Flandre et Wallonie, une amnésie partagée ? Pas si sûr !

UN HOMME SE PENCHE SUR SON PASSE…

Cet homme, c’est Paul Goossens, ancien rédacteur en chef du quotidien flamand « De Morgen ».  Comme moi, il était à Leuven dans les années soixante du siècle dernier.

Dans un article récemment ( 7 avril) publié par De Standaard et traduit par « Le Courrier international (n°1433) »,  il revient sur ce qui « constitue un jalon, un moment charnière de l’histoire de la Flandre et de le Belgique » et cette « vérité qui dérange : la complicité du mouvement flamand dans la propagation d’un slogan obscène – le « Walen Buiten  » (les Wallons dehors)- , « un écho flamand du « Juden raus » de sinistre mémoire qui n’a suscité « qu’incrédulité et incompréhension dans beaucoup de pays…si peu de temps après l’apocalypse de la Seconde Guerre mondiale »….

Deux Flandres, dit-il, « se retrouvaient  en opposition frontale autour de cette question : la vieille Flandre ethniciste de la collaboration et la jeune Flandre européenne de Mai 68 et des Droits de l’Homme », la sienne. Et de continuer : « Pour la première, l’holocauste était tout au plus un détail de l’Histoire ; pour la seconde, c’était l’épisode le plus important de toute l’histoire européenne. Bref, une divergence d’opinion sur l’essence même de l’identité flamande ».

D’après Goossens, « c’est ce  conflit nécessaire et libérateur que la nationalisme flamand de 2018 cherche à occulter et à enterrer pour toujours », moins par sympathie cachée pour le racisme des années trente que par « une forme de lâcheté et d’opportunisme électoral .  La N-VA ne veut surtout pas rompre les liens avec les déchets toxiques  du nationalisme ethnique ».

Ainsi s’expliquent, selon Goossens, les propos tenus à Leuven par De Wever le 24 février dernier : du printemps 1968, le leader de la N-VA évacuait alors  toute référence à l’héritage de Paris  (nihiliste et source de division) au profit de l’émergence à Leuven d’un modèle de société, jeune et flamand. Et d’ironiser : « Cela nous vaudra-t-il un jour une nouvelle fête nationale flamande, avec un pavé dans le rôle des éperons d’or ? ».

Quand Goossens se penche sur son passé estudiantin, il peut toujours éclairer les francophones de l’an 2018. Après tout, ils ont eux aussi tout oublié de ce passé au point de s’en féliciter et de se réjouir des retombées économiques du « Walen buiten » en ce recoin des terres romanes.

Une amnésie partagée, donc ? Pas si sûr ! Au nord, on escamote un passé ambigu pour accréditer l’idée d’une société homogène, au sud, on parie sur Alzheimer par fidélité aux fumeuses théories du  Docteur Coué.

Jean-Luc Lefèvre

Jambes

Commentaire : et en 2018, quel discours identitaire tient le haut du pavé dans les sondages ou autres enquêtes d’opinion auprès de la population flamande ?

C’est le discours de la N-VA   (le « Walen Buiten » a vu l’émergence d’un modèle de société jeune et flamand) qui triomphe et qui est partagé par le « Vlaams Belang » bien sûr mais aussi par une large frange du CD&V. Ce discours se retrouve aussi chez des responsables de l’ Open-VLD, du S.P.A. et même de Groen à Anvers.

Plus de 70 % de la population flamande adhère à ce discours. Nier cette évidence est faire preuve d’une malhonnêteté intellectuelle.

Quant aux Wallons et Bruxellois qui se félicitent du « Walen Buiten » en se réjouissant des retombées économiques induites, ils me font honte et je me fais violence pour ne pas employer de mots bien plus virulents. 

Oui, je sais : fric, fric, fric est la seule valeur chez certains.

Brel, toi qui n’avais pas peur des mots justes, que dirais-tu aujourd’hui ? 

Paul D.

 

8 réflexions sur « Flandre et Wallonie, une amnésie partagée ? Pas si sûr ! »

  1. Je me souviens d’une assemblée à Liège ou GOOSSENS avait présenté le mouvement Leuvenistecomme un Burger Buiten plutôt que Walen buiten , c’est peu dire qu’il n’a pas convaincu l’assemblée surtout ala suite de l’intervention de Jean GOL qui l’a explosé .l’assemblee c’est finit sur la place de l’opera Ou de la république avec les participants ayant entonné laMarseillaise.

