L’analyse de Paul Mélot
Sous le titre « Le Cincinnatus qui veille sur le ’16’ », Dirk VANOVERBEKE (Le Soir des 15 et 16/11/2014) décortique avec une particulière pertinence les actes de Bart DE WEVER, ainsi que sa stratégie.
a) Il a décliné le « 16 » pour ne pas se brûler et néglige dans son égo ses 314.650 voix de préférence pour mieux diriger ce que l’on appelle « le pays », vu de l’extérieur.
b) Il s’est retiré de la course pour faire aboutir le suédoise et réaliser son rêve d’asseoir la suprématie flamande dans le gouvernement fédéral, jetant au passage le PS dans l’opposition.
c) Il veut ne plus jamais voir le PS revenir au pouvoir, menaçant : « ceux qui le feraient revenir se suicideraient politiquement ».
d) D’ici 2019, au départ d’Anvers, il sera le gardien de l’idéologie de la N-VA au gouvernement.
Des faits très récents illustrent ce qui précède. Résumons :
a) La ministre de la santé Open-VLD (DE BLOCK) souhaiterait assouplir la législation relative au cannabis ? Remise au rang par De Wever lui-même.
b) Le secrétaire d’Etat NV-A met en doute la plus-value des immigrations congolaise, algérienne, marocaine ? BDW se fout de l’embarras du MR devant ces faits: « foutaises francophones », clame-t-il.
c) Charles MICHEL (MR) qualifie d’ « énorme » l’espace de négociation après la manifestation de Bruxelles ? « Il n’y a aucune alternative politique », siffle BDW.
d) Economies dans le secteur culturel et réductions de ces économies proposées par D. REYNDERS (MR) ? Elke SLEURS (N-VA) tacle, sur ordre de BDW.
e) Timide volonté du CD&V d’impôt sur la fortune ? Kris PEETERS recalé par Jan JAMBON, et passons sur : report de l’âge de la pension, saut(s?) d’index, traque à la fraude sociale (pour la fraude fiscale, voir le Luxleacks !), économies présentées comme inévitablement inévitables ! (sans jamais penser à retarder les échéances de la dette, seule solution d’amoindrissement et de lissage de l’effort demandé…).
Comprenons donc bien : l’accord, TOUT l’accord, rien d’autre que TOUT l’accord. « Punt aan de lijn » ! Et direction sortie pour celui qui désobéit !
On le voit, à l’échéance de cinq ans, sauf chute – improbable – de la coalition, triomphe extraordinaire de BDW en Flandre. Ensuite, révision de la Constitution au profit exclusif du Nord avec la 7e réforme de l’Etat.
Chute improbable ? Pratiquement improbable, et pourquoi ?
1) En Flandre, ni le CD&V, ni l’Open-VLD ne vont pouvoir, sous peine de disparition du pouvoir politique nordique, s’opposer au rouleau compresseur N-VA.
2) Pas plus le MR, en Wallonie, ne songera à ne plus subir les ukases : il affaiblirait d’autant plus le VLD-frère flamand, au tout grand bénéfice de la N-VA, et payerait très cher, en Wallonie particulièrement, le prix de sa participation. Il serait immédiatement rejeté dans l’opposition fédérale, à supposer que la mathématique électorale le permette, ce qui est moins certain car les faits nous montrent que si un MR affaibli devait constater qu’il peut rester dans cette majorité fédérale, il s’y accrocherait pour enfin subsister, mais à quel prix, toujours plus faible, toujours plus à la merci de BDW, toujours plus craintif du verdict de l’électorat wallon… car le temps passant, la régression amorcée ne fera qu’augmenter les appétits féroces de la N-VA de maintenir l’hégémonie, jusqu’au but final : la disparition de la Belgique en tant que telle.
Nous voici donc au cœur du problème, personne n’en pouvant douter : le but ultime, la solution finale, même ! Avec « l’aide » du PS, allié objectif comme semble le penser BDW, qui ne pourra que revendiquer le confédéralisme total, voire une large autonomie, voire l’indépendance, comme on va le voir dans la suite !
Paroles d’Eric DEFOORT, ami plus que très proche de BDW, idéologue de la N-VA dont il est l’un des co-fondateurs: « Les Wallons seront un jour les Ecossais de la Belgique et réclameront à leur tour leur indépendance ». Voilà qui est dit !!!
Foutaises flamandes ?
Quel sens aurait encore une Belgique vidée de ses fondamentaux (solidarité, pensions, santé, armée,…) ? Quelle valeur ajoutée ? Sur quel vide économique wallon ? Ici, faisons appel à l’audition du ministre REYNDERS devant la Commission des affaires étrangères, le 14 novembre : après deux passages pourtant positifs de l’accord gouvernemental, l’un sur la poursuite de l’intégration européenne, l’autre sur la volonté d’instaurer des votes aux majorités qualifiées pour la politique européenne et sa défense, c’est alors la déferlante N-VA qui siffle le chemin : « associer les entités fédérées à la politique étrangère, révision des accords de coopération, ceci à peine sous-entendu au grand bénéfice de Mère Flandre… ». Lire à ce sujet les articles des journaux.
Durant la campagne électorale pour les élections régionales, l’ALLIANCE WALLONIE FRANCE a, hélas vainement et sans retombées positives, réclamé aux différents partis wallons la prise en considération dans les accords post-électoraux des votes sur l’élargissement et surtout la mise en pratique des accords bilatéraux existants avec la France, la création de quantité d’autres dans tous les domaines de la vie économique et sociale afin qu’au jour où la Flandre aura pris son envol, et même évidemment déjà auparavant, nous ne nous retrouvions les mains complètement vides, à la merci d’une austérité à la grecque…
Les récents événements que l’on ne peut d’évidence qualifier de soubresauts, tellement tout ce qui précède était prévisible, vont-ils enfin ouvrir les yeux de TOUS les décideurs politiques wallons, qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition fédérale, régionale, communautaire ?
De tous nos vœux, de toutes nos forces, pour nos enfants, pour la Wallonie, pour nous-mêmes, pour notre fierté wallonne, nous appelons à la convocation d’un CONGRES WALLON. Plus que très vite ! Il n’est même plus moins cinq !