Tout va très bien, Madame la Marquise !

Par Jules Gheude

La version néerlandaise de cette opinion de Jules Gheude a été publiée sur le site de Doorbraak : https://doorbraak.be/diplomatie-madame-marquise/

La diplomatie a ceci de confortable qu’elle permet à un officiel d’un pays de tenir des propos peu amènes à l’égard d’un pays « ami », et à celui-ci d’accepter ensuite les excuses qui lui sont présentées…

C’est ce qui s’est passé récemment, lorsque le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Stef Blok (Volkspartij voor Vrijheid en Democratie – Parti populaire pour la Liberté et la Démocratie), a regretté d’avoir qualifié la Belgique de pays invivable lors d’un discours prononcé à La Haye devant un parterre de concitoyens actifs au sein d’organisations internationales.

Mais il n’en demeure pas moins que le chef de la diplomatie néerlandaise se dit « incapable de donner l’exemple d’un pays disposant d’une société multiculturelle où les citoyens vivent ensemble dans la paix ».

Stef Blok  a présenté ses excuses à son homologue Didier Reynders, qui les a acceptées. L’incident est donc clos et le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, estime que son ministre peut « continuer à fonctionner de manière tout à fait normale ».

Lorsqu’un Etat voit le jour pour des raisons diplomatiques, sans que les populations concernées aient eu leur mot à dire, il porte immanquablement en lui les germes de la crise.

Dans l’union hollando-belge de 1815, le marquis de la Tour du Pin, ambassadeur de France à Bruxelles, n’avait vu qu’ »un mariage de convenance… sans aucun amour de part et d’autre ». Quinze plus tard, le divorce était prononcé.

Le mariage belge, arrangé notamment par Londres, ne fut pas non plus une réussite et pourrait, lui aussi, se solder par une séparation. On se souvient de ces médias étrangers qualifiant la Belgique de « pays défaillant », lors des attentats terroristes de Bruxelles. Des attentats qui, pour Jean Quatremer, le correspondant du journal « Libération » à Bruxelles, ont révélé la « déliquescence de l’Etat, miné par des luttes incessantes entre la majorité néerlandophone et la minorité francophone ».

Pour Bart De Wever, le président de la N-VA, « Flamands et Wallons vivent sur deux planètes et constituent deux démocraties ». Aussi souhaite-t-il, au lendemain des élections législatives de l’an prochain, que cette situation se reflète dans une organisation institutionnelle de type confédéral : un échelon belge réduit à sa plus simple expression, avec deux Etats – Flandre et Wallonie – entre lesquels chaque Bruxellois sera amené à choisir pour ce qui concerne les matières dites communautaires : impôt des personnes, sécurité sociale, immigration et intégration…

Bref, la Belgique deviendrait une coquille vide qui ne manquerait pas d’apparaître très vite superflue.

Sophie Wilmès, la ministre du Budget (MR) se veut rassurante : « Notre volonté de réduire les déficits et l’endettement de notre pays reste intact, tout en travaillant à la création d’emplois. J’en veux pour preuve les grands indicateurs budgétaires qui tendent vers les résultats engrangés lors des années d’avant-crise. » 

Certains indicateurs n’incitent toutefois pas à l’optimisme. Au cours des deux dernières années, les grandes multinationales ont, en effet, retiré 62 milliards d’euros de leurs centres de financement belges. Le géant allemand de la chimie, BASF, a en outre annoncé qu’il allait déménager à l’automne  sa trésorerie en Irlande, ce qui portera le compteur au-delà des 78 milliards d’euros. 7 des 17 plus grands centres de financement  de multinationales sont même déjà totalement à l’arrêt.

Depuis les années 80, les grandes multinationales bénéficiaient de mesures fiscales avantageuses, telles que les intérêts notionnels. Mais, avec l’ »accord de l’été » 2017, l’attraction n’est plus aussi forte. Si le principe de la déduction des intérêts notionnels est maintenu, il est toutefois limité désormais aux nouveaux fonds propres et ne s’applique donc plus à l’ensemble des fonds propres. Cela signifie que les multinationales ne peuvent croître que grâce à leurs gains.