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  2. Sans oublier les « wallons c’est du caca » qu’on entend à tout bout champ dans les stades flamands, lorsque des supporters de clubs wallons s’y rendent!!!
    Ca fait 2 fois que l’on mentionne Brel (Fryns dans un autre article) mais, bien que je sois plus jeune que vous pour en parler, il faut pas oublier tout de même que celui-ci avait une chanson intitulée « Le plat pays qui est le mien »! Et l’Ardenne alors, et les Hautes-Fagnes??? Ca faisait pas partie de « son pays »!!! Ceci dit, Brel était un grand de la chanson. Mais ne se sentait-il pas plus flamand bien qu’étant Bruxellois?
    Alors je préfère un Trénet qui chantait « Douce France » ou des Ferrat (« Que la montagne est belle ») ou des Bécaud (« Les marchés de Provence ») qui savaient si bien parler de leurs beau et grand pays, la France!

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  3. Veuillez m’excuser mais pourquoi geindre sur l’historique « Walen buiten » et ses suites ?
    Il faut demeurer logique lorsque, dans la vie, on emprunte une voie.
    Soit on adhère pleinement et entièrement à l’AWF soit on se réfugie au sein du mouvement Belgique Unie.
    De toute manière, malgré une prétendue amnésie partagée ( rien ne s’oublie, toute reflue un jour à la surface de la mémoire), les dés sont jetés.
    Même si les Flamands traînent à tuer la marâtre belge, ils s’en séparent lambeaux après lambeaux et s’ils n’y parviennent pas immédiatement, ils la ridiculisent et profitent pleinement de concitoyens du sud.
    Seuls les Wallons perpétuent le Leyz’ m’plorer ( rappelez- vous la chanteuseTohama ) d’abord pour leur industrie lourde et maintenant pour le royaume de Belgique.
    Leur faudra-t-il toujours aux Wallons le plat de sabre de la cavalerie française pour les réveiller et les faire avancer ?
    A observer comment se traînent les événements et afin de régler, un jour venu, la question Belgique il sera nécessaire de réunir autour d’une table quatre ténors de la politique WL, VL, Bxl et DG (Ostbelgien). Avouez que si les Tchécoslovaques réussirent leur révolution de velours, franchement, pourquoi pas nous ?

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  4. Le nationalisme flamand est présent partout et à tous les niveaux.
    Ma première confrontation avec cette mentalité fût pendant mon service militaire. Un colonel m »a expliqué que nous Wallons étions une race de dégénérés. Les officiers flamands s’amusaient à nous insulter « Wallons chômeurs ». Et quand j’ai décrit tout ça dans dans le document d’enquête sur l’avis des miliciens sur leur service militaire, j’ai appris que la mention « votre liberté d’expression est garantie » n’avait pas la même valeur dans une compagnie flamande que dans une compagnie francophone. En quittant je pensais que c’était typique à l’armée.
    J’ai vite déchanté.
    Dés mon premier jour à la RTT, un chef de division nous accueillis par ces mots « Ha Wallons. Moi pas aimer Wallons. Wallons problèmes embêtants. Allez Wallons travaillez »
    On a vite compris qu’avec lui que les réunions, la documentation, les formation et surtout les promotions n’étaient pas pour les Wallons.
    Mais en montant de grade, via des examens et diplômes, et sous Belgacom, j’ai connu pire « Wallon pas esprit Belgacom ».
    Dans un service, j’ai vu des managers flamands liquider brutalement les Wallons du staff. Suicide, dépression, démission, ils les ont eu un par un.

