Philippe Siuberski est correspondant de l’AFP à Bruxelles. Il relate dans le billet repris ci-desous la danse des négociateurs pour désigner commissaire européen et premier ministre fédéral. Ce texte remarquablement pédagogique est écrit à destination d’un public français et étranger souvent éloigné des arcanes de la politique belge.
Tout comme pour Yves Leterme, le CD&V a préféré une place de commissaire européenne pour la très flamande Marianne Thyssen qui en 2010 s’était illustrée par le violent accrochage qu’elle avait eu avec la Madame « non » de l’époque, Joëlle Milquet, alors présidente du cdH, qui refusait, avec d’autres partis francophones, la scission de BHV sans obtenir en échange l’élargissement de la Région bruxelloise. On sait ce qu’il en advint !
J’ajouterai que les termes de familles (libérale, sociale-chrétienne, socialiste) n’ont plus guère de sens dans cette Belgique « fédéralo-confédéraliste ». Lune de miel CD&V-MR et cdH dans l’opposition avec un CD&V dans la majorité fédérale montrent à souhait que le terme de famille politique est galvaudé dans notre beau royaume.
Parler d’une issue dans les prochains jours pour que les négociateurs arrivent à former un gouvernement fédéral me semble bien optimiste. La désignation d’un premier ministre va donner lieu à une foire d’empoigne. Je vois mal le MR accepter la désignation d’un premier ministre flamand et se retrouver à un score de 2-0 pour la Flandre. Je vois tout aussi mal la N-VA accepter un premier ministre de langue française, même si celui-ci est parfait bilingue.
Et que dire des milliards d’euros à trouver pour boucler le budget… ? L’ ACW (syndicat social chrétien flamand) a commencé à rugir…
L’échec des négociations ou une longue négociation qui lorgnerait vers le record des 541 jours ne sont pas à écarter… !
Paul D.
BRUXELLES, 4 sept 2014 (AFP) – La désignation jeudi par la Belgique, après de longs atermoiements, d’une candidate à la Commission européenne change la donne pour la composition du gouvernement fédéral, qui se fait toujours attendre plus de trois mois après les élections.
Les tractations pour aboutir à la désignation de la députée européenne démocrate-chrétienne flamande Marianne Thyssen pour rejoindre l’équipe de Jean-Claude Juncker ont duré des semaines. La fumée blanche n’est apparue que jeudi matin vers 09H00, soit une heure à peine avant la fin de l’ultimatum posé par le futur président de la Commission, de plus en plus irrité par les hésitations du pays hôte des institutions européennes.
Marianne Thyssen, 58 ans, devait être reçue en fin d’après-midi par M. Juncker, qui apprécie cette chrétienne-démocrate comme lui, et qui insistait pour avoir une femme de plus dans un exécutif européen qui en comptera finalement huit ou neuf. « Il considère que c’est un excellent choix », a réagi sa porte-parole, Natasha Bertaud.
Les difficultés de la Belgique, membre fondateur de l’UE, à choisir son représentant au sein de la Commission, s’explique par un télescopage du calendrier politique dans un royaume où les équilibres idéologiques et linguistiques résultent de compromis complexes.
Depuis les législatives du 25 mai, le pays reste dirigé en « affaires courantes » par le gouvernement de grande coalition du Premier ministre sortant, le socialiste francophone Elio Di Rupo.
En parallèle, quatre partis négocient la formation d’un nouveau gouvernement de droite qui associerait trois formations néerlandophones –les nationalistes de la Nouvelle alliance flamande (N-VA), les démocrates-chrétiens du CD&V et les libéraux de l’Open VLD– et, fait exceptionnel, un seul parti francophone, les libéraux du Mouvement Réformateur (MR).
Deux hommes dirigent ces discussions: le démocrate-chrétien flamand Kris Peeters et le président du MR, Charles Michel. Jeudi, le roi Philippe leur a demandé de poursuivre leur mission. Les observateurs s’attendaient à ce que M. Peeters devienne Premier ministre lorsque la feuille de route du gouvernement aura été approuvée par les quatre partis ce qui, espèrent les négociateurs, devrait survenir fin septembre.
