« L’ACADEMIE BELGIQUE »

« Voir votre académie, Madame, et puis mourir… « 

Georges Brassens, La Vénus Callipyge

CHARLEROI s’était mis en frais, ce  jeudi 19 mars 2015.

L’U.O., l’ Université Ouverte locale, de fraiche naissance, conviait au premier des  six « cours-conférences » qu’elle organisera à Charleroi  durant l’année 2015.

Pour la première fois, le COLLEGE BELGIQUE, déjà connu à Bruxelles, Liège et Namur, descendait à Charleroi, la plus grande Ville de Wallonie, sous l’égide  de l’Académie Royale de Belgique, et – indique le programme- avec le parrainage du Collège de France.

Les  cours  ont  pour cadre la salle MAGRITTE du Palais des Beaux Arts.

Le Président-Bourgmestre  Paul MAGNETTE salua chaleureusement l’évènement qui s’inscrit dans le cadre du renouveau bien  en cours de sa Ville.

Que fallait-il d’autre, hormis un verre de bienvenue, pour séduire le bon public carolorégien qui répondit à l’appel ? La salle était pleine.

Il lui fallait un orateur de prestige : Monsieur Hervé HASQUIN, professeur honoraire à l’Université de Bruxelles, ancien recteur, Secrétaire Perpétuel de l’Académie Royale de Belgique, homme politique reconnu, et aussi enfant du Pays : petit-fils d’ouvrier, fils de l’auteur de l’Histoire des Grandes Colères du Pays Noir, et lui-même historien de Wallonie. Un conférencier bien belge,  qui   précisa même que sa grand-mère maternelle était d’une famille ostendaise de 17 enfants.

« Hervé HASQUIN est à l’histoire de la Wallonie ce que Henri PIRENNE est à l’histoire de la Belgique », a dit dans sa présentation son collègue Académicien Paul MAGNETTE, même si chacun sait que les thèses de PIRENNE sont aujourd’hui controversées comme étant le reflet d’une vérité historique orientée vers le seul sort de la Belgique de 1830 et de la Royauté qui s’en suivit.

Hervé HAQSQUIN est aussi l’auteur d’un petit ouvrage récent : « FAUT-IL DECONSTRUIRE LA BELGIQUE ?  Avec, en sous-titre « QUEL  AVENIR POUR LE PAYS ?

L’ouvrage connait une large distribution vu son prix modique, reconnait l’auteur, grâce au soutien de l’Académie, ce qui est évidemment un atout important.

Le public attendait avec curiosité les suggestions de l’orateur : son diagnostic, et les remèdes qu’il préconisait.

Conférencier prudent et expérimenté, Hervé HASQUIN insista tout d’abord sur le point d’interrogation qui clôture le titre de son ouvrage, sorte de précaution oratoire prudente.

Car l’essentiel de son intervention est marqué de certitudes quant à l’originalité profonde de la Belgique, et quant à la nécessité de son maintien, malgré les évolutions confédéralistes récentes,  quitte à tracer une nouvelle architecture institutionnelle, comme on joue avec des légos.

Germains et Celtes, Jules César,  Napoléon, Waterloo, Guillaume d’Orange, le choix des Saxe-Cobourg, leurs ascendances allemandes, les craintes à l’égard  de la France,  la naissance et les légitimes revendications  du mouvement flamand, la frontière linguistique et celle des 19 communes de Bruxelles, la loi du sol face aux droits des personnes…

Ce fût un survol  brillant de l’histoire belge des deux derniers siècles, émaillé de l’une ou l’autre controverse, comme à propos du rôle de Jules Destrée, « notre » grand  homme Wallon des débuts du XXème siècle, que l’auteur soupçonne d’avoir été quelque pu anti-dreyfusart… ( ce qui est réfuté par Philippe DESTATTE, président de l’Institut Jules Destrée, dans ses recherches précises  sur la question ).

