« Emmanuel nous voilà », s’exclame Luc Delfosse dans le magazine Le Vif/L’Express de ce jeudi. Même avec un zeste de dérision, de second degré, histoire de ne pas transformer sa chronique en tribune politique, l’ancien éditorialiste du Soir appelle bien la Wallonie à rejoindre la France du président Macron. Celui-ci parle d’une « communauté de destin » avec l’Europe, avec l’Allemagne : il est urgent de lui parler de la Wallonie, cette région de langue et de culture française qui fait le lien entre l’Allemagne et la capitale de l’Europe !
Voici le texte de Luc Delfosse :
Si cela ne tenait qu’à moi, je choisirais le Luxembourg. Un peu par réalisme crasseux, beaucoup en souvenir d’une mère qui barbota dans l’Alzette. Ou alors l’Islande, Malte ou, soyons fous, Sao Tomé-et-Principe qui a un drapeau rigolo et un babil aussi exquis que le nôtre. Mais je sens bien que nous n’en finirions pas de nous mettre d’accord. Et puis, même si l’air est aux vacances, on n’est pas là pour rêver, crénom ! Au train où Bart et sa troupe de joyeux termites mènent leur danse du scalp, il s’agit de trouver, et vite, une nouvelle « Patrie à aimer ».
Une « Patrie à aimer » ! Ce n’est ni du Clémenceau ni du Maurras mais du Didier Reynders, figurez-vous. Il y a quelques années, il désignait de la sorte à notre Amour sacré un enchevêtrement de tuyauteries baptisé Fédération Wallonie-Bruxelles où, depuis des décennies, un quarteron de ministres se relaient jour et nuit pour pomper l’eau des caves en nous faisant croire qu’ils pourraient y pêcher l’or qui financerait enfin leurs mirifiques plans quinquennaux. Plombier est un bien joli métier mais vous avouerez que, hormis en Pologne, il n’est pas de nature à déclencher une lame de fond « patriotique ».
La « communauté de destin » de Macron, ça vous affiche tout de même une autre gueule. Bref, il est sans doute temps de tourner casaque comme on dit dans le bas d’Uccle et, pauvres mais dignes que diable ! , de partir avant d’être jetés comme des profiteurs ou des junkies. Pour aller où ? Bof, on pourrait toujours s’amuser à « arrondir la France » pour reprendre la formule bidonnante de De Gaulle. Quoi ! Pour toujours ? On verrait bien. De toute façon, je suis assez d’accord avec ce galopin de Jules Renard : « L’Histoire n’est qu’une histoire à dormir debout. » Il sera toujours temps de se réveiller. Le fait est qu’avec le beau-fils idéal qui règne à Paris, nous serions assurés d’être au chaud pendant cinq ans. Dix peut-être… pour autant que le nouveau Jupiter dans l’attente imminente de « sa » majorité absolue, manoeuvre habilement sa centrifugeuse, fédère ses adorateurs, colle à la Super Glue ses transfuges glanés de gauche et de droite, vampe pour de bon ses technocrates et ses stars déguisés en » société civile « , séduise sans discontinuer la Bourse qui sait que cet homme a du lingot en lui et mette sur la paille les héritières de la poissonnerie Le Pen.
Ne reste plus qu’à organiser le référendum décisif. Le 14 juillet me paraît être la date idéale et son objet limpide. De trois choses l’une : souhaitons-nous conclure une « souveraineté association », en revenir aux départements du 14 fructidor de l’an III ou passer en mode TOQ (Territoire d’outre-Quiévrain) ? Question subsidiaire : quel(le) élu(e) voulons-nous voir siéger au gouvernement « En marche ! » ? La bagarre entre Joëlle, Louis et Elio (trois jeunes pousses centristes aux belles espérances) s’annonce d’ores et déjà rafraîchissante. Ces menus détails éclaircis, il sera temps d’exiger « notre » représentant de la « société civile ». A mes yeux, un nom s’impose : Stéphane M., d’Ans. Vous connaissez ? Il est jeune, riche, geek à mort, séduisant, surdiplômé, entreprenant, Liégeois et sans scrupule (je crains une tautologie…). Et, depuis peu, d’une parfaite virginité politique. Emmanuel, c’est sûr, va l’a-do-rer.
