Ces mots, que de Gaulle n’a jamais prononcés (sinon, peut-être, en privé), Pascal de Sutter les a écrits dans le « Vif » de cette semaine. Sexologue réputé qui partage son temps entre la Belgique et la France, également reconnu comme un expert de la psychologie politique, apprécié des médias français, chroniqueur régulier du Vif/L’Express, Pascal de Sutter s’exprime avec la sérénité du psychologue et la conviction du citoyen (que l’on imagine levant les bras au ciel… en signe de dépit).
Voici son texte.
Bart De Wever a raison !
Bien que je n’éprouve guère de sympathie pour le dirigeant de la N-VA, et encore moins pour ses idées, il me faut reconnaître qu’il a raison. Il a raison d’avoir mis un peu d’adoucisseur dans son discours à Anvers, le week-end dernier, en espérant que les francophones mordent à l’hameçon. Cela fonctionnera. Car les francophones se raccrocheront à n’importe quoi, avaleront n’importe quelle couleuvre (ou même une colonie de pythons s’il fallait) pour espérer sauver la Belgique. Y compris d’intégrer inconsciemment une partie du discours nationaliste flamand. Déjà, de nombreux Bruxellois francophones envoient leur progéniture dans des écoles flamandes ou en immersion. Et leurs enfants en reviennent la tête pleine « d’idées à la Bart », telle que considérer la fainéantise comme un comportement typiquement wallon. Bart De Wever a compris un élément fondamental de psychologie politique : les Flamands sont fiers d’être Flamands, les Wallons ont honte d’être Wallons. J’exagère, me direz-vous ? Pourtant, comment pouvons-nous expliquer autrement que la majorité des Flamands votent pour des partis qui défendent leurs intérêts, alors que la majorité des Wallons votent pour des partis qui défendent l’intérêt de la Belgique… dominée par les Flamands.
Est-ce un fantasme de francophone paranoïaque ? Je conversais un jour –en privé- avec un homme politique francophone de premier plan au courant de la situation. Il me démontra (chiffres à l’appui) que si la Wallonie ne pouvait prendre son envol économique, c’était justement à cause de la Belgique fédérale et du poids majoritaire que les Flamands y ont. Par exemple, les aéroports de Liège ou de Charleroi ne peuvent prendre suffisamment d’ampleur car le fédéral en bloque les développements au profit de Zaventem. Il me confiait aussi que les ambassades de Belgique (dirigées dans leur immense majorité par les Flamands) encouragent les investisseurs étrangers à s’établir en Flandre plutôt que dans une Wallonie décrite comme socialiste, fainéante et gréviste. Dans la réalité, il y a actuellement moins de jours de grève et d’absentéisme en Wallonie qu’en Flandre. Mais peu importe la réalité, ce qui importe c’est de convaincre tout un chacun que la Wallonie est une terre de fainéants et de profiteurs… Le drame, c’est que les Wallons eux-mêmes intègrent ces valeurs négatives. Le même phénomène psychologique a été observé pour d’autres peuples minoritaires et dominés. Ils finissent par douter d’eux-mêmes.
Comme les Wallons qui se croient absolument incapables d’autonomie. Pour rappel, les Norvégiens se sont pacifiquement séparés des Suédois en 1905 alors qu’ils étaient bien plus pauvres et bien moins nombreux que les Wallons d’aujourd’hui. Les Slovaques (également considérés par les Tchèques comme des fainéants incapables de se prendre en main) ont procédé de même en 1993 avec le succès que l’on connaît aujourd’hui. Les Wallons, eux, n’ont pas confiance en leur destin. Pourtant, moi aussi j’aime bien la Belgique. J’aime d’ailleurs aussi les Flamands et la Flandre. Je suis cependant persuadé que je serais bien mieux accueilli durant mes vacances à la côte flamande (ex-côte belge) si j’étais le citoyen d’un autre pays qui se nommerait « Wallonie ». Comme bien des Belges, j’ai des ancêtres wallons et flamands. Ces ancêtres ont choisi d’adopter la langue officielle de la Belgique de l’époque. Je n’ai aucune raison d’en avoir honte aujourd’hui. Aussi, en tant qu’habitant de Wallonie, je préfère être libre et assumer mon destin plutôt qu’être un « junkie de la drogue de l’argent flamand » (dixit Bart De Wever)…
Article lucide sur la mentalité Wallonne qui est bridée , déformée , belgicanisée , tétanisée , castrée , anesthésiée par une presse au service des politiciens francophones.
Ceux-ci , scandaleusement conscients , de la problématique continuent à prêcher la bonne parole belgicaine car ils tirent de substantiels profits de leur honteuse , servile et cupide collaboration avec l’occupant vlamand.
