Des réactions d’amis m’ont rendu perplexe. J’ai lu : « en France, ça sent la merde… », « pauvre France… », « mauvais temps pour les réunionistes …», « ce soir, je me sens un peu moins réunioniste… ». J’en passe et des meilleures…
Dois-je rappeler que le premier parti, en Belgique, est la N-VA, parti nationaliste proche du F.N. français même si ce dernier soutient le Vlaams Belang (10 % dans les intentions de vote en Flandre) pour les élections européennes.
Toute élection française ne peut bien sûr nous laisser indifférent. Il en va ainsi du 1er tour des élections municipales.
Il n’appartient pas à un mouvement comme le nôtre de prendre parti pour un courant politique, mais il nous appartient de rappeler l’article 1er de nos statuts : « L’A.W. F. rejette les idéologies anti-démocratiques, racistes et xénophobes ».
Plutôt que de réagir dans la précipitation, je me suis donné le temps de la réflexion et depuis lundi, j’ai parcouru les résultats des municipales grâce à l’excellente infographie du quotidien « Le Monde ».
Il s’agit tout d’abord de rappeler qu’il s’agit d’élections municipales où l’important est de choisir des maires qui vont bien gérer les 36 000 villes ou villages français. Ceci aura conduit le choix de pas mal de citoyens. Comme 1ère élection après les élections présidentielles, il est tout aussi évident que beaucoup auront choisi de marquer leur approbation ou le plus souvent leur désapprobation vis-à-vis du président de la République et de son gouvernement.
A ce niveau, il est clair que ce 1er tour a vu une sanction de Hollande tout comme la première élection qui avait suivi l’élection de Sarkozy avait vu une défaite de la droite.
Le Français déteste les inégalités et il me semble clair que l’élargissement du fossé qui sépare les couches les plus riches des couches moyennes ou pauvres de la société française a joué. Sarkozy avait échoué. Hollande ne fait pas mieux…
Le Français a exprimé sa colère vis-à-vis de la gouvernance du P.S. A qui celle-ci a-t-elle profité ?
Le premier parti de ce vote sanction est sans aucun doute l’abstention (38,5 % des électeurs inscrits).
Suit de très loin le F.N.* (4,5 % des suffrages exprimés) avec un maire élu au 1e tour dans une commune de 27 000 habitants. Nous n’en sommes pas à une vague « bleu marine » comme aiment à le souligner les médias .
Suit l’U.M.P., le Modem, l’U.D.I. et D.V.D. (divers droites) qui montent à 48 % en nombre de voix, puis E.E.L.V. (Europe écologie les verts) qui seuls ou unis avec le P.G.(Parti de gauche) ou d’autres font de bons résultats et le P.C. **(parti communiste) qui, allié au P.S., au P.G., au P.R.G. (parti radical de gauche), à D.V.G. (divers gauches) et parfois à E.E.L.V. réussit à faire élire dès le premier tour 37 maires dans des municipalités de plus de 5 000 habitants. Ce dernier point peut paraître paradoxal, sauf si l’on prend en compte que les maires communistes sont souvent de bons et intègres gestionnaires municipaux. L’ensemble de la gauche descend à 48 % en nombre de voix, soit exactement le même score que l’ensemble de la droite républicaine.
Les listes pour le 2ème tour viennent d’être déposées. Elles ne réservent que peu de surprises. Après l’expression de la colère, il appartient à chaque citoyen d’aller voter dimanche prochain pour choisir la ou le maire qui gérera au mieux sa municipalité. C’est ce que nous pouvons souhaiter de mieux pour notre République française.
Paul D.
* En 1995, le F.N. de Jean-Marie Le Pen avait conquis 3 mairies (Toulon, Marignanne et Orange) et Vitrolles en 1997. La gestion de ces mairies fut désastreuse (corruption, détournements de fonds, luttes intestines, condamnations devant la justice…). Depuis lors, Marine Le Pen s’est efforcée de donner au F.N. une image plus respectable, mais il restera aux quelques maires F.N. qui seront élus à démontrer que les pratiques du passé appartiennent bien au passé.
**Il est à noter que le Général de Gaulle avait associé les communistes au C.N.R. (Conseil national de la résistance créé à Alger en 1943), qui préfigurait le premier gouvernement français d’après guerre. Charles de Gaulle ne considérait pas les communistes comme des extrémistes. Aujourd’hui, il y a lieu de dissocier le P.C. et le P.G. de l’extrême gauche française qui est représentée par « Lutte ouvrière » et le « N.P.A. » (nouveau parti anticapitaliste). Ces deux dernières organisations n’ont pas vocation, selon leur propre aveu, à gouverner ou à gérer.