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  5. Faut-il accorder à Paul Goossens un diplôme d’angélisme ? Il y a comme un doute. Si vous introduisez, sur le site de Doorbraak, la recherche suivante  » Walen buiten », vous découvrirez ceci:

    De fatale frustratie van Paul Goossens (La frustration fatale de Paul Goossens) 30 maart 2018 Eddy Daniels

    De Godwin van Goossens (Le Point Godwin de Goossens )
    29 maart 2018 Koenraad Elst

    Bart De Wever: ‘Het vergt durf om te zeggen wie wij zijn en wie we samen willen worden. Maar het is nodig’ (Bart de Wever: «il faut du courage pour dire qui nous sommes et ce que nous voulons être ensemble. Mais c’est nécessaire»
    26 februari 2018 – 05:55

    Louis Vos: ‘Mei ‘68’ was in Vlaanderen maar mogelijk dankzij de bisschoppen ( Mai 68 en Flandre le fut mais probablement grâce aux évêques)24 februari 2018 – 05:58

    Leuven Vlaams: 50 jaar later ( Louvain flamand : 50 ans plus tard)
    9 januari 2018 – 04:32

    Mei ’66: het Vlaamse mei ’68 (Mai 66 : le mai68 flamand)
    1 mei 2016 – 13:45 Een hooghartig ‘non’ 50 jaar geleden van de Belgische bisschoppen zorgden voor snelle secularisering, defederalisering en democratisering

    Un «non» hautain des évêques belges voilà 50 ans a provoqué la sécularisation rapide, la défédéralisation et la démocratisation..
    Karl Drabbe | Gepubliceerd onder Geschiedenis, Multicultuur & samenleven | Sleutelwoord(en):Geschiedenis

    Het Waalse hart kiest Frankrijk 19 oktober 2015 – 15:19
    Vandaag 70 jaar geleden koos Wallonië op zijn Congrès National Wallon massaal voor aanhechting bij Frankrijk.

    Le coeur wallon choisit la France 19 octobre 2015 – 15:19
    Aujourd’hui il y a 70 ans, la Wallonie choisit lors de son Congrès national wallon de rejoindre la France en masse.
    Karl Drabbe

    Ce sont les articles les plus récents portant sur le sujet et Paul Goossens n’y apparaît pas sous son meilleur jour. Quant au cri de Walen buiten, il ressemble plus à un slogan publicitaire court, efficace et percutant anti Belgique et anti archevêché de Malines qu’à un cri de haine relevant de l’histoire européenne au cours de la seconde Guerre Mondiale.
    Ces articles valent la peine d’être lus parce qu’en réalité nous connaissons mal nos adversaires de Flandre et nous les regardons souvent sous le prisme de nos propres erreurs, frayeurs et manque de courage !

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  6. Dans les majorité des entreprises les managers flamands ont pris le pouvoir. Ils favorisent les entreprises flamandes au détriment des entreprises non flamandes.
    Ces managers, souvent affiliés au Voka, prennent les postes clés, laissant aux Wallons les postes secondaires ou subalternes.
    Ils gèrent notamment les ressources humaines au travers desquelles ils instaurent des règles en faveurs des travailleurs flamands et défavorables aux Wallons.
    Déjà à l’embauche, les Flamands seront engagés en plus grand nombre.
    A compétence et responsabilités égales, les employés flamands seront mieux payés que les Wallons. Au motif que la Flandre est une région où le niveau de vie est plus élevé.
    J’ai connu une informaticienne / bureautique engagée au salaire minimum car en venait de Charleroi, une ville pauvre et mal famée selon les examinateurs flamands.
    Ensuite, les employés flamands auront une meilleurs carrières avec des promotions et des augmentations de salaires régulières.
    De son côté, l’employé wallon, soupçonné d’être par nature moins efficace, devra faire régulièrement ses preuves pour évoluer péniblement voire arriver juste à se maintenir sur une carrière horizontale.
    En fin de carrière, juste avant leur pension, les employés et cadres flamands reçoivent souvent la super-promotion qui va booster leur pension. Comme ce cadre qui, tout heureux m’a dit, allei, ils m’ont nommé cadre de direction ! Je vais avoir le pactole pour ma pension.
    Un cadeau qu’un Wallon n’aurait jamais eu !
    Le nationalisme flamand est partout et dans les étages de la société flamande.

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    1. Mon épouse a travaillé jusqu.a 65 ans comme cadre d’une grande entreprise d’origine germano suisse spécialisée dans le diagnostic biologique médical ,une part importante de la clientèle de l’entreprise était Wallonie et Bruxelles néanmoins la firme située d’abord à Bruxelles a émigré à Vilvoorde,la proportion de néerlandophone était de 75 à 80% et toute la direction l’etait a 100% .

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