Une opinion de Jules Gheude publiée sur le site de la RTBF.
Avec la décision de la ministre flamande de l’Intérieur, Liesbeth Homans, de dégommer définitivement Damien Thiéry du maïorat de Linkebeek pour le remplacer par le chef de l’opposition Eric De Bruycker, le chœur des indignés francophones s’est remis en marche.
Depuis son envoi des convocations électorales en français, la désignation de Damien Thiéry à la tête de la commune était contestée par la Flandre. Le contentieux traînait depuis 2007, et ce malgré le fait que personne n’ait eu à se plaindre de la gestion de l’intéressé.
Mais, on l’a vu avec l’affaire Happart, qui a monopolisé le débat politique durant les années 80, cela fait partie des abcès de fixation dans la problématique communautaire.
Notre propos n’est pas ici de retracer dans le détail la saga fouronnaise. Lors de la fixation de la frontière linguistique de 62-63, on sait comment ces six petits villages, à majorité francophone, ont été malencontreusement transférés de la province de Liège à celle du Limbourg.
Trois jours avant le vote final à la Chambre, le 31 décembre 1962, une consultation populaire avait pourtant été organisée par le Conseil provincial de Liège. Sur 2474 électeurs inscrits, 1562, soit un peu plus de 63%, s’étaient prononcés pour le maintien dans la province de Liège, avec un régime linguistique français et des facilités pour le néerlandais.
Le fait est que certains mandataires wallons avaient été au départ abusés par le fait que les Fouronnais, dans leur immense majorité, utilisaient un patois germanique, le plat-deutsch. La plupart se ravisèrent, mais il se trouva encore 13 députés socialistes (parmi lesquels Léo Collard, Emile Lacroix et Edmond Leburton) et 11 sociaux-chrétiens pour avaliser le départ des Fourons vers la Flandre.
Dans une interview accordée au « Soir », le 22 janvier 1979, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Arthur Gilson (social-chrétien) a évoqué l’attitude du vice-Premier ministre socialiste Paul-Henri Spaak : Il ne s’en est pas caché : les Fourons votaient essentiellement catholique. Leur transfert au Limbourg permettait aux socialistes d’acquérir la majorité absolue au conseil provincial de Liège.
José Happart fut, lui aussi, sacrifié, en tant que bourgmestre des Fourons, par le camp socialiste dont il faisait partie.
Les informations qu’il nous a livrées, lors d’un entretien particulier, le 20 juin 1988, en disent long sur l’attitude de Guy Spitales, le président du PS à l’époque : Le mercredi 20 avril 1988, je dîne avec Guy Spitaels et Gérard Deprez (Ndlr : le président du PSC) et il est question de qu’ils veulent obtenir. Le vendredi, à 9h, Guy Spitaels m’expose ce qu’il est en mesure de décrocher. Je lui dis que je ne suis pas d’accord, car dans tout cela les Fourons restent en Flandre et le collège est composé à la proportionnelle. « Je ne te demande pas si tu es d’accord ou non », me rétorque-t-il.
Guy Spitaels connaissait donc parfaitement la position de José Happart. C’est donc bel bien le forcing qu’il a voulu faire en renonçant, le 27 avril 1988, à son mandat de négociateur et en disparaissant mystérieusement dans la nature.
José Happart ne sera donc jamais nommé bourgmestre. Le 30 avril 1988, lors du traditionnel bal du bourgmestre, alors que minuit vient de sonner et que la Fête du Travail débute officiellement, il vide son sac : Jadis, la fête du 1er mai était l’occasion de revendiquer le suffrage universel. Aujourd’hui, on approuve le suffrage capacitaire. Fourons est une petite fille violée, mais « ils » s’en moquent. (…) Après l’effarement, c’est la colère que je ressens. (…). Le général de la plus grande armée a pris le maquis parce qu’il a peur. Où sont les parlementaires qui étaient ici l’an dernier pour vous demander vos voix ? Ils attendent un maroquin ministériel. On a été roulés dans la farine. Ils ont tout cédé !
Mais bien vite, José Happart rentrera dans le rang pour aller siéger au Parlement de Strasbourg. Et on le retrouvera ministre du gouvernement wallon et président du Parlement wallon. Tout cela sous l’étiquette socialiste…
Les libéraux francophones n’ont pas, eux aussi, soutenu l’intéressé. Pour le vice-Premier ministre Jean Gol, l’affaire Happart est médiocre et ne mérite pas une crise qui ferait de nous la risée du monde.
Jean Gol est même d’accord, pour apaiser le CVP, de frapper immédiatement José Happart sans attendre le vote définitif au Parlement. Mais ce problème de la sanction préalable, sans fondement légal va entraîner le non possumus du PSC Philippe Maystadt.
