UNE DES PLUS IMPORTANTES MINORITÉS LINGUISTIQUES D’EUROPE BAFOUÉE PAR L’ÉTAT (BELGO)FLAMAND
LOUIS NISSE
Après réception de l’avis de la Commission européenne pour le droit (dite Commission de Venise), l’Assemblée avait formulé la conclusion suivante : « Au niveau régional […] la Commission considère que les francophones de la région de langue néerlandaise […] peuvent être considérés comme une minorité au sens de la Convention-cadre. […] Les autorités belges devraient considérer comme une priorité la signature et la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, ainsi que la ratification du Protocole n° 12 de la Convention européenne des droits de l’homme. » Or, les gouvernements successifs, dominés par les Flamands, refusent toute ratification.
Les Flamands francophones natifs, ces Lys de Flandre, forment la minorité linguistique de loin la plus nombreuse de Belgique et une des plus importantes d’Europe. Cette minorité séculaire – elle remonte au moyen âge –, sa simple évocation fait frémir de peur et écumer de rage les Flamands les plus complexés.
Ces quelque 310 000 francophones ne sont pourtant plus ni rétifs ni hostiles au néerlandais, qu’ils parlent couramment pour la plupart et qu’ils utilisent pour s’adresser à leurs concitoyens néerlandophones, comme de juste. Ils forment 5% de la population flamande, soit autant, en nombres relatif et absolu, que la population finlandaise de langue suédoise, qui, elle est protégée, comme le sont les 5% de Flamands de Bruxelles. Et malgré tout, les francophones de Flandre ne sont pas en régression, comme le montre CÉLINE PRÉAUX1. Pourtant leur existence même est niée ; ils sont bafoués dans leurs droits, menacés, persécutés.
Tout subside leur est interdit, l’accès aux centres culturels leur est fermé, ils ne peuvent s’exprimer dans leur langue dans les circonstances officielles, leurs bibliothèques sont clandestines. Bien sûr, ils n’ont pas droit à un enseignement en français. (La Flandre refuse même d’ouvrir des classes d’immersion.) Lorsque, naguère, à Gand, Bruges, Ostende, Ypres, Courtrai, Roulers, Louvain, Anvers, ils organisaient une simple conférence d’Exploration du Monde, les abords de la salle devaient être protégés par des chevaux de frise et la gendarmerie. En 1994, il y eut des blessés. Par crainte de représailles, ils ont dû renoncer à toute manifestation publique, ces Francophones des catacombes.
Ils doivent taire leur appartenance sous peine de coups, d’insultes, de discrimination à l’embauche ou d’échec à certains concours et examens. Des prêtres leur refusent l’enterrement en français… On a été jusqu’à poser des bombes dans les journaux francophones de Flandre. Certains ont peur, au point de refuser de témoigner pour une recherche scientifique. Cela explique pourquoi il n’y a pas de véritables études sur les francophones de Flandre, à part celle, récente, de CÉLINE PRÉAUX1.
Au nom de cette minorité francophone bafouée et persécutée, dans le silence assourdissant des médias, EDGAR FONCK m’adresse ce communiqué de presse. Ayez à cœur de le répercuter.
1Céline Préaux, qui a fait ses études secondaires en néerlandais pour bien apprendre la langue, est licenciée en histoire de l’Université Libre de Bruxelles. Sa thèse de doctorat, qui compare le sort des francophones de Flandre à celui des anglophones du Québec, a nourri son essai, La fin de la Flandre belge (édition Avant-propos, Bruxelles, 2011). La fin de la Flandre belge, c’est-à-dire de la Flandre ouverte à la langue française. Napoléon donna un coup de pouce involontaire à la prise de conscience nationale des Russes et des Allemands. Leurs élites qui parlaient français depuis plus d’un siècle rentrèrent dans le rang. Les nationalistes flamands mirent cent ans de plus. « Le mythe fondateur de la Flandre s’est mis en place avec l’identification d’un ennemi commun qui est le francophone. Désormais, c’est la Flandre avant tout. La vision de la Flandre est avant tout ethnique et c’est assez négatif », confie Céline Préaux à La Libre du 17/04/2012.
COMMUNIQUE DE PRESSE
ONU: La Belgique se discrédite sur la question des minorités nationales
Bruxelles, De Haan, Dilbeek, Fourons, Leeuw-Saint-Pierre et Zaventem, le 22 juin 2016 – Lors de son deuxième Examen périodique universel (EPU), organisé par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en janvier dernier, la Belgique avait laissé en suspens 35 recommandations, dont les recommandations de la Suisse et de la Hongrie de ratifier la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales.
« La Flandre qui ne veut à aucun prix entendre parler de minorité francophone sur son territoire, conduit la Belgique à se discréditer sur la scène internationale! « Telle est la conclusion de la Coalition des associations francophones de Flandre (CAFF) (1) regroupant six associations représentatives des 310.000 francophones de Flandre, en ce compris la périphérie de Bruxelles et l’entité des Fourons, après avoir pris connaissance de l’addendum que la Belgique a fait parvenir à l’ONU en vue de l’adoption du rapport de l’EPU de notre pays ce 23 juin à Genève.
