Radio Moscou, c’était la voix de l’Union soviétique à l’étranger. Cette radio internationale est devenue La Voix de la Russie après l’effondrement du communisme. Ce n’est plus tout à fait un organe de propagande, comme au temps de la guerre froide, mais l’information qu’elle donne peut subir d’autres influences qu’en Belgique francophone. Info ou intox ? Il paraît que le glorieux pays des diables rouges est sur le point d’éclater. C’est écrit sur le site de La voix de la Russie.
La Flandre ne veut plus avoir la Wallonie à sa charge
La Belgique est sur le point d’éclater. Les Flamands sont fatigués de vivre côte à côte avec les Wallons. Pendant de longues années, la Flandre, où la population parle flamand et la Wallonie francophone étaient unies par la monarchie belge. Cependant, la situation économique des deux régions leur a fait oublier leurs contradictions ethniques et culturelles.
Du point de vue géopolitique, la Belgique représente un ensemble plutôt artificiel, composé de deux parties complètement différentes qui n’ont rien en commun : ni la langue, ni la culture, ni l’économie. Pendant plus d’un siècle, les néerlandophones et les francophones ont essayé de cohabiter ensemble. Mais ils avaient du mal à y parvenir. La Flandre, qui jouait pendant longtemps le rôle du parent pauvre, était une région agricole en retard économique. Elle survivait en grande partie grâce aux subventions wallonnes. La région flamande était une sorte de jardin potager, d’appendice agricole de la Wallonie pendant cette période. Au 19e siècle, la Wallonie a connu la révolution industrielle. Le charbon y était extrait, des aciéries ont ouvert et la construction des chemins de fer a commencé. La région francophone ressentait aussi sa suprématie dans la vie culturelle et politique.
Cette situation a perduré jusqu’aux années 1960, lorsque la Flandre, a fait un grand bond en avant sur le plan économique. Désormais la Wallonie est en retard par rapport à la Flandre, souligne Iouri Roubinski, directeur du Centre des recherches sur la France à l’Institut de l’Europe sous l’égide de l’Académie des sciences de Russie.
«Après la Seconde Guerre mondiale, le développement de la Flandre a abouti à l’enrichissement de cette région, et elle a dépassé par son niveau de développement la Wallonie. Désormais, ce ne sont plus les Wallons qui considèrent les Flamands d’assistés. La situation s’est inversée. Les Flamands disent que leur région est le coeur économique et l’avenir de la Belgique. Résultat, la scission entre les Flamands et les Wallons est telle que des partis flamands et wallons ont été créés. De ce point de vue Bruxelles, reste un problème complexe, car dans la région bruxelloise certaines régions appartiennent à la Flandre, et d’autres – à la Wallonie. Il est donc difficile de gérer cette ville.»
En attendant, un seul monarque dirige les deux régions. Il n’est pas exclu que la couronne est le seul élément qui retient le pays de l’éclatement. Un rôle remarquable dans ce domaine a été joué par le roi Albert II, qui pendant de nombreuses années, et ce jusqu’à son abdication, jouait un rôle d’arbitre. Mais lorsque la situation économique a changé, réaliser l’arbitrage fut de plus en plus difficile. La Wallonie continue à être le leader sur le plan politique et culturel, alors qu’elle n’en a plus les droits de l’être, selon les Flamands. Cette situation a fait remonter à la surface des vielles controverses. Des mouvements nationalistes radicaux de droite sont devenus extrêmement populaires en Flandre, notamment grâce au programme politique séparatiste et orienté contre l’émigration que ces partis proposent.
Cependant, si la Flandre attend son indépendance et le début d’une vie nouvelle du point de vue politique et économique, il est peu probable que la Wallonie puisse survivre en tant qu’un Etat distinct, estime le professeur du département de l’intégration européenne à l’Institut d’Etat des relations internationales de Moscou (MGIMO) Alexandre Tevdoï-Bourmouli.
« Si la Flandre devient indépendante, elle voudra le rester. On ne sait ce qui va arriver alors à la Wallonie, qui n’a jamais été une entité autonome. Si les mouvements nationalistes sont très actifs en Flandre, ce genre de mouvement est presque inexistant en Wallonie. Donc en cas de l’éclatement de la Belgique, on peut supposer que la Wallonie pourrait être rattachée à un autre pays. Par exemple à la France.»
