Nous ne pensons pas ici à la grande épopée des Diables rouges mais au principal enjeu de cette semaine : le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne. On prédit le pire en cas de « Brexit ». Cela produirait une sorte de cataclysme dont l’économie mondiale se relèverait difficilement. La première à sombrer serait l’Angleterre et, au-delà, la Belgique ou, plutôt, la Flandre, avec des effets certains sur la cohésion de la Belgique, d’autant plus que l’Ecosse se pose à nouveau la question de son indépendance.
Plus mesuré, l’économiste Paul De Grauwe, qui fut un parlementaire Open VLD et enseigne à la London School of Economics, résume ainsi les effets d’un éventuel Brexit dans La Libre Belgique de ce week-end : « Cela aura un impact, c’est clair. Si le Royaume-Uni connaît une récession, ce sera négatif pour les exportations. La livre sterling va aussi diminuer, ce qui sera positif pour les exportations anglaises, mais négatif pour celles de l’UE. Mais donner des chiffres sur cet impact, c’est de la pure fiction et ce n’est pas sérieux. »
L’enjeu n’est pas seulement rationnel et le débat politique est pris dans les tensions qui traversent la société britannique. Paul De Grauwe s’en désole, sans même évoquer l’assassinat de la députée travailliste Jo Cox : « Des deux côtés, on lance des discours détachés de la réalité et des mensonges. C’est plus extrême du côté des partisans du Brexit. Par exemple, on dit que le fait d’être dans l’union européenne coûte plus de 300 millions de livres sterling par semaine pour la Grande-Bretagne. C’est faux : les transferts nets ne sont que de 130 millions. Pour certains, 80 millions de Turcs vont aussi débarquer sur le sol anglais. Les partisans du maintien jouent aussi la carte de la peur en disant que ce sera la catastrophe pour les Britanniques s’ils sortent de l’UE. »
Selon Paul De Grauwe (qui, répétons-le, enseigne à la London School of Economics), un repli britannique ne serait pas du tout une catastrophe. Se démarquant du discours dominant, il n’hésite pas à lancer « Que les Britanniques s’en aillent, on aura moins d’ennuis », « On n’a aucun intérêt à avoir une union de pays qui sont hostiles à l’UE ». Ce point de vue, il l’a déjà défendu pas mal de fois, notamment sur le site Socialeurope.eu, en février passé : « Ceux qui croient qu’un referendum tranchera définitivement la question se trompent. Supposons que le camp du Brexit soit battu et que le Royaume-Uni reste dans l’Union européenne. Cela ne réduira pas leur ambition de rendre au Royaume-Uni sa pleine souveraineté. Se rendant compte qu’ils ne peuvent pas quitter l’Union européenne, les partisans du Brexit changeront de stratégie pour réaliser leur objectif d’en revenir au pouvoir de Westminster. Ce sera une stratégie du cheval de Troie. Cela impliquera de travailler de l’intérieur pour miner l’Union européenne… L’objectif des ennemis britanniques de l’UE sera une lente déconstruction de l’Union… On peut rétorquer que, ayant perdu le référendum, le camp du Brexit perdra de l’influence. C’est loin d’être certain. »
Connu pour son engagement européen, nommé en 2001 à la tête de la Convention chargée de rédiger un traité constitutionnel pour l’Europe, Valéry Giscard d’Estaing ne semble pas non plus s’émouvoir d’un possible départ des Anglais. Il s’exprime ainsi sur le site d’informations Atlantico.fr :
« Cette affaire du Brexit est très liée à la psychologie britannique. Les Britanniques n’ont jamais été convaincus de l’intérêt de l’Union européenne. Donc, ils peuvent très bien décider d’en sortir. Ils n’ont jamais eu de considérations particulières pour les Européens continentaux. Ils ne nous considèrent pas comme des gens très sérieux, et très performants. A leurs yeux, nous sommes de piètres managers. Ils pensent, en plus, que l’Europe leur apparait très difficile à gérer, que Bruxelles est une énorme bureaucratie, ce qui n’est pas totalement faux.
Mais ce que les Anglais ne disent pas, c’est qu’ils ont eux-mêmes rendu le fonctionnement de l‘Union européenne très difficile. Ils ont sans cesse demandé des exemptions d‘obligations et des régimes d’exception qu’on leur a d’ailleurs accordés. Plus grave, les Britanniques ont été les agents les plus actifs d’un élargissement sans réformes de gouvernance. J’ajoute que ce sont eux qui ressortent en permanence le projet d’admission de la Turquie.
Ils ont donc une perception très critique de l’Europe qu’ils ont contribué à alourdir dans son fonctionnement et cette perception très critique les pousse aujourd’hui à souhaiter partir.