En effet, dans sa réponse, la Belgique dit entre autres ne pas pouvoir s’engager à mettre en œuvre les recommandations de la Suisse et de la Hongrie de ratifier la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales. Assez étonnamment, la Belgique s’appuie dans son argumentation sur la double déclaration (2) formulée en 2001, à la demande de la Flandre, lors de la signature de la convention-cadre. Ce n’est que récemment que la Belgique a qualifié explicitement cette double déclaration de « réserves » lesquelles, in casu, sont contraires au droit international.
Ces deux réserves concernent d’une part la primauté des dispositions internes sur la convention-cadre et d’autre part la nécessité préalable d’une définition de la notion de minorité nationale par la Conférence interministérielle de politique étrangère (CIPE). Elles n’ont, aujourd’hui, plus aucune raison d’être, compte tenu de l’adoption, en 2002, du rapport Nabholz et de la résolution 1301 par le Conseil de l’Europe.
Comme l’explique le président de l’ADHUM Eric Libert: « la première réserve a été contrée par la résolution 1301 du Conseil de l’Europe qui a expressément regretté que les autorités belges aient jugé nécessaire d’accompagner cette signature d’une réserve à ce point large qu’elle risquait de priver d’effet la plupart des dispositions de la convention, ce qui constituerait une violation de la convention de Vienne sur le droit des traités qui interdit aux Etats d’accompagner la ratification d’une convention de réserves la vidant de son sens ».
Quant à la seconde réserve, « les travaux de la CIPE, qui n’ont jamais abouti, sont rendus inutiles par la même résolution 1301 qui, s’appuyant sur la Commission de Venise, a non seulement défini la notion de minorité nationale mais également désigné les minorités nationales à protéger en Belgique. A savoir, notamment, la population francophone établie en Région flamande et la population néerlandophone établie en Région de langue française ».
Sur ce point, la position de l’ONU (3) est également très claire: « La reconnaissance du statut de minorité ne relève pas de la seule décision de l’État. Conformément à l’interprétation authentique faite par le Comité des droits de l’homme de l’ONU, l’existence de minorités doit être établie selon des critères objectifs. Tout doit être fait pour garantir le respect du principe d’auto-identification ». Et de préciser: « Les États doivent recueillir des données ventilées (…), y compris dans le cadre des recensements nationaux. (…) Ces données permettent de mieux appréhender l’importance numérique et la situation des minorités. (…) Ces données doivent se fonder principalement sur l’auto-identification, et la société civile et les groupes minoritaires doivent être associés à l’ensemble du processus ».
La Belgique n’aurait-elle pas été mieux inspirée en répondant tout simplement à l’ONU que la Flandre avait écrit noir sur blanc dans son accord de Gouvernement qu’elle ne ratifiera pas la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales? Et que, ce faisant, la Flandre tente de bloquer tout processus de ratification…
(1) La Coalition des associations francophones de Flandre (CAFF) regroupe l’Action Fouronnaise, l’Association culturelle de Dilbeek (ACD), l’Association de Promotion des Droits Humains et des Minorités (ADHUM), l’Association francophone de Leeuw-Saint-Pierre, l’Association pour la Promotion de la Francophonie en Flandre (APFF) et Citoyens de Zaventem.
(2) « Le Royaume de Belgique déclare que la Convention-cadre s’applique sans préjudice des dispositions, garanties ou principes constitutionnels et sans préjudice des normes législatives qui régissent actuellement l’emploi des langues. Le Royaume de Belgique déclare que la notion de minorité nationale sera définie par la conférence interministérielle de politique étrangère. »
(3) Recommandations formulées par le Forum sur les questions relatives aux minorités du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, vingt-huitième session, A/HRC/28/77 §10 et 24.
Contact presse: Edgar FONCK Coalition des associations francophones de Flandre (CAFF) Spreeuwenlaan 12, B-8420 De Haan, Belgique tél.: +32(0)59.23.77.01, portable: +32(0)479.35.50.54, courriel: edgar.fonck@francophonie.be site: http://www.francophonie.be/caff.
Le problème des flamands francophones se résoudra dans une autre vie institutionnelle de la Flandre. Les Flamands francophones, tout comme les Bruxellois francophones, ne peuvent pas empêcher la Wallonie de choisir la liberté, si quitter le carcan belge s’avère nécessaire pour sa survie.
Après un « Walexit », l’ONU pourra s’occuper de ces locuteurs francophones qui ne sont aucunement français ni wallons !
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@Valmy
super le terme « Walexit »! Mais je pense que ça passera d’abord par « Vlaamsxit »! MDR
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Comme c’est rigolo! Certains francophones aiment s’apitoyer sur eux-mêmes. C’est toujours la faute de l’autre.
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