M. Jules Jasselette nous envoie ce qui suit. Rappelons que M. Jasselette (PS) fut un brillant Echevin de l’Instruction Publique à la Ville de Liège.
Dans le n° 1018 du 7 octobre 2016 de l’hebdomadaire « Marianne », M. Jasselette relève l’article d’Eric CONAN qui mérite d’être lu et de provoquer le débat. Cet article, intitulé Le désastre scolaire et la gauche commence ainsi : « L’école offre le spectacle d’une catastrophe au ralenti ».
Il faut savoir que, depuis longtemps, l’Echevin honoraire ne cesse de marteler que « le laxisme en matière d’éducation est la principale source d’inégalité ».
M. Jasselette nous dit : « Si l’école n’est pas exigeante (dans la maîtrise des savoirs), elle permet aux enfants des classes aisées de s’en sortir et condamne irrémédiablement les enfants des classes défavorisées. Les réformes qui ‘déclassent’ les savoirs, l’effort, la connaissance, l’exigence (au nom d’une ‘pédagogie’ dite de gauche) ne sont pas neutres : elles sont la cause de l’aggravation des inégalités (un enfant de classes défavorisées a moins de chance aujourd’hui de réussir qu’il y a trente ans !!!!!!). »
M. Jasselette ajoute : « Je mets donc en évidence les extraits suivants… »
« Les réformes éducatives ont renforcé les inégalités de naissance au lieu de les réduire. »
« L’élève au centre de l’école » : le prof doit lui permettre d’exprimer son génie primitif plutôt que de l’aider à s’instruire. L’opinion (de la télé ou de la famille) est mise au même niveau que le savoir. (*)
« La gauche a détruit l’école. »
« Jean-Claude Milner (1984) dans De l’école : la seule façon d’être égal, c’est d’être égal à zéro. » (**)
« Le progressisme n’est pas toujours associé à ce qui fait progresser l’élève, mais à ce qui a été construit et imposé comme ‘pédagogiquement de gauche’. »
« Que l’école n’apporte plus aux nécessiteux ce que les autres trouvent dans leur berceau résulte de trente ans de réformes permanentes. » (***)
M. Jasselette termine en exprimant quelques commentaires personnels :
(*) C’est une de mes critiques principales de l’approche pédagogique par compétence.
(**) J’écrivais et répétais il y a quinze ans, dans mes discours, citant Mme Lafontaine : « rendre les élèves également mauvais, ce n’est pas promouvoir une pédagogie qui vise la lutte contre les inégalités ».
(***) Cela ressemble à Bourdieu, mais à cette époque on militait et voulait modifier les inégalités (dont le rôle de l’école, selon Bourdieu, était de les certifier) et on constate aujourd’hui que la situation est encore plus grave : l’école est plus inégalitaire maintenant qu’il y a 30 ans.
