Bilan électoral

Une fois n’est pas commune, j’ai donné la préférence aux écrans belges de RTL-TVI et de la RTBF pour suivre les résultats des élections du 25 mai. A 20.00 pourtant, je passais sur France 2 pour voir le résultat des européennes en France. J’eus vite compris. Les sondages avaient vu juste… L’abstention était, et de loin, le premier parti de France.

Je revins vers les chaînes belges et suivis discours et résultats qui voulaient bien tomber. Comme d’habitude, tout le monde avait gagné. Seuls Ecolo et le Vlaams Belang devaient bien avouer un échec cuisant. A minuit, je restais encore sur ma faim. En cause, un bug informatique qui touchait une grande partie des cantons bruxellois et d’autres en Province de Liège, en Hainaut et ailleurs en Wallonie. De plus, en début de nuit, François de Brigode était bien en peine de nous donner le moindre résultat qui concernait les élections européennes… Un comble pour le pays qui accueille la capitale de l’Europe !

Le bug informatique remettait sur le tapis le problème démocratique que pose le vote électronique. En Wallonie et à Bruxelles, un matériel du siècle dernier ne permet pas au citoyen de vérifier par un reçu que la carte que vous déposez dans l’urne est le reflet exact du vote que vous avez exprimé et les communes, avec des budgets de plus en plus corsetés, sont bien en peine d’acquérir un matériel fiable. En Flandre, 50 % des votes sont électroniques avec un matériel récent qui permet au citoyen de recevoir un papier qui atteste son choix. Dès la fin de la soirée, les présidents de partis de langue française s’accordaient sur un point : lors du prochain scrutin, il faudra en revenir en Wallonie et à Bruxelles au vote papier.

Venons-en aux résultats :

1. La N-VA est la grande gagnante des élections. En Flandre, 1 Flamand sur 3 a choisi le parti de Bart de Wever. La N-VA progresse de 18,8 % à la région flamande et y récolte 43 sièges sur un total de 124. Au fédéral, la N-VA est le 1er parti belge et remporte 33 des 150 sièges de députés fédéraux. Il est à remarquer que Kris Peeters (CD&V), particulièrement souriant, félicitait chaleureusement la N-VA pour son résultat remarquable.

2. Les 3 partis flamands  (CD&V, Open-VLD, SPa) qui ont participé au gouvernement Di Rupo s’en sortent de façon honorable au fédéral avec de légers gains pour le CD&V et l’Open-VLD et un léger recul pour le SPa. L’instrumentalisation du décès de J-L Dehaene a bien servi le CD&V. A la région flamande par contre, ces trois mêmes partis sont sanctionnés par l’électeur (-2,4 %, -0,8 %, -1,3 %).

3. Bien que victorieuse, la N-VA n’est pas incontournable, ni à la région flamande, ni au fédéral. Le double phénomène de vases communicants révélés de sondage en sondage a très bien fonctionné entre N-VA et Vlaams Belang qui essuie un gros échec (- 9,4 %), mais moins bien entre N-VA et CD&V / Open-VLD (- 3,2 %). La surprise vient du CD&V qui résiste bien tant à la région (20,5 %) qu’au fédéral (11,7 %). Cela permet à celui-ci de conserver 27 sièges (- 4) sur 124 au parlement flamand et à l’Open-VLD d’en conserver 19 (-2).

4. Cette situation convient particulièrement au CD&V, héritier du CVP, qui s’y connait dans les compromis à la belge. Elle ne pourra qu’être préjudiciable aux Wallons et aux Bruxellois. Le CD&V a l’art de montrer un profil lisse (le confédéralisme positif) tout en étant sur la même ligne que la N-VA (déclaration du président du CD&V Wouter  Beke exprimant que son flamingantisme faisait partie de son A.D.N.).

5 Côté Wallon, le parti de Di Rupo essuie une défaite tant à la région (-1,8 %) qu’au fédéral (- 2,1 %), mais il limite les dégâts en restant le 1er parti wallon à 31%. Le PS a profité à la région, mais aussi au fédéral, du vote de la frange des électeurs les plus belgicains d’Ecolo. Ce dernier parti est le grand perdant tant à la région wallonne où il passe de 18,5 % à 8,5 % qu’au fédéral où il ne conserve que 6 députés.

6. Le MR est un autre vainqueur (+3,3 % à la région et +0,3% au fédéral) malgré un discours parfois peu clair ou même divergent de ses figures de proue (rejet de gouverner avec la N-VA pendant que d’autres prenaient langue avec cette dernière). Le CDh est en léger repli ce qui lui permettra certainement de sauter dans le(s) wagon(s) des prochains gouvernements.

7. A Bruxelles, PS et MR sont au coude à coude et le FDF crée la surprise en devenant le 3ème parti bruxellois avec 12 élus sur les 72 sièges francophones. Ce résultat du parti amarante démontre une fois de plus le développement d’une forte identité bruxelloise.

Les tractations peuvent commencer. Si elles s’avèrent assez simples pour les parlements régionaux, elles seront corsées pour la chambre.

Coalitions qui sont mathématiquement possibles :

a) Sans la N-VA : CD&V+OpenVLD+SPa+Groen+PS+MR+CDh+Ecolo

109 députés sur 150. C’est le gouvernement anti-N-VA qui nie le parti vainqueur et qui repose sur une majorité d’élus de langue française (58 pour 51 Flamands).

les vieilles familles traditionnelles : CD&V+OpenVLD+SPa+PS+MR+CDh

97 députés sur 150 : mêmes remarques que précédemment avec une majorité d’élus de langue française (52 pour 45 Flamands)

b) Les quatre grands partis : NV-A+CD&V+PS+MR

94 députés sur 150 : il regroupe les partis les plus importants de chaque région et repose sur une majorité d’élus flamands (51 Flamands pour 43 élus de langue française)

c) La coalition de « centre droit » : N-VA+CD&V+OpenVLD+MR+CDh

93 députés sur 150 : elle rejette les socialistes dans l’opposition et repose sur une forte majorité d’élus flamands (65 Flamands pour 28 élus de langue française). Elle est minoritaire en Wallonie et à Bruxelles.

Ces projections ne prennent pas en compte qu’un parti évite habituellement de participer à une majorité sans son pendant de l’autre région. Elles ne tiennent pas compte non plus que les présidents de partis désirent des coalitions symétriques dans leur région propre et au parlement.

La complexité du puzzle belge reste toujours aussi forte. Battra-t-on le record des 541 jours sans gouvernement fédéral laissant aux Régions dont les pouvoirs sont étendus par la sixième réforme de l’Etat le soin de gérer le court terme ?

Paul D.

3 réflexions sur « Bilan électoral »

  1. Un jour noir de plus pour le peuple wallon le retour a la France n,est pas pour demain
    la belgitude a de beaux jours devant elle

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    1. 1 flamand sur 3 vote quand même pour un parti dont l’article 1er est l’indépendance de la Flandre!!! Le retour à la France (pour les Wallons) n’est pas pour tout de suite parce que la Flandre avance à petits pas (ils ne veulent pas le faire brutalement, sinon ça serait déjà fait…), et avancer à petits pas, ça prend du temps…

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