18 juin 1815, jour d’abattage

Nous partageons l’article lu sur le blog « la Wallonie avec la France » signé par un de nos administrateurs de la Province de Namur.

« Non, je ne vous parlerai pas ici du jour d’abattage aux abattoirs d’Anderlecht, de Droixhe ou de Rochefort. Par abattage je voulais parler de la boucherie de Waterloo il y a deux siècles…

 Or donc, dans quelques jours nous aurons « droit » à la reconstitution de la plus célèbre des batailles menées par Napoléon.  18 juin 1815, jour d’abattage !

 « Waterloo ! Waterloo ! Morne plaine » a dit Hugo. C’est que diantre ! il ne s’agit pas d’une vulgaire commémoration qui aurait rendu hommage aux milliers de soldats disparus en ce jour funeste de 1815. Que nenni ! Une re-cons-ti-tu-tion, pas moins ! L’événement de l’année on vous dit !

 A contre-courant, j’ai beaucoup apprécié la chronique de Thomas Gunzig sur le sujet dans son « Café serré » sur la radio « La Première RTBF » mardi dernier (à retrouver en podcast sur le site de la station). Je vous en livre un petit extrait : « Ah mes amis, qu’est-ce que je suis heureux qu’enfin je ne sois plus le seul à trouver que la guerre, la mort, les tripes, la boue, les larmes, les mutilations, les exactions, la torture, le viol, la Cour martiale, les généraux à l’arrière, les troufions à l’avant, les pauvres qui meurent, les riches qui comptent, eh bien c’est génial! Ce Waterloo 2015 ça me fait un bien fou »!  Et Thomas Gunzig de conclure : « Le meilleur ciment d’un peuple, c’est la bêtise de ceux qui en font partie ».

 Faut-il rappeler que la guerre a toujours été le fruit de la bêtise et de la vanité des hommes. Qu’en l’occurrence  Waterloo c’est avant tout un carnage ! En quelques heures des dizaines de milliers de victimes, dix mille chevaux blessés ou tués. Réduire cette bataille simplement à l’image d’actes héroïques est stupide et imbécile. Pour tout dire navrant. Roulez tambours, sonnez trompettes, Ave Napo, morituri te saluant. Que gicle le sang, qu’explosent les corps, que se déchirent les abdomens, que hurlent les blessés, les mutilés ! Au soir de la bataille le bilan sera apocalyptique. Re-cons-ti-tu-tion !

 J’ai souvent entendu parler de commémorations :  soixante-dixième anniversaire du débarquement  de Normandie, centenaire de la Grande guerre, bientôt le soixante-dixième anniversaire de la bombe d’Hiroshima.   Cérémonies officielles  organisées afin de  conserver la conscience nationale ou internationale  d’un évènement de l’histoire collective.  Dire NON à toutes les guerres. Rien à voir avec  la reconstitution d’un événement tragique.

 A quand une reconstitution du génocide rwandais ou de la bombe d’Hiroshima devant un public enthousiaste et avide de sensations fortes ? »

Philippe Fery

2 réflexions sur « 18 juin 1815, jour d’abattage »

  1. Je ne suis pas – non plus – un grand admirateur des faits guerriers. N’empêche, Waterloo 2015, alors que les anglo-saxons et leurs alliés de l’époque, mais hélas pas seulement, ont fêté en grandes pompes la bataille de Trafalgar, je regrette toujours la discrétion qui a été de mise pour celle d’Austerlitz. On a entendu les poncifs habituels parlant des milliers de morts « à la gloire » de Napoléon.
    Or, les pertes françaises à Austerlitz, relevées très précisément par Bernard Quintin dans son Dictionnaire biographique des officiers, sous-officiers et soldats de la Grande armée tués ou mortellement blessés à la bataille d’Austerliz s’élèvent à… 1 537 hommes, trop certes. La gloire d’Austerlitz est cependant telle que les veuves recevront des pensions bien supérieures aux pensions habituelles, qu’un Temple de la gloire sera élevé place de la Madeleine en mémoire des morts d’Austerlitz (temple devenu ensuite l’église de la Madeleine). Enfin, par décret du 7 décembre 1805, Napoléon adopte tous les orphelins de militaires morts à la bataille d’Austerlitz. Ces enfants sont désormais élevés aux frais de l’État et joignent à leur nom celui de Napoléon.
    Qu’ont fait nos « glorieux » (pour ceux qui s’en souviennent encore…) généraux ou dirigeants politiques qui ont conduit à la mort des millions de soldats et civils depuis 1815 ?
    A noter que si grandes que furent leurs épreuves, les armées de Napoléon étaient des armées de célibataires. Elles ne traîneront pas avec elles cette lourde angoisse qui pèsera sur les régiments de pères de familles qui composeront par la suite les armées démocratiques. mais qui s’en souvient ? Et qui en parle ?

