Diversité : l’électrochoc des excuses socialistes

Source : Le Vif/l’express 31/08/15 à 10:40

Jean-François Istasse, ancien président du parlement de la Communauté française, a fait son mea culpa pour la gestion clientéliste de la diversité dans son parti aux élections communales de 2012 à Verviers. Un électrochoc. 

Diversité : l'électrochoc des excuses socialistes

 

Molenbeek-Verviers, même combat ? Dans ces deux communes, un socialiste moustachu et professeur d’histoire (ULB, ULg) a dominé entièrement la vie locale durant deux décennies. Leur majorité a été renversée aux élections communales de 2012, après une campagne marquée par de multiples crispations identitaires. Les présidents de partis, Charles Michel (MR) et Benoît Lutgen (CDH), y ont veillé personnellement. Philippe Moureaux et Claude Desama ont ainsi perdu leur sceptre. L’assaut de la rue de la Colline, le 15 janvier dernier, a renforcé leur gémellité apparente. Si la cellule djihadiste démantelée était composée de jeunes Molenbeekois d’origine marocaine, c’est à Verviers qu’ils avaient établi leur safe house. Fâcheuse coïncidence, car cette ville wallonne de moyenne importance (56 000 habitants) est aussi connue pour abriter des extrémistes de tout poil, en raison, notamment, de la proximité des frontières néerlandaises et allemandes.

Quand Jean-François Istasse (PS), ancien président du parlement de la Communauté française et ancien échevin, redevenu simple conseiller communal de Verviers, homme policé entre tous, présente des excuses, dans La Meuse (19 août), pour la manière dont son parti a conduit les élections de 2012 et laissé les communautés vivre côte à côte sans s’intégrer, cela crée des remous en bord de Vesdre. D’une part, les politiques n’ont pas l’habitude de faire leur mea culpa et, d’autre part, ses propos résonnent comme la fin officielle de l’ère Desama. Extrait. « La position du PS durant la campagne électorale portait sur le « vivre ensemble » mais elle a été mal exprimée par le PS verviétois, en général, et par Claude Desama, en particulier. La construction même de la liste, avec telles places réservées aux Marocains, telles autres places aux Turcs, était elle-même une erreur politique. Cela a été très mal interprété par la population, qui s’est sentie envahie par les personnes d’origine étrangère. C’était une mauvaise campagne électorale. Ma position est de dire que nous devons nous excuser auprès des Verviétois et leur proposer une nouvelle vision, une nouvelle politique. »

Sans inventaire de l’héritage de Claude Desama, de fait, plutôt complaisant à l’égard des minorités, point de salut pour le PS verviétois. « Si je me suis excusé, précise Jean-François Istasse au Vif/L’Express, ce n’est pas parce que nous aurions commis une faute éthique, mais plutôt parce que nous n’avons pas réussi à expliquer aux Verviétois ce que nous voulions faire ni répondu à leurs attentes. Ces excuses, c’est une manière de promettre de faire mieux à l’avenir, pas de renoncer à des échevins qui se sont montrés très compétents, comme Assan Haydin ou Malik Ben Achour. Nous ne voulons pas être seulement le parti qui protège les personnes d’origine étrangère mais également celui qui demande des efforts à tous les Verviétois, aux uns, de connaître notre langue et notre culture, aux autres, d’accepter leurs concitoyens sur pied d’égalité. Nous devons construire une nouvelle ville, moins compartimentée et, je le dis en tant que laïque, nous ne pouvons pas tolérer des musulmans ce qu’on a refusé aux catholiques. »

Comme libéré, l’ancien échevin de la Culture et des Finances propose que les compétences de la culture traditionnelle et de l’intégration convergent au sein d’un échevinat du Vivre ensemble et que l’enseignement se batte « dans chaque classe, chaque école » pour amener les élèves au meilleur d’eux-mêmes. Le ton est grave, rassembleur.

Marie-Cécile Royen

Une réflexion sur « Diversité : l’électrochoc des excuses socialistes »

  1. Jean-Francois Istasse est un ami avec lequel j’ai travaillé au Cabinet de la présidence wallonne de Jean-Maurice Dehousse dans les années ’80. Il a toujours été un honnête homme, qui plus est, d’une grande gentillesse. Mais, comme beaucoup de ses pairs, il fut et reste un homme d’appareil et, à ce titre, très souvent, trop souvent installé dans la pensée correcte, la langue de bois d’un parti socialiste électoraliste, clientéliste et communautariste. Je regrette personnellement qu’il faille attendre le retrait, choisi ou forcé, ou la retraite pour entendre certains élus parler vrai. Le courage eut été qu’ils osent rompre l’unanimisme ronflant, lénifiant et atomisant du PS au moment où ils exerçaient des responsabilités plus ou moins importantes. Certes, vaut mieux tard que jamais. Mais être un apparatchik ne grandit pas la femme ou l’homme qui porte ostensiblement les couleurs de la laïcité et du libre examen.

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