Petit rappel : en sa séance du 03 octobre 2014, le Conseil Général de l’AWF décidait d’envoyer un mémorandum intitulé « AWF, CAP 2015 » à plus de 5000 adresses électroniques de décideurs politiques, sociétaux, culturels et autres. Vous pourrez retrouver le texte en question puisque nous l’avons publié sur notre site le 30 décembre 2014.
Veuillez trouver ci-dessous le chapeau qui accompagnait notre mémorandum ainsi que la réponse de M. Paul Magnette, et celle que nous avons envoyée à notre Ministre-Président wallon.
Le débat est lancé… Nous ferons en sorte qu’il se poursuive tout au long des lettres mensuelles que notre mouvement citoyen enverra au cours de cette année 2015 dans le cadre de notre opération « CAP 2015 ».
De : Durieux Paul [mailto:pauldurieux2003@yahoo.fr]
Envoyé : mardi 2 décembre 2014 19:05
Objet : AWF Cap 2015
Madame, Monsieur,
Le vendredi 28/11/2014, le professeur émérite de HEC-École de gestion de l’Université de Liège, Jules Gazon, s’exprimait lors d’une conférence intitulée « L’avenir de la Belgique et de la Wallonie ? » à la Maison de la Laïcité de Verviers.
Devant un auditoire d’une centaine de personnes, Jules Gazon a présenté le sort de la Wallonie quand celle-ci devra assurer son autonomie budgétaire. Après cinq années de sourdine (relative) à ses revendications communautaires, la N-VA a déjà averti que la mise entre parenthèses du « communautaire » cesserait.
Ses alliés CD&V et Open-VLD ne pourront qu’avaliser la volonté d’entreprendre une 7e réforme de l’État qui conduira au confédéralisme. Celle-ci touchera le cœur de la sécurité sociale et verra les transferts financiers nord-sud et la solidarité interrégionale s’évaporer.
Comme l’exprime le professeur Gazon, il est temps de dire la vérité des chiffres aux Wallons afin qu’ils puissent dès maintenant réfléchir et agir à la meilleure solution pour eux-mêmes, mais surtout pour leurs enfants et petits-enfants.
2015 sera l’année où l’option de l’intégration-autonomie de la Wallonie à la République française prendra place dans le débat qui concerne notre avenir.
Le fichier « AWF Cap 2015 » ci-joint vous éclairera sur les constats, l’analyse et les objectifs qui sont ceux de notre mouvement citoyen. Nous vous en souhaitons la meilleure lecture.
Cordialement,
Pour l’AWF,
Paul Durieux
Président
De : Paul MAGNETTE <paul.MAGNETTE@gov.wallonie.be>
À : « pauldurieux2003@yahoo.fr » <pauldurieux2003@yahoo.fr>
Envoyé le : Lundi 15 décembre 2014 14h17
Objet : Re: AWF Cap 2015
Cher Monsieur,
Votre courriel m’est bien parvenu et j’ai pris connaissance de l’appel de votre mouvement avec intérêt.
Je connais évidemment les arguments développés par le professeur Gazon et suis attentif à vos analyses qui ont le mérite d’appeler à la réflexion prospective, en ouvrant l’éventail des possibles.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer, il est cependant un de vos « postulats » que je ne partage pas, à savoir la non‑viabilité d’une Wallonie qui dépendrait uniquement de ses propres forces et moyens et ce, même si telle n’est pas l’hypothèse que nous appelons de nos vœux.
D’une part, dans une réalité qui est par nature évolutive, je comprends mal voire regrette une position décrétant a priori qu’un peuple est inapte à assumer son destin. L’Histoire fourmille de contre-exemples et le concept même d’incapacité ou d’immaturité d’une population pose question.
D’autre part, quel que soit le contexte institutionnel dans lequel la Wallonie serait appelée à se trouver dans un avenir plus ou moins rapproché, je suis persuadé que le devoir actuel des représentants wallons mais aussi de chaque responsable et de chaque citoyen wallon est, justement, d’œuvrer au redéploiement économique et à la santé financière de notre Région.
