Un an de macronisme : à vous de juger !

En guise de préambule : actualité de l’assemblée nationale (577 élus).

Macron, on l’aime, on l’adore ou on ne l’aime pas, on le déteste… Il ne laisse pas indifférent. Il a révolutionné la politique française et installé un pouvoir vertical rarement atteint en s’appuyant durant cette première année de pouvoir sur une majorité LREM solide.

Toutefois, un nombre appréciable de ces députés commencent à faire entendre leur voix discordante sur plusieurs sujets au point d’envisager la constitution d’un groupe parlementaire distinct. (Pour rappel, il faut 15 députés pour former un groupe parlementaire.)

Plusieurs fidèles parmi les fidèles avaient été choisis pour recadrer les « perturbateurs ». Nous pouvons affirmer que leur action a limité pour l’instant la casse, mais n’a pas réussi totalement dans son œuvre. Toutefois, le Président de la République qui avait 309 députés à sa disposition garde une majorité confortable.

De l’aveu même de Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron a gagné le 1er round.

« La France insoumise » de Mélenchon (17 élus) est la force d’opposition qui a une cohérence, un programme, une dynamique, mais là aussi un Ruffin commence à faire entendre sa différence.

La Droite de Wauquiez (98 élus) n’en finit pas de chercher sa voie, de donner de la consistance, du contenu et un positionnement au parti « Les Républicains ».

Le P.S. se retrouve dans « la Nouvelle Gauche » (27 élus) qui comme la Droite est aussi à la recherche de sa voie, de son positionnement et de sa construction (ou reconstruction).

Le groupe U.D.I., Agir et indépendants, « Les Constructifs » (centre et droite qui ne se reconnaît pas dans la droite « décomplexée » de Wauquiez (47 élus), le mouvement démocrate et apparentés (35 élus) votent les projets de loi à la carte selon qu’ils y adhèrent ou non.

La gauche démocrate et républicaine (16 élus) a réussi grâce à ses 16 élus à fonder un groupe parlementaire.

Le F.N. (ou ex-F.N. ?) avec ses 8 élus passe le plus clair de son temps à essayer de construire un groupe parlementaire avec certains des 20 élus non-inscrits.

Notons que pouvoir constituer un groupe est important (droit à avoir des présidences de commission ainsi que l’accès à des dotations publiques).

L’A.W.F., mouvement citoyen pluraliste a parmi ses membres des sensibilités qui recouvrent l’ensemble de l’échiquier politique français (à l’exception notable du F.N. qui ne répond pas à l’article 1er de nos statuts). Nous sommes un espace de discussions riche.

Il appartiendra quand on demandera au Wallon de voter pour les présidentielles et les législatives de choisir son parti, son candidat ou de s’abstenir.

 Nous n’avons pas voulu escamoter le débat concernant un an de macronisme, mais nous donner le temps de la réflexion et du débat interne. L’article paru dans le « Le Vif- L’Express » nous a paru bien structuré. Aussi nous proposons-vous de lire ce qui suit :

Article publié dans le magazine Le Vif/L’Express du 03/05/18

Par Corinne Lhaïk

Faire. J’assume. Transformation. Cordée. Ces mots du Président français incarnent le style et l’action de sa première année à l’Elysée.

