Notre ami René Defossé me joint un article qu’il a trouvé sur le site de L’Avenir.net.
La Belgique révèle de sacrées surprises à ses visiteurs. Exemple avec Michael B., professeur d’allemand à Longwy. Début août, il s’est envolé de Zaventem. Un voyage en… absurdie. Son récit porte un regard amusé et caustique sur nos démêlés communautaires.
Pas simple pour un voyageur ou touriste de s’y retrouver dans notre pays. Trois communautés, trois langues et (presque) autant de plaques de signalisation.
Début août, ce professeur français, originaire de Metz, s’est envolé en vacances de l’aéroport de Zaventem. Dans un mail adressé à notre rédaction, il nous explique ses tribulations….
«L’union fait la force… faites-moi rire! Où mieux qu’en Belgique peut-on voir un conflit communautaire ? », s’exclame Michael Barth avant d’entrer dans le vif du sujet…
«En l’espace d’un centimètre, Namur est devenue Namen »
« De Metz, je suis passé par le Grand-Duché du Luxembourg avant d’entrer en territoire belge francophone, raconte le Français. En Wallonie, tout est écrit en français. Mais rien qu’en français. Cela ne m’a pas frappé étant donné qu’il s’agit de ma langue maternelle. Province du Luxembourg, province de Namur, province du Brabant wallon, passage à proximité de villes qui m’ont fait sourire: Bouge, Champion, Jambes… »
Puis, d’un coup, Michael Barth dit être apparemment arrivé dans un autre pays, où la langue latine est devenue germanique.
«La province Vlaams-Brabant me souhaite gentiment la bienvenue “ Vlaams-Brabant heet u welkom ”, observe-t-il. Et j’ai remarqué qu’en l’espace d’un centimètre Namur est devenue Namen, Liège Luik, Bruxelles Brussel. Comme si les Flamands étaient déterminés à effacer toute trace francophone de leurs ennemis de longue date, les Wallons. »
Une situation valable dans les deux sens, regrette notre interlocuteur. «Au retour, Brussel redevient uniquement Bruxelles, Namen et Luik ne s’appellent plus que Namur et Liège! Quel bonheur pour un Français de déduire le nom néerlandais des villes wallonnes et quelle joie pour un Néerlandais de déduire le nom français des villes flamandes. A la frontière, pourquoi ne pas mettre un panneau “ Avez-vous pensé à votre répertoire ? ”/“ Heeft u aan uw notitieboekje gedacht? ”»
«Où est passé l’allemand, votre 3e langue officielle? »
Pointant une caractéristique de notre royaume, Michael Barth se fait alors un peu plus mordant
«Ôtez-moi un doute: les langues officielles du Royaume de Belgique ne sont-elles pas le français ET le néerlandais ET l’allemand ?, demande-t-il. Enfin… L’allemand ? Une langue officielle en Belgique ? Laissez-moi rire ! A l’aéroport, les annonces sont faites en néerlandais (normal), en français (normal), en anglais (normal) et… c’est tout (anormal)! Où est l’allemand, troisième langue officielle ? Disparue ! »
Et d’envisager, non sans une pointe d’ironie, les éventuels motifs de pareille disparition.
«Sans doute parce que la région germanophone se situe dans une contrée si lointaine de l’aéroport que les autorités aéroportuaires n’ont pas jugé nécessaire de la mentionner !, se demande le Français. Ou bien est-elle trop insignifiante aux yeux des Wallons et des Flamands ? Sankt Vith ou Eupen sont probablement des noms de villes dont la consonance paraît bien trop exotique aux oreilles du reste des Belges. »
«Sinon, la Belgique n’est qu’une farce »
Mais revenons à l’aéroport. Ou du moins à la navette menant du parking discount à l’aéroport. « Aucun écriteau en français sur le fait que la porte, en s’ouvrant, peut coincer les doigts, se désole Michael Barth. Rassurez-moi, tous les Flamands parlent le français et tous les Wallons parlent le néerlandais ? Sinon, la Belgique n’est qu’une farce surtout au vu de votre devise “ nationale ”.»
Autre facteur de désarroi, le fait que la majeure partie du personnel de l’aéroport soit néerlandophone.
