Wallonie et Bourgogne

Par Georges-Henry SIMONIS

Quelques errements de fin de vacances m’ont permis deux découvertes importantes.

La première, c’est la ville de SEURRE, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Beaune, jolie ville ancienne en bordure de Saône. Le restaurant « La marine » porte bien son nom : il profite d’une quiétude toute particulière grâce aux nombreux bateaux de plaisance qui voguent sur cette rivière, presque un fleuve, qui annonce le Rhône en aval et permet de remonter  vers le Rhin, la Seine à Paris, la Sambre et la Meuse de chez nous… (Je ne cache pas que ce coin de France profonde me semble  un peu déserté si on en juge par le nombre de maisons en vente…)

Mais mon coup de cœur vint d’une apparition inattendue : SEURRE est jumelée avec BEAURAING, « notre » Beauraing, presque notre Lourdes à nous, si proche de Givet-la-rattachiste… Un maillon de plus entre France et Wallonie. Je me devais de la rajouter à ma liste, en suggérant à celles et ceux qui connaitraient d’autres liens du genre de me les communiquer.

Ma seconde découverte, sans doute plus futile, mais pourquoi ne pas vous la confier,  est la découverte du vin de CHOREY-LES-BEAUNE, à quelques encablures de Beaune. Certes, sa notoriété est moindre que celle des Gevrey ou autres Chambolle-Musigny. Mais, parole de rattachiste, il vaut le détour…

On ne connaît pas suffisamment l’importance des liens qui unissent la Wallonie et la Bourgogne, spécialement en Entre-Sambre-et-Meuse. Sans remonter à Philippe le Bon, ou aux foires médiévales qui attiraient nos ancêtres à Dijon ou à Troyes, je constate les liens qui se sont tissés grâce à de nombreux jumelages : Philippeville  avec  Saulieu, Couvin avec Montbard, Walcourt avec Chatillon-sur Seine, Ciney avec Semur-en-Auxois, Florennes avec Longvic (Dijon), Silenrieux (Cerfontaine) avec Recey-sur-Ouche, Tamines (Sambreville) avec  Nuits-Saint Georges… et BEAURAING avec SEURRE !

L’amour du bon vin n’y est certainement pas étranger, avec, dans ce domaine aussi, une différence bien belge entre les Flamands, plus attirés par les vins de Bordeaux qui leur parvenaient par bateaux, et les Wallons plus proches de ces routes terrestres devenues pour beaucoup des itinéraires de vacances classiques par Couvin, Charleville, Poix-Terron, Mazagran, Vitry-le-François…

Il est une autre raison, non moins honorable : au début de la guerre de 1914, de nombreuses familles wallonnes ont fui les hordes allemandes qui faisaient preuve d’une violence inouïe. On n’a pas assez parlé des massacres de Dinant ou de Tamines qui ont fait des milliers de morts, hommes, femmes et enfants…  Les Wallons ont trouvé en Bourgogne  une hospitalité exceptionnelle qui a laissé de nombreuses traces dans le cœur des gens. D’où tous ces jumelages plus que folkloriques.  Les territoires ont de la mémoire…

Aujourd’hui, enfin, les Wallons s’émancipent peu à peu de la Belgique artificiellement créée au XIXe siècle  pour se rapprocher de leur mère-patrie. Il ne me déplairait pas que les maires des communes concernées, et les comités de jumelage, participent à ce rapprochement en marche. Qui plus est, pourquoi la Région wallonne, et son nouveau gouvernement impromptu, ne pourrait-elle encourager ces rapprochements et en susciter d’autres, spécialement avec  les Régions françaises les plus proches  et  les métropoles voisines ?

Ainsi, si Liège est déjà jumelée avec Lille et Nancy, et Tournai avec Troyes, Charleroi aurait tout à gagner à se rapprocher rapidement de Reims et de Dijon, en profitant de l’amélioration sensible des liaisons routières  qui se profile enfin  vers le Sud, et, espérons-le,  demain à l’Ouest vers  la Haute Sambre, Maubeuge, et les autoroutes françaises.                     