FAIRE

L’ambition

Le président français adore ce verbe, au point de l’avoir prononcé 3 068 fois en un peu plus d’un an. C’est « faire » qu’il préfère, après « France » (3 215 fois), selon le site « Le poids des mots du président », de Paris Match. Porte-parole de l’Elysée et ancien journaliste, Bruno Roger-Petit raconte : « Quand je suis arrivé à l’Elysée, le président m’a dit : « Tes confrères se trompent, je n’aime pas la politique, je n’aime que l’action politique. » » Les macronistes sont unanimes : le président « fait » pour rattraper les renoncements du passé. En mai 2017, le nouvel élu confie au syndicaliste Jean-Claude Mailly, alors secrétaire général de Force ouvrière, qu’il veut « tout faire en deux ans ». Richard Ferrand, le président du groupe REM à l’Assemblée nationale, en est convaincu : « Quand l’ensemble sera mis en oeuvre, les Français auront plus d’emploi, de santé, d’école. » D’ici là, Emmanuel Macron compte sur l’action pour lui servir de paravent. « Macron est un doer ( traduction: un homme qui agit), c’est son principal airbag par rapport aux critiques : « il fait, avec détermination », souligne Philippe Grangeon, membre du bureau exécutif de la République en marche et proche du chef de l’Etat. Si le président ne reste pas inerte, où va-t-il ? C’est une autre question. Moralisation de la vie publique, réforme du marché du travail, de l’assurance-chômage, de la formation professionnelle, de l’apprentissage, de la fiscalité du capital, des institutions, de l’école, du bac, de l’orientation des lycéens, des prisons, des hôpitaux, des règles de l’asile et de l’immigration, de la fonction publique, de la SNCF, la France est devenue un vaste chantier.

Le risque

C’est celui du tournis et, in fine, de l’incompréhension. Si la politique a lassé les Français faute de résultats, la seule recherche de l’efficacité ne suffit pas. Que manque-t-il ? « La pédagogie, oui bien sûr, affirme ce député REM, et, comme tout le monde, je fais ma génuflexion en disant qu’elle est nécessaire, mais donner des explications, c’est solliciter la rationalité alors que les Français ont besoin d’empathie. » Pour l’heure, le président n’a pas trouvé la réponse à ces électeurs qui le jugent lointain et arrogant. Le risque, c’est aussi l’essoufflement. Si Macron fait tout en deux ans, à quoi emploiera-t-il le reste de son quinquennat ? Pourtant, quatre sujets importants sont à l’agenda : la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale pour financer la dépendance, aux côtés de la maladie, la vieillesse, la famille et les accidents du travail ; la refonte du système de retraites pour qu’il soit égalitaire et lisible ; la réforme de la fiscalité locale ; et, surtout, celle de la dépense publique, condition essentielle de la transformation.

J’ASSUME

L’ambition

Par ce mot, le chef de l’Etat français se défend face aux contestations. « J’assume totalement les gestes fiscaux faits sur l’Impôt de solidarité sur la fortune. » « J’assume la hausse de la Contribution sociale généralisée pour les retraités. »  » J’assume ces choix », dit le président à propos de la gestion des hôpitaux. Ce terme s’accorde bien avec le verbe faire et avec la rupture que Macron entend incarner. « La plupart des gouvernants trouvent toutes sortes de justifications pour se disculper : c’est l’Europe, c’est la crise, ce n’est jamais de leur responsabilité », affirme Bruno Roger-Petit. Mathieu Laine, directeur du cabinet du conseil Altermind, poursuit : « Son « j’assume » est conforme au contrat démocratique « j’ai été élu donc je fais ». Il n’y a pas d’arrogance, le président signifie que c’est lui qui sera jugé par l’histoire. »

Les inquiétudes et les mécontentements sont entendus, vous promet-on, mais n’entament pas les convictions présidentielles. Le « j’assume » est aussi un choix politique. Bien sûr, Emmanuel Macron songe à un second mandat et il lui arrive de l’évoquer en privé. « Mais il accepte le risque de conflictualité, automatique quand on transforme. Il n’agit pas avec l’horloge de la prochaine présidentielle et a la lucidité de savoir que, même s’il obtient des résultats, il peut ne pas être réélu. Regardez Schröder en Allemagne », affirme Philippe Grangeon.

