Un article d’Ewald Pironet (Knack) publié sur le site du Vif/L’Express le 7 juin 2019.
Si le résultat des élections n’est pas entièrement satisfaisant, il est toujours possible d’appeler à un nouveau vote. Le premier à le suggérer est le constitutionnaliste Marc Uyttendaele, époux de Laurette Onkelinx (PS). Il voit « une multitude d’impossibilités pour ce qui concerne la gestion du gouvernement fédéral. La seule question qui se pose, c’est de savoir quand le monde politique admettra qu’il faut retourner aux élections ». Eric Van Rompuy (CD&V) – époux de Viviane Geuffens, directrice du service des commissions parlementaires – abonde dans son sens: » Les vétos de la N-VA et du PS vont entraîner un blocus total. Je prévois six mois de statu quo, puis peut-être de nouvelles élections ». Selon Uyttendaele et Van Rompuy, les nouvelles élections devraient porter sur la pérennité de la Belgique.
La formation d’un gouvernement au niveau fédéral sera extrêmement difficile. Non seulement les partis ont opposé leur veto bien avant les élections, mais le résultat ne facilite pas les choses. Les trois partis flamands traditionnels, CD&V, sp.a et Open VLD, ont implosé et leurs homologues francophones ne sont pas beaucoup mieux lotis. Les extrêmes, le Vlaams Belang et le PVDA-PTB, ont remporté ensemble 30 des 150 sièges et sont les grands gagnants, mais n’entrent pas en ligne de compte pour participer au gouvernement- peut-être que le PVDA-PTB le fera encore en Wallonie. Alors que la Flandre a voté principalement à droite et à l’extrême droite, les francophones ont opté pour la gauche et l’extrême gauche. Ce sera difficile.
Peut-il y avoir de nouvelles élections ? Si la majorité des membres du Parlement vote en faveur de la dissolution du Parlement, des élections peuvent avoir lieu quarante jours plus tard. Si une majorité se dégage en faveur d’une révision de la Constitution, il y aura également des élections. Uyttendaele y fait implicitement référence, Van Rompuy explicitement : » Tout d’abord, le Parlement rendra possible une large révision de la Constitution, afin qu’on puisse discuter du confédéralisme « .
Cela soulève des questions telles que : pourquoi n’a-t-on pas procédé à une révision complète de la Constitution à l’approche des urnes du 26 mai ? Pourquoi les partis politiques ont-ils esquivé la question de la pérennité de la Belgique pendant la campagne ? Car il était clair que l’organisation et le financement de notre pays seraient sur la table après les élections, comme nous l’écrivions au début de l’année. Tous les jours, il s’avère que les six réformes de l’état ne tiennent pas debout. En outre, pour leur recherche de prospérité et de bien-être, la Flandre et la Wallonie prennent des chemins inverses. Et le flux d’argent vers le sud du pays se tarit. En évitant tout débat institutionnel, les partis politiques illustrent leur faiblesse. Il est étrange que tant de politologues et de commentateurs se soient installés dans cet état de déni.
Si de nouvelles élections ont lieu, elles ne peuvent concerner que la Chambre, et non les parlements régionaux ou nos députés européens. Un tel scrutin résoudrait-il quelque chose ? Il y a de bonnes chances que les partis politiques extrémistes l’emportent, et si de nouvelles élections reviennent à un référendum sur la Belgique, le résultat sera imprévisible. On ne peut exclure que la Belgique francophone vote très différemment de la Flandre et que nous assistions à une réédition de la Question royale, où le pays sera encore plus déchiré.
Donc, mieux vaut éviter de nouvelles élections vu que le peuple a voté. Si nous avons encore des hommes et des femmes politiques responsables, ils doivent s’efforcer d’interpréter le fameux article 35, que les démocrates-chrétiens, les socialistes et la Volksunie ont fait inscrire dans la Constitution en 1994. Selon feu Jean-Luc Dehaene (CD&V) dans ses mémoires, l’article 35 était « peut-être une alternative, si la méthode actuelle est usée jusqu’à la corde ». Il semble que ce jour soit arrivé.
L’article 35 stipule que l’État fédéral ne peut exercer que les pouvoirs qui lui sont expressément attribués par la Constitution et les lois ordinaires. Tous les autres pouvoirs » résiduels » sont automatiquement attribués aux Régions. En termes simples, il doit y avoir une liste des compétences de l’État fédéral, et tout ce qui ne figure pas sur cette liste s’adresse aux communautés et aux Régions. Le fait que nos hommes politiques n’aient pas été en mesure de remplir cet article 35 au cours des 25 dernières années explique le cul-de-sac où se trouve aujourd’hui la Belgique. Plus cela prend du temps, plus l’impasse s’aggrave et plus les conséquences seront imprévisibles.
La France a innové avec la LRM (la République Marche). Il reste à la Belgique, en toute logique, à innover la LRMA ( le Royaume en Marche Arrière). Il faudrait en somme reprendre les travaux diplomatiques à partir de 1815 !
Au nord de la Frontière linguistique aux Pays-Bas et au sud de cette barrière à la France. Comme cela aurait dû être acté par l’Europe à l’époque.
Surtout qu’aujourd’hui les Britanniques s’en vont. Que le Royaume-Uni présente des fissures dans le plâtre des murs.
Surtout qu’aujourd’hui si l’Allemagne ne veut pas jouer à l’ingrate, elle doit renvoyer l’ascenseur à la France. Ne pas oublier qu’elle ne doit sa réunification qu’au soutien de François Mitterrand.
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Pour la simple et bonne raison que, pour les partis politiques, surtout francophones, l’idée d’une fin de la Belgique leurs est impensable et inimaginable!!!!!!! Voilà pourquoi! Et le confédéralisme, ils vont être obligés de l’accepter sinon la menace deviendra indépendance totale de la Flandre… Toute la question primordiale est: est-ce que la N-VA va osé aller jusqu’au bout de son 1er Article en profitant de la percée du Belang et en respectant le résultat des urnes de ces 2 partis???
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