L’école, un centre de triage ?

Lettre envoyée à Pierre Bouillon, journaliste

Pourquoi tant de simplisme pour expliquer le désolant classement de la Communauté Française Wallonie-Bruxelles après cette énième enquête Pisa ? Car il s’agit bien de simplisme intellectuel quand on prétend expliquer un phénomène aussi complexe par une cause unique comme le triage des forts et des faibles conçu et organisé par notre système scolaire.

Tout au long de ma formation, en histoire et en sciences politiques, j’ai appris que tout phénomène social ne pouvait s’expliquer qu’en termes d’analyse multi–variée et j’ai la conviction que les causes de la déglingue scolaire sont multiples, à la fois internes (la « boîte noire » de la motivation et de l’autonomie des acteurs, les démarches méthodologiques (quels apprentissages de la lecture et avec quelle efficacité, quelles manipulations mathématiques et pendant combien de temps… ?) et externes (les ressources allouées, la valorisation du travail intellectuel, et donc de l’effort, dans une société où prime le rendement immédiat, l’engagement parental en faveur de la culture…).

Comment expliquer pareille posture intellectuelle, sinon par une idéologie : celle de l’infrastructure marxisante qui privilégie la notion de classe sociale pour expliquer la société.

Le monde est plus complexe, M. Bouillon ! Et l’école aussi quand on la connaît de l’intérieur, quand on évite de la reconstruire en fonction de son histoire personnelle.

Ni l’intellectuel, ni le journaliste ne devraient se satisfaire d’une posture aussi réductrice.

Bien à vous,

Jean-Luc Lefèvre

Directeur d’écoles normale et secondaire en retraite

4 réflexions sur « L’école, un centre de triage ? »

  1. Ah! la belle époque des Hussards noirs, surnom donné aux instituteurs sous la IIIe République.
    « Nos jeunes maîtres étaient beaux comme des hussards noirs. Sveltes ; sévères ; sanglés. Sérieux, et un peu tremblants de leur précoce, de leur soudaine omnipotence. » ( Charles Péguy , L’Argent , 1913 )
    Ce surnom vient, de la couleur noire des vêtements des instituteurs issus des Écoles Normales ( loi Guizot en 1833 pour les hommes et la loi Bert en 1879 pour les femmes) L’institution bannit toute ornementation et tout superflu. Mais ces Écoles Normales sortaient des instituteurs qui avaient reçu pour mission d’instruire la population française. De par cette mission les instituteurs représentaient une autorité morale et intellectuelle. L’exemple de la France avait été suivi par l’Etat belge. Malheureusement ,depuis 1968, en France comme en Belgium, ce n’est plus que le FOUTOIR idéologique, il faut bien l’avouer avec tristesse, de gauche ! Excusez du peu.

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  2. Pourquoi compliquer ce qui est simple ?
    Il est évident que les élèves de 15 ans, qui ont été sélectionnés par les professeurs des écoles ayant participé au test étaient les meilleurs.
    Or, ils ont lamentablement raté des tests, qui sont identiques pour tous les Pays.
    Bien entendu, la démagogie du signataire de l’article, en vue de trouver des excuses aux résultats pitoyables de notre enseignement secondaire inférieur, ne permettra pas d’améliorer la situation.
    Certes le corps professoral ne peut porter l’entière responsabilité de ce résultat récurrent et négatif.
    Cependant, nous sentons dans la prose du signataire, la volonté de défendre sa position de  » Directeur d’écoles normales et secondaires en retraite ».
    Car finalement, les professeurs que son établissement a formé, sont également responsables de l’appauvrissement de notre enseignement, à tout niveau.
    Finalement, je suis convaincu que l’article de Mr. Bouillon est pertinent et qu’il devrait servir de base, à une véritable remise à niveau des programmes scolaires et de la formation des enseignants.

    Guy Bertrand
    Attaché Economique et Commercial à la retraite.

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    1. « Marianne et Pisa » devrait convaincre davantage mon contradicteur dans la mesure où il lui sera difficile d’exploiter à son propos un fallacieux argument « ad hominem » qui ne prouve qu’une chose: la faiblesse des arguments de fond!

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  3. En matière scolaire, il y a beaucoup à faire pour réformer… Mais personnellement, je suis favorable à 2 choses en particulier:

    1. une semaine de congés supplémentaire à la Toussaint et à Carnaval (2 semaines à chaque fois, comme en France), même si pour cela, il faudrait que les enfants restent à l’école jusqu’au 7 juillet et reprennent vers le 25 août (faut bien récupérer ces 2 semaines là quelque part, puisqu’on dit aussi que les 2 mois de vacances d’été, sont parfois trop long…). Ce qui équivaudrait à faire des périodes scolaires plus ou moins égales suivies de 2 semaines de congés (Toussaint, Noël, Carnaval et Pâques) tout en conservant biensûr les jours fériés uniques comme l’Armistice, la Pentecôte, l’Ascension, etc…;

    2. je préconise également de plus longues journées à l’école (1 heure voir 1 heure et demie de plus, comme finir à 16h30/17h00 au lieu de 15h30 actuellement), mais supprimer totalement les devoirs à la maison!!! Cela arrangerait pas mal de parents qui sont obligés de mettre les enfants en garderie après l’école (surtout quand les 2 travaillent) et ça permettrait aux enfants de se déconnecter et de profiter d’autres activités, telles que: sportives, musicales, familiales et autres loisirs… sauf bien entendu lorsqu’il y a un contrôle (test) ou durant les examens où il y aurait toujours un peu de révision à la maison.

    Voilà mon point de vue sur la question.

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