Le risque

Le mot peut claquer comme un déni d’écoute, de compréhension, comme une forme de mépris technocratique, ceux qui savent écrasant les « ignorants ». A l’Elysée, Ismaël Emelien comprend le danger : le conseiller spécial du président passe ses journées le nez dans les sondages à analyser l’opinion. Il lui arrive de réfléchir out of the box, comme disent les macronistes, par exemple, de proposer au président d’aller présenter ses vœux le 1er janvier à midi, en descendant dans la rue. Si cette idée n’a pas été retenue, son offensive contre un gouvernement des « sachants » a été prise au sérieux. Le chef de l’Etat ne renonce pas au « j’assume », mais ne parle plus de « réparer ». C’est le garagiste qui répare, il soulève le capot, plonge dans le moteur, et vous, vous n’y comprenez rien, vous explique-t-on à l’Elysée. Désormais, on « réconcilie ». De même que l’on ne se contente plus de « libérer et protéger ». On « unit », également.

« J’assume » souligne aussi une contradiction entre la verticalité du pouvoir selon Macron et ses promesses d’horizontalité durant la campagne. Macron juge les syndicats trop faibles et trop divisés pour mener les réformes qu’il souhaite. Mais la distance entretenue avec les corps intermédiaires est-elle une condition de l’efficacité ? Ou l’amorce d’une rupture avec cette société civile dont le président a besoin pour réussir ?

TRANSFORMATION

L’ambition

Oubliez les réformes, un vocable qui écorche les oreilles, rappelle de mauvais souvenirs et un cortège d’adjectifs fâcheux : « inachevées », « amputées », ou pire, « libérales ». La transformation, c’est bien autre chose que de repeindre la carrosserie. Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, revendique cette radicalité : « Jusqu’à présent, chaque nouveau problème donnait naissance à une nouvelle dépense et, l’année d’après, à un nouvel impôt pour combler les déficits. » Désormais, l’inspiration des politiques publiques tient en un mot, très ambitieux : l’émancipation. « La principale inégalité, c’est la prédestination des gens en raison de leur origine sociale et de leur parcours, estime Philippe Grangeon. Nous aurons réussi si, dans cinq ans, nous avons permis une mise en mouvement collective pour que les destins individuels puissent se réaliser. « 

Voilà pour l’objectif. La méthode, c’est un autre proche, Jean-Marc Borello, président du Groupe SOS, qui la décrit : « La règle est simple et respectée, on réfléchit, on ouvre un dossier, on fait le travail à fond, on le ferme et on passe à autre chose. Rien ni personne n’empêcheront le président d’aller jusqu’au bout. » La détermination affichée est la nourriture de la transformation. Sur ce chapitre, les macronistes sont imbattables.

Le risque

Le premier, c’est celui de la transition. « Nous l’avions anticipé : l’élection s’éloigne et les résultats concrets ne viendront que plus tard, analyse Gilles Le Gendre, vice-président du groupe REM à l’Assemblée. Notre politique ne consiste pas à redistribuer de l’argent à tout-va, mais à nous attaquer aux défauts de fond du modèle français. C’est plus difficile, mais plus efficace. Il nous faut aller vite pour que les bénéfices adviennent sans tarder. Et être très clairs sur les responsabilités : les fonctionnaires, les cheminots, les infirmières, etc., ne sont pas coupables de la situation actuelle ; mieux, ils ont tout à gagner à sa transformation. »

Le second et principal risque, c’est celui de la déception, un écart trop important entre les prétentions du début et la réalisation finale. Il est déjà arrivé à Emmanuel Macron de rogner les promesses de départ. Comme avec l’assurance- chômage, certes étendue aux démissionnaires, mais avec des restrictions. Ou avec les ordonnances sur le droit du travail qui donnent plus de pouvoir de négociation aux branches professionnelles que prévu durant la campagne. Toutefois, l’essentiel est ailleurs : dans cette refondation de la dépense collective, donc des politiques publiques. Elle doit dégager des économies et respecter la promesse de transformation. Un Comité action publique (CAP 22) va remettre son rapport dans quelques semaines. Il suscite beaucoup d’attentes et de doutes : combien d’exercices de ce genre l’ont précédé sans résultats ? Si la méthode dure devait aboutir à des réformes molles, le chef de l’Etat aura perdu sur les deux tableaux : il aura fait peur aux Français, sans changer vraiment leur vie.

