L’article qui suit nous est envoyé par Jules Gheude. Il a été publié sur le site du « Vif-L’Express ».
En ce 27 septembre, nous fêtons la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pardon, la Communauté française de Belgique, seule appellation légitime selon la Constitution ! Elle m’a d’ailleurs toujours convenu dans la mesure où elle traduit fort bien notre identité française de langue et de culture. Cette réalité, on ne peut la nier.
La Fédération Wallonie-Bruxelles est un concept qui, dans l’esprit de certains, permettrait, en cas de largage des amarres par la Flandre, de prolonger la Belgique sous une forme résiduaire: le fameux Wallobrux! Mais c’est une illusion, car lorsqu’on interroge les Bruxellois, il apparaît qu’une majorité d’entre eux se prononcent clairement pour une forme d’indépendance. Ils ne sont que 4% environ à vouloir s’unir soit avec la Wallonie, soit avec la Flandre.
Ne faut-il pas, dès lors, s’interroger sur l’utilité de maintenir la Communauté française? Elle était indispensable aussi longtemps que l’existence de Bruxelles comme troisième région à part entière n’était pas assurée. Désormais, le fait bruxellois est incontestable et force est de constater que la cause flamande ne progresse pas à Bruxelles.
« Communauté française » reste la seule appellation légitime selon la Constitution, elle traduit d’ailleurs bien notre identité française de langue et de culture.
On me rétorquera que la Flandre a fait de Bruxelles sa capitale et que le risque existe de la voir un jour tomber définitivement dans l’escarcelle flamande. Certes, mais la Flandre devrait pour cela recourir au coup de force. Ce n’est pas dans son intérêt si elle souhaite obtenir, en tant qu’Etat souverain, la reconnaissance internationale.
Le socialiste flamand Louis Tobback avait évoqué en son temps, pour Bruxelles, l’idée d’un district européen. Mais il faudrait pour cela que l’Europe fédérale existe et que les Etats-membres marquent leur accord à l’unanimité. On en est loin! En revanche, Bruxelles pourrait fort bien s’ériger en Ville-Etat, dont l’ensemble des habitants définiraient la gouvernance par le truchement des élections. Ce qui n’est pas le cas des habitants de Washington DC. En tant que Cité-Etat, Bruxelles pourrait continuer à abriter le siège des institutions européennes et internationales. Et elle serait tout à fait viable sur le plan financier. Je note d’ailleurs que ce statut de Ville-Etat est également prôné aujourd’hui par Remi Vermeiren, l’ex-patron de la KBC et l’un des initiateurs, il y a dix ans, du fameux manifeste séparatiste de la Warande. Les choses, manifestement, bougent en Flandre.
Du récent sondage organisé par le MR, il ressort qu’une majorité de Wallons sont favorables à la régionalisation de l’enseignement. Voilà qui me semble aller dans la logique des choses, puisque la Région wallonne et la COCOF à Bruxelles dépannent déjà financièrement la Communauté française dans ce secteur. Je l’ai dit, tant que le fait régional bruxellois n’était pas établi, la Communauté française était nécessaire pour ne pas déployer le tapis rouge aux Flamands à Bruxelles. Cela étant, la Flandre tient comme à la prunelle de ses yeux à la notion de Communauté, qui lui permet d’encadrer la minorité flamande à Bruxelles.
La régionalisation de l’enseignement permettrait de mieux mettre celui-ci en adéquation avec les besoins du monde économique. En Allemagne, l’enseignement relève d’ailleurs de la compétence des Länder, avec une conférence commune pour assurer une certaine cohésion de l’ensemble.
J’ai évoqué, tout au début, notre identité française de langue et de culture. Et l’identité wallonne? me dira-t-on.
En Wallonie, on dénombre plusieurs dialectes wallons, en plus du picard et du gaumais. Ce n’est pas cela qui unit les Wallons, mais bien l’utilisation du français dans tous les actes de la vie quotidienne. Nous sommes, en fait, des Français, que les hasards de l’histoire ont contraints de vivre en dehors de l’Hexagone. Et, comme toute région de France, nous avons nos propres spécificités: dialectes, folklore, traditions culinaires… Mais notre identité est éminemment française !
Jean Gol, dont je fus proche au début des années 80, avait, comme on le sait, lancé le concept de « Nation francophone ». Il savait que la Nation flamande existait et il a voulu, par stratégie, lui opposer cette Nation francophone. Mais j’ai eu suffisamment de discussions avec lui pour savoir que, dans l’hypothèse de l’implosion de la Belgique, il n’envisageait qu’un avenir français.
Jules Gheude
Bjr;cela fait plusieurs fois que j’essaie d’aller sur le site de l’ AWF et cela m’est impossible;y a t’il un problème?
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Il faut détruire Carthage.
Le MR veut détruire la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il a raison. Les hommes politiques wallons feraient bien de méditer cette proposition. Ils feraient bien de se souvenir de Caton l’Ancien qui terminait tous ses discours par : il faut détruire Carthage.
Rien ne justifie l’existence de la FWB. Elle ne correspond pas aux besoins culturels des wallons et sa suppression rejoindrait la liste des économies d’échelle que la Région wallonne pourrait effectuer.
Rudy Demotte et 5 hommes politiques FDF, relayés par la presse francophone, sont récemment montés au créneau pour vanter les mérites de la FWB, en jouant, comme d’habitude, sur la corde sensible de la solidarité francophone en général et sur la solidarité avec les Francophones de la périphérie en particulier.
Rudy Demotte est mal placé pour jouer la solidarité francophone, lui qui prend la parole en néerlandais dans les instances francophones internationales.
Quant au FDF, il ferait bien de cesser de se servir des Wallons pour consolider sa position à Bruxelles.
Il faut oser dire une fois pour toutes que les Francophones de Flandre et de la périphérie sont définitivement perdus. Même la Cour de Strasbourg ne peut plus rien pour eux. Et ce n’est pas le soutien de 3 millions de Wallons qui va peser sur la balance : faut-il rappeler que les Wallons ont définitivement perdu les Fourons ?
Il faut oser dire que les Wallons n’ont rien de bon à attendre d’une capitale qui ne les aime pas. La Wallonie est républicaine au sens français du terme. Bruxelles évolue à grande vitesse vers une « ville-état » communautariste dans laquelle évolueront des communautés francophone, néerlandophone, anglophone, turque, marocaine … Et dans ce melting-pot, les Francophones y deviendront de plus en plus opportunistes : ils y abandonneront leur culture pour un plat de lentilles et leur poids y sera de plus en plus réduit.
Il faut que les Wallons comprennent qu’ils ont de nouveau tout à perdre dans cette histoire.
Il faut d’abord détruire Carthage.
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Bien vu et bien écrit !
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