    Les détracteurs de l’Empereur oublient trop facilement qu’il ne pouvait que gagner les batailles au risque de tout perdre, et surtout les acquis de la révolution. Les puissances de l’ancien régime coalisées contre lui et surtout contre les idées généreuses de la République et des Droits de l’Homme emmenée dans les musettes de ses soldats, parmi lesquels de nombreux Wallons, ont permis à l’Europe et à une grande partie du Monde de sortir du moyen-age (olus de 1000 ans de féodalité !) et de régimes tout sauf démocratiques. Il faut tout remettre dans son contexte historique et sociologique.

    L’Histoire a basculé ces années là…

    A noter aussi que la France de 1815 avait une population supérieure à celle de 1789.

    Tant qu’à faire des comparaisons, la libération de l’Irak par la coalition sous commandement américain a fait combien de morts… jusqu’ici ?

    Ou encore, si les historiens estiment que les guerres « de » Napoléon et de la première république ont fait entre 1 et 2,5 millions de morts, la guerre « familliale » (*) de Trente ans en a fait plus de 10 millions, pour une population européenne beaucoup plus limitée. Et je pourrais citer bien d’autres épisodes « glorieux » comme la guerre de succession d’Espagne dont les batailles se sont passées chez-nous avec des drames épouvantables, ou encore l’occupation espagnole (qui curieusement est fêtée à Bruxelles…) qui n’a rien à envier à celles des Prussiens-Allemands et autres nazis plus récemment.

    Enfin, la mission civilisatrice du bon roi des belges Léopold II de Saxe Cobourg (dont le père Léopold Cobourg, Dit Léopod 1er – roi des belges » – était officier dans l’armée russe à l’époque de l’Empire… et a contribué au massacre gratuit des Wallons des 147ème et 148ème de ligne qui firent partie du Vème corps d’armée du Général Lauriston) aurait fait 10 millions de morts au Congo. Un roi « libéral » qui faisait travailler les noirs en les terrorisant (les villages des régions où on travaillait mal étaient anéantis entièrement à la suite d’expéditions dites « punitives » où les soldats tuaient tout le monde, plusieurs ont même décrit complaisamment comment cela se passait).
    Mais là… Chut, c’était pour une bonne cause. Pas de recherche de gloire personnelle !

    Et si on en finissait avec le « politiquement correct » ?
    Politiquement correct sélectif, en particulier en belgique dite francophone…

    (*) Une guerre familiale
    Les souverains régnants qui s’affrontent si longuement ont d’étroites parentés :
    Maximilien Ier de Bavière est cousin de Frédéric V du Palatinat, oncle et beau-frère de l’empereur Ferdinand III ;
    Charles Ier d’Angleterre est beau-frère de Frédéric V et de Louis XIII de France ;
    Louis XIII, beau-frère de Charles Ier d’Angleterre, est également beau-frère de Ferdinand III14, de Victor-Amédée Ier de Savoie et (de deux façons) de Philippe IV d’Espagne, lui-même cousin puis gendre de l’empereur Ferdinand III ;

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  2. Navré d’aller aussi à contre-courant : Gunzig est un saltimbanque professionnel et « Plus jamais çà  » n’est qu’une expression vide de sens.

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