Il en va du bien-être de ses habitants et du poids qu’auront les Wallons dans n’importe quelle configuration institutionnelle. Ce n’est qu’à la condition d’avoir repris en main leur développement économique que les Wallons seront en mesure de choisir plutôt que de subir leur destin. J’entends y œuvrer à la tête du Gouvernement wallon.
Heureux d’avoir pu vous faire part de ces réflexions, je vous prie de croire, cher Monsieur, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
Paul Magnette
De : Durieux Paul <pauldurieux2003@yahoo.fr>
À : Paul MAGNETTE <Paul.MAGNETTE@gov.wallonie.be>
Envoyé le : Lundi 29 décembre 2014 21h49
Objet : Re: AWF Cap 2015
A M. Paul Magnette, Ministre-Président de la Wallonie,
Cher Monsieur Magnette,
Il est gratifiant pour un mouvement citoyen comme le nôtre de recevoir une réponse de la part du Ministre-Président wallon. Permettez-moi dès lors de vous remercier pour l’intérêt que vous portez à notre appel intitulé « AWF, CAP 2015 ».
Je me plairai tout d’abord à relever ce qui nous unit et qui relève de l’essentiel.
Je vous cite : » …quel que soit le contexte institutionnel dans lequel la Wallonie serait appelée à se trouver dans un avenir plus ou moins rapproché, je suis persuadé que le devoir actuel des représentants wallons mais aussi de chaque responsable et de chaque citoyen wallon est, justement, d’œuvrer au redéploiement économique et à la santé financière de notre Région. «
Nous n’aurions pu dire mieux.
Là se situe en effet exactement le défi qui est à relever et qui conditionnera le bien-être du citoyen wallon mais aussi le poids qu’aura la Wallonie, quelles que soient les configurations institutionnelles dans lesquelles ses représentants auront à négocier.
Vous aurez compris que l’Alliance Wallonie France considère la fin de la Belgique inéluctable. Un confédéralisme avec rupture du lien solidaire ne changerait pas la donne pour la Wallonie par rapport à la sécession du pays.
Nous estimons qu’à ce moment les Wallons auront pour l’essentiel à choisir entre l’indépendance éventuellement au sein d’une confédération belge ou une union à la France sous une forme à déterminer.
L’analyse du professeur Gazon dont les chiffres n’ont jamais été mis en doute par ses pairs montre que, sur base des données 2009, une Wallonie autonome n’est pas soutenable au plan des finances publiques. Elle démontre par ailleurs que la Wallonie intégrée à la France sous une option qui assure aux Wallons la solidarité française en matière de sécurité sociale, n’aurait qu’un effet marginal sur la dette publique et les besoins de financement publics de la France augmentée de la Wallonie, ce qui est de nature à évacuer toute opposition française à notre projet pour des raisons budgétaires. Mais ce faisant, la Wallonie autonome échappera aussi au scénario catastrophique qu’elle devrait subir si ses finances publiques, y compris ce qui lui ressortit au niveau fédéral, devaient rester ce qu’elles sont.
J’ajouterai que lors de ses conférences, le professeur Gazon ne manque jamais de dire qu’une réalité est par nature évolutive, regrettant toutefois ne pouvoir se baser sur des chiffres plus récents qui sont pourtant connus des centres universitaires mandatés par les quatre principaux partis wallons et bruxellois.
Dire la vérité aux Wallons est un passage obligé pour amorcer le redressement wallon.
Monsieur le Président, vous êtes vous-même confronté à cette difficulté de faire comprendre la nécessité de s’attaquer à l’hypertrophie politico-administrative wallonne et au clientélisme qui en a résulté. On perçoit bien votre volonté de changement et le courage politique qu’il postule.
Nous soutenons évidemment toute initiative de nature à redresser l’économie wallonne et nous serions heureux que vous puissiez y arriver. La Wallonie regorge en effet de talents et d’atouts.
Enfin, sachez que nous respectons le choix de ceux qui préfèrent pour l’instant l’indépendance à l’union à la France. Mais nous souhaitons que ce choix se fasse en connaissance de l’ « état des lieux ».