Ou encore  sur WATERLOO, bien entendu défaite et non victoire de la France, mais dont on n’a pas fini d’écrire sur les valeurs qui sous-tendaient le culte de l’Empereur dans nos contrées : la controverse est loin d’être éteinte…( Les curieux peuvent lire avec intérêt le livre de Jean-Marie ROUART, de l’Académie Française, sur « Napoléon, ou l’épopée »)

Hervé HASQUIN rejoint aussi Paul MAGNETTE quant l’inexistence d’une Nation wallonne : il eût fallu en dire plus, Paul MAGNETTE s’étant prononcé un jour sur l’existence d’une Nation wallo-bruxelloise…

Mais le temps manquait pour un débat plus approfondi.

Une critique, majeure, peut être faite à l’analyse historique du conférencier.

Sa foi en la « Belgique-Belgicaine » est à ce point profonde qu’il en élude son sujet : l’avenir.

A aucun moment, il n’ aborde les déséquilibres nord-sud, ni les transferts de compétences aux entités fédérées sans les moyens financiers nécessaires, ni l’asymétrie créée  récemment dans le domaine des allocations familiales, ni la suppression du Thalys Wallon Paris-Liège, ni l’achat d’avions américains pour le défense « nationale »…

Et surtout, l’orateur ne dit pas un seul mot de l’avènement de la NVA séparatiste pressentie par le Roi pour former un gouvernement,  ni de la prépondérance  flagrante de la Flandre sur le pays en dépit d’une faible participation francophone peut-être en train de se brûler les ailes…

Aucune réponse pour celles et ceux qui sont hantés par l’avenir de la Belgique  au delà d’un confédéralisme déséquilibré par nature – un état fédéral, coquille vide, et sous domination flamande  – , et qui cherche des solutions pratiques pour l’avenir de leurs enfants et de leurs concitoyens. Leurs  questions restent sans réponse.

Il semble cependant acquis que les Régions du pays ont pris inexorablement leur autonomie. Si la Flandre fera le jour venu son choix d’indépendance,  les Wallons s’interrogent encore : autonomie économique ?   Que voudront les Bruxellois ? Quel sera l’avenir de la collaboration entre la Région wallonne et la Région de Bruxelles ?

Les Wallons attendent des réponses : peut-être viendront-elles plus des économistes  que des historiens ? Il faut en tout cas que se prolongent les débats dans un climat objectif et non affectif. Il n’est plus temps de jouer aux légos…

Il ne suffit plus, pour les Wallons de tous bords, de proclamer « Nous voulons sauver la Wallonie », sans s’exprimer plus précisément sur le contenu de cet avenir souhaité.

L’hypothèse du projet d’intégration-autonomie de la Wallonie dans la République de la France doit être intégrée dans ces débats.

Ceux-ci commencent à être abordés timidement au sein des partis politiques : il est temps qu’ils se prolongent dans la clarté au sein d’un vaste mouvement citoyen lucide et rénovateur.

Georges-Henry SIMONIS

Administrateur de l’Alliance Wallonie France.

4 réflexions sur « « L’ACADEMIE BELGIQUE » »

  1. Hasquin est belgicain, c’est peu dire…

    N’était-ce pas lui qui tentait de jeter l’opprobre sur le mouvement Wallon en le nazifiant ?

    Toujours la même propagande… toujours la réduction ad hitlerum…

    Change de disque, grand initié !

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  2. J’ai lu quelque part récemment, que Benjamin Franklin (homme politique, physicien et publiciste américain, inventeur du paratonnerre), venant à Paris en 1776 pour négocier l’alliance française, affirmait: « Tout homme a deux patries, la sienne et puis la France »!!! J’aime cette phrase, sauf que la Wallonie n’étant pas, et ne sera jamais une « patrie », la Belgique n’en étant presque plus une, il est temps de se tourner vers notre patrie, la France, pays dont on aurait jamais du être séparés!

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    1. Un jour Madame Antoinette Spaak déclara qu’en Belgique les changements ne s’opéraient que de génération en génération. Donc les virages se prennent en moyenne tous les vingt-cinq ans. Voilà la raison de la haine des « Belges » pour la France; ils passèrent du Moyen-Age aux Temps Contemporains à coups de bottes au derrière en moins de temps qu’il ne faut pour le dire ! Et, maintenant, ils attendent les prochaines « bottes ».

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