La Wallonie crée sa propre Sécu

Là, nous allons entrer dans le dur, dans ce qui touche la vie de tous les jours de nos concitoyens wallons. C’est la première étape des conséquences de la 6e réforme de l’état belge, mais non la dernière puisque la Flandre a promis une 7e réforme après la parenthèse du gouvernement Michel. En termes cyclistes, je dirai que c’est une étape de plat avant l’étape de montagne que constituera la suivante.

Je ne puis bien sûr qu’énoncer ma satisfaction de voir les lignes de force bouger. Cela rejoint les signets que l’AWF distribue en ce moment : « prendre le temps de la réflexion… Une Wallonie maîtresse de son destin germe en vous ? Découvrez le projet d’intégration-autonomie de la Wallonie dans la République française. » Le temps est proche où notre projet prendra place dans le débat qui s’imposera quant à l’avenir de la Wallonie.

Devenir membre de l’AWF, c’est vouloir participer à ce débat sur notre avenir, sans tabou, mais avec cette volonté aussi d’écouter les arguments de l’Autre.

Paul D.

19/06/15 à 10:07 – Mise à jour à 10:07

Source : Le Vif/l’express

L’administration chargée de gérer les compétences sociales transférées par la sixième réforme de l’Etat voit enfin le jour.  » Un tournant stratégique à ne pas rater », prévient le ministre CDH Maxime Prévot.

La Wallonie crée sa propre Sécu

Paul Magnette (PS), Paul Furlan (PS) et Maxime Prevot (CDH). © Belga

« C’est la naissance d’un embryon de sécurité sociale wallonne ! » Maxime Prévot, vice-président CDH du gouvernement wallon, n’est pas peu fier de présenter son nouveau-né : après onze mois d’une lente gestation, l’organisme d’intérêt public (OIP) compétent pour la politique de la santé, de la famille et du handicap au sud du pays va enfin voir le jour. « Cette décision peut sembler obscure pour le citoyen lambda, mais cela concerne des millions de personnes, avec un budget qui se compte en milliards insiste-t-il. Il s’agit d’un tournant stratégique que nous devons absolument réussir. »

La création de cet OIP, que le gouvernement wallon devrait entériner semaine prochaine, est la conséquence immédiate de la sixième réforme de l’Etat, qui confère des pans entiers de la politique sociale et familiale aux Régions. L’enjeu n’est pas mince : toutes entités confondues, les montants transférés dans ces domaines s’élèvent à 20 milliards d’euros dont 6 pour la Wallonie. Pour gérer ce pactole, l’OIP fusionne plusieurs administrations wallonnes et ex-fédérales : ce nouveau mastodonte en devenir emploiera quelque 570 personnes. Mission : veiller à ce que ces politiques se perpétuent malgré un contexte budgétaire délicat.

« Si demain, par défaut de prévoyance, des familles wallonnes ne recevaient plus leurs allocations familiales sur leur compte, ou que des personnes âgées dépendantes ne pouvaient être prises en charge, nous serions accusés d’être passés à côté de notre impératif de bonne gestion publique », prévient Maxime Prévot. Ce n’est pas gagné d’avance, il est vrai : à partir du 1er janvier 2022, en vertu de la nouvelle loi de financement, la Wallonie ne percevra plus que 90 % des moyens financiers pour mener ces politiques sociales. Il faudra resserrer les boulons. Et changer les politiques.

Allocations familiales : la révolution tranquille

Le volet le plus « lourd » de tous les transferts opérés par la sixième réforme de l’Etat, ce sont les allocations familiales. Masse budgétaire : 2,2 milliards d’euros. « Avec la réduction des moyens qui nous sont dévolus à terme, il va falloir repenser la façon dont nous les gérons, confirme Maxime Prévot. On doit quitter le régime post-Seconde Guerre mondiale de stimulation de la natalité : nous ne sommes plus dans un schéma comme celui-là. Le rang de l’enfant a, en outre, une moindre pertinence avec les familles recomposées. L’idée de base, à l’avenir, sera qu’un enfant égale un enfant. » En clair : on ne payera plus d’allocations familiales plus élevées à partir du troisième enfant.

Le gouvernement wallon vient de commanditer une étude pour déterminer les modalités de la future réforme. Il interroge aussi la possibilité de prolonger la limite d’âge pour le droit aux allocations à 25 ans, en raison de l’allongement des études supérieures. Quand aura lieu le basculement d’un régime à l’autre ? Selon des sources internes au nouvel OIP, on parlerait d’une entrée en application du nouveau système le 1er janvier 2019, soit à la fin de cette législature. Les réformes promises n’auront pas lieu avant.

