Nous sommes le 13 décembre 2006. Il est 19.30. Je regarde le journal télévisé de la RTBF qui est écourté par une édition spéciale réalisée en direct. Soudain, le présentateur lance une véritable bombe : le parlement flamand vient de décréter son indépendance . Les images et les commentaires plus surréalistes les uns que les autres nous montrent une population ébahie et des situations ubuesques. Aussitôt, mon téléphone sonne et des connaissances surexcitées me demandent si je suis bien branché sur la télévision de service public.
Incrédule, je passe sur la chaîne privée qui ne relaye pas l’événement. Je comprends dès lors qu’il s’agit d’un reportage-fiction. Il faudra attendre plus d’une demi-heure pour qu’une bande annonce défile sur l’écran et annonce qu’il s’agit d’une parodie, mais le spectacle continue jusqu’à ce que le studio soit plongé dans le noir, l’émission s’arrête. Un générique fin apparaît suivi d’un bêtisier qui laisse apparaître aux téléspectateurs qu’il s’agissait d’une fiction…
J’apprendrai par la suite que le scénario définitif du documentaire-fiction définitif avait été décidé au début du mois de septembre 2006.
C’était le 13 décembre 2006, il y a 10 ans jour pour jour.
Après des discussions enflammées, la direction de la RTBF avait permis à l’équipe de Philippe Dutilleul de réaliser ce reportage au vitriol. Le silence avait été bien gardé.
La même année, je rencontrai à Maison-Lafitte ce journaliste iconoclaste qui me dédicaça son livre par ces mots : « Cher Paul, Une bonne lecture pour un ouvrage qui, je l’espère, va vous ouvrir les yeux sur les défis que doit relever la Belgique et sa dimension séparatiste ».
Qu’en est-il 10 ans après ?
Selon mes sources, excédé par l’aveuglement wallon, par l’ego surdimensionné de rattachistes et par le manque de volonté de voir travailler ensemble celles et ceux qui devraient réfléchir à l’avenir de la Wallonie, Philippe Dutilleul, devenu réunioniste, a quitté sa Picardie et coule des jours heureux dans le Sud de la France.
Plus que jamais, la Flandre domine la Belgique. Nous pouvons dire que nous vivons en Flandre belge. Les médias de Wallonie, mais surtout de Bruxelles, sont plus que jamais frileux et nous servent du belge à tout moment. La population « francophone » est conditionnée à l’amour de la monarchie et à une Belgique fédérale où tout irait pour le mieux si la terrifiante N-VA ne dictait sa loi.
Quant aux dirigeants Wallons, ils pratiquent la méthode Coué : « la situation s’améliore dans tous les domaines ».
Je voudrais que cela soit vrai, mais Philippe Destatte, Directeur de l’Institut Jules Destrée déclarait le 29 octobre 2015 : « la Wallonie n’a toujours pas décollé ».
De même, Jules Gazon, professeur émérite d’économie de l’ULG doit bien conclure ses travaux par : « Le hasard des chiffres montre qu’une Wallonie privée des transferts nord-sud (évalués à 6, voire à 14 milliards d’euros par la Flandre selon les domaines envisagés) devrait assumer un déficit public par rapport à son PIB supérieur à celui de la Grèce en 2009. L’effort demandé aux Wallons serait d’une telle ampleur qu’il en résulterait un climat insurrectionnel. »
De son côté, le politologue Pierre Verjans reconnaissait récemment la gravité du moment. Il nous révélait que lors de colloques singuliers noués avec de nombreux politiciens wallons sur l’avenir de notre région, l’hypothèse de l’intégration de la Wallonie dans la République française était formulée très fréquemment parmi d’autres solutions.
Dès lors, la sagesse n’est-elle pas d’étudier sérieusement le projet d’ INTEGRATION-AUTONOMIE développé par Jacques Lenain et avalisé par l’éminent constitutionnaliste Didier Maus. Comme l’explique Jules Gazon : « Le PIB de la France ‘augmenté’ de la Wallonie serait égal à 24 fois le PIB wallon. L’amplitude des effets en termes de déficit public et de dette publique par rapport au PIB serait divisée par 24. Elle serait marginale ».
Ce projet d’INTEGRATION-AUTONOMIE PERMETTRAIT A LA WALLONIE D’AVOIR UN ARTICLE QUI LUI SOIT SPECIALEMENT CONSACRE DANS LA CONSTITUTION FRANCAISE pour qu’en sortent renforcées ET la France ET la Wallonie dans le respect de l’héritage wallon.
Qu’attendent les centres d’études des partis politiques de pouvoir pour mettre ce projet sur la table sans tabou ?
Paul D.
Qu’attendent les centres d’études des partis politiques de pouvoir pour étudier ce projet ? Rien n’interdit de penser que les divers centres d’études n’étudient pas l’éventualité réunioniste.
La question porte plutôt vers quels sortie de scène les partis politiques wallons oseront – ils se diriger parce qu’ils ne doivent surtout pas s’ illusionner sur l’attachement des Bruxellois à leur égard ?
Qui en Wallonie des régionalistes ou de unitaristes osera le coup de force décisionnel ?
Quel sera également la position des partis flamands traditionnels ? Le CDNV ne souhaite – t – il pas la « refédéralisation » ?
Les Flamands luttent pour leur liberté depuis le 16e siècle pourquoi au seuil de la victoire hésiteraient-ils à sauter le pas ? Quel est le poids des fédérations patronales ou syndicales ? Brussels vaut – elle une messe pour certains wallons nostalgiques d’un royaume évaporé?
De toute façon ce sera une belle foire d’empoigne malgré le fait que personne au Nord comme au sud n’a intérêt à la débandade. Il y a certainement des leçons à tirer de la séparation des tchécoslovaques mais aussi du Brexit. Mais, il existe un élément d’équilibre, les banques n’ont plus rien de « belges » que leurs façades ! Cela éclaire déjà une ligne de partage !
J’aimeJ’aime
« Qu’en est-il 10 ans après? »
Et bien, je suis devenu un rattachiste convaincu, encore plus amoureux de la France en ayant épousé une de ces citoyennes, la crise politique de 2011 est passée par là (541 jours sans gouvernement), les flamands ont gagné BHV, ont réussi à scinder pratiquement toutes les compétences, à quelques exceptions près (pour le reste, ils ont encore jusqu’à 2019 pour « détricoter » ce qu’il reste et porter l’estocade…il suffit d’imaginer une N-VA et un VB qui réuniraient à eux deux plus de 50% des suffrages, ce qui est tout à fait dans le domaine du possible…) et pendant ce temps là, le pouvoir politique wallon fait l’autruche comme si de rien n’était dans leurs vision stupide d’une België éternelle…
Mon vœux le plus cher: qu’un jour la réalité dépasse la fiction!!!!! Mais à force d’attendre, je serai peut-être (sûrement) devenu français par mes propres moyens…
J’aimeJ’aime
O Mouton, du Vif/L’express, ce jour :
« 10 ans après « Bye Bye Belgium » : la mort lente du pays »…C’est le mot juste.
C’est cette lenteur que met le mort-vivant belge à mourir qui permet aux décideurs franco-belges » de ne rien décider (leur « philosophie » tient en deux formules : « pourvu que ça dure »…et « après moi le déluge »…).
J’aimeJ’aime