«Je sais bien qu’il se trouve en territoire néerlandophone mais il est tout de même à une poignée de kilomètres de Bruxelles, ville où la langue majoritaire est le français, constate Michael. J’avoue, ils parlent le français, mais quel français. Tranché au couteau, bourré de fautes ! Est-ce bien sérieux ? Ne vérifie-t-on pas le niveau de français selon le CECRL (Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues) lors du recrutement ? »
«Fous poufez parler la français afek moi »
Le professeur d’allemand ne les comprenait tellement pas qu’il dit s’être mis à parler le peu de néerlandais dont il avait encore le souvenir. «J’ai sans doute su inconsciemment que la langue allait me servir à l’aéroport quand j’ai pris l’option “ Néerlandais ” à l’université de Metz il y a 11 ans. »
Et là, grosse surprise ! «Je me suis rendu compte que j’avais vexé voire froissé le personnel en switchant de langue ?!»
– «Mèèèèèè scheuh parler français, fous poufez parler la français afek moi», m’a-t-on ainsi répondu d’un air hautain…
La conclusion de Michael? «Tout cela pour vous dire que la Belgique est loin, très loin, d’être un pays uni, ne serait-ce que par la/les langue(s). »
Réactions sur la toile
Son récit, qui témoignait de la difficulté, pour un voyageur ou un touriste, de s’y retrouver dans un paysage où les noms de villes changent d’une région à l’autre, où l’allemand, pourtant langue officielle, est laissée pour compte et où les employés de l’aéroport national sont chatouilleux par rapport à leur langue.
Un article qui a fait un buzz, suscitant des dizaines et dizaines de réactions (sur notre site ou notre page facebook) allant dans tous les sens. Si certains internautes abondaient dans celui de notre témoin, d’autres lui remontaient plutôt les bretelles, arguant, par exemple, que la Belgique n’avait pas de leçons à recevoir des Français en matière communautaire.
Michael a parcouru ces réactions, et voici ce qu’il nous en dit…
«Je suis vraiment content d’avoir réussi à faire réagir l’opinion et d’avoir jeté un pavé dans la mare […].
Par contre, je ne savais pas que les Flamands souffraient d’un sentiment d’infériorité au sein de la Belgique. J’aurais prétendu l’inverse.
Certains me disent dans les réactions qu’en France c’est pareil par rapport à la langue. Or, le français n’est que l’unique langue officielle de notre République. Et malgré tout, les langues régionales et dialectes sont mises en avant. Regardez par exemple les panneaux d’entrée dans une commune sur Google Images en tapant “ panneaux d’entrée bilingue commune ”»
Les Belges vont vraiment penser que je déteste leur pays et je serai bientôt interdit de territoire… Toutefois, ce n’est pas le cas, j’aime me promener les dimanches dans la campagne ardennaise, Bouillon, Orval, les boucles de la Semois…
Votre pays est vraiment magnifique, côté wallon tout comme côté flamand.
Le commentaire de l’AWF
1. Cette histoire nous montre une fois de plus combien les Français connaissent mal la Belgique, même quand il s’agit d’une personne érudite.
2. Où est donc cette faculté d’autodérision dont les Belges aiment tant s’affubler ? Pour certains Belges, la critique est insupportable surtout lorsqu’elle vient de France.
3. Francophones et francophobes se conjuguent parfaitement chez pas mal de Wallons et de Bruxellois, sans parler de la « franse perversiteit » que cultivent nombre de Flamands.
4. Il reste pas mal de pain sur la planche pour expliquer à nos amis français que la Belgique d’aujourd’hui, ce sont deux, voire trois, si pas quatre sociétés totalement différentes. Wallons, Flamands, Bruxellois et germanophones ne regardent pas les mêmes chaînes de télévision, n’écoutent pas les mêmes radios, ne lisent pas les mêmes auteurs, ne connaissent pas les mêmes artistes, n’ont pas la même vision de l’avenir de la Belgique … Il leur reste en commun une excellente équipe de football qui réunit Wallons, Flamands et Bruxellois sous le noir-jaune-rouge à une différence près. Joueurs wallons et bruxellois gardent les trois couleurs lorsqu’ils rentrent chez eux tandis que les joueurs flamands ne conservent que le jaune et le noir lorsqu’ils regagnent leur foyer…!