Maisons de repos : le privé à l’aide

L’autre très gros morceau de la future sécurité sociale wallonne se situe de l’autre côté de la pyramide des âges : l’encadrement des personnes âgées.

« L’explosion des octogénaires va s’accélérer à partir de 2025, puisque les baby-boomers de l’après-guerre vont devenir les papy-boomers, explique le ministre CDH. Tous partis confondus, j’insiste, nous n’avons pas assez préparé ce défi. Il nous faudra réfléchir différemment à l’avenir et quitter le carcan du décret de 1997 pour les maisons de repos. Jusqu’ici, on réservait x % des lits au public, x % au secteur associatif, x % au secteur privé. J’ai bougé les lignes en disant qu’il fallait faire sauter ces quotas qui n’ont plus de sens. Affirmer que l’on ne peut pas utiliser l’argent du secteur privé alors que le secteur public désargenté n’a même plus la capacité de créer ces lits, ça n’a pas de sens. Les CPAS attendent de ma part des moyens pour construire leurs maisons de repos ou pour mettre aux normes les anciennes. Mais moi, je n’ai plus de sous ! »

Le CDH misera dès lors sur les partenariats public – privé, comme il le fera pour les autoroutes et les zonings industriels, voire… sur une mobilisation alternative de l’épargne des Belges. Et création d’une assurance dépendance à l’instar de ce qui existe en Flandre depuis… 2001 ? Un projet sur lequel le gouvernement wallon planchera bel et bien, promet le ministre. Comme s’il était définitivement intégré que l’avenir de la sécurité wallonne se situait au niveau régional.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

  • les réactions de Thierry Bodson, secrétaire-général de la FGTB wallonne, et Delphine Chabbert, directrice du service d’études de la Ligue des familles.
  • « Le pôle social n’est plus dans les mains du PS ! »

3 réflexions sur « La Wallonie crée sa propre Sécu »

  1. Oui, les politiciens wallons se gardent bien de dire explicitement que la Wallonie, soumise à la sixième réforme, faute de disponibilités financières suffisantes, ne sera pas en mesure de maintenir à niveau les prestations sociales en cause. Que la réduction de celles-ci sera conséquente, et qu’elles deviendront vite bien inférieures à celles de la Flandre ! Et, que, la « septième réforme » étant inévitable, cette situation, de champ encore limité essentiellement aux prestations familiales et à quelques dispositifs concernant la santé et la dépendance des personnes âgées, a vocation à s’étendre à tout le champ de la protection sociale, et au delà (voir la situation financière en pleine dégradation des communes wallonnes…).

    Certes, ni la Lorraine ni le Nord-Pas de Calais ne pourraient financer les prestations familiales si elles devenaient de leur responsabilité et étaient en conséquence mises à leur charge. Mais les « régionalistes » français, nulle part, ne le demandent ! Et pour cause, ceux des « régions pauvres savent ce que rapporte la « solidarité nationale » !

    C’est cette « solidarité nationale » qui s’efface en Belgique, faute qu’elle soit une « nation ». Et les ultra-régionalistes wallons vont commencer à souffrir devant cette réalité qui s’affirme : l’autonomie « juridique » est peu de chose sans l’autonomie « financière ». Et la Wallonie aura donc tout à perdre à rester seule…

    C’est pourquoi la seule solution « valable, viable, crédible » et donc à défendre est une autonomie juridique avec la France (« régionalisme » oblige !), assortie de la solidarité financière française (« nation » oblige !).

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  2. Pour de nombreux nouveaux arrivants qui s’installent en Wallonie, (où le parcours d »intégration est semble-t-il plus facile qu’en Flandre), la qualité de soins sera souvent infiniment supérieure à celle de leur région d’origine. Donc, peu de révolte probable…

    D’autre part, les personnes âgées ne feront pas la révolution dans les homes… et comme nous nous flattons de notre libéralisme en matière d’euthanasie, on peut craindre le pire.

    Il me semble aussi que de plus en plus de jeunes Wallons diplômés quittent le pays pour la France, le Canada ou d’autres nations.

    Donc, au final…

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  3. 6ème réforme, puis la 7ème et puis la …. et après??? Et si les flamands se contentaient d’un « Etat belge coquille vide » sans jamais déclarer leurs indépendance comme nation…dans ce cas, on ira jamais vers la France car les politiques wallons ne feront pas le pas de la séparation les premiers!!! On est à la fois proche de ce cas de figure mais en même temps, j’ai le sentiment aussi que ça peut durer comme ça encore un moment…

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