« Pour la patrie, la science et la gloire ». Cette devise est celle de l’Ecole polytechnique de Paris, fondée au temps de la Révolution française et militarisée par Napoléon. Cette grande école, qui dépend toujours du Ministère de la Défense, illustre bien ce qu’il y a de paradoxal dans le rapport de la France avec la mondialisation, dont les effets contrastés sont de nature à polariser le débat politique. Certes, la mondialisation est loin de convenir à une partie non négligeable de la société française, il est même possible qu’elle menace son mode de fonctionnement, son équilibre et jusqu’à sa culture nationale, mais la France est un véritable acteur de ce mouvement planétaire. Dans la nouvelle géographie du monde, Paris continue à jouer les premiers rôles. C’est ce que confirme un classement cherchant à identifier les hautes écoles d’où sont issus les dirigeants des plus grandes entreprises mondiales. Aucune trace d’Oxford ou de Cambridge dans le top-10 établi par le très anglais Times Higher Education, mais Paris, encore Paris, toujours Paris.
C’est du moins ce qu’on peut lire dans un article publié sur le site Atlantico, dont voici des extraits :
« Le vrai pouvoir économique mondial appartient aux dirigeants des grandes multinationales. Et quand on voit l’origine, la formation de ces patrons qui cumulent à la fois les plus gros salaires, les plus grosses fortunes et la plus grande influence au niveau mondial, on s’aperçoit qu’ils ne sortent pas tous du même moule.
« Times Higher Education a recensé les diplômes qualifiants des grands chefs d’entreprises qui ressortent dans les classements du magazine Fortune.
« Alors globalement, les formations d’origine américaine tiennent la plus grosse part de marché. Plus de 50% des dirigeants des 1 000 plus grosses entreprises mondiales ont été formés dans les universités américaines. (…)
« Si plus de 50 % des dirigeants des plus grandes multinationales ont été formés aux USA, c’est parce que l’économie américaine est la plus puissante du monde, et que les entreprises US sont les plus présentes sur la planète. Les entreprises américaines ont tendance à recruter des Américains et quand le grand patron sort de Harvard, l’entreprise aura tendance à privilégier les recrutements de diplômés d’Harvard. Phénomène classique qui explique aussi la montée en puissance des universités chinoises, un progrès parallèle à celui de l’économie.
« En revanche, l’importance des recrutements d’origine française n’est pas liée à la surperformance des entreprises ou à la puissance des réseaux. Elle tient finalement à la qualité de la formation supérieure. En Allemagne, dont l’appareil éducatif est remarquable pour former les classes moyennes (l’apprentissage par exemple est un modèle mondial), l’enseignement supérieur des cadres dirigeants a moins de succès. Beaucoup de dirigeants des très grosses entreprises allemandes ont été formés aux USA.
« Le hit-parade des meilleures universités pour former les dirigeants reflète donc cette situation.
« Première place au classement mondial : Harvard, le plus ancien et le plus célèbre des établissements d’enseignement supérieur. C’est à Harvard que se forme l’élite américaine et mondiale : l’industrie automobile, le pétrole et la Tech ont des dirigeants qui sortent de Harvard. Ce succès fait aussi que Harvard est l’université la plus riche. Elle peut donc se payer les meilleurs professeurs, les meilleurs chercheurs.
« Deuxième place : l’école Polytechnique. C’est une surprise de voir cette école au deuxième rang mondial. L’école polytechnique a eu un passage à vide. Elle avait la réputation de former principalement des ingénieurs qui s’épanouissaient principalement dans l’industrie. Les polytechniciens ont connu leur heure de gloire avec la révolution industrielle du 19e, puis avec la reconstruction de l’après-guerre. A la fin des Trente glorieuses, la part de l’industrie a reculé devant la montée des services et de la finance. Depuis 20 ans, avec sans doute la révoltions digitale et la modélisation de l’économie financière, l’école Polytechnique a retrouvé tous les postes de pouvoir dans tous les secteurs d’activité : la banque, l’assurance, la technologie, l’énergie, le luxe et même la politique. Bernard Arnault et Carlos Ghosn sont des purs produits de l’X. La surface mondiale des entreprises dirigées par des X, arrive juste derrière la surface des entreprises dirigées par des anciens de Harvard.
« Troisième place : Stanford. (…)
« Quatrième place : l’Ecole des Mines de Paris. Cette grande Ecole a connu la même évolution que l’Ecole Polytechnique, avec un créneau qui lui était quasi réservé, celui de l’énergie nucléaire. Ça n’est pas par hasard si Anne Lauvergeon a dirigé Areva si longtemps et si Isabelle Kocher a été choisie pour succéder à Gérard Mestrallet chez Engie. La notoriété du nucléaire français tant considérable dans le monde, les anciens de l’Ecole des Mines en profitent.
« Cinquième place : Université de Cornell. (…)
« Sixième place : HEC. HEC, énorme prestige en Europe, la mondialisation, le digital, la place du marketing et de la finance dans les stratégies de développement ont donné à HEC un second souffle depuis dix ans. A noter qu‘HEC a pris beaucoup de distance avec la chambre de commerce de Paris, ce qui a obligé cet établissement à affronter la concurrence des autres grandes écoles internationales, non seulement au niveau du recrutement mais aussi au niveau du financement.
« Septième place : Chicago. (…)
« Huitième place : l’université chinoise de Wuhan, la plus française des universités asiatiques. C’est aujourd’hui le centre de formation des dirigeants chinois le plus célèbre de la Chine, le plus fréquenté et aussi le plus cher. La région abrite beaucoup d’entreprises chinoises et internationales. C’est aussi la ville la plus française de la Chine, plus de 90 entreprises tricolores sont implantées à Wuhan, qui concentre à elle seule 40 % des investissements français en Chine. (…)
« Neuvième place : l’université de Pennsylvanie. (…)
« Dixième place : le MIT. (…) »