Le gouvernement a également introduit un impôt minimum pour les entreprises, qui touche aussi les centres de financement.

Il apparaît évident que les multinationales n’ont pas intérêt à placer tous leurs œufs dans le même panier. Elles veulent gérer leurs finances internes au départ de divers pays et réagir ainsi plus rapidement aux modifications fiscales.

Après le déménagement de BASF, les capitaux parqués en Belgique descendront sous la barre des 100 milliards d’euros, contre plus de 300 milliards d’euros il y a sept ans.

Outre ces écueils économiques, la Belgique ne pourra éviter, au lendemain des élections législatives de mai 2019, une nouvelle tornade communautaire. D’ici là, les tensions ne cesseront de croître au sein de la coalition suédoise, chacun affûtant ses armes en vue de la compétition.

Une compétition à haut risque, qui pourrait bien amener l’arbitre à conclure que la Belgique n’est plus gouvernable, donnant ainsi raison au chef de la diplomatie néerlandaise…

2 réflexions sur « Tout va très bien, Madame la Marquise ! »

  1. Tout va si bien Madame la Marquise que l’incendie ravage votre château !

    Président Willy Borsus, les artistes wallons n’existent pas.

    La Fédération Wallonie-Bruxelles et la ministre Greoli ont sélectionné et envoyé un duo de plasticiens FLAMANDS à la biennale de Venise.
    Une discrimination et un déni des talents wallons conséquence logique «de l’accord de coopération pour la Culture, établi entre la Communauté flamande et la Communauté française depuis 2013, le projet sélectionné sera le fruit de collaborations témoignant de la vivacité de la création et des synergies en Belgique ». (SIC !)
    Un choix plus que discutable avalisé par la ministre Alda Greoli, d’un duo de Flamands ( habitant à Brussel) et de leur commissaire Anne-Claire Schmitz, directrice de La Loge, une ASBL subventionnée par de « Flanders State of the Art » et de la » Vlaamse Gemeenschapscommissie ».
    Irréalisme politique, soumission collaborationniste (?) la FWB pourrait bien être absente pendant huit ans de la plus prestigieuse des manifestations internationales !
    Cette manière d’agir s’inscrit dans une ligne idéologique entraînant l’absence de soutien aux artistes d’une nation, d’une région, ou le refus de leur donner la possibilité d’une visibilité mondiale.
    En conséquence le message qu’adresse la ministre Alda Greoli : en Communauté française, il n’y a pas artistes wallons, en Wallonie les institutions culturelles et leurs responsables ne valent rien, les écoles d’art sont inutiles.
    La FWB considère sa participation à la biennale de Venise comme épisodique et non comme la pierre angulaire d’une politique culturelle cohérente. Tout le monde connaît L’INCOHERENCE DE LA FWB !
    Pourquoi cette biennale ne pourrait-elle pas être une étape importante dans le parcours des artistes wallons ? Pourquoi les opérateurs culturels wallons ne sont-ils jamais sollicités pour produire les projets vénitiens ?
    Pourtant, Venise est une opportunité exceptionnelle pour les institutions d’accroître leur visibilité internationale et d’étoffer leurs réseaux professionnels – conditions importantes à l’exécution de leurs missions. La plupart des pays confient la production des expositions vénitiennes à une de leurs institutions, la Flandre aussi.
    Seule la FWB s’obstine à faire le contraire. Il s’agit d’une forme de discrimination, pire, d’un déni des talents en Wallonie, qui s’ajoute au manque de soutien à la création et à l’absence d’une véritable politique artistique telle qu’elle existe en Flandre.
    Encore une occasion perdue volontairement par la FWB, le « Cheval de Troie » de la belgitude la plus odieuse !
    NDLR : l’article peut se lire dans la Libre Belgique du 22 août 2018

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  2. Pas d’illusion. Le Flamand arrogant préfère le colonialosme au
    sèparatisme, Il a en face de lui un peuple wallon vautré dans
    sa belgitude et prèt á appremdre á aboyer fllamand. Le Flamand
    lui concèdera un emploi de technicien de surface un terme qui
    en termes plus crus sigmifie esclave. Et les esclaves ont toujours
    parlé la langue de leurs Maìtres. A vomir

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