Une opinion publiée le 8 mai 2013 dans La Libre Belgique, suivie d’un commentaire de l’AWF.
Interview de Pieter Lagrou, professeur d’histoire contemporaine à l’Université libre de Bruxelles.
Pourquoi le 8 mai n’est-il pas un jour férié, alors que le 11 novembre l’est toujours ?
En Belgique, la date du 8 mai est toujours restée dans l’ombre de celle du 11 novembre. A la différence du 8 mai 1945, le 11 novembre 1918 est une date qui a un rapport immédiat avec l’histoire. Ce jour-là, les Allemands étaient encore en Belgique, et ils ont dû commencer à partir. La date du 8 mai 1945, par contre, n’a aucun lien direct avec les événements qui se sont déroulés en Belgique. Notre pays a été libéré bien plus tôt, en septembre 1944, mais il y eut encore la bataille des Ardennes à l’hiver 1944.
Le 8 mai constitue donc davantage une date dans l’histoire diplomatique : c’est ce jour-là que la reddition de l’Allemagne a été officiellement signée. D’ailleurs, tous les pays ne fêtent pas la fin de la guerre le même jour ! Au Pays-Bas, elle est fêtée le 5 mai, par exemple. De plus, il ne faut pas oublier que la guerre a encore continué en Asie durant près de quatre mois. La Seconde Guerre mondiale a donc véritablement pris fin en août 1945.
Jusqu’à quand le 8 mai était-il un jour férié ?
Le 8 mai n’a jamais été officiellement un jour férié généralisé en Belgique. Il l’a seulement été dans les écoles et les administrations. Mais il a été supprimé il y a plusieurs années. Aujourd’hui, les défilés d’associations d’anciens combattants ont toujours lieu le 11 novembre, ou lors des fêtes de la Libération. Très peu de rituels propres au 8 mai sont organisés en Belgique.
Pour moi, on devrait vraiment fêter la victoire ultime de la démocratie et de ses valeurs contre le racisme. La date du 8 mai a ainsi beaucoup plus de sens pour fêter la fin de la guerre. Il s’agit d’une date marquante commune de la mémoire européenne.
Commentaire de l’A.W.F. : la capitulation de l ‘Allemagne nazie a été signée à Reims le mardi 08 mai 1945 comme l’atteste la une de la « Libre Belgique » reprise ci-dessus.
Non, M. le professeur, le 8 mai ne constitue pas davantage pour nous Wallons et Bruxellois de langue française une date dans l’histoire diplomatique.
Elle fait partie de notre héritage historique au même titre que celui de nos Frères français. C’est une blessure pour nous de voir les commémorations de cette journée historique en France et le silence qui entoure cette victoire contre le nazisme dans cet Etat à majorité francophobe nommé « Belgium » ou « Belgïe ».
Est-ce un hasard si lors du Congrès national wallon du 21 octobre 1945, soit 5 mois après la reddition allemande, 1048 participants représentatifs des forces vives wallonnes votèrent selon 4 propositions:
1. Structure unitaire avec modifications
2. Autonomie dans le cadre de la Belgique
3. Indépendance de la Wallonie
4. Réunion de la Wallonie à la France
Le résultat du vote à bulletin secret donna la majorité à la motion 4, celle de la réunion de la Wallonie à la République française.
Ce vote est l’A.D.N. de notre mouvement citoyen : l’Alliance Wallonie France.
72 ans après, de plus en plus de Wallons, quand ils sont éclairés quant aux perspectives que leur laisse la Belgique, font le même choix. Nous le voyons lorsque nous organisons le vote après nos conférences-débat.
Lorsque les médias cesseront de maintenir la tête des Wallons dans le sable, lorsque les centres d’études politiques accepteront de prendre en considération le projet d’intégration-autonomie de la Wallonie dans la République française, nul doute que nous revivrons le résultat du vote d’octobre 1945.
Ceci dit, nous sommes en accord avec votre conclusion : « Pour moi, on devrait vraiment fêter la victoire ultime de la démocratie et de ses valeurs contre le racisme. »
Paul D.