CORDEE

L’ambition

Interrogé par TF1 et LCI, le 15 octobre 2017, le chef de l’Etat affirme : « Je veux qu’on célèbre (les) réussites. Si on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c’est toute la cordée qui s’effondre. » En quelques mots sont exposées sa conception de l’économie et celle de la société : tout le monde est lié, les riches ne peuvent pas s’exonérer de leurs responsabilités, les pauvres ne doivent pas rêver d’affaiblir les riches.

Cordée, c’était juste la trouvaille d’une soirée, mais le mot devient l’auberge espagnole du macronisme. A chacun sa définition. Pour Mathieu Laine, « Emmanuel Macron exprime la conviction que si l’on ne libère pas la pression fiscale, on ne va pas libérer l’embauche et l’investissement. C’est une pédagogie libérale bienvenue ». Benjamin Griveaux insiste sur ces premiers de cordée qui ne sont pas forcément des riches et des patrons. « Ce sont aussi des personnes qui n’acceptent pas l’assignation à résidence pour eux et les autres. »

Le risque

C’est d’établir une hiérarchie implicite entre ceux « qui réussissent » et ceux « qui ne sont rien », selon une autre expression très controversée du président (le 2 juillet 2017, lors de l’inauguration de la Station F campus de start-up à Paris). « On peut donner l’impression que l’on fait exclusivement une politique pour les premiers », reconnaît un ministre. Pour le moment, l’arithmétique est implacable : les plus riches profitent davantage des baisses d’impôts que les plus modestes. Et le président a du mal à faire comprendre ce qu’il propose : que les plus aisés, financièrement ou culturellement, s’investissent pour la collectivité ; que la transformation en route va bénéficier aux plus faibles. Un député de la majorité affirme : « Ce mot de cordée, je le trouve pauvre, je préfère le « libérer et protéger », qui incarne le dépassement absolu du dilemme entre plus d’Etat ou plus de marché. Il faut plus des deux. » C’est le challenge.

2 réflexions sur « Un an de macronisme : à vous de juger ! »

  1. …Je ne trouve, en Gelbique, aucun candidat ou mandataire reprenant les thèses de François Asselineau, président de l’Union Populaire Républicaine, prônant la sortie de l’euro, de l’U.E. et de l’OTAN, histoire de sauver la région wallonne et la France toute entière.
    Asselineau sera à Charleroi le 26 mai …

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  2. Une année. Est-ce bien suffisant pour juger un homme, une équipe, une politique ?
    Question: la France nécessitait-elle une profonde réforme ? Sans aucun doute.
    Un ami français m’avouait que la France n’avançait que par à coups.
    Je lui répondis qu’ en Belgique aussi, malgré la légende éculée du consensus mou.
    Il faut observer que les présidents français précédents creusèrent allègrement le déficit national afin de ne pas prendre de décisions nuisibles à leur image de marque et à leur réélection. En Belgique aussi.
    Ce qui inquiète autant en France qu’en Belgique c’est la course aveugle, dans un brouillard total, à se plier aux injonctions de la Commission européenne et à ses fantasmes dictatoriaux.
    A l’exception de quelques privilégiés ( non élus bien naturellement ) personne ne sait vers quel abîme nous courons.
    Monsieur Macron semble d’ailleurs plus occuper à raboter les spécificités françaises afin de la transformer en une belle pièce du puzzle européen. Au lieu d’agir autrement et d’entraîner dans son sillage les pays soucieux de conserver leurs patrimoines culturel, historique et cultuel.
    L’Europe n’existe que par les Nations qui la composent et non l’inverse. En soi, l’Europe n’existe pas sauf comme prolongement de la Sainte-Russie et comme pédoncule de l’ Asie.
    Au demeurant, Monsieur Macron participe aussi à  » L’étrange suicide de l’Europe  » ( immigration, identité, islam ), lire l’excellent et effrayant livre écrit par Douglas Murray , au Editions de l’Artilleur / Toucan éditeur indépendant, Paris, 2018.

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