Nous reproduisons ici la « carte blanche » de Jules Gheude, publiée sur le site du « Soir ».
Marc Goblet, le patron de la FGTB, est sur le point de remobiliser ses troupes contre le saut d’index.
Par ailleurs, les relations entre le CD&V et la N-VA semblent être de moins en moins au beau fixe. Dernier sujet de polémique : la présence des paras dans les rues.
Cette évolution ira-t-elle jusqu’à compromettre la survie de la coalition de Charles Michel ? Il est trop tôt pour le dire. Si cela devait être le cas, la Belgique plongerait dans une crise sans issue, qui la ferait passer directement du fédéralisme au séparatisme.
La « suédoise », dont fait partie la N-VA, s’est engagée à laisser le communautaire au frigo. Mais, dans un entretien au Morgen, le 27 décembre dernier, Bart de Wever a bien souligné qu’il s’agissait d’une formule provisoire (tijdelijk). Quelques jours plus tard, c’était au tour de Siegfried Bracke, le président (N-VA) de la Chambre de rappeler que l’indépendance, c’est l’évolution logique, comme les lois de Darwin.
En cas de chute du gouvernement, il ne fait donc aucun doute que le frigo s’ouvrirait, donnant ainsi aux nationalistes flamands l’occasion de passer à l’offensive finale, en insistant sur le caractère ingouvernable du pays.
Il y a quatre ans, la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française avait chargé deux de ses membres – l’un de la majorité, l’autre de l’opposition – d’analyser la situation intérieure belge. Et le constat des intéressés était clair : l’avenir de la Belgique apparaissait de plus en plus incertain.
Feu Xavier Mabille, le président du CRISP, avait écrit en 2007 qu’il n’avait jamais exclu l’hypothèse de la scission du Royaume.
Mais en dépit de l’évolution que nous connaissons depuis 2007, les responsables francophones n’ont rien fait pour se préparer à une telle échéance. Tout se passe pour eux comme si la Belgique avait vocation à l’éternité.
Pourtant, gouverner c’est prévoir, c’est anticiper ce qui peut se produire.
Les travaux des Etats généraux de Wallonie, démarche citoyenne que j’ai initiée en 2008, ont démontré que seule la France pourrait assurer un avenir post-belge décent à la Wallonie.
En effet, comment imaginer que celle-ci pourrait s’en sortir seule, alors qu’elle connaît un taux de chômage de 16 % et une dette de 18,6 milliards d’euros ? Chargé d’évaluer les pôles de compétitivité, un jury international a conclu qu’ils n’avaient pas atteint leurs objectifs. Quant aux économistes, ils s’accordent pour dire qu’une Wallonie indépendante verrait ses prestations sociales chuter de 15 à 20 %.
L’option d’une Belgique résiduaire, associant la Wallonie et Bruxelles, est tout aussi irréaliste, dès lors que les sondages indiquent qu’elle est rejetée par une majorité écrasante de Bruxellois.
Les Wallons pourraient être Français à part entière
Reste le scénario réunioniste, que d’aucuns redoutent ou rejettent par crainte de voir s’éteindre leurs prérogatives ou de perdre leur spécificité. Je pense non seulement au personnel politique, mais aussi aux responsables des syndicats et des mutuelles. En France, en effet, les syndicats ne paient pas les allocations de chômage et les mutuelles ne remboursent pas les soins de santé.
Il faut dire aux uns et autres que le processus ne serait pas forcément celui d’une assimilation pure et simple. Comme le précise Jacques Lenain, cet ancien haut fonctionnaire français, qui planche sur le sujet depuis des années : Il n’est pas nécessaire que les Wallons se présentent tout nus devant Marianne pour revêtir l’uniforme français.
La Constitution française, en effet, est fort souple. Elle offre la possibilité de statuts particuliers, dont bénéficient déjà la majorité des collectivités d’outre-mer, ainsi que la Corse et l’Alsace-Moselle pour la métropole.
La Wallonie pourrait ainsi disposer d’un tel statut d’autonomie, qui lui permettrait de conserver ses organes d’auto-administration actuels, ainsi que ses compétences, lesquelles pourraient d’ailleurs être élargies, puisque la Communauté française aurait alors de facto disparu. Nos provinces et communes seraient maintenues en l’état. Quant à l’ex-droit fédéral belge, conservé, sauf exceptions, il se trouverait placé sous la responsabilité du législateur français. Et notre système de sécurité sociale serait adossé au système français.
Bref, les Wallons pourraient être Français à part entière tout en restant ce qu’ils sont aujourd’hui. C’en serait ainsi fini des interminables chamailles communautaires, de cette suspicion réciproque qui anime en permanence les acteurs de la scène politique belge.