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Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion d’avoir une conversation téléphonique avec Pascal de Sutter qui était alors intéressé, si pas par par le RWF, par le rattachisme. Lorsque j’en ai été exclu, les hasards de la vie m’ont empêché de continuer à par par de temps en temps pour partager des réflexions par courriel à l’occasion de l’une ou l’autre de ses chroniques.
Peut-être l’un ou l’autre mouvement, l’AWF ou le RW aurait-il intérêt à prendre langue avec lui..
En ce qui concerne la référence à la dissolution de la Tchécoslovaquie, voir aussi ce billet qui en parle : http://www.claude-thayse.net/article-la-campagne-electorale-est-lancee-mais-quelle-campagne-122380947.html
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En complément, pour la réflexion de vos lexteurs, voici un extrait d’un courrier à un rattachiste de Laurent Vandamme, Président du RW.
(…) il nous paraît nécessaire que la Wallonie obtienne les pouvoirs nécessaires pour entrer en conversation avec un autre pays, à savoir la France en l’occurrence.
En effet, et les tenants du rattachisme pur et dur ne veulent hélas pas le comprendre; AUCUN PAYS AU MONDE n’acceptera d’entrer en discussion avec une région ne disposant pas de la souveraineté. Il suffit de voir le précédent, lorsque la France a éconduit les autorités fédérés de l’île d’Anjouan, dans les Comores, lorsque celles-ci ont envoyé une demande d’adhésion à la France, espérant ainsi rejoindre Mayotte. La France, respectueuse de la souveraineté comorienne, n’est même pas entrée en discussion, certaine que la communauté internationale condamnerait de suite cette entorse au principe de souveraineté.
Jamais, la France n’a donné de signes de vouloir s’immiscer dans les affaires belges, même aux heures des pires tensions (Fourons, affaire royale, crises de 2007 et 2010). Tout au plus a-t-elle montré de l’intérêt pour notre sort… Des diplomaties parallèles ont envoyé des émissaires pour informer l’Assemblée Nationale de ce qui se tramait chez nous, comme ce fut encore le cas il y a deux ans, lorsque MM. les députés LECOU (Hérault) et KUCHEIDA (Pas-de-Calais) ont élaboré et rendu un rapport complet sur notre situation.
Toutefois, demain, en cas d’avènement du confédéralisme, rien ne nous empêcherait, si notre constitution wallonne le permet (un Etat confédéral ne possède pas de constitution mais un contrat), d’entamer des négociation avec un état souverain voisin, pour peu que ce confédéralisme soit complet. Ce qui suppose une dissolution de l’Etat belge existant, l’indépendance de fait des parties et la mise en place d’un processus de confédéralisme. Alors et seulement alors, le droit nous autoriserait à prendre langue, soit avec nos anciens partenaires (Bruxelles? Germanophones? Flandre?, 2 de ceux-ci? Les 3?) voire, pourquoi pas, un autre partenaire. Nous voyons évidemment la France, mais rien ne nous empêcherait d’en voir un autre, ainsi que l’Institut wallon de Prospective, issu de l’Institut Destrée, l’a démontré voici quelques années.
Nous sommes donc par nature ouverts à tout ce qui fera évoluer la Wallonie vers la maîtrise la plus complète de son destin. Mais le moment du choix n’est hélas pas encore survenu, de nombreuses résurgences du belgicanisme nous prouvent que ce sentiment, certes rétrograde, n’est pas mort, et que nous aurons encore du pain sur la planche pour imposer aux décideurs wallons notre concept du « PAR NOUS-MEMES (SINN FEIN) cher aux Irlandais. pas certain non plus que la France acceptera le partage de souveraineté, ni que nos pourparlers aboutiront à un accord acceptable par tous! Il ne faudrait pas que les Wallons se retrouvent bien moins lotis que sous la Marâtre-Belgique!
Nous entendons donc éveiller au maximum les consciences à la Wallonie, à ses réalités et à son devenir sans cesse plus autonome, mettre en place les schémas de réflexion pour y parvenir de la façon la plus harmonieuse possible, envoyer vers la France le plus possible de signaux d’amitié et de collaboration, incitant nos dirigeants -et les leurs!- à toujours plus de fraternité Franco-Wallonne, et contribuer à faire des Wallons des instruments de leur propre avenir.
Nous ne voulons plus SUBIR, mais CONSTRUIRE notre destin commun.
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Depuis la Seconde Guerre Mondiale, la France, malheureusement, a aussi peur de son ombre. N’oubliez pas que Roosevelt et son gouvernement (son administration comme on le dirait à la RTBF et à RTL) envisageaient de découper la France en diverse zones d’occupation comme après 1815 ou 1870. Ce qui explique, même sous de Gaulle, la crainte de s’immiscer dans les affaires intérieures de pays souverains. La seule manière d’y arriver est d’ACHETER nos éminences comme cela se pratiquait à l’époque des royautés. Aucune n’y verrait malice!
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