VALMY revient à son tour sur la question du remplacement des F-16 de la « Composante Air » de l’armée belge.
Les éditorialistes du Mouvement flamand, moins toursiveux que les politiques, admettent que si les Wallons souhaitent acheter des Rafales, pourquoi les Flamands ne pourraient-ils pas acheter selon leurs choix ? (Lire ici l’article de Theo Lansloot dans le Doorbraak.) Alors que les « élites et gouvernants » restent au balcon, la Wallonie rattachiste se doit donc de faire entendre sa voix.
Georges-Henry Simonis pose la question d’importance : « …pourquoi ne pas rattacher complètement la marine belge à la marine néerlandaise… ? » Certes, « ça ressemble à une évidence géographique, et même historique qui engendrerait d’importantes économies » (pas de marine militaire avant la création de la section belge par Victor Billet en Grande-Bretagne en 1942), mais que faire des équipages wallons ?
Ne pourraient-ils choisir entre demeurer au service des héritiers de l’Amiral Michiel de Ruyter ou choisir les vaisseaux des héritiers de Surcouf ou de Jean Bart au sein de La Royale ? La Marine Nationale utilise les mêmes chasseurs de mines Tripartite; le commandement de la zone maritime Manche et Mer du Nord est basé à Cherbourg (autre chose que Den Helder…) et elle engage selon les mêmes critères. Ne pas perdre de vue que les navires et les installations portuaires « belges » sont de facto flamands. Les ports d’Antwerpen et de Zeebrugge, le Musée de l’Afrique à Tervuren, sont belges pour les investissements et flamands pour les retombées financières et le titre de propriété… Les Belges ne l’ont toujours pas compris !
Quant à la force aérienne belge, elle s’organise selon ses maîtres flamands à l’heure de l’OTAN et ceux-ci ne conçoivent pas les appels « à la sagesse la plus élémentaire ». Ils font tout pour se rapprocher des Néerlandais et ils n’ont cure de la « perspective européenne de défense ». Une escadre aérienne française se compose de 18 à 24 appareils. Aux experts wallons d’établir le nombre de Rafales à baser à Florennes. Cela permettrait d’insérer cette base wallonne dans le dispositif français de défense. Aux Flamands d’établir le nombre de F35 à acheter en tenant compte des désidératas néerlandais afin d’inclure Kleine-Brogel dans le dispositif néerlandais de défense. Rien d’alarmant, personne ne quitte l’OTAN !
La présente problématique contient en germe la régionalisation de l’armée belge. Inconcevable et horrifiant ? Non, évidemment, puisque toutes les armées de l’OTAN ne connaissent plus la conscription nationale et citoyenne (Valmy, c’est fini !) mais bien la « professionnalisation », soit une forme officielle de « mercenariat ». Voilà qui ouvre des perspectives plus qu’intéressantes ! De l’audace, encore de l’audace et…de l’imagination !
Pour Vincent Dujardin, professeur d’histoire contemporaine à l’UCL, « l’armée est importante pour notre sécurité mais aussi notre image à l’étranger »… « L’armée est l’instrument d’une politique. Vous n’avez pas de politique étrangère si vous n’avez pas aussi une politique de défense. » (Défilé du 21 juillet: RTBF La Première, publié le vendredi 21 juillet 2017 à 10h27). Si cela vaut pour les Belges, cela doit valoir aussi pour les Wallons et les Flamands qui détiennent déjà des compétences importantes en matière de politique étrangère. Compétences qui n’attendent que de se développer !
Ce serait aussi oublier qu’au cours des siècles, les Wallons ont constitué des unités militaires d’élite, au service de nations étrangères. « Aux XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, les régiments wallons ont contribué, pour une large part, à faire connaître le nom de Wallon à l’étranger » (Félix Rousseau, La Wallonie, terre romane – Namur, ville mosane). Au XVIIIe siècle, des Wallons servaient à la fois l’Empire espagnol, l’Empire d’Autriche, les Provinces-Unies et le Royaume de France. Au XIXe, on les retrouve au service de l’Espagne, de l’Autriche, dans les armées de la République française puis du Premier Empire et dans les rangs de l’armée hollando-belge à Waterloo (Histoire militaire des Belges, vicomte Charles Terlinden, La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1966).
