5 Août 2015
Par Charles-André Aymon Terre industrielle devenue paradis des investisseurs, le Vieux-Continent constitue le terrain de chasse des milliardaires venus de pays émergents. Tour d’horizon.
France
En janvier 2015, l’emblématique Club Med passait sous pavillon chinois. L’entreprise a été rachetée par le milliardaire de 47 ans Guo Guangchang. Surnommé le «Warren Buffett chinois», ce self-made-man, qui a passé sa jeunesse dans une ferme, multiplie les acquisitions en Europe et aux Etats-Unis.
Le secteur viticole français attire lui aussi l’Empire du Milieu. Le 6 janvier dernier, le rachat de Château Renon a porté à 100 le nombre de domaines du Bordelais détenus par des Chinois. L’investisseur, le milliardaire James Zhou, a fait fortune dans les emballages agroalimentaires et veut faire découvrir les vins liquoreux à la Chine.
L’hôtellerie française fait elle aussi l’objet de convoitise. Alors que onze des douze palaces parisiens sont déjà détenus par des groupes étrangers, l’InterContinental Paris Le Grand est passé aux mains de Constellation en mai dernier. Derrière ce groupe, on trouve le fonds d’investissement d’Etat qatari.
Italie
Depuis la crise, d’importantes entreprises italiennes ont été rachetées, totalement ou partiellement, par des hommes d’affaires des économies émergentes. C’est le cas des deux équipes de foot de Milan: le 15 octobre 2013, Massimo Moratti, président de l’Inter, annonçait la cession de 70% du club au milliardaire indonésien Erick Thohir, fondateur de Mahaka Group, géant du secteur des médias. En juin dernier, le magnat thaïlandais Bee Taechaubol, qui dirige le groupe financier Thai Prime, a déboursé 480 millions d’euros pour obtenir 48% de l’AC Milan.
Mais l’intérêt des investisseurs ne se limite pas qu’au sport. La griffe Gianfranco Ferré a été rachetée en 2011 par Paris Group, société de Dubaï contrôlée par les hommes d’affaires Abdelkader et Ahmed Sankari. En 2012, le fonds d’investissement anglais Permira a vendu la célèbre marque de mode Valentino à l’émir du Qatar, Hamad bin Khalifa al Thani (via la société Mayhoola for Investments) pour 700 millions d’euros.
Allemagne
Les investisseurs issus des pays émergents sont aussi attirés par le prestige du label «made in Germany». Liang Wengen, président du fabricant de machines-outils chinois Sany Heavy Industry, s’est ainsi offert le puissant groupe Putzmeister, fabricant de pompes à béton, en 2012. Putzmeister passait pour l’un des joyaux du «Mittelstand» allemand – cette clé de voûte de l’économie germanique, constituée de sociétés familiales aux technologies innovantes capables de dominer des marchés de niche.
Toujours dans le secteur de l’industrie à haute valeur ajoutée, le groupe chinois CNBM, géant des matériaux de construction, s’est offert successivement plusieurs sociétés allemandes spécialisées dans les films photovoltaïques: CTF Solar en 2012, puis Avancis l’an dernier.
L’énergie attire, elle aussi, les investisseurs: en mars dernier, un consortium mené par le milliardaire russe Mikhail Fridman a racheté Dea, filiale d’extraction pétrolière et gazière du groupe RWE, deuxième producteur d’électricité en Allemagne.
Grande-Bretagne
Ces dernières années, certaines des marques britanniques les plus emblématiques du royaume sont passées sous contrôle étranger. Le géant indien Tata s’est ainsi offert la marque de thé Tetley en 2000 et le prestigieux constructeur automobile Jaguar Land Rover en 2008. Dans le domaine de la distribution, la célèbre enseigne Harrods a été rachetée en 2010 par Qatar Holding, la société d’investissement du fonds d’Etat qatari.
Les groupes chinois ne sont pas en reste. La chaîne de grands magasins House of Fraser a été rachetée en 2014 par Sanpower, dirigée par l’homme le plus riche de l’Empire du Milieu, Yuan Yafei. Ancien homme politique local reconverti dans les affaires, Yafei envisage d’ouvrir plus de 1100 grands magasins en Chine.
Les plus grands clubs de football attirent eux aussi les convoitises des pays émergents. Le club de Chelsea a été racheté par le milliardaire russe Roman Abramovitch en 2003, tandis que Manchester City, autre club de Premier League, a été racheté en 2008 par le cheikh Mansour, membre de la famille royale d’Abu Dhabi.
Espagne
Il y a deux ans, une analyse de BNP Paribas annonçait que l’Espagne allait devenir, à la faveur de la crise, un terrain de chasse pour les groupes étrangers. Voici quelques-unes des acquisitions les plus symboliques.
En janvier dernier, le Chinois Wang Jianlin, 42e entrepreneur le plus riche au monde, est rentré au capital du club de football Atlético de Madrid à hauteur de 20%. Mais c’est l’acquisition de l’immeuble historique madrilène Edificio España, pour un montant de 265 millions d’euros, qui l’a amené à la une des journaux espagnols.
En 2011, la société International Petroleum Investment Company (IPIC), détenue par l’émirat d’Abu Dhabi, a acquis 100% de la Cepsa, la deuxième compagnie pétrolière espagnole. Déjà sponsor maillot du FC Barcelone, via Qatar Airways, le fonds qatari est aussi devenu propriétaire de deux hôtels de luxe de la région: l’Hôtel Renaissance et l’Hôtel W, rachetés, respectivement, pour 78,5 et 200 millions d’euros.
Quel lien avec le rattachisme ?
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Juste retour des choses !
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Je trouve ce sujet très instructif, perso j’adore le foot
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