Le péché originel

L’impopularité est une malédiction pour un homme politique. Elle finit par se nourrir d’elle-même. Il y a une alchimie de sentiments, d’humeurs, de représentations qui, parfois, ne rendent pas justice à l’action politique. On n’est pas forcément responsable des sentiments qu’on inspire. Evidemment, la politique ne se réduit pas à un échange d’arguments rationnels. Mais si les Français ne sont pas satisfaits de leur président de la République, il y a quand même aussi des raisons objectives… A chacun de s’en faire une idée. Une telle crise de confiance ne fragilise pas seulement l’homme qui dirige la France, impopularitémais la France elle-même. Celle-ci a beau s’engager sur les terrains les plus minés d’Afrique et du Moyen-Orient, son influence en Europe est au plus bas.

Selon Christophe Bouillaud, professeur de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble, c’est précisément dans ses rapports avec ses partenaires européens que François Hollande aurait manqué de force et de conviction quand, fraîchement élu, il avait les cartes en main pour gagner la partie. Ce qui était en jeu, ce n’était pas seulement l’avenir de son quinquennat mais aussi celui de la France et de l’Union européenne. (G.R.)

Voici un extrait de son interview sur le site d’information Atlantico.

Quelles sont les grandes étapes de la perte d’influence française au sein de l’Union européenne depuis l’arrivée de François Hollande à la présidence de la République ?

Christophe Bouillaud : L’étape fondamentale et fondatrice, c’est le premier sommet européen auquel F. Hollande a participé en 2012. Il incarnait alors la légitimité du suffrage universel français – ce qui n’est pas rien dans l’Europe des 28 où nous sommes le seul pays ayant un régime semi-présidentiel -, il avait soulevé beaucoup d’espoir dans son électorat, et ailleurs en Europe, de revenir sur l’austérité.

Selon les propos de Cécile Duflot dans son livre, les Verts allemands eux-mêmes auraient espéré quelque chose de la part de F. Hollande. Et là, il plie, il accepte un compromis, il signe sans y changer une virgule un traité dénoncé auparavant dans son propre camp politique comme le « Merkozy ». Il n’ose pas entrer en conflit ouvert avec l’Allemagne, et de lui poser le dilemme suivant : ou l’Union européenne change de politique économique, ou l’Euro n’est plus. Mon pari, c’est qu’il aurait sans doute gagné à ce moment-là, parce que tout montre que les élites politiques et économiques allemandes ne voulaient pas perdre l’Euro, que personne parmi les grands groupes économiques européens ne veut perdre l’Euro. Cela aurait supposé une bonne engueulade avec l’Allemagne « conservatrice » d’A. Merkel, mais il aurait sans doute gagné. Il a aussi complètement sous-estimé que ce conflit entre A. Merkel et ses soutiens et lui-même et ses soutiens aurait été un vrai conflit droite /gauche transeuropéen sur la politique économique à mener pour sortir de la crise économique, et pas un conflit entre nations ! Il n’a pas compris qu’il pouvait jouer la politisation de la politique européenne sans risquer d’apparaître comme un nationaliste français borné – puisqu’il est un socialiste, donc par définition même internationaliste.

Depuis, la position de F. Hollande s’est bien sûr affaiblie dans la mesure même où la politique d’austérité qu’il suit ne donne aucun résultat économique positif aux yeux des Français, et que sa popularité s’est écroulé en conséquence. Il ne peut du coup plus jouer du tout la carte de la crise dans une telle position de faiblesse intérieure. Tout le reste ne sont ensuite que des détails. Il ne lui reste plus qu’à espérer être sauvé par la politique de la BCE ou par une reprise européenne spontanée.

3 réflexions sur « Le péché originel »

  1. excellente analyse du déclin francais initié il est vrai par son prédécesseur. Ce dernier comme
    l’avait décelé ce grand gaulliste, compagnon de la Libération, Pierre Messmer était le candidat
    des Américains et fut non seulement valet des USA mais aussi ami d’Israél. Aujourd’hui Hollande
    est comme les autres dirigeants de l’UE le caniche des Etats-Unis. De surcroìt ll sacrifie les
    interèts économiques de la France en rejoignant la cohorte des anti Russes une aberration
    de plus. Pauvre France la Wallonie asservie en Belgie mieux ne vaut pas en parler.
    Via l’immersion les jeunes Wallons apprennent a ABOYER FLAMAND la langue de leurs
    Maìtres

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  2. Hollande n’a pas l’étoffe d’un chef d’Etat, ni le caractère, c’est tout!!! Même son ex-femme Ségolène Royal (en lutte avec Sarko en 2007) a plus de « poigne » que lui et aurait, elle, été à la hauteur d’une Angela Merkel!!!

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