Une chronique de Gisèle Verdruye, professeur de français dans le secondaire.
Et si, au lieu de concocter des pactes d’excellence au secondaire, on reposait toutes les bases de l’enseignement fondamental en remettant au centre la lecture et l’écriture ?
Des semaines, des mois qu’on nous rebat les oreilles avec le pacte d’excellence. Des arguments en faveur pour nous convaincre que des générations d’élèves vont enfin réussir et s’épanouir entre les bras affectueux de l’école ! Des arguments en défaveur pour nous persuader que le but à peine caché est de faire des économies et peu importe si cela génère des cohortes de crétins plus ou moins dociles ! Refonte, relecture, discussions, débats… Et plus personne, peut-être même plus ceux qui sont au cœur du dispositif, ne s’y retrouve.
L’enseignement secondaire est devenu le lieu de toutes les critiques, bonnes ou mauvaises. Et le prof du secondaire se trouve au centre de toutes les attentions : ses titres, ses fonctions, ses compétences, ses aptitudes à l’adaptation, sa bonne volonté, son écoute du mal-être de l’élève, ou de ses parents, ou des deux ! Et lui, le prof du secondaire ? Que fait-il ? Et bien, il s’interroge !
Du haut de ses années d’expériences en tout genre, il est bien obligé de remarquer que les élèves ne jouent plus avec les mêmes cartes en main. Et l’atout qui leur manque de plus en plus, quelle que soit la branche concernée, est la maîtrise de la lecture ! Echec en math ! Mauvaise compréhension des énoncés des problèmes ! Pété en sciences ! Mauvaise appréhension des données contenues dans l’énoncé de la tâche ! Busé en géographie, en histoire ! Erreur d’interprétation des documents ! « Attention à la lecture des consignes ! », « Sois plus concentré quand tu lis les énoncés des problèmes ! », « Fais attention au sens des mots dans les phrases ! » Les bulletins regorgent de remarques de ce genre. « Mon fils/ma fille n’a jamais eu la bosse des maths ! Ce n’est pas aujourd’hui que ça va s’arranger ! », « Mon enfant est mauvais en langues, c’est comme ça et on n’y peut rien. Moi-même… », « Ouais mais, Victor Hugo c’est du vieux français. On parle pas comme ça dans la vraie vie, alors comment vous voulez que les enfants comprennent ce texte ? » Et si on arrêtait d’accepter ces platitudes pour rechercher ce qui se cache bien souvent derrière : une mauvaise maîtrise, voire parfois aucune maîtrise, de la lecture.
Le goût pour une discipline ou l’autre est évidemment une facette importante de la question. Mais si l’outil principal permettant d’aborder les notions de chaque discipline n’est pas correctement, durablement et valablement mis en place, personne ne peut prétendre qu’une branche est nulle et pas l’autre. Si les élèves n’apprennent pas à lire VRAIMENT, il leur est impossible de s’en sortir. Et il n’est pas normal que dans des classes de dernière année du secondaire, dans l’enseignement général, on trouve encore des élèves qui vont ânonner une phrase écrite en grand au tableau, ou qui vont avoir besoin de suivre avec leur doigt dans leur livre pour ne pas perdre le fil d’un texte !
Comment sont-ils passés entre les mailles du filet ? Quelles stratégies épuisantes ont-ils dû mettre au point pour se faufiler jusque-là sans alerter outre mesure les différents professionnels qui jalonnaient pourtant leur parcours ?
Bien sûr, il faudrait aussi parler de l’écriture ! Est-ce normal de se demander si la moitié des élèves d’une classe est atteinte d’épilepsie chronique ou a subi plusieurs AVC au moment de ramasser les copies d’une simple interrogation de vocabulaire ? Quand la lecture d’une rédaction se transforme en interprétation du tracé d’un électrocardiogramme, le prof va aussi se poser des questions sur le parcours d’apprentissage de l’élève !
Et si, au lieu de se gratter à concocter des pactes d’excellence au secondaire avec quelques incidences dans le primaire, on reposait toutes les bases de l’enseignement fondamental en remettant au centre la lecture et l’écriture ? Le prof du secondaire, quand il commence à s’interroger sur ce qu’il vit et voit en classe, il lui arrive de se dire qu’il n’est pas à la bonne place ! Il lui prend soudain l’idée qu’il serait beaucoup plus utile dans l’enseignement primaire ! Et il lui monte des bouffées de reconversion professionnelle à la tête ! Et s’il s’était trompé ?
Bien d’accord! Il faut dire la vérité aux citoyens: ce pacte d’excellence cache un problème de financement de l’enseignement.