François Perin, qui a toujours soutenu le combat légitime des Fouronnais, aura des mots acides pour son ancien compagnon de route. Dans « Le Peuple » du 8 octobre 1986, il déclare : Jean Gol joue à l’homme d’Etat. Il débarque du Zaïre et déclare en substance, avec un léger mépris, que nos petits problèmes sont misérables et ridicules. Avec la fonction, le sens de l’Etat pousse… Et puis, il est libéral et voit avant tout sa politique d’assainissement. ; il ne veut pas réduire cette politique à néant pour cela. Vous savez, c’est une attitude qui plaît encore dans certains milieux. Il y a aussi le fait que le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur sont déjà brûlés jusqu’au coup dans l’affaire des Fourons ; alors pourquoi devrait-il lui aussi monter au feu ?
Eternels demandeurs de rien, les francophones ont finalement accepté, en 2001, d’octroyer des contreparties politiques à la Flandre en échange d’un maigre refinancement de la Communauté française et de ses écoles. Comme le rappelle Paul-Henry Gendebien, dans son livre « « Belgique : le dernier quart d’heure » (Quartier Libre, 2006 : Comme le PS et le MR, le FDF et le CDH trempèrent à leur tour dans la combinaison. La barricade francophone était en papier mâché. Furent ainsi concédés en finale des avantages que l’on se refusait à envisager trois mois plus tôt : surreprésentation forfaitaire abusive pour la minorité flamande au Parlement régional bruxellois ; présence automatique d’au moins un échevin flamand dans les conseils communaux, régionalisation de la loi communale en vue d’offrir à la Flandre des moyens plus vigoureux pour mettre au pas les Francophones de la périphérie.
Le sort réservé aujourd’hui à Damien Théry découle directement de tout cela. Mais le chœur des indignés n’a pas de mémoire.
Si jâétais un parti politique francophone, je contacterais les autres pour revendiquer immédiatement lâélargissement de la région bruxelloise aux 25 communes, avec révision des accords de frontière linguistique antérieurs.
Ce serait mieux que de dire « nous ne sommes demandeurs de rien »
Je sais que ce serait une guerre sans espoir et perdue dâavance, mais je la ferais, au nom de la démocratie locale la plus élémentaire !
Nâoublie pas de remettre notre affiche bleu blanc jaune en exergueâ¦
Georges-Henry
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Que ne ferait-on pas pour sauver cet État croupion ?…
Nous n’avons plus rien à attendre de la Belgique ni de ses partisans !
« De la Wallonie, la Belgique est le tombeau… ! »
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Cette situation vient de la faiblesse des politiques wallons et bruxellois francophones ainsi que de nos médias belgicains. Tant que, face au nationalisme flamand nous continuerons á louer une certaine idée de la Belgïe, á nous mettre á genoux en implorant les Flamands de garder la Belgïe, on sera écrasés puisque le brol belgïe est dominé par les Vlaams et bientôt par les Hollandais puisque la Flandre et la Hollande s’unissent. Nous ne serons respectés que quand nous oserons parler d’égale à égale sans peur du séparatisme. Mais c’est pas gagné avec nos médias belgicains qui nous font du matraquage belgicains avec du machin royal et du du belgïe plus belge que belge etc… Et pire subtilement on nous parle des hollandais et de leur famille royale. On nous prépare á la fusion avec les néerlandais.
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Il est bien évident que dès 1830, du moins passées les émotions de la « révolution », les représentants politiques wallons jouèrent le jeu de la Belgique à la botte de la représentation parlementaire flamande, déjà largement majoritaire. Sans la collaboration des représentants politiques wallons, cet Etat n’aurait pas existé longtemps. Mais, il y eut l’hypocrite excuse de la présence des « francophones » des provinces flamandes. Dans provinces flamandes, il ne faut surtout pas gommer de l’esprit le Brabant et sa satanée Bruxelles !
Même francophone, un Flandrien, un Anversois, un Limbourgeois, un Brabançon reste un Thiois ! Cela valait hier et cela vaut encore aujourd’hui !
Un éminent socialiste bruxellois, Paul-Henri Spaak dénigrait les Wallons et il ne fit appel au FDF que peu avant son décès; ce qui permet de supposer que le FDF ne veut la survie de la Belgique que pour le seul profit (heureusement en perdition) des francophones de Flandre.
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Attention mon brave !
Il y a despuis des siècles des « brabançons » qui sont wallons. Ces Wallons occupés habitent l’ancien arrondissement de Nivelles (dont une grosse partie est également appelée depuis toujours « Roman Pays ») C’est le résultat des nombreuses disputes (et héritages) entre nobliaux qui occupèrent nos régions jusqu’à la Révolution française.
Pourquoi croyez-vous que les premiers élus wallons (Pierre Ruelle en particulier) ont été issus du Bravbant wallon et que d’autres comme Jean-Emile Humblet (décédé depuis) ou Valmy Féaux se sont toujours dattus pour la scission de cette fameuse province de Brabant qui nous a causé tant de torts à nous, Brabançons wallons, mais aussi à tous les Wallons.
Pour le reste, je partage absolument vos conclusions. Un « prankeupheune » de Flandre ou de Bruxelles est et reste un Flamand.
Même le FDF qui se dit proche de nous dénigre autant les Wallons que les autres.
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