M. Jacques Rihoux coordonne des projets transfrontaliers entre la Wallonie, la Lorraine et le Grand-Duché du Luxembourg. Il participe au site www.sophia-lorraine.eu que je vous invite à découvrir.
Avec son autorisation, je reproduis textuellement le message qu’il m’a envoyé et le document historique qui l’accompagne.
Bonjour M. DURIEUX,
Je pense avoir compris à la lecture de votre site que l’AWF tentait de dissiper l’enfumage belgicain des esprits par la grande majorité des media traditionnels. Comme vous le savez, l’apprentissage de l’histoire dans nos écoles comme son évocation par les mêmes média déjà évoqués, évitent soigneusement toute information susceptible de réveiller la conscience wallonne. A ce sujet je viens de tomber sur le texte ci-joint qui ressemble furieusement au programme actuel de la NVA… Il s’agit d’un courrier du général von Bissing, gouverneur allemand de la Belgique durant la guerre 14/18 à l’empereur Guillaume II. Alors tant qu’à commémorer « la grande guerre », ne laissons pas l’initiative au gouvernement flamand de nationaliser l’histoire à son profit ! Ne serait-il pas salutaire de rappeler qu’à l’époque, le gouverneur von Bissing, précurseur du confédéralisme à la De Wever, n’a pas trouvé de « Quisling » wallon pour siéger à Namur, aujourd’hui les partis traditionnels se pressent au portillon… autre temps, autres moeurs ! Une seule donnée reste constante : la défiance vis-à-vis de la République voisine.
Cordialement,
Jacques RIHOUX
Une lettre envoyée par le gouverneur général Von Bissing donne un aperçu de la vision allemande de la Flamenpolitik, telle qu’elle se formule en 1917 :
« Conformément aux indications de Votre Majesté, j’applique toute mon énergie à développer le plus rapidement possible la politique flamande [Flamenpolitik] ordonnée par Votre Majesté. Après m’être entendu sur les mesures à prendre, le 17 du mois passé, avec le représentant du chancelier, le secrétaire d’état à l’Intérieur, j’ai institué une commission qui doit préparer la division de l’ancien royaume de Belgique en partie flamande et partie wallonne. Comme premier pas, j’ai, d’après l’avis de cette commission, divisé, par ordonnance du 21 écoulé, le territoire du gouvernement général en deux régions administratives, une flamande et une wallonne. En prenant pour base la limite linguistique, ces deux territoires sont bornés par les frontières des provinces et il n’y a que le Brabant qui sera divisé en deux. À mesure que l’avancement des travaux le permettra, les ministères wallons seront transférés à Namur, tandis que les [ministères] flamands resteront à Bruxelles. Suivant nos prévisions, on commencera par le déplacement du ministère wallon de l’Industrie et du Travail à Namur. Dès maintenant, on prend des mesures pour trouver des locaux à Namur. La séparation des ministères sera suivie d’autres mesures de séparation. Il convient de signaler particulièrement l’organisation judiciaire. Aux mesures de séparation des autorités belges se joindra la nomination de deux chefs d’administration allemands, pour la Flandre et la Wallonie, et cette désignation va même se faire dès maintenant. Les espérances fondées sur la création d’une Flandre délivrée de l’influence des Wallons seront, espérons-le, réalisées et serviront alors certainement les intérêts allemands. Je me permets cependant d’ajouter qu’il ne serait pas bon d’abandonner à son sort la Flandre délivrée de la domination de la Wallonie, ou encore de la considérer comme un objet de marchandage dans les pourparlers de paix qui sont imminents. Si l’Empire allemand n’y prend garde, le sort de la Wallonie sera celui d’un ennemi de l’Allemagne, entièrement francisé. Une Wallonie rendue à l’influence française deviendrait automatiquement un instrument de domination anglaise et servirait de prétexte aux visées anglaises sur les côtes de la Flandre. L’extension de la puissance allemande et de l’influence allemande en Wallonie ne me paraissent pas moins importante qu’en Flandre. Économiquement, la Wallonie vaut même plus pour l’Allemagne que la Flandre, à cause de son industrie, en particulier à cause de ses charbonnages que j’ai maintenus en pleine activité. Assurément, la valeur économique des Flandres grandira considérablement lorsque les trésors en charbon de la Campine seront exploités. Il faut montrer, en outre, qu’il y a entre Flamands et Wallons beaucoup de relations économiques qui doivent continuer après la séparation, si l’on ne veut pas que tous deux, ou au moins l’un des deux, ne subissent des dommages. La population wallonne est plus facile à manier et à diriger que la flamande. Les Flamands sont naturellement plus lourds et plus enclins à la résistance. Les Wallons sont plus légers et, s’ils gagnent beaucoup, s’ils ont quelques avantages sociaux, s’ils peuvent jouir de la vie, ils sont faciles à gouverner. En conséquence, je considère comme un devoir envers Votre Majesté et envers la patrie de faire remarquer qu’il faut avoir soin de conserver une Wallonie bien organisée à côté d’une Flandre bien organisée. »
Les Allemands ne classent jamais leurs dossiers après leurs guerres. Ils analysent les raisons de leurs échecs et prévoient toujours les possibilités d’une revanche dans le long et très long terme. La France n’appliqua jamais cette méthode à l’exception de Richelieu qui prêchait, hélas, dans le désert. A quel dessin de grandeur, même pour l’Europe, la France réfléchit-elle ?
Quand on pense que les plans allemands d’hier et flamands d’aujourd’hui furent élaborés par les Wallons, il y a de quoi s’étouffer ! Surtout lorsque les Wallons renient leur démarche intellectuelle et refusent de la mettre en application.
Les Allemands décrivent très précisément nos défauts gaulois.
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