Léon Wintgens est un ami et un des membres de l’AWF qui a obtenu la nationalité française. Il m’envoie le bulletin municipal de Valras-Plage qui, dans son édition de janvier-février 2015, consacre ses pages 11 et 12 à la belle histoire de ces Wallons qui, fuyant l’armée nazie, ont vécu « l’évacuation » et ont été accueillis en toute amitié et fraternité par des Françaises et Français devenus leurs sÅ“urs et frères.
« Il était une fois » VALRAS-PLAGE !
UNE RUE, UNE PLAQUE, UN LIEU, UN NOM…
C’est un beau roman, c’est une belle histoire… Une formidable romance d’amitié, comme l’aurait aimée chanter Michel Fugain,  née au cœur du drame de la seconde guerre mondiale, entre une famille belge et une famille valrassienne !
Nous sommes le 10 mai 1940, jour de la déclaration de guerre où l’Allemagne nazie envahit la Belgique. Dans le village de Verviers situé dans l’Ardenne belge à 30 km de la frontière allemande*, vivent Thérèse et Jean Neufcour avec leur fille Léonie et ses deux frères jumeaux. Le souvenir douloureux des exactions qui se sont perpétrées en 1914, la barbarie et la férocité des troupes de l’Empire allemand, contraignent la famille Neufcour et toute la population de cette région à « partir en évacuation », selon la formule consacrée. Jean, qui était ambulancier, et ses deux fils rejoignent un centre de recrutement de l’armée belge. Parallèlement, pour Thérèse et Léonie, c’est le début d’une odyssée périlleuse qui aboutira finalement par une rencontre avec Catherine et Némorin Soutier, une famille de pêcheurs valrassiens. Une immarcescible amitié naît entre les membres de ces deux familles, une puissante affection qui a résisté à l’épreuve du temps, dont le récit nous a été révélé grâce au témoignage de Léon Wintgens, petit-fils de Thérèse et fils de Léonie, qui a choisi depuis octobre 2006 de vivre… à Valras-Plage !
« Dès la première heure de guerre en mai 40, les Allemands étaient là ! Ma future mère Léonie, alors âgée de 22 ans, et ma grand- mère Thérèse sont parties de leur côté, d’abord à pied, puis en train jusqu’à Tournai près de Lille. La traversée d’une bonne partie de la Belgique durera plusieurs jours. Depuis Tournai, elles ont embarqué dans des wagons à bestiaux, direction la côte Atlantique, Bordeaux, puis elles entendirent une voix dans le train lancer : ‘Terminus !’… Elles étaient arrivées à la gare de Béziers ! Le voyage s’était effectué dans des conditions assez abominables, les arrêts étaient fréquents, et bien souvent, elles dormaient dans les fossés. »
A la gare de Béziers, un comité d’accueil, composé de personnes de la région biterroise qui s’étaient portées volontaires pour accueillir les réfugiés, les attendait. Thérèse et Léonie ont ainsi été recueillies par la famille Soutier.
« Elles sont restées à Valras-Plage pendant plus de 4 mois et elles ont été non seulement hébergées, mais aussi prises en de bonnes mains, soutenues moralement et généreusement nourries. »
Après la capitulation de l’armée belge à la fin du mois de mai 1940, c’est la débâcle ; le grand- père Jean Neufcour et ses deux fils jumeaux âgés de 17 ans qui n’ont pas été mobilisés, étaient basés à la frontière française, et se réfugient dans les Pyrénées-Orientales. Leurs noms figurent sur des listes de réfugiés que l’on publiait à l’époque, et qui étaient affichées dans les mairies… dont celle de Valras-Plage !
« Ma grand-mère et ma mère les ont donc contactés et ils les ont rejointes chez Catherine et Némorin Soutier. Nous avons conservé des photos où ils sont tous réunis ici, à Valras-Plage. »
A Valras-Plage, Jean Neufcour ne reste pas inactif ! Pour preuve, cette lettre qui lui a été adressée par la section de Béziers du Haut-Commissariat Belge le 26 août 1940 : « Mes compatriotes, réfugiés à Valras, m’ont fait connaître tout le dévouement que vous avez apporté à maintes occasions à leur être agréable et à leur rendre service chaque fois qu’ils ont eu besoin de votre intervention, en qualité d’infirmier. Je me fais un devoir et un plaisir de vous remercier comme il convient de votre abnégation et aussi des services généreux et bénévoles que vous leur avez rendus. »
Courant septembre 1940, toute la famille Neufcour rentre en Belgique où elle vivra la poursuite de la guerre et, à nouveau, la sanglante bataille des Ardennes en 1944, soit deux ans avant la naissance du petit Léon Wintgens.