Voilà qu’en l’année 2000, « Pour ne pas briser l’équilibre Flamands-Wallons, le Ministre Flahaut est prêt à enrôler des étrangers. (…) Il est de plus en plus difficile de recruter des soldats en Flandre, le ministre de la Défense voudrait supprimer les quotas dans une armée qui doit être composée à 60 % de Flamands et 40 % de Francophones. (…) Mais ‘toucher à la répartition dans l’armée, c’est toucher à la clé de voûte de la Belgique. (…) On commence par l’armée et on continue avec le reste’, estime le politologue flamand Kris Deschouwer. (…) Il manque (…) ‘des soldats de base, mais aussi des informaticiens, des médecins, des ingénieurs’, reconnaît le syndicaliste militaire Emmanuel Jacob. Le ministre de la Défense estime qu’’il serait ridicule de refuser des soldats wallons’. Mais pour les Flamands, (…) cette mesure touche une corde très sensible. (..) Le ministre francophone a pensé enrôler des étrangers ‘européens et non européens’ (…). Selon lui, cela ‘pourrait préfigurer la future armée européenne’. (…) Les Flamands sont moins réticents à cette solution qu’à une éventuelle surreprésentation des Wallons. » (Sophie PERRIER — 8 novembre 2000 à 06:18 – Libération).
Alors, dans un confédéralisme intelligent, avant de parler d’indépendance, ne serait-il pas judicieux de donner à la Flandre et à la Wallonie le droit de choisir leur propre politique de défense ? Dans le cadre de l’OTAN bien évidemment. Mais il faut toutefois éviter les débats creux et coincés au Parlement. Un moyen subtil, qui devrait plaire aux Flamands adeptes de l’entreprise privée (ne vivons-nous pas au pays du surréalisme) consisterait à transformer l’armée belge, département public de la défense, en une société militaire privée (SMP) de type société anonyme. L’Etat belge deviendrait le client de l’armée qui lui fournirait des services dans le domaine de la sécurité et de la défense. L’état-major se transformerait en conseil d’administration (organe propre aux sociétés anonymes publique ou privée). Le lieutenant général, chef de l’armée, porterait le titre de Président du conseil et ses officiers supérieurs celui d’administrateurs. Les grandes unités deviendraient des entités de production de services. Des sociétés militaires privées existent en nombre aux USA et ailleurs dans des pays membres de l’OTAN. Il ne s’agirait pas exactement de mercenaires mais de contractuels au service de l’Etat belge comme sous l’Ancien Régime. L’intérêt de cette « astuce » résiderait dans la possibilité de se séparer d’une « unité de production de service » sans justification alors qu’envisager la régionalisation ferait hurler d’horreur les Belges et les hypocrites qui se cachent derrière cette étiquette. Il ne faut pas oublier qu’il existe en Belgique un précédant d’importance, largement ignoré par le bon peuple, la « Banque nationale de Belgique », société anonyme donc privée ! A partir de 1830, feu la Société générale de Belgique assura la fonction de banque centrale. La Banque nationale de Belgique fut créée le 5 mai 1850 sous la forme d’une société anonyme. Le capital social de la Banque est détenu à 50% par l’État belge. Les 50% restant sont cotées sur le marché Euronext Brussels. S’agirait-il d’une hérésie ? Pas du tout : au Québec, plusieurs établissements et institutions publics sont administrés par des conseils d’administration. Ces conseils peuvent être nommés par le gouvernement ou être élus en partie par la population. En conclusion : pourquoi pas l’armée qui se conçoit et se gère d’ailleurs comme une entreprise ?
Cette polémique de représentants flamands ou wallons à l’armée est un peu ridicule en l’esprit. Ne pensez-vous pas que les milliards dépensés en achats d’avions et en entretiens nous coûtent beaucoup trop cher.On pourrait utiliser cet argent pour améliorer le bien-être du peuple, pensions, santé, enfance etc. Le problème c’est la main mise des E.U. sur l’Europe via l’Otan. Il faut arrêter de faire croire qu’il existe un danger Russe, Poutine est bcp plus pacifique que Trump/Clinton réunis.La Belgique comme la France doivent revoir leur politique à cet égard.Il s’agit de leur indépendance nationale et de leur position à se faire respecter à l’International, vaste débat qu’on ne peut entamer en quelques lignes.
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Voici un article paru dans le Vi. Il s’agit de l’opinion actuelle de l’ancien ministre de la défense André Flahaut Ministre d’état
Opinion 11/01/18 à 09:53 – Mise à jour à 09:53.
Monsieur Flahaut y traite justement de la privatisation de l’armée belge.
La Défense belge : laboratoire de la N-VA
La Dernière Heure relève l’augmentation significative, par rapport à 2016, du nombre de militaires belges rapatriés, l’année passée, pour raisons médicales. Face à cette situation pourtant inquiétante, le Ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA), s’est contenté de pointer le faible coût des rapatriements.