Pour l’heure, nous croyons que les combats des « indépendantistes » et des « réunionistes » convergent : faire valoir les atouts de la Wallonie ainsi que mobiliser les Wallons dans l’effort qu’implique nécessairement le renouveau.
A l’AWF, nous sommes demandeurs d’un débat, livres ouverts, sur l’avenir de la Wallonie.
A la tête du gouvernement wallon, vous entendez œuvrer à ce que les Wallons choisissent leur destin plutôt que le subir. Nous sommes faits pour nous entendre. Notre crainte toutefois serait que les Wallons évacuent l’option française par ignorance de la réalité. Et notre conviction est que cette option française sera le choix de raison à défaut d’être, pour certains, celui du cœur.
Que 2015 soit une année où un véritable débat démocratique s’instaure sur l’avenir de la Wallonie se situe parmi nos vœux les plus chers.
Veuillez croire, cher Monsieur Magnette, en l’expression de nos sentiments les meilleurs.
Paul Durieux
P.S. : vous autorisez-nous à publier notre échange de courriels sur notre site ? Merci d’avance pour la réponse que vous voudrez bien nous donner.
Paul Durieux
Intéressant…mais pour que l’idée française s’installe dans les foyers wallons, il faudrait déjà que les responsables politiques y pensent déjà un tout petit peu!!! Et c’est pas gagné!!!
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Le peuple dont parle M. Magnette dans son courrier est le peuple wallon. C’est assez naturel puisqu’il a en charge actuellement le gouvernement de la région Wallonie.
Pour les belgicains et pour nos hommes politiques impliqués au niveau fédéral, le peuple c’est le peuple belge!
Pour moi qui suit rattachiste militant et de coeur, le peuple correspond à celui de la Communauté française de Belgique, appellation ambiguë mais révélatrice d’un trouble de l’identité collective, appellation toujours officielle du reste. Me réclamant de cette communauté, je suis un Français de l’extérieur et je refuse d’être un Français qui s’ignore!.
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Bien sûr, rien n’est jamais gagné d’avance, mais si l’on ne pose pas les jalons du débat, nous n’aurons, c’est certain, aucune chance d’ arriver à « l’idée française ».
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Vous avez raison et c’est très bien ce que vous faites. Mais je crois qu’il faudra une sorte d’électrochoc, un peu comme lorsqu’une année la RTBF avait fait un faux-direct-fiction sur une déclaration d’indépendance de la Flandre… Je vous donne pour exemple, ma maman, qui comme je vous l’ai déjà dit, a vécu 7 ans dans le Sud de la France (Marseille et Aix-en-Provence) qui a plein d’amies et de connaissances en France, qui regarde même plus le JT sur France Télévision que sur les chaînes belges, qui nous envoyait ma sœur et moi en colos et camps de jeunes en France, et qui pense que le meilleur vin est français (lol), mais qui quand je lui parle d’un possible rattachement à la France, n’est pas d’accord du tout et veut rester belge à tout prix! Moins évident que ça en l’air…
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Très intéressant.Je rêve de débats nombreux et fructueux.Les Wallons ne sont pas assez au fait de leur réalité,potentiel….Il faudrait de ces débats aux 4 coins de la Wallonie.
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Nous ne pourrions mieux exprimer notre soif de débat que vous ne le faites, chère Madame Bauthière.
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La réponse de Paul Durieux à Paul Magnette est remarquable. Une page d’anthologie !
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Le coup de force du PS allié au CDH à la région wallonne n’arrangera pas les intérêts wallons et la France de Hollande, pas plus que celle de Sarkosy, n’ont jamais encore déclaré qu’elles ouvraient la porte aux wallons , le tandem Di Rupo-Magnette a tiré à côté de la cible en voulant préserver son idéologie de classes et son syndicalisme à la Goblet qui nous ramène à l’époque de Cuivre et Zinc…c’est mon coup de gueule bien que sympathisant de l’AWF…
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