Qu’on se le dise ! Vive la France et vive  la Wallonie !     

5 réflexions sur « Wallonie et Bourgogne »

  1. Rassurez-vous, Monsieur Simonis, ce ne sont ni des « errements » et encore moins futile!
    Je trouve d’ailleurs, toujours très intéressant, de pouvoir lire des compte-rendu de voyages, afin de nous faire apprécier les bons coins et les spécialités culinaires ou viticoles qui s’y rattachent! Ca donne juste envie d’y aller… Beau coin que cette région Bourgogne-Franche-Conté et plus particulièrement la Côte-d’Or, avec la meilleure moutarde au monde (Dijon) et les fameux « hospices de Beaune » qui sont une merveille architecturale à découvrir. Je suis aller voir, du coup, « Seurre » sur Wikipédia. Donc merci beaucoup pour cette découverte.
    En ce qui concerne les jumelages franco-wallon, j’en connais un:
    à savoir le petit village de Rachecourt, connu pour sa « Fête de la pomme » tous les ans en octobre depuis 1989 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Rachecourt) et qui fait partie de la commune d’Aubange dont je suis originaire (Athus, plus précisément). Celui-ci est également « jumelé » avec Rachecourt-sur-Marne (https://fr.wikipedia.org/wiki/Rachecourt-sur-Marne).
    Voilà, si j’en découvre d’autres ou si d’autres jumelages me reviennent à l’esprit, je vous en ferai part volontiers.
    Bien à vous.

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  2. Monsieur Simonis,
    Sincèrement, l’AWF devrait vous accorder le titre de chantre de la
    Bourgogne. Vos trois billets sur cette belle région de France devraient non seulement attirer les Wallons vers la Côte d’Or mais aussi intéresser promoteurs, voyagistes et agences (privées et officielles) de tourisme de Wallonie. Grosso modo six heures par la route en musardant, par un détour, en Lorraine jusqu’à Dijon. Sans oublier que de Namur à Dijon, on peut naviguer de la Meuse à la Saône par la grâce des canaux creusés au 19e siècle. Rien que d’y penser, le voyage commence déjà « autour de ma chambre » .
    Comme vous le relatez si bien « On ne connaît pas suffisamment l’importance des liens qui unissent la Wallonie et la Bourgogne, spécialement en Entre-Sambre-et-Meuse. » On se souvient surtout des Ducs de Bourgogne, ces condottières rapaces et brutaux, qui nous laissèrent un bien triste héritage institutionnel. Mais combien de Wallons connaissent l’importance de la Meuse et du bassin mosan qui couvre les ¾ du territoire wallon ? Qui enseigne, en Communauté Wallonie-Française, et fait découvrir les beautés de l’art mosan en humanités, au cours d’Histoire ? Personne et c’était déjà le cas en 1958 ! Par contre les « Primitifs » et leurs dérivés tiennent toujours « le haut du pavé » dans les manuels et les musées fédéraux. Heureusement, les musées de Liège sauvent l’honneur !
    D’accord avec vous la Région wallonne, et son nouveau gouvernement impromptu, non seulement pourrait encourager les rapprochements avec les Régions françaises les plus proches mais encore le devrait. D’ailleurs, les gouvernements antérieurs auraient dû le faire depuis longtemps et non « s’épuiser inutilement » à s’accrocher aux beffrois de Flandre. Il s’agit sans doute d’un réflexe irréfléchi de politiciens frontaliers, belgicains dans l’âme, attachés à des cousinages romantiques antérieurs à la fixation de la frontière linguiste ? Comme vous le suggérez « Charleroi aurait tout à gagner à se rapprocher rapidement de Reims et de Dijon, en profitant de l’amélioration sensible des liaisons routières qui se profile enfin vers le Sud, et, espérons-le, demain à l’Ouest vers la Haute Sambre » mais les maîtres à penser actuels en cette métropole wallonne préfèrent imaginer leurs relations vers l’Allemagne, notre millénaire adversaire et séculaire ennemi. Inimaginable, alors que Félix Rousseau, outre sa démonstration du rôle du pays mosan dans la civilisation européenne, fait part de sa conviction selon laquelle : notre Terre wallonne est une terre latine et les Wallons participent à la plus belle culture, la plus riche, la plus humaine qui ait fleuri en occident, la culture latine principalement sous sa forme française. C’est le fait capital de notre histoire qui explique nos façons de penser, de sentir, de croire. Pourquoi Monsieur Magnette raisonne-t-il autrement ? Mystère !
    Mais Charleroi ne renâcle pas toute seule à tout rapprochement vers la France. Le Parlement wallon (le Ministre Antoine soutenu par les députés Lebrun et Fourny, tous CDH) s’opposa farouchement à la réouverture et la modernisation de la ligne transfrontalière Dinant-Givet, alors qu’un ingénieur suisse, Marcus Rieder, chercheur à l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zurich) dans le domaine du trafic ferroviaire (Institut pour la planification du trafic et des systèmes de transport), a écrit une thèse de doctorat établissant l’intérêt de la réouverture, d’autant plus que contrairement aux allégations « belges », la réouverture ne concurrence pas l’axe ferroviaire de marchandises Athus-Meuse (lire 30 millions d’euros pour rouvrir la ligne Dinant-Givet sur Ciney news du Condroz – Sudinfo en date du 18/02/2014). Mais les wallons vont dépenser à pure perte de l’argent pour un tracé Ravel, sans doute pour le plaisir de Flamands et de Hollandais ? Comprenne qui pourra !
    Certes, « aujourd’hui, enfin, les Wallons s’émancipent peu à peu de la Belgique artificiellement créée au XIXe siècle pour se rapprocher de leur mère-patrie ». Il faut toutefois constater amèrement que Namur mérite bien son titre de capitale régionale parce que les Wallons se trainent vers la France à la vitesse de « l’escargot du pont de Jambes ». GASTEROPODIS NAMURIBUS ? (lire Le Soir .be du 10/08/1991 Sylvie Chevalier dans Lumçon et fier de l’être quand un escargot rencontre une personnalité namuroise ).
    Enfin, consolons-nous comme nous le pouvons en constatant que l’éruption révolutionnaire de 1789 ne se produisit pas spontanément. Rien n’annonça l’expansion progressive du feu populaire.