Passée inaperçue, cette justification témoigne, une fois encore, de la logique étroite et purement comptable du ministre N-VA. Lequel n’en finit pas d’être aveugle à l’aspect humain ; aveugle aux situations concrètement vécues par nos militaires déployés. Pour lui, pour son parti, seuls comptent les chiffres, les coupes budgétaires et les réductions d’effectifs. Simple variable d’ajustement, l’humain apparaît, pour sa part, comme la énième roue du carrosse N-VA !
Signal d’alarme
Or, cette augmentation des évacuations sanitaires constitue un signal d’alarme qu’on ne saurait traiter avec légèreté. Il nous alerte sur l’état d’épuisement et de lassitude du personnel de la Défense dont le dévouement, le courage et le professionnalisme n’en restent pas moins exemplaires. Force est de reconnaître combien les conditions de travail des femmes et des hommes qui servent sous nos drapeaux se sont dégradées ces dernières années.
En effet, bien que les effectifs diminuent sans cesse, les militaires belges sont toujours plus sollicités sur les terrains d’opérations extérieures. La conséquence, dès lors, est évidente : nos soldats ont moins de temps pour s’entrainer et se préparer ; moins de temps pour se former ; moins de temps, également, pour se ressourcer entre deux missions. Depuis le début de la législature, les jours de préparation opérationnelle (JPO) sont en baisse constante, comme le sont aussi les crédits alloués à l’entrainement – ce qui ne va pas sans poser certains problèmes de déployabilité (en français, lire déploiement ).
Ces restrictions ont d’inévitables répercussions sur la santé physique et psychologique de nos soldats. Impossible d’ignorer leur désarroi, frustration, abattement face au manque de considération que leur portent les « responsables » politiques en charge de la Défense. Lorsqu’on sait, par ailleurs, que l’expérience d’une jeune recrue se limite, dans bien des cas, à de la surveillance en rue, il n’est pas étonnant que la motivation de nombreux militaires soit aujourd’hui en berne.
Privatisation de la Défense
Ceci étant dit, cette logique comptable et le désintérêt patent pour l’aspect humain se retrouvent dans la dynamique de privatisation qui touche la Défense belge. L’externalisation de certaines tâches jugées secondaires y est présentée, par l’actuel ministre N-VA, comme la voie du salut. Les services de restauration, les activités d’appui et la garde des casernes sont en ligne de mire. L’École royale militaire (ERM) et le Quartier Commandant de Hemptinne à Heverlee font figure, à cet égard, de projets pilotes. Mais pourquoi vouloir externaliser à tout prix ? Pour préserver le « core business » nous dit-on ! C’est, à mes yeux, bien mal connaître et surtout mal comprendre la Défense nationale. Laquelle, tant s’en faut, ne saurait être abordée comme une entreprise à gérer ! Car c’est d’abord un réservoir de talents pluriels ; un lieu où se transmettent savoirs et compétences ; un espace de recherche et d’innovation ; une partie de notre Histoire et de notre mémoire collective ; un ferment essentiel de notre avenir à tous… Assurément, son dépeçage n’est pas la bonne option.
Une logique communautaire omniprésente et insidieuse
Outre une vision étroite de la Défense, M. Vandeput a du mal à cacher une démarche orientée et nourrie de petits calculs communautaires. Cette fin d’année en a donné un exemple remarquable. En effet, devant la proposition française d’offrir à la Belgique 20 milliards d’euros de compensation au cas où les Rafale viendraient remplacer nos F-16, le ministre N-VA s’est payé le luxe de la juger « trop belle pour être vraie ». Quelle désinvolture ! Quel ton péremptoire ! Quel manque d’élégance et de respect à l’égard de nos partenaires français !
Inutile de dire que pour la N-VA les jeux sont faits. Le F-35 américain était choisi d’emblée. Il n’est, semble-t-il, même plus la peine d’y mettre les formes. Dans ces conditions, les partisans d’une Défense européenne n’ont qu’à bien se tenir et à espérer un sursaut du Gouvernement Michel face au travail de sape mené, en son sein et de façon constante, par la N-VA. Pendant ce temps, les autres partis de la majorité se taisent et encaissent les coups dans un élan qu’on pourrait qualifier de masochiste.
Un Bal en sursis
Au reste, j’apprends en dernière minute que le « Bal de l’ERM » est en difficulté et, peut-être, ne pourra pas s’organiser (dans de bonnes conditions, du moins) faute de fonds et suite à l’externalisation de l’HORECA voulue par M. Vandeput !
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