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Ah ! Au temps des « Hussards noirs de la République », les instituteurs et les institutrices (bien présentes à dater de 1879) considéraient comme un devoir sacré d’apprendre à lire, écrire et calculer à toute la jeunesse de France. Depuis la Seconde Guerre Mondiale, une certaine « élite d’idéologues gauchisants » en décalage absolu avec les réalités se piquent comme des termites enragées à saper les bases de l’enseignement. Il faut impérativement y revenir. Pourquoi l’Inde, la Chine et le Japon s’appliquent-ils, certes parfois en exagérant, à enseigner les clefs de la connaissance dans l’enseignement primaire si ce n’est pour exiger l’excellence en humanités et dans le supérieur. Ces gouvernements ne souhaitent pas, comme les Américains et les Anglais, en appeler à l’immigration massive ( au rapt) de diplômés; ils ne comptent que sur la valeur de leurs étudiants !
Si ces trois pays parviennent à réaliser cette prouesse, pourquoi dans les pays d’Europe des gouvernements socialisant détruisent-ils cet enseignement d’excellence qui a existé chez nous et qui faisait la primauté et la force des Européens?
Bien évidemment, il faudra tenir compte des faits et des créations actuelles mais cela ne change pas les méthodes fondamentales appliquées depuis la création de l’instruction obligatoire. L’informatique n’efface pas la nécessité de l’écriture, de l’orthographe, de l’analyse grammaticale ( pas celle des hurluberlus abscons et incompréhensibles d’aujourd’hui), de la rédaction et même de la récitation pour l’exercice de la mémoire.
Certes les poèmes et les fables de notre jeunesse pourraient laisser place à la récitation des leçons extraites de la Méthode Assimil ( néerlandais pour les belgicains mais aussi anglais, allemands, etc.); en trois ans les gosses sortiraient avec un VRAI certificat d’études et une capacité de se débrouiller à l’étranger (?).
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Tout cela est bien pensé, fruit d’une longue pratique du terrain, donc sensé. L’ennui? Marie-Martine n’a pas ce…recul, elle ne pense pas pédagogie, mais équilibre d’un système où tous, sauf les apprenants, doivent trouver leurs bons comptes: financiers pour le uns, idéologiques pour les autres, politiques pour tous en termes de rentes de situation et de leviers décisionnels. La paix des braves d’aujourd’hui sur le dos des cocus de demain, qui ne leur pardonneront pas d’avoir été abandonnés en rase campagne de la médiocrité gage d’un chômage à perpétuité.
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Le véritable pacte d’excellence sera réalisé lorsque tous les francophones auront reçu une chance égale de pouvoir PARLER latin et d’accéder ainsi à la lecture de 85% de la littérature de l’Occident, dont les œuvres de Newton et de Volta. Utopique? – J’ai 65 élèves à la Schola Nova en Brabant wallon, qui parlent latin (avec des fautes certes, comme en néerlandais) et qui s’y amusent. Ce seront les seuls vrais Européens de demain…
Maintenant, analysons les mots : PACTE, vient de PANGERE, ficher, enfoncer un pieu en faisant PANG-PANG. C’est donc la PAIX (PAX) qui est, on l’ignore actuellement, LE RÉSULTAT D’UNE VICTOIRE. On « FICHE » la paix après une guerre, en l’imposant aux vaincus. C’est donc ce que la ministre veut imposer, à part qu’il n’y a eu aucune guerre, mais un lavage de cerveau éhonté et très coûteux.
Quant à l’ « EXCELLENCE », il s’agit de la supériorité absolue, le plafond donc.
Alors, Madame la Ministre, qui, comme tous vos congénères, aboyez par réflexe contre l’ÉLITISME sans voir qu’ainsi vous dénigrez l’ÉLECTION sur laquelle vous êtes assise, fichez-nous la paix ! Acceptez donc nos conditions de vainqueurs: Faites admettre le latin comme langue parlée européenne (il n’est même pas une langue de la CEE !) et cessez d’en priver nos enfants obligés d’avaler du mauvais Rousseau et du stupide Bourdieu au lieu de se passionner pour Virgile et La Fontaine. N’oubliez pas Homère surtout, et cessez d’avilir les études des hommes libres en les confondant avec un moyen obligé de survie des esclaves.
Je vous rappelle que SCHOLA vient du grec SKHOLÊ, occupation libre d’hommes libres. Rien à voir, donc, avec le « marché de l’emploi », pas plus que les concertos de Mozart, qui, comme le latin ne SERVENT à rien, et donc ne sont l’esclave de personne, ne vous en déplaise.
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