L’indépendance d’une seule région de la Belgique pourrait entraîner une véritable reconfiguration de l’espace européen. Mais il est peu probable qu’en Europe, quelqu’un voudrait de tels changements, à l’exception de la Flandre. C’est pourquoi il est fort probable que tous les acteurs, qui en sont capables, puissent user de toute leur influence pour éviter l’éclatement de la Belgique. En abdiquant, Albert II a appelé les citoyens à s’unir. Son fils Philippe, le nouveau roi des Belges, a promis de poursuivre la tâche qui a été commencée par son père. Va-t-il y arriver? On le verra avec le temps.
Maria Baliabina
Grosso modo l’analyse est correcte. Toutefois, Bruxelles ne fut, n’est pas et ne sera pas wallonne. Bruxelles appartient au Brabant flamand malgré la présence de locuteurs français et de bien d’autres. L’esprit de cette agglomération carrefour, aujourd’hui port intérieur multimodal, demeure brabançon et égocentrique (relire son antagonisme historique avec toutes les autres villes brabançonnes). Cette agglomération semble toute prête à appartenir, avec la Flandre, à une nouvelle Néerlande méridionale pour autant que les politiques flamands cessent de vivre dans un esprit jacobin sectaire qui leur fait porter des œillères et commettre des erreurs d’appréciation géopolitique. Pour le reste, si la Belgique disparaissait le « charme maléfique », qu’elle entretient dans les esprits wallons, s’effacerait et le regard de la Wallonie se porterait à nouveau vers la France.
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Bien vu !
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Une analyse assez lucide.. Si Hollande avait l’envergure de Poutine il soutiendrait les
rattachistes. Par contre la défense de la francophonie implique de conserver
le caractère francais de Bruxelles menacé par l’angliciisation et aussi de faire
ratifier la convention cadre sur la protection des minorités ce qui garantirait l’avenir
des 350000 Flamands francophones.
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D’accord, mais tout cela peut s’accomplir à l’intérieur d’une fédération ou confédération grande néerlandaise au sein de l’Europe, donc ouverte au monde, mais recadrant les réalités humaines malmenées par le Congrès de Vienne ( en ce qui concerne le présent cas). Malheureusement, l’Europe semble grippée intellectuellement alors qu’elle aurait été créée en vue d’éviter les guerres sur ce continent. On peut parfois se poser des questions.
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Cette analyse, en fait encore fort succincte et compacte, fait entièrement l’impasse sur l’impact qu’a eu la discrimination effectuée par l’occupant durant la Deuxième Guerre, qui a clairement favorisé les Flamands, les autorisant, dès lors qu’ils étaient prisonniers ou travailleurs obligatoires en Allemagne, à retourner dans leurs foyers, à la différence des Wallons. Cet état de fait a fortement favorisé l’inversion démographique à l’avantage de la Flandre. Dans les années 70, la Flandre a utilisé son influence au niveau national pour freiner la construction d’axes routiers en Wallonie tandis que l’autoroute Anvers-Liège se bordait de toute une Industrie et de PME… jusqu’à la frontière linguistique. Quant à l’unité autour du roi, il s’agit là aussi d’un comportement de peur, tant les décideurs sont tétanisés par une répétition du référendum sur la question royale. Ce verrou est donc aussi basé sur une attitude négative de crainte, non d’une assomption de la fonction royale.
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J’ai retenu ceci de cet article:
premièrement: « Du point de vue géopolitique, la Belgique représente un ensemble plutôt artificiel, composé de deux parties complètement différentes qui n’ont rien en commun : ni la langue, ni la culture, ni l’économie. »;
deuxièmement: « Si la Flandre devient indépendante, elle voudra le rester. On ne sait ce qui va arriver alors à la Wallonie, qui n’a jamais été une entité autonome. Si les mouvements nationalistes sont très actifs en Flandre, ce genre de mouvement est presque inexistant en Wallonie. Donc en cas de l’éclatement de la Belgique, on peut supposer que la Wallonie pourrait être rattachée à un autre pays. Par exemple à la France. »
Ca résume bien!!!
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