Professeur de morale laïque dans l’enseignement général officiel, ancien collaborateur de Jean-Maurice Dehousse et de Laurette Onkelinx, Roland Douhard s’associe à ce réquisitoire. Il nous écrit ceci :
« Jules Jasselette parle d’or. La gauche réformiste s’est livrée pieds et poings à la vision gauchiste post-soixantehuitarde de l’éducation. Nous avons été, et le sommes encore, malheureusement, sous le joug d’une caste de chercheurs davantage idéologues que pédagogues. Ils produisent à profusion études et rapports théoriques savants, le plus souvent accompagnés d’une concertation bidon sur le terrain, ce qui entraîne une avalanche de réformes empilées les unes sur les autres, sans explication et formation crédibles, et débrouillez-vous comme ça. A l’arrivée, c’est-à-dire dans les classes, c’est l’improvisation, voire la désorganisation complète. Le résultat est qu’ils ont diabolisé les savoirs. Ils en ont convaincu une classe politique inculte pédagogiquement et complice politiquement, sans repères réels en la matière, éradiquant ces savoirs de la transmission, au profit de compétences désarticulées et bureaucratiques, qui partent dans tous les sens, et désormais sans racines … Les savoirs ne sont-ils pas l’amont indispensable aux compétences situées en aval des apprentissages ? Pour ne prendre qu’un simple exemple, comment acquérir les compétences de la lecture et de l’écriture sans l’appropriation, donc le savoir, des phonèmes, des graphèmes et des lettres ? Désormais, la dictée comme le vocabulaire sont proscrits, eh oui, comme l’histoire chronologique et les grands personnages sont bannis. Allez traiter de la résistance française sans parler de Jean Moulin ? Devant la catastrophe d’étudiants qui débarquent à l’université et dans les Hautes Ecoles sans maîtrise de la grammaire et de l’orthographe, les professeurs sont unanimes sur ce constat, en désespoir de cause, l’UCL vient de lancer un programme en ligne de dictées. Ça ne s’invente pas. Là où la culture, les livres et l’ouverture sur le monde sont présents, l’élève et l’étudiant pourront toujours s’en sortir grâce à cet environnement familial « privilégié ». Là où il n’y a rien ou presque, pas même une remédiation encadrée et gratuite digne de ce nom, l’échec est souvent au bout d’une scolarité désastreuse. On marche sur la tête. Cela n’est-il pas choquant de voir ainsi les dogmes égalitaristes sacrifier la valeur d’égalité ? Pour remonter dans les classements internationaux, les responsables de la Fédération Wallonie-Bruxelles exercent une énorme pression sur les chefs d’établissements et les profs, par toute une série de nouvelles dispositions laxistes, afin qu’ils baissent les exigences des objectifs et des résultats des élèves. Ils passent donc d’une année à l’autre, soit obligatoirement, soit au terme d’évaluations d’épreuves biaisées. Arrivés dans l’enseignement supérieur, sans articulation avec le secondaire, comme si l’un était totalement étranger à l’autre, pour un très grand nombre, ils sont balayés comme des fétus de paille. Il est grand temps pour la gauche social-démocrate de se ressaisir, d’ouvrir les yeux, sans déni du réel, et d’enfin proposer, non pas un retour en arrière, ce serait absurde, mais un projet éducatif exigeant et ambitieux pour tous.«
« le laxisme en matière d’éducation est la principale source d’inégalité ». Le laxisme, comme idéologie de combat partisan, en matière d’enseignement est le prélude au crépuscule de la nation sur le plan intellectuel de haut niveau ( recherche, innovation scientifique, etc.), sans oublier la décadence de la langue, de l’écrit et de la pensée. Le laxisme en matière d’éducation entraine inexorablement tout un peuple dans le précipice du sous-développement.
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Le décret Aréna (inscription) de 2005, devenu le décret Dupont (Mixité) de 2008, ont tous deux eu pour effet de baisser le niveau d’instruction de l’enseignement secondaire en Communauté française.
Les tests « PISA » de l’OCDE le prouvent tous les deux ans, depuis 2005.
Les élèves qui ont le potentiel adéquat pour réussir en secondaire, ne peuvent pas aider les élèves défavorisés en sortie de primaire.
Il aurait été préférable de créer, une ou deux années « préparatoires » aux secondaires, afin de permettre une remise à niveau des enfants défavorisés.
Dans ce cas, le programme d’études secondaires, aurait permis à un plus grand nombre d’élèves, de poursuivre des études supérieures, nécessaire dans la conjoncture actuelle.
En outre, aucun des Ministre ayant succédé à Aréna, n’est parvenu à organiser une rentrée scolaire, sans que des enfants soient sans école le jour de la rentrée, ce qui prouve l’irrationalité de ce décret et l’incompétence des Ministres qui ont dû le gérer.