Mais les libéraux francophones ont jugé que le CD&V, qui ne compte que 18 députés contre 20 au MR, ne pouvait revendiquer à la fois le poste de commissaire européen et celui de chef du gouvernement. Le CD&V a fini par reconnaître qu’il devait choisir et, contrairement aux attentes, a opté pour le poste de commissaire. « Le Premier ministre sera issu de la famille libérale », a convenu jeudi Kris Peeters, qui dirigeait jusqu’au mois de mai le gouvernement régional de la Flandre.
Les nationalistes flamands pas intéressés
Le favori semble donc être Charles Michel qui, à 38 ans, deviendrait l’un des plus jeunes dirigeants européens. Mais le nom de l’actuel ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, son rival au sein du MR qui était lui aussi candidat au poste de commissaire européen, a été cité. A moins que les libéraux flamands ne raflent le poste. La ministre sortante de l’Immigration, Maggie De Block, jouit d’une grande popularité, mais l’Open VLD n’est que le plus petit parti de la future coalition.
La N-VA, premier parti du royaume avec 33% des voix en Flandre, a été totalement absent de ce chapitre des discussions, ne revendiquant ni le poste de Premier ministre ni celui de commissaire européen. Son chef, Bart De Wever, qui devrait rester maire d’Anvers (nord), estime qu’il marquera suffisamment l’histoire du pays en rejetant dans l’opposition, pour la première fois depuis 25 ans, le Parti socialiste francophone.
Pour aboutir, il reste aux négociateurs à trouver un accord sur, notamment, des milliards d’économie à réaliser au cours des prochaines années. Après une centaine de jours de négociations et une issue prévisible dans les prochaines semaines, les Belges ne s’inquiètent pas encore de l’absence de gouvernement de plein exercice. Après le précédent scrutin, en 2010, il leur avait fallu attendre un an et demi.
Philippe Siuberski
A reblogué ceci sur The informantet a ajouté:
BRUXELLES, 4 sept 2014 (AFP) – La désignation jeudi par la Belgique, après de longs atermoiements, d’une candidate à la Commission européenne change la donne pour la composition du gouvernement fédéral, qui se fait toujours attendre plus de trois mois après les élections.
Les tractations pour aboutir à la désignation de la députée européenne démocrate-chrétienne flamande Marianne Thyssen pour rejoindre l’équipe de Jean-Claude Juncker ont duré des semaines. La fumée blanche n’est apparue que jeudi matin vers 09H00, soit une heure à peine avant la fin de l’ultimatum posé par le futur président de la Commission, de plus en plus irrité par les hésitations du pays hôte des institutions européennes.
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Pourquoi les Flamands provoqueraient-ils la fin de la « Suédoise », ce qui aurait pour conséquence de ramener le PS au pouvoir ?
Les Flamands souhaiteraient-ils réellement cette option ?
La NVA ne doit-elle pas démontrer au peuple de Flandre qu’il n’est plus possible de vivre avec les Wallons?
Ne faut-il donc pas installer un gouvernement dont les décisions puissent provoquer la montée de la Gauche wallonne en rue et que les pavés volent de tous les côtés à Bruxelles notamment ?
Des mouvements à caractères violents dans les rues de Bruxelles ne seraient-ils du pain béni pour la NVA et ses acolytes du jour (CDNV, VLD)?
En pointant ces espèces de communards wallons, Bart pourrait même se faire bien voir par les Bruxellois.
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Une flamande rabique pour succéder au Flamand De Gucht et Di Rupo la félicite. Inutile de
coimmenter cela illustre le degré de sujétion du personnel politique wallon mùr pour la
colonisation, La France ne fait pas mieux se soumettant a la primauté du sabir anglo américain
Le Gaullisne est bien mort et avec lui la grandeur de la France désormais caniche des USA
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Je viens de redécouvrir une analyse, datée du 7 mai 2014, qui prend encore plus de relief aujourd’hui tant au sujet de la Wallonie que de la France. Il s’agit de « Réforme ou dérèglement de l’Etat » par Jean – Maurice Dehousse. J’ose croire qu’elle intéressera plus d’un. Vous trouverez cette analyse sur http://www.larevuetoudi.org/fr/source/josé-fontaine ou, plus simplement sur Google à l’intitulé: José Fontaine. Toudi.
Bonne lecture, c’est assez percutant. En sous-titre, on pourrait écrire: DUPLICITE.
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La N-VA attend son heure… Bart « Simpson » De Wever reste bien trop calme et en retrait depuis les élections (et quand même « sa » victoire en Flandre), pour que ça aie l’air normal!!!
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