Notre administrateur Louis Cartilier attire mon attention sur la rubrique « Entre nous » parue en première page du quotidien « Le Soir » le 13 avril 2017. L’article en question paru en pleine campagne présidentielle française du 1er tour n’a pas retenu l’attention qu’il méritait. Il est pourtant bien intéressant.
Il s’intitule « Francis Delperée et la dame en noir » en référence à Juliette Gréco et à sa chanson « Il n’y a plus d’après à Saint-Germain-des-Prés. Il n’y a plus d’autre fois… »
Francis Delperée : voici un constitutionnaliste « centre humaniste » en vue qui ne laisse pas indifférent. Rappelez-vous sa célèbre saillie : « le confédéralisme est le fédéralisme des cons« . Notre vieux routier des arcanes de la politique belge avait compris bien avant les autres qu’un confédéralisme belge ne pourrait être que l’outil qui permettrait au parlement flamand de prendre en toute indépendance les mesures qui serviraient à l’émancipation et au développement de la Flandre mais aussi à celle-ci de se servir de ce qui resterait de l’étiquette « Belgique » à son avantage, la loi du nombre jouant en sa faveur, chaque fois que cela serait utile à son épanouissement.
Il avait compris cela, mais surtout il avait eu le courage de le dire haut et fort pendant que les autres représentants wallons et bruxellois de langue française maintenaient la tête bien ancrée dans le sable.
Francis Delperée remet le couvert à la suite de la parution de son livre « L’Etat Belgique » publié aux éditions de l’Académie royale de Belgique dont il est membre.
Je vous laisse savourer l’article en question…
Le bouquin envisage froidement les scénarios devant nous du « confédéralisme » à la « séparation pure et simple », la même chose avec des noms différents, Francis Delperée en est convaincu : « notre Etat fédéral est la dernière frontière. Si la sixième réforme institutionnelle ne produit pas de bons résultats, ce sera l’aventure, et la fin. »
Pas nostalgique pour autant, notre unitariste rentré cite joliment Juliette Gréco : « il n’y a plus d’après à Saint-Germain-des-Prés. Il n’y a plus d’autre fois… » pour conclure « Appliqué au pays qui est le mien, le diagnostic de la dame en noir est exact : en Belgique aussi, il n’y a plus d’autrefois,(…) et il n’y a pas non plus d’après si l’Etat, remodelé, corrigé, réaménagé, devait ne pas répondre aux attentes légitimes... »
Au final, un Delperée sombre et clair. Lucidement crépusculaire. (D.Ci)
Pour conclure, notre mouvement citoyen tient à vous livrer un petit commentaire : « mais Monsieur Delperée, nous sommes entrés dans le confédéralisme. La preuve ? Pouvez-vous nous donner une compétence, une seule, qui de réforme en réforme de la constitution soit passée de la Région ou de la Communauté vers le Fédéral ? Ne cherchez pas, vous n’en trouverez pas. Tous les transferts de compétences, et ils sont nombreux, se sont réalisés du Fédéral vers les Régions ou Communautés.«
Dès aujourd’hui, chacune des quatre régions belges (Flandre, Bruxelles, Wallonie et Région germanophone) vit dans une société bien différente des autres. Les nouvelles demandes de transfert affluent dans les bureaux feutrés des Centres d’études des partis politiques avec pour point d’horizon 2019, les élections fédérales et régionales et une 7ème réforme de l’Etat.
Attendez-vous alors à dire bye, bye aux Communautés linguistiques et au puzzle belge dispendieux. Attendez-vous alors à voir une région bruxelloise qui puisse véritablement prendre son destin en mains et tourner le dos aux multiples contraintes que lui impose la Flandre. Attendez-vous à voir le parlement germanophone voter les directives qui la conduiront à son émancipation et à son autonomie.
Et la Wallonie dans tout cela ? Elle serait bien inspirée de s’inscrire pleinement dans ce mouvement et pourquoi pas d’en être demanderesse et de rechercher les économies d’échelle qu’elle pourra trouver avec son partenaire naturel, culturel, géographique, historique, social, économique et patrimonial qu’est la France.
Le temps des négociations où des politiciens wallons n’étaient demandeurs de rien est terminé.
Paul D.
A qui donc s’adressait la célèbre saillie : « le confédéralisme est le fédéralisme des cons » ?
En fait, elle s’adressait surtout à tous les responsables politiques et à tous les citoyens du Nord comme du Sud demeurés d’indécrottables monarchistes belges.
Peut-on en vouloir aux Flamands ? Pas trop car voilà un mouvement d’émancipation d’un peuple qui a, depuis les années 1870, clairement annoncé les objectifs à atteindre malgré tous les obstacles dressés sur sa route. N’oublions pas que les « Flamingants » luttèrent avant tout contre leurs concitoyens « Fransquillons ». Ces Fransquillons, fiers d’être des Flamands supérieurs à toute la population composant l’Etat belge, jouèrent double jeu à partir de la mise en route du suffrage universel. Et les Wallons de tous horizons, « braves gens », tombèrent dans le panneau sauf une minorité de lanceurs d’alerte tenus, même encore aujourd’hui, comme déloyaux si pas traîtres au royaume.
Francis Delperée avait-il vraiment été le seul à comprendre avant les autres qu’un confédéralisme belge ne pourrait être que l’outil qui permettrait l’émancipation et le développement de la Flandre en se servant de l’étiquette « Belgique » à son avantage, la loi du nombre jouant en sa faveur ?
Non ! Mais il a eu le courage de le dire haut et fort à un moment où les autres représentants wallons et bruxellois de langue française refusaient toujours d’admettre un fait actuellement inéluctable. D’ailleurs, ces Wallons maintiennent encore la tête bien ancrée dans le sable. Essayent-ils seulement d’éclairer leur peuple ? Non, par pure panique d’autant qu’ils soutinrent la Belgique contre la Wallonie en 1950 et en 1960 !
Les Wallons pouvaient-ils ignorer la trajectoire funeste de l’Etat belge ? Non, cette hypothèse signifierait d’effacer l’histoire wallonne depuis la seconde moitié du 19e siècle à nos jours. Cette hypothèse signifierait d’ignorer toutes les trahisons politiques, sociales, économiques, financières et militaires belges de 1830 à nos jours.
Il est à craindre que les politiques wallons laissent le cours des événements entre les mains des Flamands et des germanophones afin de se présenter comme d’innocents nains de jardin victimes des « méchants Flandriens et Prussiens » parce qu’ils ne veulent pas du destin français de la Wallonie !
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