La Flandre a de la suite dans les idées

MIS EN LIGNE LE 11/03/2019 À 16:00 dans « Le Soir + »

A l’approche des élections du 26 mai, les commentaires vont bon train, notamment au sujet de l’évolution de la N-VA. Le parti nationaliste aurait-il renoncé à faire de la Flandre une république indépendante, comme le prévoit l’article 1er de ses statuts ? Le lion serait-il devenu édenté ? Dans la longue chaîne du Mouvement flamand, la N-VA n’est qu’un maillon récent.

Il n’a été ajouté qu’en 2001, suite à la dislocation de la Volksunie. La grande majorité des francophones ignore à quel point ce Mouvement a dû lutter pour que les premières lois linguistiques soient adoptées et faire en sorte que la Flandre obtienne sa pleine reconnaissance sur l’échiquier politique. Au début du XXe siècle, le cardinal Mercier parlait toujours « de l’unité belge, cimentée par l’emploi de la langue française ».

Tout cela laissera des traces durables et contribuera à forger en Flandre un sentiment très fort d’appartenance collective. En 1973, Manu Ruys, l’ancien éditorialiste influent du Standaard, avait sous-titré son livre « Les Flamands : « Un peuple en mouvement, une nation en devenir » ».

Une nation, un Etat, de la fixation de la frontière linguistique à l’introduction de l’autonomie culturelle, tout sera mis en œuvre pour que la Flandre acquière les caractéristiques d’une véritable nation : un peuple, un territoire, une langue, une culture. Aujourd’hui, cette nation se comporte déjà en véritable Etat. N’a-t-on pas vu, en 2012, le ministre-président flamand Kris Peeters (CD&V) quitter la mission économique pilotée par le prince Philippe au Vietnam pour aller rencontrer Aung San Suu Kyi au Myanmar.

La N-VA ne fait que s’inscrire dans la logique du Mouvement flamand, qui, d’étape en étape, a balayé tous les obstacles mis sur son chemin. Dernière victoire en date : la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde adoptée en 2012 et assurant l’homogénéité linguistique de la Flandre.

La N-VA n’existait pas en 1962, lorsque les Fourons furent transférés de la province de Liège à celle du Limbourg.

La N-VA n’existait pas en 1968, lorsque le démocrate-chrétien flamand Jan Verroken fit chuter le gouvernement sur le «Walen buiten» de l’université de Louvain.

La N-VA n’existait pas en 1978, lorsque le Premier ministre Léo Tindemans saborda le pacte d’Egmont, qui avait le mérite d’associer la Volksunie et le FDF.

La N-VA n’existait pas en 1988, lorsque José Happart fut sacrifié et que les Toshiba-boys du Premier ministre Jean-Luc Dehaene roulèrent les francophones dans la farine à propos du financement de la Communauté française.

La N-VA n’existait pas au début des années 90, lorsque le ministre président flamand Luc Van den Brande lança l’idée confédéraliste, qui allait être approuvée en 1999 par le Parlement flamand

A chacune de ces étapes, on retrouve l’intransigeance du CVP, l’Etat CVP comme on disait à l’époque. Et n’est-ce pas encore un démocrate-chrétien flamand, Yves Leterme, qui porta en 2004 le cartel avec la N-VA sur les fonts baptismaux ?

L’ancien ministre CVP Stefaan De Clerck l’a d’ailleurs avoué lui-même sans complexe : « La relation entre le nationalisme et la démocratie chrétienne est profondément ancrée dans l’ADN flamand. »

Une réflexion mûrie. Ce constat se vérifie pleinement avec la publication ce lundi dans De Standaard, de la carte blanche signée par quatre ténors du CD&V – le président Wouter Beke, le vice-Premier ministre Kris Peeters, le chef de groupe à la Chambre Servais Verherstraten et la ministre flamande de l’Enseignement Hilde Crevits, soutenus par trois « anciens » : Yves Leterme, Luc Van den Brande et Johan Sauwens.