(…) Pour beaucoup, le Brexit ouvre la porte sur l’inconnu, d’où l’inquiétude des marchés, mais en réalité, on entrera dans une période un peu compliquée de négociations bilatérales entre la Grande-Bretagne et les partenaires…
(…) Il faut absolument qu’au lendemain du référendum britannique, quel que soit le résultat, des Européens prennent l’initiative de renégocier les traités qui organisent la gouvernance de cette Europe. A 28 ou 29, c’est impossible. Il faut commencer par réorganiser la zone euro… Je pense que l’initiative doit venir d’une démarche commune entre la France et l’Allemagne.
J’ai toujours pensé que le président Hollande aurait dû, dès le lendemain de son élection, proposer à Mme Merkel une renégociation de l’organisation de l’Union européenne. Elle aurait accepté. La présidence française a fait une erreur stratégique que l’on paie très cher aujourd’hui.
Il faudrait donc, au lendemain du referendum, reprendre cette idée pour reconstruire autour du noyau dur que constituent la France et l’Allemagne, une zone euro beaucoup plus intégrée.»
Le Général DE GAULLE avait tout compris depuis très longtemps. Les Anglais n’ont jamais respecté ni les Européens ni les règles Européennes et depuis Marguerite THATCHER,
ils se sont mis une bonne part du budget en poche. et veulent rééditer le coup du chantage. Qu’ils continuent à rouler à gauche et qu’ils gardent leur LIVRE…à la solde du Dollar, de même pour leur système métrique…et leurs banques dans la City et autres paradis fiscaux, ils ne gagneront pas la CUP.
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Depuis Elisabeth 1ère, soit le 16e siècle, l’Angleterre a toujours porté un regard suspicieux vers le continent européen. Les Anglais ( parfois à juste titre ) nous ont toujours considérés, au mieux comme des adversaires, au pire comme des ennemis et ils ont inlassablement appliqué la devise « diviser pour régner ». Sans nier le sacrifice de leurs soldats en 1914 comme en 1940, leurs interventions d’insulaires relèvent, depuis des siècles, d’une vision égocentrique et d’intérêts égoïstes. Concernant » l’Europe « , Charles de Gaulle avait raison de les tenir à distance; cela ne signifiait aucunement de l’antagonisme de sa part . Par contre, la démarche initiée par Charles de gaulle et Conrad Adenauer relevait de la sagesse: réduire au mieux les sources de frictions engendrant les conflits armés. Cette conception pragmatique, entre France et Allemagne, d’une coexistence pacifique entre voisins européens, tout en retissant de nouveaux liens économiques, ne niait pas les Nations. Malheureusement, les Français et les Allemands ne jouaient pas seuls sur l’échiquier européen. La Guerre froide imprimait sa marque.
Qui a manœuvré contre la France pour exiger l’entrée des Anglais dans l’Europe ? Le Benelux ! Les Pays-Bas de front et les « amis Belges » hypocritement comme d’habitude.
Même si la fameuse Commission actuelle regroupe les représentants des vingt-huit Etats membres, l’ Union Européenne ressemble étrangement à un empire habsbourgeois, au parlement croupion ( merci Cromwell), déguisé en société anonyme, avec pour unique politique la négation absolue des peuples et des Nations. L’immigration débridée en est un exemple outrageant.
Or, l’Europe n’existe que par ses Nations et non l’inverse !
Alors, Brexit ou non, il est urgent de tout remanier et de se souvenir de l’idée de départ franco-allemande, quitte à jeter à la corbeille tous les traités fallacieux dont le premier, celui qu’on appelle de Rome, qui venait de Berlin avant sa destruction par les Russes en 1945.
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Dire que l’Angleterre « sombrerait » la 1ère en cas de sortie de l’Europe, s’apparente juste à de la propagande pro-européenne!!! Moi qui n’ai jamais été un européen convaincu (en tout cas, pas par cette Europe là, enfin, ce qu’elle est devenue…), je ne suis pas certain qu’un pays qui retrouverait sa pleine souveraineté, serait en si mauvaise posture que cela. Quand on voit comment les « guignols » de Bruxelles (députés européens) nous imposent (ou qui dictent) leurs loi et leurs façon de voir les choses…
L’Europe était, certes, une bonne idée au départ, mais c’est devenu, avec le temps, du grand n’importe quoi!!! Ce n’est même pas un Etat (comme les Etats-Unis), il n’y a pas de frontières, pas de gouvernement spécifique ou commun (un président et 1er ministre, élus par l’ensemble des partenaires), souvent pas de coordination, et une entente pas toujours parfaite. La Suisse qui a toujours fait cavalier seul, s’en porte pas plus mal en étant en-dehors! Comme quoi, c’est faisable sans l’UE. Ou alors, faudrait que ces messieurs dames, revoient tout cela de fond en comble et rebâtisse une Europe sur une base meilleure, effectivement!
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