Nous croyons utile de rappeler que l’AWF est un mouvement citoyen pluraliste qui pratique le respect de l ‘Autre. Nous avons été d’autant plus anéanti par les événements qui ont ensanglanté la France.
Lors de ces événements tragiques, les djihadistes ont assassiné les dessinateurs de Charlie-Hebdo et des membres du personnel qui se trouvaient dans leurs locaux. Ils croyaient ainsi tuer la liberté d’expression. Coulibaly a tué à Montrouge une jeune policière parce qu’elle représentait l’ordre républicain. A la porte de Vincennes, le même assassin s’est attaqué à un magasin casher parce qu’il savait qu’il allait pouvoir assassiner des juifs. Quatre jeunes dont le seul tort était d’être juif y ont perdu la vie. Nous sommes conscients des errements du gouvernement d’Israël et des religieux juifs intégristes. Mais ici, il s’agit de jeunes français juifs bien intégrés sans rapport aucun avec le conflit israélo-palestinien qui ont payé de leur sang l’imbécilité de fanatiques.
Nous savons que certains nous en voudront de relayer l’appel de juifs laïques qui journellement sont l’objet d’injures, de menaces ou d’intimidations, mais nous sommes persuadés qu’il nous appartient d’avoir ce moment de courage.
« Je suis avant tout Citoyen français et il n’est pas question pour moi d’aller vivre en Israël » : tels étaient les mots d’un jeune juif interviewé récemment par France 2. Nous voulons croire en des temps meilleurs où, en Wallonie comme en France, les Valeurs de laïcité républicaine prendront le pas sur le religieux, l’agnosticisme ou l’athéisme qui doivent accepter de rester dans la sphère de la vie privée de chacun.
Paul D.
APPEL
Nous, Juifs laïques, qui plaçons le religieux et le non-religieux dans l’espace intime de chacun et séparons clairement la Synagogue et l’Etat, sommes d’abord et avant tout des citoyens à part entière, droits et devoirs réunis. Mais nous sommes aussi juifs, à savoir, membres d’une communauté, d’un peuple à la longue histoire, riche, belle et tragique, qui, depuis plusieurs années, sommes la cible d’insultes, d’injures, de menaces et d’agressions récurrentes. Plus dramatique, certains des nôtres tombent sous la torture ou les balles de tueurs qui puisent leur haine antisémite dans une instrumentalisation politique d’une religion, l’islam, aujourd’hui victime d’un abus idéologique mortifère. Pourquoi ? Tout simplement, parce qu’ils étaient juifs. Il est donc normal que nous soyons alarmés d’une situation européenne qui semble échapper à nos institutions démocratiques.
Nous demandons à nos amis, compagnons, sœurs et frères démocrates, croyants, agnostiques ou athées, de prendre toute la mesure de ce qui se passe. Il ne s’agit pas de la part des Juifs et de leurs organisations représentatives de revendiquer de supposés accaparement et monopole de la stigmatisation, du racisme et de la souffrance. Les Juifs ont une trop longue expérience de la persécution pour ne pas voir et reconnaître celle qui accable et peut détruire nos autres frères humains. Nous n’oublions jamais les génocides amérindien, arménien et tutsi, aux côtés du génocide juif, ainsi que la traite esclavagiste noire, souillure de notre passé. Ils sont dans la mémoire collective universelle comme autant de déformations immondes de la condition humaine. Nous voyons et sommes révoltés devant le massacre des chrétiens orientaux, victimes expiatoires des criminels soi-disants califats. Nous n’avons pas de mots pour qualifier le sacrifice des masses musulmanes, des enfants innocents, sur l’autel du terrorisme islamique. Nous dénonçons avec force l’islamophobie rampante et perverse qui gangrène notre vivre-ensemble et ronge le tissu social de nos quartiers et de notre démocratie.
Nous demandons aux citoyens européens, à toute personne sensible au drame qui frappe aujourd’hui les Juifs européens, de toute obédience religieuse et philosophique, de nous rejoindre dans le combat pour l’exercice libre, rien de plus, des droits démocratiques. Les Juifs, où qu’ils résident dans le monde, tout en étant attachés à leur tradition, à leur pratique religieuse, à leur culture, ont toujours voulu s’intégrer aux sociétés et nations qui les ont accueillis. Ils voudraient pouvoir continuer à vivre sans crainte de faire les courses, de visiter un musée, d’aller à l’école et au travail, de se rendre à la synagogue et dans les lieux publics laïques ainsi que de pouvoir s’exprimer librement sans l’ombre de noirs desseins.
Shalom à toutes et à tous.
Merci d’avoir publié ce texte dans un climat d’antisémitisme grandissant comme à ses heures les plus sombres!!! Je ne suis certes pas toujours d’accord avec le gouvernement d’Israël sur certains points (du point de vue strictement politique) mais en tant que chrétien (la Bible étant composée de l’Ancien (histoire du peuple juif) et du Nouveau Testament…), je me dois d’aimer ce peuple et de le soutenir plutôt que de le haïr et vouloir le détruire comme certains le prônent ou l’ont prôné dans le passé!
Shalom
J’aimeJ’aime
Que ce texte déposé par l’AWF sur son site nous rassemble tous !! C’est ce que j’ai lu de plus beau depuis le 11 septembre français ! Merci
J’aimeJ’aime
Citoyen avant tout et juif laïque, membre du Centre Communautaire Laïque Juif (CCLJ), je ne peux que souscrire à cet appel humaniste autant qu’humanitaire. Il rappelle l’essentiel. Au lendemain de la célébration du 70ème anniversaire de la Shoah, après les innombrables agressions et les attentats antisémites, qui ont fait, en Europe, en trois ans, 27 morts et de nombreux blessés, il est temps que l’indifférence reflue. Il est temps que les consciences se réveillent. Il serait dramatique de laisser isolée, livrée à elle-même, la communauté juive. Ne nous laisser pas marcher seuls contre la haine antisémite. Nous manifestons et manifesterons toujours au nom de Charlie, de tous les Charlie, contre le racisme d’où qu’il vienne, où qu’il frappe. Mais nous devons bien constater que nos compatriotes sont trop peu nombreux à nous rejoindre, dès lors qu’il s’agit de marcher à nos côtés. Nous ne voulons plus entendre dans les rues de Paris, de Bruxelles et de Liège, « Mort aux Juifs ». Nous ne voulons plus voir, comme à Sarcelles ou à Anderlecht, des synagogues attaquées, des commerces juifs incendiés. Nous ne voulons plus entendre qu’un Juif a été torturé à mort parce qu’il était sensé « être riche, puisque juif ». Nous ne voulons plus revoir une école juive, un musée juif, un magasin juif devenir un sanctuaire du terrorisme. Il est temps, grand temps que les femmes et les hommes de tous horizons démocratiques se lèvent et libèrent leur parole en disant: « Plus jamais ça ! ». Qu’ils se rappellent les mots du tréfonds de notre humanité:
« Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c’est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c’est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu’à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid Comme une grenouille en hiver.
N’oubliez pas que cela fut, Non, ne l’oubliez pas:
Gravez ces mots dans votre coeur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant;
Répétez)les à vos enfants.
Ou que votre maison s’écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous ».
Primo Levi, « Si c’est un homme ».
J’aimeJ’aime