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Déjà y a gros problème d’éducation à la maison. Il n’y a plus de respect de rien, plus de respect des parents, plus de respect des profs (jadis, les 3 personnes les plus respectées d’un village, en dehors des parents, c’était le curé, l’instituteur et le maire). Et puis quand on voit les ministres de l’éducation qu’on a et leurs façon de voir les choses…que ce soit la nôtre (Marie-Martine Schyns) ou côté français la Vallaud-Belkacem (encore pire!!!), on n’est pas sorti de l’auberge! Et maintenant, à l’ère du tout électronique, des réseaux sociaux, internet et compagnie, les jeunes savent même plus écrire convenablement (à part le langage SMS), ne lisent pratiquement plus de livres (où sont passées les bonnes vieilles rédactions où le prof nous faisait lire un livre et on devait en faire le résumé et le présenter à toute la classe), ça ne se fait plus je crois. Tout se perd et on va vers un drôle de monde qui va droit dans l’mur… Nous avons, mon épouse et moi, 5 enfants (famille recomposée) et je me demande bien dans quel cirque ils vont devoir évoluer une fois adulte…
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Jules Jasselette parle d’or. La gauche réformiste s’est livrée pieds et poings à la vision gauchiste post-soixantehuitarde de l’éducation. Nous avons été, et le sommes encore, malheureusement, sous le joug d’une caste de chercheurs davantage idéologues que pédagogues. Ils produisent à profusion études et rapports théoriques savants, le plus souvent accompagnés d’une concertation bidon sur le terrain, ce qui entraîne une avalanche de réformes empilées les unes sur les autres, sans explication et formation crédibles, et débrouillez-vous comme ça. A l’arrivée, c’est-à-dire dans les classes, c’est l’improvisation, voire la désorganisation complète. Le résultat est qu’ils ont diabolisé les savoirs. Ils en ont convaincu une classe politique inculte pédagogiquement et complice politiquement, sans repères réels en la matière, éradiquant ces savoirs de la transmission, au profit de compétences désarticulées et bureaucratiques, qui partent dans tous les sens, et désormais sans racines … Les savoirs ne sont-ils pas l’amont indispensable aux compétences situées en aval des apprentissages ? Pour ne prendre qu’un simple exemple, comment acquérir les compétences de la lecture et de l’écriture sans l’appropriation, donc le savoir, des phonèmes, des graphèmes et des lettres ? Désormais, la dictée comme le vocabulaire sont proscrits, eh oui, comme l’histoire chronologique et les grands personnages sont bannis. Allez traiter de la résistance française sans parler de Jean Moulin ? Devant la catastrophe d’étudiants qui débarquent à l’université et dans les Hautes Ecoles sans maîtrise de la grammaire et de l’orthographe, les professeurs sont unanimes sur ce constat, en désespoir de cause, l’UCL vient de lancer un programme en ligne de dictées. Ça ne s’invente pas. Là où la culture, les livres et l’ouverture sur le monde sont présents, l’élève et l’étudiant pourront toujours s’en sortir grâce à cet environnement familial « privilégié ». Là où il n’y a rien ou presque, pas même une remédiation encadrée et gratuite digne de ce nom, l’échec est souvent au bout d’une scolarité désastreuse. On marche sur la tête. Cela n’est-il pas choquant de voir ainsi les dogmes égalitaristes sacrifier la valeur d’égalité ? Pour remonter dans les classements internationaux, les responsables de la Fédération Wallonie-Bruxelles exercent une énorme pression sur les chefs d’établissements et les profs, par toute une série de nouvelles dispositions laxistes, afin qu’ils baissent les exigences des objectifs et des résultats des élèves. Ils passent donc d’une année à l’autre, soit obligatoirement, soit au terme d’évaluations d’épreuves biaisées. Arrivés dans l’enseignement supérieur, sans articulation avec le secondaire, comme si l’un était totalement étranger à l’autre, pour un très grand nombre, ils sont balayés comme des fétus de paille. Il est grand temps pour la gauche social-démocrate de se ressaisir, d’ouvrir les yeux, sans déni du réel, et d’enfin proposer, non pas un retour en arrière, ce serait absurde, mais un projet éducatif exigeant et ambitieux pour tous.
Professeur de morale laïque dans l’enseignement général officiel.
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