’inscrivent ni dans les astres ni dans les essais de géopolitique.
    Sans les Habsbourg, surtout d’Espagne, le comté de Flandre et le duché de Brabant se destinaient à rejoindre la Nation Néerlandaise ( l’Union d’Utrecht). Pourquoi au 21e siècle, ce futur serait – il interdit ? Pourquoi l’Ostbelgien ne rejoindrait – elle pas la RFA ?
    Et au nom de qui et de quoi les provinces wallonnes ne pourraient-elles ENFIN se fixer aux régions sœurs de France ?
    Quand donc les Liégeois rappelleront-ils qu’ils furent, au 18e siècle, français par référendum ?
    Laisser donc l’une ou l’autre dame clamer « qu’elle préférait encore vivre dans la pauvreté qu’être française »; elle changera vite d’avis et manifestera vite pour que sa situation s’améliore…

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  3. La Flandre ne supporte plus les donneurs de leçons francophones et wallons. Haro sur la droite et l’extrême droite nationalistes flamandes. Mais personne ne relève que le Mouvement flamand prit sa source à droite au sein des cénacles catholiques et parfois libéraux. Les péripéties politiques au cours des deux guerres mondiales ne servent qu’à alimenter les invectives vaseuses sur les plateaux de télévision.
    Etonnamment, la Flandre hésite à sauter le pas de l’indépendance alors qu’elle tient déjà cette indépendance en mains. La Flandre a déjà gagné puisqu’elle est parvenue à dépouiller la Wallonie de son travail et de sa richesse avec…la complicité des « demandeurs de rien » de gauche comme de droite. Puisque « nous sommes tous belges » (sic), où vivent donc les dindons -bio élevés en pâtures ? En Belgique du Sud !
    Maintenant pourquoi les partis wallons de gauche craignent-ils l’ouverture de la Wallonie vers la France ? Pour de nombreuses raisons obscures mais peut-être aussi parce que la carte des élections européennes de 2019 montre qu’en Nord-Pas de Calais, qu’en Picardie, qu’en Champagne-Ardenne la population a voté massivement pour le Rassemblement National (cfr: tapez carte des élections européennes en France) . Ben tiens, en voilà une bien bonne !

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    1. Les partis francophones de pouvoir rejettent la solution française car la Belgique flamande offre beaucoup d’avantages : des parlementaires à profusion très bien payés, des ministres à profusion très bien payés, des cabinets ministériels pléthoriques, des voitures de fonction, du financement publique des partis,… 14 000 000 € viennent encore d’être répartis entre les députés fédéraux sortants.
      Imaginez que la Wallonie rejoigne la France. Seuls 10 wallons siégeront à Paris. Peut-être que la Wallonie y enverra un ministre. Les indemnités des élus du Conseil Régional Wallon seront divisés par trois pour n’assurer que des compétences décentralisées sous la tutelle de Paris. En fait, ces gens sont grassement payés pour que la Belgique flamande puisse durer, pour que la colonisation de la Wallonie par la Flandre puisse se poursuivre, pour que les wallons deviennent des sous-belges désargentés offrant leur territoire à la Flandre panflamandiste. Ces partis savent très bien que les carottes sont cuites mais continueront sans relâche à défendre le belgicanisme mortifère, tant que cela rapporte. Seul le peuple peut faire changer cet état de chose et il commence enfin à voir clair. Le petit sondage de Deborsu de dimanche passé à Namur montre que 45 % des wallons veulent désormais la fin de la Belgique et les arguments commencent à être valables. Un dame disait des flamands : « Que veulent-ils encore ? Ils ont tout et ils continuent à faire les calimeros ! ». Effectivement Madame, ils en veulent encore plus. Ils veulent nos terres et des bras bon-marchés pour continuer à s’enrichir sur notre dos. Et en plus, ils voudraient qu’on dise « merci », ou mieux encore : « dank u ».

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  4. Les journalistes belgicains francophones, ouvrir le débat d’une Wallonie française (ou simplement pour commencer d’une éventuelle fin de la Belgique)??? Laissez moi rigoler!!! Ils le feront jamais sauf si le docu-fiction de 2009 (« Bye bye Belgium ») deviendrait réalité…sans ça, c’est peine perdue!

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  5. Encore un article sur RTBF: https://www.rtbf.be/info/societe/onpdp/cameras-cachees/detail_avec-pigeons-testons-le-niveau-de-belgitude-de-la-vlaamse-kust?id=10240055

    La dernière phrase du dernier paragraphe me fait monter la moutarde (de Dijon) au nez: « Si vous faites l’effort de parler quelques mots de néerlandais, on est sûrs que vous serez encore mieux accueillis! »
    Mais biensûr! Moi je dis, non, non et non!!! Lorsque je vais à Bray-Dune ou à Wissant (Côte d’Opale) ou à Fort-Mahon ou au Crotoy (Baie de Somme) où ailleurs en France, je n’ai pas besoin de parler le néerlandais pour qu’on soit sympa avec moi! Je suis alors dans le pays de ma langue maternelle! Zut alors quoi!
    Et vous pensez encore que « nos journalistes » vont ouvrir le débat!!! Pfff arrêtons la naïveté SVP!! J’y crois pas un seul instant quand on voit leurs belgitude absurde!!!

    PS: ne pourriez-vous pas faire en sorte qu’on ne soit pas obligé de réécrire à chaque fois notre adresse mail et notre nom lorsqu’on poste un message??? (style une autre encoche « se souvenir de moi » par exemple en-dessous des « avertissez-moi par e-mail… ») Un grand merci pour votre compréhension.

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