J’aime bien votre conclusion. Toutefois, j’ai un léger doute. Le Congrès de 45 n’est pas un événement historique pour la Wallonie, puisque le premier vote n’a pas été respecté. Il s’agit dans ce cas de figure d’une défaite sur le plan démocratique.
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Je viens de relire ce que j’ai écrit, Joël : l’A.W.F. se veut l’héritière de la journée du 21 octobre 1945 où les participants votèrent majoritairement la réunion de la Wallonie à la France. Là se situe l’ A.D.N. de notre mouvement citoyen.
Là se situe l’événement historique.
J’aimerais d’ailleurs que les dictionnaires français ajoutent le mot « réunionisme » en mémoire de ce fait historique de notre histoire puisque tel était l’intitulé de la vignette 4 du bulletin de vote remis aux congressistes : » Réunion de la Wallonie à la France » (encyclopédie du mouvement wallon tome 1 page 342). Voir le rouge du correcteur orthographique de mon ordinateur s’incruster sous le mot « réunionisme » a toujours le don de m’énerver.
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Enseignante depuis 1977 (et toujours en activité), si ma mémoire est bonne, le ministre de l’Education de l’époque a supprimé ce jour de congé dans les années ’80 (tout comme le 15 novembre et le « pont » de l’Ascension), lorsqu’il a décidé d’accorder 1 semaine de congé à la Toussaint et 1 autre au carnaval. La question des rythmes scolaires était déjà sur la table… et le but était de permettre une semaine repos réel aux élèves de l’enseignement obligatoire (uniquement).
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Merci pour votre commentaire, Monsieur le Président. Il reflète la vérité, l’amère réalité : la Belgique, ce prétendu État démocratique, n’est pas guéri du nazisme ni de la collaboration qu’il a menée avec ce régime durant les années noires de 1933 à 1945.
Les autorités françaises ont, quant à elles, fait le ménage, et les différents présidents de la République, qui se sont succédé depuis 1945, ont reconnu officiellement et humblement les erreurs impardonnables – ou plutôt les fautes – du régime de la collaboration !
Vive la Wallonie ! Vive la France ! Vive la Wallonie française !
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Selon la PRESSE BELGE ( lire francophone bruxelloise) le 8 mai était un jour férié en Belgique qui ne concernait que les établissements scolaires et les administrations. Histoire de ne plus faire de jaloux, le gouvernement Martens décida en 1983 que le 8 mai redeviendrait un jour comme les autres. De plus, comme l’expliqua Pieter Lagrou, professeur d’histoire contemporaine à l’ULB, le 8 mai a toujours été dans l’ombre du 11 novembre dans nos contrées. Toute symbolique qu’elle puisse paraître, elle marque la libération officielle de l’Europe du joug de l’envahisseur allemand. Cette date ne concerne pas vraiment la Belgique, libérée quelques mois plus tôt. Par contre, le 11 novembre 1918, est majeure en Belgique puisqu’elle signifie la retraite définitive des troupes allemandes de son territoire.
Comme dans ce pays « surréaliste », il faut toujours lire entre les lignes, commémorer la guerre de 14/18 permet de sauver les apparences et le mythe belge malgré les révélations tardives quant aux agissements troubles des gouvernants belges depuis l’invasion en août 14 à l’ armistice du 11 novembre 18.
Par contre, le 8 mai 1945 ne comporte rien de très symbolique entre les « Belges » quand on connaît les failles béantes entre le Nord et le Sud, du 10 mai 1940 au 4 février 1945, même lorsque l’on tient compte de la collaboration politique et économique en Wallonie.
De plus, il ne faut pas oublier que le Premier ministre Martens, flamingant nationaliste notoire, ne jugeait plus nécessaire de stigmatiser l’ Allemagne et la Flandre pro-allemande. Ajoutez que les affaires sont les affaires et les anciens combattants comme les victimes de la guerre ne rapportent rien à la finance !
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