Les intéressés proposent une 7e réforme de l’Etat, qui permettrait de transférer notamment la totalité des soins de santé aux entités fédérées. Cette réforme n’interviendrait toutefois qu’en 2024, pour laisser aux institutions concernées le soin de se préparer à la scission de la sécurité sociale. Un vieux fantasme flamand, en fait,

En 2002, alors qu’il était président de l’Open VLD, Karel De Gucht, s’était, lui aussi, exprimé sans ambiguïté sur le sujet : « La Belgique est condamnée à disparaître à terme, à s’évaporer et, en attendant, n’apporte plus aucune valeur ajoutée à la Flandre. Il est inadmissible que la Flandre paie davantage pour les soins de santé et reçoive moins en retour de la Wallonie. »

Le chœur flamand se retrouve toujours lorsque les intérêts fondamentaux du Nord sont en jeu. Rappelons-nous ces propos tenus en 2003 par le libéral Bart Somers, alors ministre-président flamand : « Il serait impensable de toucher à l’économie de la Flandre de plein fouet en lui faisant porter l’effort de réduction d’émission de CO2 de façon linéaire, alors que l’appareil industriel au sud, plus vétuste, pollue proportionnellement davantage que le nôtre, qui est à la pointe de la technologie propre. »

Fin stratège, Bart De Wever sait que les conditions ne sont pas encore réunies pour porter l’estocade finale. D’où son choix de recourir à la stratégie confédéraliste. Une fois la Belgique vidée de sa substance, il ne faudrait pas longtemps à la Flandre pour la considérer comme totalement superflue.

Entre la Flandre et la Wallonie, le fossé économique reste béant et ce n’est pas le retour probable d’une coalition progressiste en Wallonie qui arrangera les choses. Depuis la crise de Cockerill-Sambre au début des années 80, la Flandre n’a eu de cesse de remettre en cause la solidarité nationale. Aujourd’hui, la suppression des transferts financiers en provenance de Flandre – quelque 7 milliards d’euros ! – est déjà programmée sur dix ans.

Le confédéralisme repose sur ce principe simple : chacun est évidemment libre de faire les choix politiques qu’il souhaite, mais il doit aussi en assurer totalement la responsabilité financière.

Les Wallons doivent le savoir : livrée à elle-même, leur région se trouvera confrontée à une situation budgétaire intenable, qui la contraindra à se serrer fortement la ceinture.

« Un scénario infernal à la grecque », prévient Jules Gazon professeur émérite d’Economie à l’Université de Liège : « L’effort demandé à tous les Wallons serait d’une telle ampleur qu’il en résulterait un climat insurrectionnel. « 

Jules Gheude, essayiste politique

3 réflexions sur « La Flandre a de la suite dans les idées »

  1. Mère Flandre et Angela « Bismarck » Merkel ont toujours de la suite dans les idées quand il s’agit de démolir la Gaule et les Gaulois !

    Angela Merkel bouge encore (Julien Michel – La Lettre patriote du 12 mars 2019)

    La chancelière allemande, non contente d’avoir mis l’Europe dans l’état que l’on sait, suggère désormais (fortement) que l’Europe devrait avoir un siège (européen et unique) au Conseil de sécurité de l’ONU.

    En des temps un peu plus nobles, les dernières propositions d’Angela Merkel auraient été considérés comme ce qu’elles sont : une déclaration de guerre à la France.

    Et la France y aurait répondu comme il se doit. Mais nous vivons désormais une époque beaucoup plus hypocrite, où les vraies guerres ne disent pas leur nom et l’où on appelle guerre n’importe quelle opération anti-terroriste.

    Avant de rendre son tablier (enfin, nous continuons de l’espérer), la chancelière allemande veut parfaire son oeuvre de destruction de la France. C’est ainsi qu’elle soutient principalement deux propositions qui sont directement hostiles à notre pays.

    En premier lieu, il s’agit d’obtenir pour l’Europe un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Cela ne peut se faire qu’au détriment du siège de la France, puisque le détenteur de l’autre siège – le Royaume Uni – quitte l’Europe.

    En second lieu, la chancelière suggère l’abandon du parlement européen de Strasbourg, pour ne plus siéger que dans celui de Bruxelles.
    Bref, c’est la guerre.

    Et Macron, l’européiste visionnaire, s’aligne sur l’ Allemagne comme la Wallonie semble vouloir le faire sur la Flandre.

    Comme le déclare le philosophe et ancien professeur de droit économique Henri Temple ( 11/03/2019 – RT France) : « Ce faisant il est bien dans sa ligne politique post nationale et fédérale, celle d’un super état, dirigé par l’Allemagne depuis Bruxelles, tel qu’il le souhaite ; les nations, notamment la France, perdant une partie croissante et essentielle de leur souveraine liberté politique. Est-ce bien cela que les Français et les autres Européens désirent ? Et, plus encore, est-ce cette méthode qui restituera aux Français qui l’attendent si fort, leur dignité matérielle, sociale et politique ?

    L’avenir est sombre ! Pourquoi cette faiblesse gauloise ?

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