Dans son usage actuel, le mot communauté évoque des collectivités religieuses ou culturelles, telles qu’entendues dans des débats spécieux à la mode aujourd’hui, sur les minorités et le communautarisme. Les Wallons ne s’inscrivent pas dans ce genre de vision étriquée. Les Wallons ne composent pas une communauté, ils représentent un rameau de la France éternelle depuis la nuit des temps. Pour s’en convaincre, Wallon, ce mot d’origine celtique, signifie au XVe siècle tout qui est français sur les frontières du Nord. Le Wallon est le Français des Marches ; de la Contrescarpe comme le chante si poétiquement Yves Duteil dans « La langue de chez nous ».
Sans réécrire l’Histoire, le destin français des Wallons se déchire en 843, lors du traité de Verdun. Il s’effondre au cours de l’aventure bourguignonne (XIVe – XVe siècles) et l’annexion habsbourgeoise l’enterre ! En 1792, il renaît lors de la libération par les troupes de la Révolution. En 1795, les Wallons célèbrent avec joie la réunion à la République française. Malheureusement, le rêve se brise sous la vengeance des Britanniques et de l’Europe « viennoise ». La Wallonie en est toujours là, brimée !
Pourtant les Wallons n’ont jamais renoncé à être eux-mêmes. En aucun cas le retour à la France ne signifie la perte de leur « nationalité » mais bien au contraire elle signifie de pouvoir recouvrer la vraie nationalité, occultée jusqu’à ce jour par la machinerie politique et institutionnelle belge.
En aucun cas, les Wallons n’ont à chercher une « nouvelle patrie à aimer », ils doivent retrouver le giron de leur Patrie réelle. « Où peut- on être mieux qu’au sein de sa famille », cette mélodie composée par le liégeois André Grétry fut un hymne national non officiel du Royaume de France entre 1815 et 1830 joué lors de la présence de la famille royale.
La Nation française se compose d’une « communauté de destins » (cfr. Renan) et, sans conteste, les Wallons peuvent y tenir leur place parce qu’ils partagent avec tous les Français, malgré tous les obstacles placés sur leur route depuis des siècles, un destin commun !
Navré pour le Président Macron mais sa vision d’une communauté de destin avec l’Allemagne et le reste des pays européens manifeste d’une vision idéale et idéologique que bien peu d’Européens partagent. A commencer par l’Allemagne. Même sous la couronne de Charlemagne il fallut la poigne des missi dominici et la lourdeur de l’épée impériale pour maintenir une commune cohésion. Quant au destin commun, il prit fin en 843 et cela sans compter les tragiques et sanglants soubresauts jusqu’en 1945 !
Sans remonter trop loin dans le temps, depuis les Foires de Champagne, les Wallons, eux, croisent et rencontrent des Lorrains, des champenois, des Picards, des Vendéens, des Bordelais, des Marseillais, etc. Combien de Lettons croisent-ils des Italiens ?
A moins d’agir comme feu Staline qui déplaçait des populations entières comme on déménage des meubles, il faudra des siècles pour que les Européens se rencontrent suffisamment avant de pouvoir répondre au critère de « l’envie de vivre ensemble » affirmé par Renan.
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Les « Amish » de Pennsylvanie notamment, (une branche Mennoniste), sont un exemple type de Communauté. Comme la plupart des « anabaptistes », qui souvent vivent en Communauté de vie (tout en commun, l’école à la maison, jardinage, élevage, etc…). Les « Kibboutz » aussi en Israël et d’autres Communautés écologiques également.
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