5. Comme nous le disait le professeur Gazon hier, il est plus que jamais nécessaire de poursuivre et d’accentuer notre action pour que le débat sur la réunion de la Wallonie à la France s’impose dans la société wallonne.
Paul D.
Article sans intérêt.
J’aimeJ’aime
A part peut-être les deux derniers paragraphes (Commentaires: points 4 & 5) qui sont très important et très justes!!! Sinon, il dépeint juste une réalité de ce pays, c’est tout!!!
J’aimeJ’aime
Navré mais les réactions épidermiques des « Belges des quatre points cardinaux » relèvent du syndrome de Stockholm. Les populations qui peuplent ce petit territoire furent « embastillées » depuis la mainmise des ducs de Bourgogne (15e siècle), sans oublier,trois siècles durant, le poids des Habsbourg et de leur collaboratrice, toute dévouée, l’Eglise catholique. Aujourd’hui, on est au point où des Flamands ne se souviennent plus de leur soulèvement national (16e siècle) aux côtés des Néerlandais. Essayer d’expliquer à certains Flamands que le Brabant s’étend de Hal (B) jusqu’à Bois-le-Duc (NL); ils penseront immédiatement à de la perversité française. Aujourd’hui, malgré « l’évanouissement » des frontières, bien des Wallons ne reconnaissent plus leurs cousins français, tellement la « barrière mentale d’outre Quiévrain » leur a été imprimée par les médias belges et les « petits professeurs d’histoire » francophones comme wallons (hélas). On vilipende toujours les « petits curés des Flandres » mais les « petits professeurs d’histoire » réussirent l’œuvre de lobotomie à la Pirenne. Quant à l’Europe actuelle, excepté les téléphones portables et les complets veston, l’esprit du Traité Vienne y règne toujours pour le profond malheur des Wallons comme des Flamands.
J’aimeJ’aime
Mais si justement, il s’agit d’un article d’intérêt !!! Parce qu’il nous montre, à partir d’une expérience vécue, combien ce pays que l’on nomme « la Belgique » est incohérent, illogique et stupide. L’auteur, Michaël Barth, a par ailleurs tout à fait raison lorsqu’il pointe le peu de considération qu’on les belges pour leur troisième langue nationale. (D’ailleurs lorsque l’on dit « national » en Belgique, je me demande bien parfois quel sens ce mot a dans ce « pays »). J’aimerais rappeler que ce territoire d’Eupen-Saint Vith, cette région de langue allemande que l’on continue d’appeler vulgairement « cantons de l’est », était allemand avant la fin de la première guerre mondiale. Si nous n’éprouvons que si peu d’intérêt à l’égard de ces habitants, de leur langue, de leur culture, de leur caractère germanique ancestral, etc., eh bien, rendons ce territoire à l’Allemagne, pourquoi pas ? D’ailleurs en négligeant la langue allemande, l’on néglige celle de la première puissance économique européenne, quel dommage ! La Belgique est incohérente sur beaucoup de plans et moi je ne veux pas rester belge et bête. Ces deux mots sont pour moi synonymes. Je veux devenir Français et Wallon à part entière.
J’aimeJ’aime
Erratum : Il faut un « t » à « on » dans « […] considération qu’on les belges […] ». Sorry !
J’aimeJ’aime
Le respect de l’int’egrité francaise de la Wallonie fut depuis toujours une revendicatioer n u
mouvement wallon. Quant a la France la reconnaissance des langues régionales contrevient
a la Constitution précisant que le Francais est la langue de la République. Quant à Zaventem
facile a éviter il y a assez d’autres aéroports. Inutile d’enrichir la Flandre
J’aimeJ’aime
Je souscris entièrement aux cinq points du commentaire de l’AWF. Les réactions de Michael trahissent une méconnaissance totale des réalités institutionnelles et culturelles belges, ce qui n’est guère rassurant. Une telle candeur (en partie feinte ?) ne justifie évidemment pas les tombereaux d’injures que déversent certains belgicains, selon leur triste habitude…
J’aimeJ’aime