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  3. RTBF – Publié le mercredi 18 octobre 2017 – Mis à jour le mercredi 18 octobre 2017 à 21h46
    « Sophie Dutordoir, CEO de la SNCB, a présenté sa vision stratégique pour le rail en commission Infrastructure de la Chambre et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas mâché ses mots. (…)
    Enfin, une ligne internationale Namur-Charleroi-Maubeuge-Paris sera étudiée. » (…).
    Question: Si de Namur à Paris semble intéressant où reste Liège ? En rade ? Une ligne Paris – Liège – Cologne ou Paris – Liège – Maastricht n ‘intéressent donc personne ? Cela gêne sans doute la NMVB ? Mais une étude calme les « braves gens » et  » les convoyeurs attendent que les pigeons s’envolent ». Ne serait-ce pas le moment de réclamer une nouvelle étude, par le biais du parlement wallon, quant à la ligne internationale Namur- Givet sur base du dossier établi par l’ingénieur suisse, Marcus Rieder, cité ci-avant , d’autant plus que contrairement aux allégations « belges », la réouverture ne concurrence pas l’axe ferroviaire de marchandises Athus-Meuse ? Il devient urgent de régionaliser la SNCB et INFRABEL !

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  4. Cela va peut-être bouger dans le Namurois. ( Lu sur RTBF info ce 27/10/2017. Belga Publié à 16h15 – Mis à jour il y a 57 minutes )

    Les professionnels du tourisme de la province de Liège, de Namur, du Luxembourg et des Ardennes françaises collaboreront désormais autour d’une même appellation à destination du public international: l’Ardenne. Cette nouvelle marque transfrontalière a été présentée vendredi par la fédération du tourisme de la province de Namur et le Groupement européen d’intérêts économiques ‘Destination Ardenne’.

    L’espoir fait vivre !

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