« Je suis né le 20 septembre 1946 à Verviers. Dans les années 50, quand j’étais en âge de comprendre, je me souviens que ma mère parlait avec beaucoup de nostalgie et d’émotion de Valras-Plage. Elle m’a raconté cette histoire douloureuse, mais aussi, finalement heureuse, et elle vénérait chaleureusement cette famille Soutier : Catherine, son époux Némorin, Mamé Cécile, la mère de Catherine, et le fils Joseph dit « Jojo ». Pour ma mère, ces gens étaient extraordinaires ! Les deux familles s’écrivaient au minimum 2 fois par an, car, à l’époque, nous étions de condition modeste et n’avions pas les moyens de voyager comme nous le pouvons maintenant. »
En 1972, alors que le père de Léon, Jean Wintgens, était gravement malade et hospitalisé, sa mère reçut une lettre des Soutier qui disait en substance : « Nous serions vraiment ravis si vous nous rendiez visite… ». Au mois de mai de cette même année, Léonie et Jean sont venus en train couchettes passer 15 jours à Valras-Plage chez Catherine et Némorin.
« Au retour de mes parents, ils m’ont dit que je devais absolument connaître ces gens-là car ils sont formidables ! Deux ou trois ans après, je suis venu en villégiature à Valras-Plage et cela a été le coup de foudre pour toute la famille Soutier avec laquelle nous avons tissé des liens d’amitié fabuleux. »
Depuis 1976, les Soutier ont passé plusieurs séjours en Belgique, et Léon est venu au moins une fois par an dans notre station balnéaire, ce qui explique son amour pour notre ville et la reconnaissance qu’il éprouve pour la famille Soutier et, au-delà , pour toute une région.
« Je suis toujours très ému quand je vois sur la façade du théâtre municipal de Béziers, la plaque commémorative de remerciements des Belges vis-à -vis des habitants du Biterrois et des environs. »
Le rêve de Léon Wintgens était de pouvoir acquérir un pied-à -terre à Valras-Plage, ce qui fut chose faite en 2006. Retraité depuis 2009 – Léon était greffier en chef au sein de l’institution belge Justice de Paix, qui correspond à notre Tribunal d’Instance – il réside 8 à 9 mois par an dans la station.
« Sans doute avais-je déjà des affinités avec la France puisque mon grand-père maternel était natif de Tourcoing, mais j’ai toujours été très francophile et, après quelques mois de procédures, j’ai reçu des mains du Sous-préfet Nicolas de Maistre, mon certificat de nationalité française en avril 2012. Aujourd’hui, j’ai la France, la ville de Valras-Plage et la famille Soutier chevillées au cœur… Cela a toujours été mon idéal, et me voilà comblé au-delà de toutes mes espérances ! »
* Nos lecteurs auront corrigé : Verviers est une ville et elle n’est pas située en Ardenne belge, mais ceci ne change en rien la belle histoire vécue, ni la chaleur du souvenir, ni le plaisir que j’ai eu à vous la faire partager.
Paul D.
Cher Paul, Tu as bien fait de rectifier les petites erreurs en fin d’article. Tu t’en doutes, je sais que Verviers est une ville et qu’elle ne se situe pas en Ardenne. Il faut savoir que j’ai donné verbalement les informations au responsable municipal qui – je trouve – les a globalement bien répercutées. J’ai simplement parlé des origines de mes grands-parents maternels, à savoir « Stembert, village près de Verviers » et de « Verviers, une ville du côté des Ardennes ». Ceci explique donc cela. Il faut te dire que pour les Valrassiens, Verviers c’est un peu le pôle nord ! A part cela, j’espère que tout va bien pour toi. Je te fais la triple accolade et t’adresse mes « trisous » comme ils disent ici… Léon
Date: Mon, 23 Feb 2015 17:10:05 +0000 To: leonwintgens@hotmail.com
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Beau coin Valras-Plage!!! Je m’y suis déjà rendu souvent dans l’Hérault (Portiragnes) au village de vacances « Les Tamaris » (L’Ami du Soleil). J’ai d’ailleurs de la lointaine famille à Capestang près de Béziers. Super endroit: Vias, Pézenas, l’Oppidum d’Ensérume, les 9 écluses de Fonserannes, le tunnel de Malpas, Sète (le Mont-St-Clair), l’étang de Thau (Bouzigues), etc…Ca donne juste envie d’y retourner!!!
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