C’est autour de cette vision d’avenir que les Wallons doivent impérativement se rassembler.
Une vision que, du côté français, on est prêt à envisager favorablement. De passage à Bruxelles, en janvier 1996, Jacques Attali, l’ancien conseiller du président François Mitterrand, avait déclaré : « S’ils étaient consultés demain sur l’éventuel rattachement des francophones de Belgique à la France, 95 % des habitants de l’Hexagone répondraient favorablement ». Et l’intéressé d’ajouter, le 9 septembre 2008 : « Le prix à payer pour la France serait plus faible que ce que cela lui rapporterait ». (…) C’est un beau débat. Qu’il commence !
(1) À paraître prochainement : « François Perin – Une Plume / L’Oeuvre écrite », Editions de la Province de Liège.
« Nos provinces et communes seraient maintenues en l’état. »
Moi, je serais plutôt pour que nos provinces deviennent des départements de la future Région Wallonie et que nos communes puissent rester telles quelles! Bien qu’en France, chaque petit patelin possède une Mairie! Ici, dans notre coin (Arlon-Virton-Athus), certains bâtiments ont déjà le nom de « mairie » au lieu de « Maison Communale » ou « Hôtel de Ville » et on appelle parfois le bourgmestre, « M. le Maire »!
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« Si cela devait être le cas, la Belgique plongerait dans une crise sans issue, qui la ferait passer directement du fédéralisme au séparatisme. » … Voilà typiquement une phrase qui montre que son auteur n’a pas encore vraiment intégré que ce ne pourrait qu’être une bonne chose pour la Wallonie et les Wallons, alors que quelques lignes plus loin, il en démontre tout l’intérêt…
Pour ma part, je pense plutôt que – singulièrement – la N-VA va plutôt tout faire pour maintenir ce gouvernement en vie, en utilisant une tactique fort habile, soufflant le chaud et le froid, pour en fin de course (après avoir engrangé – mais ce n’est pas original, tous les partis flamands l’ont toujours fait – un maximum d’avantages pour la Flandre) pouvoir déclarer que ce pays est décidément ingouvernable puisque composé des deux Peuples (là, je ne les rejoins pas, il y en a plus) aux visions absolument incompatibles.
Cessons donc de déplorer le manque de vision affiché par nos « dirigeants ».
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Un anniversaire ce 12 février… qui montre que les temps peuvent changer…
Aujourd’hui, ce qui aurait pu rester le 24 pluviôse de l’an CCXXIII de la République nous rappelle que le 24 pluviôse de l’an IX, une députation du Corps législatif, issue des Départements réunis à la république française par le décret du 9 vendémiaire de l’an IV (1er octobre 1795) est allée féliciter les Consuls au sujet de la conclusion du traité de paix de Lunéville.
On lit dans le Journal de Paris :
“Les Belges qui sont membres du corps législatif, ont parlé ensuite et se sont félicités d’appartenir définitivement à la république française.
Le premier consul leur a fait une réponse terminée par cette phrase : “Dans la guerre qui a suivi le traité de Campo-Formio, les armées ont éprouvé quelques revers ; mais quand même l’ennemi aurait eu son quartier-général au faubourg Saint-Antoine, le peuple français n’eût jamais cédé ses droits, ni renoncé à la réunion de la Belgique.”
Le Moniteur a donné une version plus complète de la réponse du Premier Consul :
“Il n’était plus au pouvoir du Gouvernement de transiger pour les neuf départements qui formaient autrefois la Belgique, puisque, depuis leur réunion, ils font partie intégrante du territoire français. Il est cependant vrai de dire que le droit public, tel qu’il était à cette époque reconnu en Europe, a pu autoriser des individus, qui voyaient dans S.M. l’Empereur (*) leur légitime souverain, à ne pas se reconnaître comme Français.
Mais, depuis le traité de Campo-Formio (**), signé le 26 vendémiaire de l’an VI, tout habitant de la Belgique qui a continué à reconnaître l’Empereur (*) pour son souverain et est resté à son service a par cela seul trahi son devoir et sa patrie. Depuis ce traité, les Belges étaient donc Français, comme le sont les Normands, les Languedociens, les Bourguignons.
Dans la guerre qui a suivi ce traité, les armées ont éprouvé quelques revers ; mais quand même l’ennemi aurait eu son quartier-général au faubourg Saint-Antoine, le peuple français n’eût jamais cédé ses droits, ni renoncé à la réunion de la Belgique.”
(*) celui d’Autriche (le saint Empire !) pour ceux qui ne connaissent pas l’Histoire
(**) http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/archim/Pages/03604.htm
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